Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


mardi 28 octobre 2008

Sarkozy à Rethel: des mesures inquiétantes pour "soutenir" l'emploi


En décembre 2006, le ministre de l'Intérieur et candidat à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy, s'était rendu dans le chef-lieu des Ardennes pour parler "à la France qui souffre" et il en avait profité pour lancer son fameux slogan "travailler plus pour gagner plus". Presque deux ans pus tard, celui que les Français ont entre temps élu à la magistrature suprême est revenu dans le département, à Rethel cette fois, pour dévoiler après son plan de soutien au secteur bancaire et celui à l'investissement des entreprises la 3ème étape de son plan d'action global contre la crise économique déclenchée par la crise financière: son plan de soutien à l'emploi. Après les chiffres catastrophiques du chômage du mois d'août qui, faut-il le rappeler, ont été les pires depuis 1993 lorsque son mentor Edouard Balladur était à la tête du gouvernement, et les annonces en cascade qui se succédé depuis de chômage partiel (Estamfor aux Hautes Rivières par exemple), de plans sociaux (Adecco par exemple) voire de fermeture d'établissement (la Sopal à Givet par exemple), les mesures présidentielles étaient particulièrement attendues, et pas seulement des Ardennais.

Parmi les annonces faites dans un discours qui ne restera pas dans les annales, une était déjà connue: l'augmentation de 100.000 des contrats aidés pour les personnes non qualifiées les plus éloignées du marché de l'emploi, ce qui fera passer leur nombre à 330.000 ... contre 265.000 en décembre 2006 (si l'écart entre les 2 chiffres n'est que de 65.000, cela s'explique par les 35.000 contrats aidés supprimés depuis le début du mandat présidentiel!). Les autres, qualifiées "d'innovantes", ont été essentiellement au nombre de 4: la possibilité pour les PME de recruter avec plus de souplesse tant que la crise durera via un recours plus systématique aux CDD; la généralisation d'un dispositif s'inspirant du CTP (80% de salaire brut pour les salariés licenciés par une entreprise de moins de 1.000 personnes en échange d'actions de formation) aux bassins d'emplois les plus touchés par les restructurations et aux entreprises de plus de 1.000 salariés; la volonté de lever les restrictions au travail dominical en demandant au Parlement de se saisir "sans tabou" d'une proposition de loi déjà préparée par le gouvernement sur la question; une prise en charge plus longue et plus généreuse du chômage partiel.

Voilà donc l'ordonnance prescrite par le docteur Sarkozy au chevet des salariés menacés par la crise économique la plus grave depuis au moins le début des années 1980. Que faut-il en penser? Chacun se fera son jugement, mais le MRC-08 estime, qu'à part la dernière, ces mesures sont très loin de répondre à la gravité de la situation. L'extension du CTP, processus expérimental dont on connaît dans les Ardennes le bilan plus que mitigé, n'est qu'un pansement qui servira à atténuer momentanément la flambée du chômage mais qui ne pourra en aucun cas constituer la base d'une véritable politique économique seule susceptible de créer les emplois dont les chômeurs ont besoin. L'augmentation des contrats aidés, chiffrée à 200 millions d'euros par l'Elysée à comparer aux 360 milliards trouvés pour aider les banques, permettra aux plus vulnérables de retrouver le monde du travail, mais temporairement seulement et avec comme seule perspective un retour à moyenne échéance dans l'exclusion. Pire, l'encouragement au travail dominical permettra d'accentuer la déréglementation du droit du travail qui est le véritable fil conducteur de la politique gouvernementale menée depuis mai 2007.

Le bon docteur Sarkozy a donc révélé son véritable visage: il s'agit en fait d'un affreux Mister Hyde qui affirme aux crédules "qu'on n'a pas le droit sur la misère humaine de faire de l'idéologie", mais qui ne se prive pas de faire exactement le contraire.

9 commentaires:

Ophélie a dit…

C'est une déception mais fallait-il s'attendre à quelque chose de positif de la part de notre président?
Pour sauver les banques il est "inventif" mais lorsqu'il faut aider les personnes en difficulté NADA, RIEN; l'inactivité totale!
On voit bien que la menace de chômage ne pèse pas sur lui! Il ne sait jamais posé la question: "Serais-je capable de financer les études que mon enfant désire faire?".
"Travailler plus pour gagner plus": qu'on le colle 8h à la chaîne dans une usine, on verra s'il a envie de travailler 1h de plus. De plus en ce moment ce n'est plus possible, il n'y a plus assez de travail!!!
Comment sortir de cette situation? Où se trouve l'issue de secours?

Unknown a dit…

Vous écrivez comme votre prof parle.
Vous auriez pu quand même placer "PAS UN COPEK" à la suis de "NADA, RIEN".
Vous me donnez le sourire en ces temps difficiles!!

Unknown a dit…

Maintenant sans rire, que proposerait le MRC sur la question de l'emploi?

Ophélie a dit…

Décidément je ne sais pas ce que mon prof, comme vous dites, vous a fait mais il vous a marqué; je pense que vous lui reprochez sa franchise et son honnêteté (je vous rassure, il a bien d'autres qualités encore) qui font de lui une personne admirable.
J'avoue, j'aime bien les expressions qu'il emploie (il y en a une foultitude)!
De plus, je trouve qu'ici NADA, RIEN qualifie très bien "l'action", la présence de Mr Sarkozy auprès des français.

Apparement je vous donne le sourire: j'en conclus donc que vous n'avez pas compris ce que je voulais dire!
Je vais donc reformuler si ça peut vous éclairer: aujourd'hui plus qu'hier, mes parents se posent la question suivante: Va-t-on savoir financer les études "futures" (d'ailleurs de + en + proches si tout va bien) de notre fille?
Le pourquoi de cette question: l'entreprise où travaille mon père va "mal" (et ce n'est pas la seule j'en suis consciente). Chaque jour est incertain: Va-t-il travailler la semaine prochaine? Mystère...
Conclusion: ce n'est pas vous qui allez m'apprendre que nous sommes dans une période difficile! Je ne vois pas en quoi cela peut vous apporter le sourire: à mon avis vous êtes quelqu'un du type Sarkozy, le chômage ne vous menace certainement pas!
Vous feriez un excellent infirmier et assistant du Dr Sarkozy.

Guillaume Sarnelli a dit…

Il est vrai, Ophélie, qu'on trouve parfois dans vos commentaires, et je prends pour exemple le dernier de cette série, 50% de positions (parfois intéressantes) sur l'article, et 50% de flagornerie à l'égard de l'auteur de cet article...

Pour revenir à des choses plus sérieuses, peut-être le problème tient-il dans le cumul des casquettes... Peut-on réellement faire la morale aux grands barons du capitalisme financier, sauver le système bancaire européen, affronter la récession, et prétendre relancer l'emploi en quelques mois ? Il y a là une mise en scène dans laquelle Nicolas Sarkozy s'est donné trop d'honneurs... Les médias lui ont accordé le titre de sauveur de l'Europe financière, pas sûr qu'ils lui laissent s'octroyer celui de chef de la lutte contre le chômage... Et je ne pense pas que dans cette période grise de stagflation, les Français aient mordu à l'hameçon.

Vigilant pour l'avenir de la Pointe a dit…

Mon cher Matt, si vous parliez le swahili, vous auriez pu être encore plus complet et rajouter KULIBE, ce qui a la même signification que les termes précedents.
Plus sérieusement, voici l'analyse et les solutions proposées dès le 12 septembre 2008 par le MRC (un parti qui ne s'interdit pas de réfléchir!) sur la crise en cours:

La crise financière fait sentir ses effets sur l’économie réelle en Europe, de façon brutale depuis six mois. Validant l’effet de contagion depuis les Etats-Unis pronostiqué par le FMI mais longtemps dénié par les responsables de la BCE et de l’Eurogroupe, les conditions du crédit se sont rapidement tendues, l’immobilier a été brutalement touché, les exportations se sont déprimées, l’investissement a fortement ralenti.

Dans le même temps, l’explosion de la demande des nouveaux pays industrialisés mais surtout la spéculation alimentée par les liquidités abondamment injectées depuis des années par les banques centrales mais fuyant maintenant les marchés financiers, ont provoqué la flambée des prix des matières premières puis une augmentation de l’inflation. Les politiques publiques européennes et, notamment françaises, étant en permanence défavorables aux salariés, le travail a été dévalué et le pouvoir d’achat atteint. Les différentes réformes des retraites aboutissent à en réduire les montants. A la paupérisation relative des classes moyennes a succédé depuis 18 mois, une baisse du pouvoir d’achat. Malgré une évolution démographique très favorable, le chômage recommence sa croissance.

Le gouvernement est incapable de répondre aux nécessités de la situation de la France. Les marges budgétaires ont été gagées par le paquet fiscal du Président Sarkozy. Les cadeaux aux plus riches et les partis-pris idéologiques ont eu raison de la sauvegarde par notre pays de ses capacités de rebonds.

La politique monétaire se heurte au fondamentalisme libéral de la Banque Centrale Européenne. Sous prétexte de contrer l’inflation et la hausse des salaires qui suivrait celle des matières premières, elle refuse de mener la politique de soutien qui s’imposerait mais échoue à contrôler la hausse des prix. Pour contrer l’inflation, la BCE n’envisage qu’un recul du pouvoir d’achat des Européens.

L’ensemble des pays européens font face à des déficits extérieurs préoccupants. L’exception allemande est un leurre. L’Allemagne a renoué avec sa politique non coopérative et une croissance reposant prioritairement sur les exportations vers ses partenaires européens. Ce faisant, elle y exporte aussi son chômage et masque sa perte de compétitivité mondiale.

Les Etats-Unis arrivent au bout d’un cycle. Leur puissance reposait, depuis les années Reagan, sur un endettement croissant beaucoup plus vite que l’économie et alimentant la spéculation des marchés financiers. De crise financière en crise financière, ce système vacille. Aujourd’hui, ce sont des millions de ménages américains qui doivent en payer les conséquences.

Les institutions économiques multilatérales sont atteintes dans leur crédibilité. Le FMI est devenu financièrement inutile. Ses prescriptions économiques sont unanimement rejetées. Elles ont fait la preuve, partout dans le Monde, de leurs effets catastrophiques. Sa gouvernance, malgré la réforme envisagée, reste en décalage avec la réalité : les pays occidentaux sont devenus débiteurs au niveau mondial.

L’implication politique de l’OMC en faveur du libre-échange est maintenant rejetée. L’Inde et les Etats Unis ont sifflé la fin de la partie de la nième tentative de relance du cycle de Doha.

Le capitalisme financier, qui a été l’horizon de toutes les politiques économiques depuis 25 ans, est épuisé. La négligence des questions sociales, environnementales, et industrielles aussi bien que des enjeux à très long terme que seuls des Etats peuvent assumer, ne peut plus durer.

L’OMC doit se cantonner à son rôle d’arbitre. Les zones régionales d’intégration commerciale doivent être réhabilitées pour permettre une évolution économique et sociale maîtrisée. L’Union européenne doit rétablir la préférence communautaire. Les déséquilibres sociaux, environnementaux et monétaires doivent être pris en considération dans les règles régissant le commerce mondial. A défaut, les pays de l’Union européenne doivent les appliquer dans la cadre de la préférence communautaire.

Le FMI n’a plus de raison d’être. Il doit être absorbé par la Banque mondiale pour l’édification d’une institution réellement multilatérale, plus puissante, au service du financement des infrastructures dans les pays les plus pauvres, notamment d’Afrique.

La BCE doit voir ses statuts modifiés. Ses objectifs doivent intégrer la croissance et l’emploi. Sa transparence doit être améliorée. Ses débats doivent être publics. Ses responsables doivent rendre compte aux parlements nationaux. Ses objectifs en matière d’inflation doivent être élargis aux prix des actifs financiers ou immobiliers pour prévenir le renouvellement de crise spéculative. Ses instruments d’intervention doivent être élargis (encadrement du crédit, réescompte…) pour lui permettre d’atteindre plusieurs objectifs (inflation, taux de change, croissance, emploi).

L’Eurogroupe doit être transformé en véritable gouvernement économique. Il doit veiller à la cohérence des politiques nationales en fonction d’un objectif de croissance et de plein emploi, notamment en dissuadant ses membres de mener des politiques non coopératives. Il doit prendre le relais des politiques malthusiennes découlant du pacte de stabilité qui doit être fondamentalement rénové. Les mouvements de capitaux doivent être encadrés par des mécanismes de sauvegarde des intérêts stratégiques de chaque pays européens.

Le paquet fiscal doit être abrogé. Son montant doit être consacré au soutien des ménages les plus en difficulté et aux investissements de la connaissance (recherche, formation, infrastructures technologiques). L’encadrement législatif des relations sociales doit veiller au rôle des représentants des salariés et à celui des branches pour permettre des évolutions favorables au travail, en particulier en termes de pouvoir d’achat. Les exonérations patronales doivent être systématiquement conditionnées à l’évolution des relations sociales.

La gauche doit affronter le capitalisme financier. Le libre-échange, la mise en concurrence mondiale des mains d’œuvre, les marchés financiers, la spéculation, le creusement des inégalités ne sont pas son horizon. Elle doit prendre des risques politiques et devenir force de proposition d’une véritable alternative économique et sociale.

Nous restons bien sûr à votre entière disposition si, après cette petite lecture, vous avez bsoin d'explication sur un point quelconque.

Ophélie a dit…

Je suis d'accord avec vous Guillaume, mais où est le mal? Ne peut-on pas exprimer librement ce que l'on pense?! D'autres ne se gênent pas pour critiquer sans cesse négativement Mr Bouvier. La réalité et la vérité provoquent des réactions assez "virulentes" chez certaines personnes... Devrions-nous ne pas réagir et les laisser proliférer des imbécilités?

Il est certain que n'importe quel homme politique de n'importe quel parti ne saurait résoudre le problème de la crise en quelques mois. Cependant, je suis certaine que certains d'entre eux y mettraient plus d'entrain et peut-être plus de moyens financiers pour aider les français...

Unknown a dit…

Ophélie, vous savez, vous n'êtes pas la seule à être dans cette situation! J'ai connu ce que vous vivez actuellement il y a quelques années. Quant à la critique, vous ne l'acceptez que quand elle est positive. Acceptez que les gens pensent différemment de vous parfois. N'écoutez pas qu'une seule parole.

Ah ce cher LB, toujours à vouloir donner une leçon! Vous auriez du vous contenter de la partie "Analyses et Solutions", qui est très intéressante. Le reste, clairement, on s'en fou.

Ophélie a dit…

Je n'écoute pas qu'une seule parole...
Mr Bouvier n'est pas le maître d'une secte dont je fais partie; il faut arrêter de fabuler et de vous imaginer que je suis soumise à son avis etc...
J'ai mes avis ne vous inquiétez pas pour cela!
A vous lire on ne dirait pas que vous avez vécu cette situation...
La critique, je l'accepte quand elle est "fondée" ce qui est différent de positif il me semble!
Cessez svp de croire que je n'écoute qu'une personne, ça devient énervant à force...
Matt vous êtes focalisé sur Mr Bouvier en tant que prof alors qu'ici ce n'est pas sa fonction, il ne donne pas de leçon!
Fait-il autre chose que de constater, analyser et proposer des solutions? Je ne vois pas ce que vous appelez "le reste"...
Sûrement ai-je des progrès à faire mais que voulez-vous personne n'est parfait...