
Le 27 mars 1987, à Nouzonville, le chauffeur d’un poids lourd chargé de grumes a perdu le contrôle de son véhicule qui a dévalé à très grande vitesse la rue en forte pente longeant l’église. Pour éviter de heurter des habitations, il a alors décidé, dans un dernier réflexe et au prix de sa propre vie, de diriger son bahut vers le chevet de l’église qu’il a percuté de plein fouet, détruisant au passage les boiseries, les stalles et le maître-autel en marbre tout en abîmant fortement le tabernacle en bois doré qui se trouvait sur ce dernier. Un vrai drame qui a profondément marqué la population locale, d’autant que le chauffeur était marié et père de 3 enfants !
L’église étant, comme chacun le sait, une propriété communale, la municipalité de Nouzonville a alors entrepris tous les travaux nécessaires pour en reconstruire les parties détruites. Puis elle a fait procéder à la restauration du tabernacle qui est maintenant achevée. C’est pourquoi le Père Thierry Bettler, curé de la paroisse, a prévu de procéder à sa bénédiction au cours d’une messe qui aura lieu le samedi 04 décembre à 18h00, en présence de Monseigneur Joseph Boishu, évêque auxiliaire résidant à Charleville-Mézières ... et des élus municipaux auxquels une invitation en bonne et due forme a été envoyée.
A lire le courrier du religieux, s’il souhaite associer les élus à cette célébration, c’est parce qu’il "est bien conscient que la ville de Nouzonville a pris part à ce travail [de restauration] autant dans son financement que dans sa réalisation". Mais derrière ce propos en forme de remerciement, il les invite aussi à participer à la prière qui aura lieu ! De quoi faire bondir n’importe quel républicain un tant soit peu attaché à la laïcité qui est, rappelons-le, inscrite dans l’article premier de notre Constitution. C’est d’ailleurs ce qu’a fait le conseiller municipal Yannick Langrenez en adressant aussitôt un courrier au curé et au maire de la commune pour leur rappeler le cadre législatif en vigueur depuis la loi du 09 décembre 1905.
En bonne logique, dans un Etat de droit sûr de ses valeurs, l’affaire aurait dû s’arrêter là. Hélas, les repères laïques de notre République étant de plus en plus faussés par les attaques des culs-bénits de tous bords, au 1er rang desquels figure le chef de l’Etat qui n’a pas hésité à faire es qualité 4 signes de croix lors de sa dernière visite au Vatican, le maire divers-gauche Jean-Marcel Camus a profité du dernier conseil municipal pour remercier le curé Bettler de son invitation jugée "sympathique". Puis, s’appuyant sur une interprétation hémiplégique de la loi de 1905 dont il a feint d’ignorer l’article n°2, il a affirmé que "le maire, républicain convaincu, sera présent à cette cérémonie avec ceux qui souhaitent s’associer en toute liberté de conscience et de culte à cette démarche".
Pour le MRC 08, cette prise de position publique de la part d’un élu de la République, de surcroît dans la maison du peuple, est inadmissible et dangereuse! Inadmissible parce qu’elle bafoue la loi, dont nous rappelons qu’elle a vocation à être appliquée partout et par tous, y compris à Nouzonville et par son premier magistrat. Dangereuse parce qu’elle accrédite l’idée qu’une laïcité dite ouverte ou positive est possible, ce qui ne peut qu’encourager les fanatiques de tous poils qui attendent, à l’affût, la moindre occasion d’affaiblir nos valeurs au profit du communautarisme et d’un fanatisme d’un autre temps.