Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


jeudi 26 février 2009

Ardenne Rives de Meuse : critiquer l’Office de tourisme serait-il un péché capital ?


Rien ne nous insupporte plus que les donneurs de leçon, surtout lorsqu’elles sont mauvaises et déplacées. Nous sommes donc ce soir on ne peut plus ulcérés par le procédé adopté par Pascal Rodrigues, directeur de l’Office du tourisme communautaire Val d’Ardenne, à l’encontre d’une lectrice de notre modeste blog qui se contentait de présenter son point de vue sans agressivité sur les résultats annoncés de la politique touristique mise en place par la Communauté de communes Ardenne Rives de Meuse. Le chiffre de 13 000 visiteurs à l’OTC en 2008 avait suscité dans son esprit des doutes. Est-ce condamnable ? Evidemment non, mais ce n’a pas été l’avis de Pascal Rodrigues, qui s’est cru autorisé à envoyer ce jour sur sa messagerie personnelle un courriel en forme d’avertissement péremptoire, en réponse à un commentaire public laissé sur ce blog. Sur la forme, venant d’un professionnel du tourisme dont nous n’oserions pas mettre en cause les compétences, encore qu’elles n’ont laissé qu’une trace pour le moins légère dans la mémoire des habitants de la Communauté de communes des 3 Rivières où il officiait précédemment (petite précision du MRC-08 pour ceux qui ne connaîtraient pas les intercommunalités des départements voisins : il s’agit de l’EPCI constitué autour de la ville auxonnoise d’Hirson), nous la trouvons inacceptable : chacun a le droit, d’une part au respect de son espace privé, et d’autre part, dans un Etat de droit comme la France, à la libre expression dans la sphère publique de ses opinions sur des thèmes qui relèvent de l’intérêt général.

Sur le fond, le courriel du directeur de Val d’Ardenne, que nous jugeons indigne d’une publication in extenso, contient des arguments pour le moins douteux qui nécessitent une mise au point. D’abord, l’O.T.C. procède à un classement de ses visiteurs en 3 catégories : les touristes, c’est-à-dire d’après la norme de l’OMT, non pas "ceux qui passent une nuit en dehors de leur département d’origine" comme il le croit mais "toute personne en déplacement hors de son environnement habituel pour une durée d’au moins une nuitée pour des motifs non liés à une activité rémunérée", ce qui permet de gonfler les chiffres en comptabilisant chacune des visites réalisées par des non-Ardennais dans la Pointe ; les excursionnistes qui passent une journée sur le territoire ; et les usagers qui se contentent de demander des informations. C’est une pratique habituelle, qui a abouti à annoncer pour 2008 le passage de 13000 touristes : ce chiffre est certainement vrai, mais il n’aurait pas créé de polémique si on avait publié en même temps celui des excursionnistes et des usagers. Espérons que cette regrettable lacune de communication sera comblée dans le prochain bilan annuel! Ensuite, la dépense moyenne par visiteur est estimée en moyenne à 81 euro, soit 1 053 000 euro pour l’ensemble du territoire de l’intercommunalité. Ce chiffre paraîtra certainement impressionnant aux néophytes, mais il faut le relativiser au vu des déficits générés par les équipements touristiques mise en place par la Communauté de communes : 1, 4 millions d’euros budgétés en 2008 pour le centre aqualudique Rivéa de Givet et les 2 piscines de proximité de Vireux-Wallerand et de Fumay, 214 556 euro de subvention d’équilibre prévue pour le parc Terr’Altitude de Fumay, sans compter la somme que, par charité, nous tairons et qui permet à l’Office de tourisme communautaire de fonctionner.

Enfin, Pascal Rodrigues prétend qu’on "sait qu’une région qui se développe touristiquement devient également beaucoup plus attractive pour les entreprises", étant donné que son image est améliorée et que des aménagements ont été mis en place. Venant d’un Amiénois qui a fait ses 1ères armes à Hirson et qui se perfectionne à Givet, ce raisonnement pourrait sembler de bon sens. Hélas, les exemples qui le contredisent ne manquent pas : Bora-Bora et les Seychelles auxquelles on pourra toujours rétorquer que ce sont seulement des îles, le Kenya et les Emirats Arabes Unis auxquels certains reprocheront d’être situés sur d’autres continents, Baile Herculanae en Roumanie ou Salzbourg en Autriche dont d’aucuns ne manqueront pas de faire remarquer qu’ils sont situés en dehors de l’hexagone… ou les gorges du Tarn, voire le Mont-Saint-Michel, sites français d'où on ne voit pas l'ombre d'une cheminée d’usine. Quant au meilleur, nous l’avons gardé pour la fin. D’après Pascal Rodrigues, faire remarquer que le climat ardennais est pluvieux relèverait "de l’irrationnel le plus complet" étant donné que la Bretagne, le Pays Basque, l’Irlande et l’Ecosse connaissent une pluviométrie plus élevée tout en étant des sites touristiques majeurs. C’est ignorer ce que tout Ardennais sait parfaitement, à savoir que la mer a déserté nos contrées depuis la fin de l’ère primaire, que les paysages ne sont pas équivalents et que le dépaysement culturel n’est pas de la même ampleur. Mais, venant de quelqu’un qui n’hésite pas à déclarer dans L’Ardennais que "le tourisme est une activité touristique à part entière" (édition du 31 janvier 2009), une telle incongruité ne nous étonne pas, de la même façon que nous ne sommes pas surpris de la comparaison absurde entre la situation de Dinant, qui bénéficie de l’effet bien connu de l’héliotropisme, et de la Pointe des Ardennes, qui en pâtit.

On ne sait donc ce qui est le plus navrant dans ce courriel, de la vacuité des arguments, de la suffisance du ton ou de l’impolitesse du procédé qui se traduisent par des expressions comme "vous faites preuve d’une opposition stérile et caricaturale" ou encore "l’ignorance a conduit les hommes aux excès". Voilà en tout cas une façon bien curieuse de traiter les interrogations légitimes de son public.

mercredi 25 février 2009

Aubrives : nos délégués communautaires s'illustrent par leur absentéisme et leur inaction


Vous savez, si vous faites partie des lecteurs assidus de ce modeste blog qui a pour seul but d'apporter un éclairage sur les sujets concernant les Ardennes et les territoires qui constituent ce département, que la Communauté de communes Ardenne Rives de Meuse est experte en communication. Mais elle ne se limite pas seulement à cela! Conformément aux dispositions ayant trait à la publicité des actes réglementaires des Etablissements Publics de Coopération Intercommunale, elle fait aussi de l'information en mettant à la disposition du public chaque semestre un recueil de ses actes administratifs. Ce gros document, rédigé de façon sèchement administrative, est particulièrement indigeste mais il mérite d'être consulté au vu de la multitude de renseignements qu'il contient : ventilation des recettes et des dépenses de l'intercommunalité, liste des axes stratégiques adoptés pour les prochaines années, bilan chiffré des activités phares comme le centre aqualudique Rivéa et le parc Terr'Altitude ... et positions publiquement défendues par les délégués communautaires qui sont au nombre de 2 par commune. Je reconnais volontiers que tous ces éléments, qui sont autant de clefs pour comprendre les évolutions à venir de notre territoire, intéressent l'esprit curieux que je m'efforce de rester. Cependant, en qualité d'élu municipal à Aubrives, vous comprendrez que j'attache une importance particulière à l'action des délégués communautaires de cette commune, à savoir le duo de chasseurs de subventions constitué du maire, Gilbert Leclercq, et de son fidèle 1er adjoint, Fabien Prignon.

Lors de mon premier compte-rendu de leur activité au sein de la Communauté de communes, j'avais conclu que le bilan était décevant puisque, au delà de leur mutisme lors des Conseils communautaires, ils n'avaient obtenu que des fonctions de second plan. Par optimisme, je pensais que ce démarrage poussif rappelant les diesels des années 1970 était dû à une légère inhibition s'expliquant par leur manque d'habitude de côtoyer des décideurs politiques. Logiquement, le second semestre 2008 ne pouvait donc être que meilleur. Hélas, entre la logique et la réalité, il y a parfois plus d'un pas! Ainsi, pour respecter l'axe 3 du programme de la liste "un nouvel essor pour Aubrives" prévoyant "une participation plus fructueuse au sein de la Communauté de communes", nos 2 représentants n'ont rien trouvé de mieux que de jouer les délégués communautaires à mi-temps en n'étant présents qu'à 3 des 6 conseils qui ont eu lieu. Concernant Gilbert Leclercq, j'aurais tendance à dire que ce n'est pas grave puisqu'il s'est systématiquement fait remplacer par une des 2 déléguées suppléantes. Par contre, je n'aurai pas la même indulgence pour Fabien Prignon qui, certes, s'est toujours excusé de ses absences, mais ne s'est jamais fait suppléer, ce qui a réduit de fait le poids de notre commune dans la prise des décisions communautaires. Je me souviens qu'il avait critiqué la méthode de "Monseigneur Bouvier", consistant d'après lui à prendre la parole à tort et à travers pour avoir son nom inscrit sur un procès-verbal. Je ne peux donc m'empêcher de lui faire remarquer que, pour prendre la parole, il faut d'abord être présent ... et si possible à l'heure, contrairement au Conseil communautaire du 30 décembre auquel il n'a assisté avec son alter ego qu'à partir du 27ème point sur les 42 inscrits à l'ordre du jour! Pour moi, cette attitude est bien peu respectueuse du partenaire que l'on compte mettre à contribution financière et je crains fort qu'elle n'entraîne des désillusions.

La présence de nos délégués communautaires ayant été erratique, peut-être a-t-elle été compensée par une activité intense ? Ce serait trop beau! En six mois, je n'ai relevé aucune intervention en Conseil communautaire, pas plus que la moindre question orale alors que cette possibilité d'expression est prévue dans le règlement intérieur. Pourtant, la séance du 22 octobre aurait dû faire sortir notre unique délégué présent de son mutisme lorsque, à l'occasion du débat sur l'éventuelle instauration d'une taxe d'enlèvement des ordures ménagères, Michèle Marquet, maire de Chooz, a souhaité un système plus égalitaire de ramassage pour toutes les communes : il aurait alors pu et dû défendre le point de l'axe 3 de son programme annonçant "la remise en cause du nouveau système de collecte des déchets ménagers qui prévoit une seule tournée de ramassage par semaine". Il n'en a rien été, hélas! L'honnêteté m'oblige cependant à reconnaître que ce semestre n'a pas été totalement vide puisque Gilbert Leclercq a obtenu une promotion en passant de délégué suppléant à délégué titulaire de la Communauté de communes auprès du Syndicat Mixte du Pays des Vallées de Meuse et Semoy. Il a aussi fait preuve d'un courage étonnant en s'abstenant sur une subvention à l'aménagement d'hébergements touristiques à Chooz. Peut-être peut-on y voir un début de commencement d'affirmation qui ne demande qu'à être confirmé. En attendant, une chose est sûre : dans 6 mois, j'irai compulser le nouveau recueil des actes administratifs et je continuerai à faire mon devoir en informant la population d'Aubrives des actions de ceux qui ne sont que ses délégués chargés de défendre ses intérêts.
LB

lundi 23 février 2009

Chooz : l'EPR s'éloigne encore un peu plus !


Demain, lors du traditionnel sommet franco-italien qui a lieu tous les ans et qui se tiendra cette fois à Rome, Nicolas Sarkozy et son alter égo, le tout aussi libéral Silvio Berlusconi, signeront un protocole d’accord intergouvernemental qui portera sur tous les secteurs de la filière nucléaire (recherche, production et stockage des déchets). La coopération mise en place fera explicitement référence à une collaboration entre EDF et les industriels italiens Enel, Edison, Finmeccanica et Sogin et elle actera la prise de participation à hauteur de 12,5 % de l’électricien Enel dans le 2ème EPR français qui sera construit à Penly. Elle sera assortie d’un accord-cadre de partenariat entre EDF et Enel pour développer en commun en Italie des centrales nucléaires de type EPR calquées sur le modèle français dans lesquelles le groupe français sera l’opérateur industriel et le groupe italien l’exploitant.

Cette coopération franco-italienne est une excellente nouvelle. Elle démontre que la technologie EPR développée par EDF est maintenant considérée comme étant suffisamment fiable pour être adoptée par d’autres opérateurs nucléaires. Elle ouvre la voie, en cette période de relance généralisée des programmes nucléaires, à l’adoption de cette technologie d’avant-garde par d’autres pays qui étaient jusqu’alors réticents à cette innovation à laquelle ils reprochaient son aspect presque exclusivement franco-français. Cette percée à l’exportation permet aussi de renforcer la filière nucléaire française dont l’impact en termes d’emplois, de retombées financières et d’image est particulièrement important.

Cependant, si cette coopération est une bonne nouvelle pour les industriels du nucléaire et pour la France, ce dont se réjouit le MRC 08, il faut bien reconnaître qu’elle n’augure rien de bon pour Chooz. Candidat pour accueillir le 3ème EPR français évoqué par le Président de la République, ce site souffrait déjà de 2 handicaps : le débit trop faible de la Meuse pour assurer le refroidissement d’un tel réacteur qui viendrait s’ajouter aux 2 aujourd’hui en activité et la reconnaissance par l’Etat de la légitimité de GDF-Suez , qui dispose de réserves foncières en bordure du puissant Rhône à Tricastin et à La Marcoule, à vouloir assumer la maîtrise d’ouvrage et l’exploitation du futur EPR français. Dorénavant, il faudra en ajouter un troisième : puisque la construction d’un 2ème EPR à Penly, à laquelle participe GDF-Suez, a été jugée suffisante par l’Italie pour valider la fiabilité de la technologie EPR, pourquoi la construction d’un 3ème EPR dont la vocation essentielle pour ce groupe était d’être une vitrine afin de pouvoir développer à Abou Dhabi 2 centrales de ce type en partenariat avec Total et Areva serait-elle indispensable ? Les nuages continuent donc de s’accumuler sur le projet d’EPR ardennais présenté par nos décideurs comme étant le seul capable de sortir la Pointe du marasme qu’elle connaît, au point qu’on peut dès maintenant se demander si Chooz ne sera pas le cocu magnifique de cette belle aventure énergétique.

dimanche 22 février 2009

"On n'est pas couché" : Chevènement répond sans langue de bois à l'équipe de Laurent Ruquier


(1ère partie)


(2ème partie)

samedi 21 février 2009

Jean Baptiste Clément réactualisé par Noir désir !

Cette chanson du syndicaliste ardennais bien connu Jean-Baptiste Clément et d'Antoine Renard, antérieure à la Commune (1866-1868), n'est pas un chant révolutionnaire, mais une chansonnette d'amour. Pourtant, elle deviendra, après le massacre des Communards, le symbole de la Commune et des immenses espoirs qu'elle avait engendrés. Beaucoup de militants de Gauche connaissent ses paroles par coeur, mais pour les autres qui souffriraient en plus de quelques difficultés d'ouïe, les voici :

Quand nous en serons au temps des cerises

Et gai rossignol et merle moqueur

Seront tous en fête

Les belles auront la folie en tête

Et les amoureux du soleil au cœur.

Quand nous en serons au temps des cerises

Sifflera bien mieux le merle moqueur.

Mais il est bien court le temps des cerises

Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant

Des pendants d'oreilles

Cerises d'amour aux robes pareilles

Tombant sous la feuille en gouttes de sang.

Mais il est bien court le temps des cerises

Pendants de corail qu'on cueille en rêvant.

Quand vous en serez au temps des cerises

Si vous avez peur des chagrins d'amour

Evitez les belles

Moi qui ne crains pas les peines cruelles

Je ne vivrai pas sans souffrir un jour.

Quand vous en serez au temps des cerises

Vous aurez aussi des chagrins d'amour.

J'aimerai toujours le temps des cerises

C'est de ce temps là que je garde au cœur

Une plaie ouverte

Et dame Fortune en m'étant offerte

Ne saura jamais calmer ma douleur.

J'aimerai toujours le temps des cerises

Et le souvenir que je garde au coeur

Ardenne Rives de Meuse : une opération de communication qui méritait le détour


Hier soir, à l’initiative de son nouveau président, Bernard Dekens, la Communauté de communes Ardenne Rives de Meuse avait invité pour la 1ère fois les conseillers municipaux des 17 communes qui la composent pour visionner un diaporama présentant un bilan des actions menées pendant l’années écoulée. 263 élus étaient donc conviés à prendre connaissance, dans le cadre feutré de la magnifique salle de l’espace de spectacles "le Manège" à Givet, des réalisations de celle que l’on appelle couramment la comcom, parmi lesquels seulement une grosse cinquantaine avait répondu présent. Environ un sur 5 donc, ce que beaucoup considèreront comme étant très peu, mais pas moi, seul membre du Conseil municipal d’Aubrives à avoir pris la peine de se déplacer, étant donné que cette initiative était une première et qu’elle avait été programmée à un jour (le 1er des vacances scolaires de février) et à une heure (19h00) qui n’avaient rien d’optimal.

Que retiendrai-je de cette projection ? Sur la forme, que ce diaporama était excellent, ce qui n’a rien d’étonnant venant d’une intercommunalité plusieurs fois récompensée pour la qualité de son information : le fond musical, entraînant mais sans excès, accompagnait harmonieusement des photos et des graphiques défilant à un rythme suffisamment élevé pour ne pas permettre l’ennui, le tout étant complété par des commentaires brefs mais toujours pertinents et précis. Sur le fond, qu’après un rappel intéressant de la genèse et de la montée en puissance progressive de cette intercommunalité qui a fêté en 2008 son vingtième anniversaire, une longue liste de compétences a été énumérée et parfois illustrée par des exemples concrets. La part du lion est bien sûr revenue à l’action économique qui a permis à Givet l’aménagement de la tranche 5 du PACOG et l’installation de 5 entreprises représentant 35 emplois, à Fumay l’extension du lotissement 2 de la zone du Charnois afin d’accueillir la filiale créée par la scierie Baret et ses 9 emplois, et à Vireux-Molhain la construction d’un bâtiment de 750 m2 pour faciliter l’agrandissement de l’entreprise Teruel.

Parmi les autres compétences, l’accent a été mis sur la collecte des déchets qui a abouti à l’enlèvement de 8.265 tonnes de déchets ménagers et de 919 tonnes de tri sélectif, ainsi qu’au dépôt dans les déchèteries de 4.957 tonnes pour un coût total de 2,6 millions d’euro, soit 108,3 euro par habitant ; la protection de l’environnement qui a conduit à commencer la déconstruction et la dépollution du site de Cellatex et de ses bassins de décantation ; le développement du tourisme qui s’est manifesté par l’inauguration de l’Office de Tourisme Communautaire à Vireux-Wallerand qui a déjà vu défiler 13.000 visiteurs, par la poursuite des aménagements du parc Terr’Altitude à Fumay ou encore par 550 locations de bateaux électrique ; la gestion des piscines qui s’est traduite par 12.908 entrées payantes à celle de Fumay et par 10.229 à celle de Vireux-Wallerand ainsi que par la construction au centre aqualudique de Rivéa d’un nouveau parking de 91 places, d’un accès piétonnier pour aller à Fromelennes, de sanitaires extérieurs et de locaux technique ; l’action sociale qui a vu notamment 369 étudiants recevoir 298.262 euro dans le cadre du dispositif ACCES ou encore le lancement d’un système d’aide à la mobilité sur le territoire communautaire dont bénéficient 67 personnes de plus de 65 ans ainsi que 5 titulaires des minima sociaux ; la solidarité envers les communes qui s’est traduite par le versement de 13.032.556 euro, soit 50 % du produit de la fiscalité communautaire.

Bref, de quoi justifier, en attendant que les prises de compétence "gens du voyage" et "petite enfance" ne fassent sentir leurs effets, les 34.004.483 euro de budget et les 108 emplois directs de la Communauté de communes, ainsi que les 52 emplois fournis par les structures qu’elle a mises en place et financées! Evidemment, dans cette intercommunalité parfaite qui nous a été présentée, il n’a été à aucun moment question de la division par 2 du nombre de tournées de collecte des déchets, pas plus que du déficit des 3 piscines estimé à 1,4 millions ou encore de la fermeture d’entreprises ayant largement bénéficié d’aides financières communautaire. Une présentation à sens unique donc, que l’on appelle dans le jargon des spécialistes de la communication du marketing politique, et dans le mien qui est beaucoup plus direct de la propagande. Mais il ne faudrait surtout pas croire que cette soirée a été inutile.

Le meilleur est arrivé à la fin avec le discours de Bernard Dekens qui nous a fait 4 révélations : son opposition, que je partage, à l’entrée dans l’intercommunalité de Revin au prétexte qu’elle générerait beaucoup de dépenses, ce qui entraînerait une diminution des services actuels et de la redistribution aux communes ; sa volonté de désenclaver le territoire par le soutien au développement du port qui a reçu cette année une 2ème grue, pour faire face à un trafic de 152.690 tonnes de sortie et de 120.800 tonnes d’entrée, et un hangar pour stocker la fonte importée, ainsi que par la recherche d’un accord avec la Belgique pour la réouverture de la ligne ferroviaire Givet-Dinant qui s’annonce difficile si on en juge par le report à septembre du colloque prévu au Parlement wallon sur le sujet ; sa conviction que le tourisme constitue la 2ème voie de développement de notre territoire puisque "la Meuse présente l’avantage d’être non délocalisable", ce qui me semble-t-il est le cas de tous les cours d’eau, y compris de ceux qui bénéficient de cieux plus cléments pour les touristes et qui se comptent par dizaines ; sa détermination à entreprendre les démarches nécessaires pour que le 3ème EPR français soit construit à Chooz puisqu’il estime que le faible débit de la Meuse est un faux problème aisément solutionnable en arrêtant la centrale en période d’étiage. Au final, cette soirée a montré qu’entre le pessimisme de l’intelligence et l’optimisme de la volonté, nos dirigeants communautaires ont choisi le 2ème, ce qui est en soi louable à condition que le volontarisme affiché n’aboutisse pas à refuser de prendre en compte les réalités dans lesquelles nous vivons.
LB

jeudi 19 février 2009

Ardennes: le double jeu de l'Etat continue !


Souvenez-vous de la mémorable journée du 18 décembre 2006! Lors d'un déplacement officiel dans notre département, le ministre candidat à la magistrature suprême, Nicolas Sarkozy, avait enflammé les 3.000 militants venus l'écouter au Parc des Expositions de Charleville-Mézières en prononçant son fameux discours sur "la France qui souffre". Considéré comme un tournant majeur de la campagne présidentielle, le lancement de ce slogan est pratiquement tout ce que les médias nationaux ont retenu de cette visite. Mais ce n'a pas été le cas de nos quelques médias départementaux et de certains connaisseurs des réalités économiques des Ardennes qui ont été plus sensibles à ces propos tenus l'après-midi dans les salons de la Préfecture par celui qui s'est efforcé d'apparaître moins comme le ministre de l'Intérieur que comme celui de l'aménagement du territoire : "l'un des points faibles des Ardennes tient à l'absence d'un pôle tertiaire important, notamment autour de la ville chef-lieu. Afin que l'Etat donne ici l'exemple, j'ai décidé, dans ce contexte, que l'agence nationale des titres sécurisés, établissement que le ministère de l'Intérieur s'apprête à créer, s'installera sur l'agglomération de Charleville-Mézières sur un site qui reste à trouver". Et d'ajouter pour le plus grand bonheur de l'auditoire que "cette agence représentera plusieurs dizaines d'emplois publics de haut niveau".

Le fer se battant en période électorale lorsqu'il est encore chaud, pour ne pas dire bouillant, la promesse a abouti dès le 24 février 2007 à la création officielle de l'ANTS dont la mission est d'organiser la conception, avant leur fabrication à l'Imprimerie Nationale de Douai, des 3 millions annuels de passeports électroniques ainsi que des futurs passeports biométriques, visas numériques, plaques d'immatriculation à vie, cartes nationales d'identité numérisées et cartes vitales sécurisées en attendant celle des cartes grises et des permis de conduire modernes. En avril, la nouvelle agence a commencé son activité avec une équipe de 9 ingénieurs dans des bureaux mis à sa disposition par la ville rue de l'église. Après plusieurs mois de recherche, elle a emménagé dans un bâtiment appartenant à la Poste-France Telecom acheté et reconfiguré par le Conseil général. Inauguré en décembre en grande pompe par la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie, ces locaux financés de fait par les Ardennais eux-mêmes ont été présentés comme "devant être le 1er maillon d'un pôle tertiaire à Charleville-Mézières". Un projet toujours aussi ambitieux donc, qui a été heureusement confirmé en septembre 2008 par l'embauche, pour épauler les 19 hauts fonctionnaires ayant accepté de travailler dans les Ardennes moyennant une prime d'incitation de 9.200 euro (!), de 60 personnes auxquelles viendront s'ajouter à terme 40 autres pour atteindre l'effectif de croisière fixé à 118 salariés.

Comme tous ceux qui sont attachés au développement de notre département sur des bases permettant de marier intelligemment l'ancienne et la nouvelle économie, le MRC 08 se réjouit que le projet d'implantation de l'ANTS se soit transformé en réalité et qu'il ait permis de créer un nombre non négligeable d'emplois. Que l'Etat en soit félicité comme il le mérite! Cependant, qu'il soit aussi assuré que nous ne sommes pas dupes de son double jeu qui consiste à reprendre d'une main 2 à 3 fois plus que ce qu'il a donné d'une autre, comme le montre la récente carte judiciaire qui a fait disparaître un nombre important d'emplois tertiaires avec la fermeture des 3 tribunaux d'instance de Rocroi, Vouziers et Rethel, du greffe détaché de Fumay, du pôle de l'instruction et du tribunal de commerce de Charleville-Mézières ainsi que du tribunal des prud'hommes de Sedan ... ou encore la suppression en 2007 de 80 postes d'enseignants suivie en 2008 de 62 autres et très probablement de 71 supplémentaires en septembre 2009. Sans parler de la fermeture du Centre d'entraînement Commando de Givet qui fera passer à la trappe 160 emplois publics, lesquels, s'ils ne sont pas des emplois tertiaires, sont tout de même parfaitement révélateurs de l'attitude de ce Janus des temps modernes que l'on appelle l'Etat aménageur.

dimanche 15 février 2009

Aubrives : l'église Saint Maurice cambriolée !


Jusqu'à présent, Aubrives, modeste bourgade d'à peine 1.000 habitants nichée dans un écrin de verdure en bordure de la Meuse, était réputée pour son cadre de vie agréable, pour son tissu associatif d'une grande vitalité et pour ses artistes de talent. Aujourd'hui, hélas, les choses sont en train de changer. Après l'apparition ces dernières années de petites incivilités qui n'ont heureusement jamais dépassé le seuil critique, après l'incendie très probablement criminel dont a été victime dans la nuit du 20 au 21 juin 2008 le magasin de proximité "le Relais des Mousquetaires", après le vol effectué dans les locaux de ce même magasin 10 jours plus tard, c'est au tour de l'église Saint Maurice d'être la cible des malfaiteurs comme le montre l'article ci-dessous paru aujourd'hui en page Région dans le journal "l'Ardennais":

Plusieurs joyaux cultuels dérobés à Saint Maurice !
L'église Saint Maurice à Aubrives a été la cible de vandales. Des statues, bustes, calices ... ont été dérobés. Le forfait a été découvert vendredi.
Vendredi après-midi, Jean-Paul Béal, chargé du catéchisme et de l'ouverture de l'église, et Véronique Anciaux, chargée de l'entretien de l'édifice, ont découvert, avec consternation, les actes de vandalisme dont a été l'objet l'église Saint Maurice.
Le choeur et une partie des premiers sièges étaient couverts de poussière blanche. Ce n'était pas dû à l'effondrement du plafond, mais à la dispersion d'extincteurs à eau et à poudre. Action effectuée vraisemblablement pour masquer les traces d'un vol d'objets du culte et de statues sacrées.
Rapidement, Jean-Paul Béal s'est rendu compte de la disparition du buste de Saint Maurice, patron de la paroisse et de la statue de Saint Roch (deux bois polychromes du XVIIe siècle, objets mobiliers classés en août 1967, restaurés en 1992). Ont disparu également la sculpture de Saint Marc l'évangéliste, ainsi qu'une patène, un ciboire et deux calices. Stupéfaction, Saint Maurice et Saint Roch ont été arrachés de leurs niches (qui ont aussi été abîmées) situées dans les murs latéraux de l'église. La sculpture de Saint Marc, quant à elle, a été décollée de la chaire. Les objets d'orfèvrerie (ciboire, calices, ...) ont été subtilisés dans les armoires de la sacristie.
Les voleurs se sont introduits dans l'édifice, par la petite cour jouxtant l'église, en fracturant la porte d'entrée, puis par celle séparant la sacristie de l'église. Après les différents vols et dégradations commis, le ou les individus se sont emparés des extincteurs, les ont vidés, puis les ont jetés dans la propriété voisine de l'église Saint Maurice, tout en ayant neutralisé l'éclairage extérieur.
Plainte a été déposée auprès de la communauté de brigades de gendarmerie de Givet.

Cet acte, commis au sens premier de l'expression par des individus sans foi ni loi, est inqualifiable. Il touche la population d'Aubrives dans son ensemble qui voit disparaître une partie de son patrimoine culturel qui avait retrouvé une 2ème jeunesse il y a une quinzaine d'années grâce à une restauration financée pour une grosse part par la municipalité. Surtout, il affecte au plus haut point les pratiquants et les très nombreux croyants de la commune qui y voient à juste titre plus un sacrilège qu'une perte financière. Pour ma part, étant libre de tout engagement religieux mais respectueux de la loi, de la tradition et des croyances des autres, je condamne avec la plus grande fermeté ce vol réalisé par des crapules expertes en la matière mais ignorantes en art comme vous pouvez le voir sur les photos ci-dessous qui montrent le procédé pratiqué pour pénétrer dans l'église, le sort fait aux extincteurs utilisés pour effacer les traces du forfait, le vol sans vrai intérêt d'un seul évangéliste de la chaire et "l'oubli" des pièces les plus précieuses de l'église comme ce tableau classé de la Cène datant du XVIIème siècle. (LB)

GPM étiquettes : la direction retrouve la raison


Vous vous souvenez très certainement de GPM étiquettes, cette entreprise givetoise, qui avait défrayé la chronique en annonçant le 06 février le licenciement pour assurer sa survie de 7 de ses 23 salariés ... éventuellement ramené à 5 si le reste du personnel acceptait une baisse de 5 % des salaires, voire à 2 si la baisse atteignait 10 %. Un véritable chantage à l'emploi qui en avait surpris plus d'un venant d'une entreprise reprise en juillet 2007 par un holding financé en grande partie par des fonds publics! Les réactions ne s'étaient dons pas faites attendre, de la part du personnel bien sûr qui après avoir rejeté les 2 propositions de la direction avait alerté la Direction Départementale du Travail et l'union départementale de la CFDT, mais aussi de la part de "l'Ardennais" qui avait dénoncé avec force et ironie le procédé et de quelques acteurs politiques qui craignaient que cet éventuel précédent ne fasse école.

Devant cette levée de boucliers et les pressions discrètes mais fermes que l'on peut imaginer, la direction a rapidement pris conscience des vertus du dialogue social qu'elle avait jusqu'alors ignoré. Plusieurs réunions entre les représentants du personnel et la direction ont eu lieu et elles ont abouti à un accord qui a été rendu public vendredi dernier, soit une semaine après l'annonce-choc de la direction. Que contient-il pour avoir recueilli l'assentiment des 2 parties ? Rien d'extraordinaire, mais une mesure malheureusement d'une grande banalité en ces temps de crise : le recours au chômage partiel, qui frappe déjà près de 4.900 salariés ardennais, avec néanmoins une originalité puisque le personnel non commercial chômera à tour de rôle afin que l'entreprise ne connaisse pas d'arrêt périodique de production.

Ce qui aurait pu devenir "l'affaire" GPM étiquettes se termine donc, pour le moment, d'une façon assez satisfaisante. Cependant, cette offensive anti-sociale avortée amène le MRC 08 à faire 3 constats. Le premier est que lorsqu'un mauvais coup se prépare, il est possible de l'arrêter si la mobilisation est à la fois très précoce, large et bien relayée par les médias. Nous sommes désormais dans une société de communication où l'image et la réactivité sont fondamentales. Sachons en profiter au lieu de nous laisser écraser par elle en mettant en place une veille sociale qui sera d'autant plus efficace qu'elle sera largement ouverte. Le deuxième constat est que lorsque les efforts sont équitablement répartis entre les salariés et l'entreprise, un dialogue social ouvert aboutit presque toujours à un accord. Évidemment, il est rarement parfait, mais il vaut toujours mieux qu'un conflit à l'issue duquel les 2 parties sont inévitablement perdantes. Enfin, le dernier constat est que la prise de conscience de l'existence de la crise économique et de ses conséquences sociales est suffisamment avancée chez beaucoup de salariés pour que certains patrons tentent d'en profiter et de battre en brèche les avancées sociales des dernières décennies. Aujourd'hui, il est de bon ton dans les Ardennes de dénoncer les patrons voyous souvent venus d'ailleurs et de les clouer au pilori, mais l'arbre ne doit pas cacher la forêt et il ne faut pas oublier tous les opportunistes qui rêvent d'utiliser le contexte actuel à la seule fin d'augmenter leurs profits.

mercredi 11 février 2009

La défense de la laïcité mérite bien un banquet


En février 2007, lors des premières Rencontres laïques internationales qui s'étaient tenues à Montreuil, un intervenant avait déclaré que "la laïcité se voit attaquée à la fois par tous les fanatismes religieux et par les fanatiques d’une dérégulation du monde qui, sous couvert de loi du marché, visent à asservir les plus faibles ". Aujourd'hui, malheureusement, dans un monde frappé par une crise économique particulièrement brutale aboutissant à un accroissement inédit des inégalités sociales et de la pauvreté, par l'extrème-droitisation des structures religieuses de toutes obédiences, par la montée du nauséabond "choc des civilisations" et des communautarismes en tous genres ainsi que par la destruction des protections sociales et des services publics dans les pays qui ont la chance d'en posséder, cette formule reste plus que jamais d'actualité. Tout est entrepris, insidieusement ou ouvertement, pour détruire la laïcité qui est présentée comme liberticide alors qu'elle est tout le contraire.

Parmi les multiples exemples de ces attaques en Europe et dans le monde, les plus frappants sont l'accueil par le Vatican au sein de l'Eglise catholique de certains intégristes antisémites et négationnistes, la violation de l'espace privé et la remise en cause des libertés individuelles et de conscience en Algérie afin de chasser les "infidèles" au nom de la protection de l'islam, l'élimination au Proche-Orient et au Moyen-Orient des militants laïques arabes au profit des intégristes musulmans ou encore la légalisation de la polygamie au Royaume-uni. En France, on peut citer le financement grandissant des écoles confessionnelles sur des fonds publics, l'incroyable discours de Latran qui a dû faire jubiler tous les membres de l'Opus Dei ou encore la coupe franche des subventions aux centres de planning familial qui en dit long sur l'offensive contre les droits des femmes qui est en train de se préparer. Plus près de nous, dans les Ardennes, qui a pu oublier qu'en moins d'un an il y a eu le rétablissement de l'angélus à Charleville-Mézières par une municipalité qui s'affirme pourtant de Gauche, la cession par la mairie de Revin pour l'euro symbolique du foyer des jeunes d'Orzy à l'association musulmane de la ville afin qu'elle en fasse un lieu de culte ou encore la réfection par la commune d'Aiglemont d'un calvaire érigé après la loi de 1905 ?

Malgré quelques lueurs d'espoir comme l'adoption en 2000 par la Suède d'une Constitution qui sépare l'Etat et l'Eglise luthérienne, la création en 2008 en Algérie d'un parti incluant dans son titre et son programme la laïcité ou encore le vote par la Bolivie d'une Constitution où l'Etat se trouve séparé de l'Eglise catholique, la liste des dangers qui pèsent sur la laïcité n'a donc jamais été aussi longue qu'aujourd’hui ! Face à cette situation, la solution de facilité consisterait à baisser les bras et à se laisser porter par la vague dominante. C'est certainement l'attitude qu'adopteront ceux dont les convictions manquent de solidité, mais pas les militants de la Libre Pensée, et notamment ceux de la dynamique fédération des Ardennes qui organiseront le 10 avril à 19h00 le traditionnel repas qui n'aura rien de maigre du "vendredi dit saint" au restaurant "La Renardière" à Gernelle. L'écot demandé pour participer à ces agapes symboliques, où se cotoyeront fraternellement des militants de partis politique comme le MRC 08, le PCF 08 et le POI, des militants syndicaux issus de FO et de la CGT ainsi que des personnes libres de toute appartenance, sera de 20 euro (apéritif, boisson et café compris). Les inscriptions, que nous souhaitons encore plus nombreuses que les années précédentes, devront parvenir avant le 1er avril à Michel Nagot, 12 allée des bouleaux, 08000 Charleville-Mézières.

dimanche 8 février 2009

Ardennes : les leçons à tirer du dernier recensement.


Depuis 2004, l’INSEE a changé sa méthode pour compter les Français. Désormais, le recensement de la population est organisé par enquêtes annuelles tournantes portant sur 20 % des communes de moins de 10.000 habitants et 8 % des logements de celles dépassant ce seuil, et non plus par un comptage exhaustif tel qu’il était réalisé auparavant tous les 8 à 9 ans. Quel est l’avantage de cette méthode sur la pratique mise en place en 1802 par le futur empereur Napoléon 1er ? Officiellement, c’est de disposer de chiffres actualisés chaque année, puisque la population légale et les indicateurs démographiques associés sont le résultat glissant des 5 dernières années d’enquête, ce qui est tout à fait louable. Officieusement, c’est d’étaler le travail immense engendré par un recensement exhaustif sur plusieurs années, ce qui limite les besoins en personnel et permettra ainsi à l’INSEE d’atteindre l’objectif qui lui a été fixé en 2007 de réduire de 5,4 % ses emplois sur 3 ans.

Le 1er janvier 2009, les chiffres « millésimés » 2006, année médiane des 5 années d’enquête commencées en 2004, ont été publiés. Ils révèlent que la France compte 63.185.925 habitants, soit 5,5 % de plus qu’en 1999. Toutes les régions voient leur population progresser, à un rythme il est vrai très variable, sauf une, ce qui se traduit sur les cartes par un îlot bleu au milieu d’un océan de couleurs rougeâtres. Quelle est cette exception ? La Champagne-Ardenne hélas qui, avec 1.338.850 habitants, perd en moyenne 630 personnes par an. Cela n’a donc rien d’une saignée démographique, mais il faut bien reconnaître que c’est la preuve de difficultés sérieuses qui ne sont pas encore surmontées. Dans le détail, ce recul s’explique par le très mauvais chiffre de la Haute Marne, qui est le département français perdant le plus de population, et par celui à peine meilleur des Ardennes qui occupent l’avant-dernière position avec 294.635 habitants, soit 1,51 % de moins qu’en 1999.

Si on analyse plus précisément les données concernant notre département, on peut se rendre compte qu’il connaît 2 évolutions inquiétantes. La 1ère est que l’accroissement naturel, qui en 1999 était proche de celui de la France, a fortement baissé en passant de + 0,32 % par an à + 0,22 % , ce qui ne représente plus que la moitié du taux national. La faute à la natalité ou à la mortalité ? A la première qui est passée de 12,8 ‰ en 1999 à 11,9 ‰ alors que la moyenne du pays a progressé légèrement pour atteindre 12,9 ‰ contre 12,7 ‰ en 1999. La natalité ardennaise est donc maintenant inférieure à la natalité française, ce qui est une première! La 2ème évolution est que le solde migratoire, négatif depuis bien longtemps mais de plus en plus faiblement, s'est désormais stabilisé à – 0,5 % par an. Le déficit des arrivées sur les départs dépasse donc maintenant largement l’excédent des naissances sur les décès. Tout le monde reconnaîtra que cette situation n’est pas bonne, et ceux qui se projettent dans l’avenir, comme le MRC 08 s’efforce de faire, comprennent qu’elle augure d’un avenir encore plus sombre puisque les départs concernent surtout les jeunes actifs, c'est-à-dire ceux qui contribuent le plus à la natalité.

Cependant, si les Ardennes connaissent globalement une baisse de population, les chiffres varient considérablement d’un canton à l’autre. Ainsi, sur les 37 que compte notre département, seuls 13 voient leur nombre d’habitants diminuer, à savoir les cantons urbains de Rethel, Vouziers, Sedan-est et Charleville-Mézières qui continuent à être victimes de l’exurbanisation qui a cessé dans le reste de la France, et surtout ceux de la vallée de la Meuse et de la Pointe qui subissent de plein fouet la désindustrialisation. 5 sont à peu près stables et 19, c'est-à-dire la majorité, bénéficient d’une augmentation de leur population. Parmi eux, la palme revient au canton de Juniville (+14,5 %) qui profite de l’arrivée d’une partie des habitants de Rethel et du passage de l’A34 qui relie la sous-préfecture à Reims. Suivent les cantons d’Omont (+12,3 %) et de Renwez (+9,9 %) qui bénéficient de l’exurbanisation qui touche Charleville-Mézières et, pour le 1er, de l’achèvement de l’A34 entre le chef-lieu et Rethel. Quant aux autres, ils recueillent les fruits de la rurbanisation, c'est-à-dire de l’installation d’anciens citadins dans les communes situées au-delà de la zone périurbaine.

Enfin, si on affine l’étude, on doit constater que les 9 premières villes des Ardennes connaissent une baisse qui est particulièrement inquiétante à Fumay (-12,4 %), à Revin (-11,7 %) et à Vouziers (-9,3 %). On peut aussi remarquer que la population légale de Vivier au Court franchit le seuil des 3.500 habitants, ce qui se traduira par une hausse des conseillers municipaux, du nombre de grands électeurs et des indemnités des élus, ainsi que par l’élection du conseil municipal au scrutin de liste fermée avec parité et par l’obligation de procéder à un débat d’orientation budgétaire. A l’inverse, Villers-Semeuse franchit ce seuil à la baisse et connaîtra désormais les joies du scrutin plurinominal qui permet les listes incomplètes, les candidatures individuelles ou encore la participation au 2ème tour sans avoir été présent au 1er. Le seuil de 2.500 est franchi à la hausse par Floing qui aura ainsi 4 conseillers municipaux et 2 grands électeurs en plus. Il en sera de même de Montcy Notre Dame et de Renwez qui ont dépassé la barre des 1.500 habitants. Quant aux 7 communes qui ont dépassé les 1.000 habitants, elles verront leurs élus recevoir des indemnités plus élevées, alors que ceux d’Aubrives et de Boulzicourt subiront les conséquences financières de leur incapacité à maintenir leur population légale au dessus de ce chiffre. De même, les 5 communes ayant franchi le cap des 500 habitants profiteront à l’avenir de 4 conseillers municipaux et de 2 grands électeurs supplémentaires, d’indemnités plus fortes pour les élus et d’une dotation plus généreuse de l’Etat, alors que Grandpré perdra ces avantages. Enfin, les 15 communes qui dépassent désormais 100 habitants témoignent de la vigueur de la rurbanisation en cours.

Au total, ce recensement démontre donc, qu’au-delà d’une baisse globale de la population, les Ardennes connaissent des situations très contrastées. Elles découlent de la géographie bien sûr, mais aussi de la diversité et de la modernité du tissu économique ainsi que de la présence d’axes de communication performants. Il prouve ainsi que la situation démographique actuelle n’a rien d’inéluctable et que les politiques, par leurs décisions, peuvent la redresser. Encore faut-il qu’ils ne se trompent pas dans leurs priorités…

samedi 7 février 2009

GPM étiquettes : l'odieux chantage à l'emploi !


Comme bon nombre d’entreprises des Ardennes en général et de la Pointe en particulier, l'usine givetoise GPM étiquettes vient de faire savoir qu’elle connaît des difficultés économiques. Pour y faire face, au lieu d’utiliser des moyens permettant de limiter les conséquences sociales de cette mauvaise passe comme la prise anticipée de congés payés ou encore le recours à des mesures de chômage partiel, elle a informé ses 23 salariés qu’elle envisageait le licenciement de 7 d’entre eux. Une mesure radicale donc, qui tranche avec le comportement plus humain adopté par la plupart des industriels actuellement en difficulté.

Toutefois, 2 solutions ont été proposées aux salariés pour limiter le nombre de licenciements : une baisse de 5 % des salaires en échange de la sauvegarde de 2 emplois ou une baisse de 10 % des salaires en échange de la sauvegarde de 5 emplois. Face à ce choix cornélien entre le maintien « égoïste » de leur niveau de vie et la préservation du travail pour une partie de leurs collègues, les salariés de GPM étiquettes ont majoritairement décidé de rejeter les 2 propositions de la direction. Certains trouveront sans doute que c’est la preuve que la solidarité ouvrière n’est plus ce qu’elle était, mais pas le MRC 08 qui donne pleinement raison aux salariés.

Notre position, qui n’a rien d’idéologique, est dictée par la prise en compte de 3 facteurs. Le premier est que GPM étiquettes n’est pas une entreprise de haute technologie rémunérant royalement ses salariés. Ceux-ci ont déjà aujourd’hui des difficultés pour boucler les fins de mois, qu’en serait-il avec un salaire amputé ? Le deuxième est qu’accepter une des offres de la direction reviendrait à lui signer un chèque en blanc : le contrat de travail des salariés serait irréversiblement modifié avec leur accord, mais sans aucune garantie que la direction ne revienne à la charge un peu plus tard en expliquant que des licenciements sont tout de même impératifs pour la sauvegarde du site. Enfin, GPM étiquettes ayant été créé en juillet 2007 par une holding de reprise constituée en grande partie grâce à des fonds publics provenant de la région, du département, de la communauté de communes et d’EDF, il est légitime d’attendre de sa part un comportement plus respectueux de son personnel que cet odieux chantage à l’emploi auquel elle vient de se livrer.

vendredi 6 février 2009

Ardennes : quand la crise économique sert d'alibi à d'inacceptables dérives !


Tout le monde sait que nous sommes en pleine crise économique. D’après les propos tenus par Nicolas Sarkozy hier soir à la télévision, il s’agirait même de la crise économique la plus grave depuis un siècle. Pire que celle qui a été déclenchée par le krach boursier d’octobre 1929 et qui a duré 10 ans, c'est-à-dire jusqu’au déclenchement de la 2ème guerre mondiale dont elle est l’une des origines, c’est dire ! A l’heure de la mondialisation (rappelez-vous, cette modification de l’économie que l’on qualifiait volontiers de « heureuse » au début des années 1990 et qui devait à la fois mettre fin à l’histoire et assurer à la planète une prospérité éternelle), toute la Terre est bien sûr concernée par ce dérèglement brutal. L’Union Européenne, malgré la mise en place de l’euro qui devait être un bouclier contre les menaces économiques extérieures, n’a pas réussi à y échapper, pas plus que la France en dépit des mesures dites de « modernisation » prises au cours des dernières années. Les Ardennes sont également touchées, meurtries même puisqu’il ne se passe quasiment pas un jour sans que l’on apprenne que telle ou telle entreprise du département est confrontée à des difficultés qui l’obligent à prendre des mesures drastiques.

Dans ce contexte particulièrement noir, les chefs d’entreprise utilisent tous les moyens à leur disposition pour tenter de limiter les conséquences sociales de la crise : récupération de RTT, prise anticipée des congés payés, modulation du temps de travail dans un premier temps, puis mise en place de mesures de chômage partiel avec la bénédiction de l’Etat. Cette attitude est tout à leur honneur et le MRC 08 les en félicite bien volontiers. Toutefois, cela ne suffit pas toujours et certaines entreprises affirment être contraintes de prendre des mesures plus radicales, ce qui se traduit par le licenciement d’une partie du personnel comme à Enia à Sedan, à Estamfor aux Hautes Rivières ou encore à Impressions SA à Revin. Ces décisions graves sont souvent justifiées, et nous pouvons les comprendre lorsqu’elles sont prises en dernier ressort après avoir épuisé toutes les autres solutions. Cependant, il n’en est pas de même de certaines mesures prises récemment par quelques chefs d’entreprise qui semblent avoir adopté comme ligne de conduite de tirer profit de la crise.

Ainsi, que faut-il penser d’une entreprise de 130 salariés spécialisée dans la fabrication de matériel d’extraction et de démolition pour les travaux publics qui supprime 9 emplois en novembre, puis 9 autres en janvier ? Qu’elle a connu une nouvelle dégradation de son activité et qu’elle s’y est adaptée ou qu’elle a agi pour contourner le code du travail qui impose la mise en place d’un plan de sauvegarde de l’emploi dans les entreprises de plus de 50 salariés prévoyant de licencier au moins 10 d’entre eux dans une période de 30 jours ? Les plus optimistes pencheront pour la 1ère hypothèse, mais pas le MRC 08 qui condamne avec la plus grande fermeté un tel comportement. Dans le même registre, que faut-il penser d’une entreprise spécialisée dans la fabrication de conduites techniques pour les moteurs de voitures qui annonce 28 suppressions d’emploi deux ans après avoir créé une filiale en Slovaquie qui échappera à tout licenciement ? Qu’elle s’adapte à la chute du marché automobile ou qu’elle prépare une délocalisation dans un pays désormais membre de la zone euro ? Ceux qui sont naturellement disposés à voir tout en beau opteront pour la 1ère hypothèse, mais pas le MRC 08 qui trouve le procédé aussi hypocrite que scandaleux. Ou encore, que penser d’une entreprise spécialisée dans la fabrication d’étiquettes qui a été reprise en 2007 par un holding financé en grande partie par des fonds publics et qui envisage 7 licenciements sur ses 23 salariés, éventuellement réduits à 5 si le personnel accepte une baisse de salaire de 5 % voire à 2 si la diminution atteint 10 % ? Qu’elle fait appel à la solidarité des salariés pour limiter la casse sociale ou qu’elle se livre à un chantage au licenciement pour diminuer ses coûts salariaux ? Encore une fois, le MRC 08 penche pour la 2ème hypothèse et tient à faire savoir qu’il n’est pas dupe d’une manœuvre aussi odieuse.

Ces 3 exemples démontrent de manière éclatante que parfois la crise a bon dos et qu’elle n’est qu’un prétexte utilisé par certains patrons pour arriver à des fins que la morale réprouve. Ils prouvent la nécessité de rester vigilant afin d’empêcher tout abus. C’est évidemment la tâche des syndicats, des formations politiques et des services de l’Etat, mais aussi de tous les citoyens qui ne doivent pas hésiter à dénoncer publiquement les anomalies qu’ils pourraient constater.

jeudi 5 février 2009

Devinette


Je suis un lieu appartenant à la République française, même si mon entrée est surmontée par 3 drapeaux dont un représente une construction politico-économique qui n'a aucune compétence dans l'activité qui s'exerce entre mes murs. Je suis situé dans une ville économiquement sinistrée qui, après avoir perdu le 31 décembre son 2ème employeur privé, voit actuellement son 1er employeur privé recourir à des mesures de chômage partiel et attend la fermeture programmée de son 1er employeur public en juillet. J'ai reçu il y a quelques semaines la visite de mes autorités de tutelle, à savoir les plus hauts représentants régionaux et départementaux de l'administration à laquelle je suis rattaché, qui se sont déclarées enthousiasmées par certaines de mes initiatives et m'ont promis pour bientôt des moyens supplémentaires. Je viens d'apprendre qu'en guise d'augmentation, j'allais connaître dans quelques mois l'amputation d'une des branches de ma déjà bien maigre ramure, ce qui se traduira par une baisse de plus de 6 % des moyens actuellement mis à ma disposition ainsi que par une précarisation de 10 % de ceux qui me resteront.

Qui suis-je ? Pour vous aider dans cette délicate recherche, voici 2 indices généreusement mis à votre disposition par le MRC 08. Je ne suis pas un établissement hospitalier qui aurait expérimenté une nouveauté médicale devant les yeux ébahis du directeur de l'ARH. Des voix de plus en plus nombreuses affirment que mon sort à moyen terme est déjà scellé et qu'il consistera à fonctionner en réseau avec un établissement de même nature, distant de 30 kilomètres, auquel je servirai d'antenne détachée.