
En décembre 2006, le ministre de l'Intérieur et candidat à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy, s'était rendu dans le chef-lieu des Ardennes pour parler "à la France qui souffre" et il en avait profité pour lancer son fameux slogan "travailler plus pour gagner plus". Presque deux ans pus tard, celui que les Français ont entre temps élu à la magistrature suprême est revenu dans le département, à Rethel cette fois, pour dévoiler après son plan de soutien au secteur bancaire et celui à l'investissement des entreprises la 3ème étape de son plan d'action global contre la crise économique déclenchée par la crise financière: son plan de soutien à l'emploi. Après les chiffres catastrophiques du chômage du mois d'août qui, faut-il le rappeler, ont été les pires depuis 1993 lorsque son mentor Edouard Balladur était à la tête du gouvernement, et les annonces en cascade qui se succédé depuis de chômage partiel (Estamfor aux Hautes Rivières par exemple), de plans sociaux (Adecco par exemple) voire de fermeture d'établissement (la Sopal à Givet par exemple), les mesures présidentielles étaient particulièrement attendues, et pas seulement des Ardennais.
Parmi les annonces faites dans un discours qui ne restera pas dans les annales, une était déjà connue: l'augmentation de 100.000 des contrats aidés pour les personnes non qualifiées les plus éloignées du marché de l'emploi, ce qui fera passer leur nombre à 330.000 ... contre 265.000 en décembre 2006 (si l'écart entre les 2 chiffres n'est que de 65.000, cela s'explique par les 35.000 contrats aidés supprimés depuis le début du mandat présidentiel!). Les autres, qualifiées "d'innovantes", ont été essentiellement au nombre de 4: la possibilité pour les PME de recruter avec plus de souplesse tant que la crise durera via un recours plus systématique aux CDD; la généralisation d'un dispositif s'inspirant du CTP (80% de salaire brut pour les salariés licenciés par une entreprise de moins de 1.000 personnes en échange d'actions de formation) aux bassins d'emplois les plus touchés par les restructurations et aux entreprises de plus de 1.000 salariés; la volonté de lever les restrictions au travail dominical en demandant au Parlement de se saisir "sans tabou" d'une proposition de loi déjà préparée par le gouvernement sur la question; une prise en charge plus longue et plus généreuse du chômage partiel.
Voilà donc l'ordonnance prescrite par le docteur Sarkozy au chevet des salariés menacés par la crise économique la plus grave depuis au moins le début des années 1980. Que faut-il en penser? Chacun se fera son jugement, mais le MRC-08 estime, qu'à part la dernière, ces mesures sont très loin de répondre à la gravité de la situation. L'extension du CTP, processus expérimental dont on connaît dans les Ardennes le bilan plus que mitigé, n'est qu'un pansement qui servira à atténuer momentanément la flambée du chômage mais qui ne pourra en aucun cas constituer la base d'une véritable politique économique seule susceptible de créer les emplois dont les chômeurs ont besoin. L'augmentation des contrats aidés, chiffrée à 200 millions d'euros par l'Elysée à comparer aux 360 milliards trouvés pour aider les banques, permettra aux plus vulnérables de retrouver le monde du travail, mais temporairement seulement et avec comme seule perspective un retour à moyenne échéance dans l'exclusion. Pire, l'encouragement au travail dominical permettra d'accentuer la déréglementation du droit du travail qui est le véritable fil conducteur de la politique gouvernementale menée depuis mai 2007.