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lundi 9 janvier 2012

Jeanne d’Arc en Ardenne...

Cette année, la récupération de Jeanne d’Arc est à la mode puisque deux hommes politiques de premier plan ont tenu à commémorer par des discours vibrants le six centième anniversaire de sa naissance, fixée par la tradition au 6 janvier 1412 : Nicolas Sarkozy dans son village natal de Domrémy, puis Jean-Marie Le Pen devant sa statue de la Place des Pyramides à Paris. Pourtant, après sa mort sur le bûcher en 1431, la Pucelle était tombée dans un oubli relatif d’où les passions politiques et religieuses avaient fini par la sortir à partir de la Restauration. Des royalistes aux communistes en passant par Péguy et Jaurès, tout le monde en faisait désormais l’éloge, et pas seulement les ultranationalistes comme le croit à tort Eva Joly. Tous célébraient sa mémoire le 8 mai, jour où elle libéra Orléans des Anglais. Seul le Front national choisit plus tard de le faire le premier mai. Evidemment, le calendrier électoral étant ce qu’il est, on a jugé bon cette année de lui rendre hommage plus tôt.

Pour être dans l’air du temps, le MRC 08 a décidé à son tour d’évoquer Jeanne d’Arc, non pas pour la récupérer mais pour évoquer les Ardennes, françaises et belges, que son histoire puis sa légende croisent à deux reprises au moins. La première a eu lieu en 1429 lorsqu’elle parvint à faire sacrer le roi Charles VII à Reims. Cette entreprise risquée, puisque les Anglais et les Bourguignons se tenaient en embuscade à Rethel, à une journée de marche à peine, nécessitait d’utiliser la sainte Ampoule indispensable à l’onction royale. Heureusement, quelques jours avant la cérémonie, les habitants du village du Chesne-Populeux, près de Vouziers, l’avaient récupérée des mains des Anglais qui s’en étaient emparés et l’auraient cachée dans l’oreille d’un âne ! Pour leur récompense, lors de tous les sacres suivants, les Chesnois obtinrent le privilège d’envoyer une délégation pour escorter la fiole de la basilique Saint-Rémi jusqu’à la cathédrale de Reims ; et les armoiries de la commune, conservées jusqu’en 1940, portaient la colombe tenant l’Ampoule au-dessus d’un chêne.

Quant à la deuxième fois que Jeanne aurait fait parler d’elle dans les Ardennes, ça aurait été cinq ans à peine après le bûcher de Rouen lorsqu’une aventurière surgie de nulle part déclara être la véritable Jeanne d’Arc, et donc, pour ceux qui croient en la légende, la fille bâtarde de la reine de France Isabeau de Bavière. Elle trouva alors asile à Arlon, aux confins des Ardennes belges, où la duchesse de Luxembourg lui fit le meilleur accueil, et où elle rencontra son époux, le chevalier lorrain Robert des Armoises. Elle fut ensuite reconnue officiellement par les frères de Jeanne et la cité d’Orléans, avant d’être finalement démasquée. Entre temps, il est plaisant de remarquer que cette Jeanne des Armoises habita en face de l’église de Sainte-Ségolène de Metz, ce qui pour une dame de sang royal était quand même le comble ! Peut-être nos amis socialistes devraient creuser cet aspect de la question avant de classer l'humble paysanne de Lorraine parmi les non-sujets...

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