Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


mercredi 29 avril 2009

Aubrives : voilà ce qu'ils appellent "faire mieux" !


Jusqu'aux dernières élections municipales, dont les personnes un peu attentives à la vie locale savent désormais qu'elles n'ont pas été gagnées par la liste "un nouvel essor pour Aubrives" mais perdues par la liste "ensemble pour Aubrives", la population d'Aubrives recevait 3 fois par an un bulletin d'information et de liaison rédigé par les élus : Aubrives Magazine. Ce 12 à 16 pages , selon le nombre de faits marquants connus par la commune, édité sur papier glacé, permettait aux habitants d'être régulièrement informés à la fois sur la vie municipale (le mot du maire ainsi que le compte rendu succinct des réunions du Conseil municipal et des travaux des différentes commissions répondaient à cet objectif) et sur la vie communale (c'était la raison d'être des rubriques vie au village, associations et état civil). Cerise sur le gâteau, si son coût de publication n'était pas négligeable, il était en grande partie couvert par une grosse quinzaine d'encarts publicitaires faisant la promotion de sociétés d'Aubrives et des communes environnantes. Un système gagnant-gagnant donc, qui aboutissait à une information globalement satisfaisante à peu de frais!

En bonne logique, l'arrivée en mars dernier d'une nouvelle municipalité n'aurait pas dû entraîner de changement dans ce qui fonctionnait bien. Hélas, ce n'a pas été le cas! Dans le budget primitif présenté au printemps, les crédits affectés à la publication du bulletin municipal ont été augmentés de 50 %. Je me souviens avoir demandé la raison de cette hausse et avoir obtenu pour toute réponse, de la part du maire s'exprimant sur un ton péremptoire, que c'était "parce que nous comptons faire mieux". Excellente intention, mais qui a été démentie par les faits puisqu'aucune publication n'a eu lieu en 2008. Ainsi, sur les 3.000 euro prévus, seuls 132,35 ont été consommés. Toutefois, comme il ne faut jamais désespérer de rien ni de personne, après 9 mois de cogitation de la commission "communication" qui regroupe les élus les plus performants dans ce domaine, le numéro 55 de Aubrives Magazine a réussi à voir le jour et il a été distribué en janvier 2009, juste avant les voeux du maire. Par charité, je ne reviendrai pas sur ce "chef d'oeuvre" de propagande et d'autosatisfaction mais j'avoue que, depuis, j'attendais avec curiosité le numéro suivant, d'autant que les sommes affectées aux publications ont encore été augmentées de 66 % dans le budget 2009.

Désormais, me voilà servi puisque j'ai reçu hier, comme le reste de la population du village, une publication dénommée ... Brèves d'Aubrives. D'un format gazette (pardon, je voulais dire 4 pages), ce document, qui prétend en titre être un "bulletin d'information du Conseil municipal", reconnaît dès l'édito de 203 caractères (à titre de comparaison, un correspondant de "l'Ardennais" dispose habituellement de 1000 caractères pour couvrir le moindre événement local) n'être qu'un simple "dépliant", vous savez ces publications auxquelles on accole généralement le qualificatif de "publicitaire". D'entrée, le ton est donc donné : si la forme est agréable au toucher (du papier glacé de qualité) et à la vue (des articles courts agrémentés de photos qui attirent l'oeil), il ne faut pas espérer grand chose du contenu de ce document dont l'édito précise d'ailleurs, afin que personne n'ait d'attente exagérée, qu'il sera "sans date de parution définie"! Sa lecture mérite cependant d'être faite pour au moins 3 raisons : la 1ère est que la photo illustrant les voeux du maire n'est pas conforme à la réalité puisque le 1er magistrat n'était pas seul au moment de son discours, mais entouré de ses 4 adjoints et d'une partie des conseillers municipaux (ce travestissement porte un nom : c'est de la propagande qui traduit une dérive autocratique à laquelle il convient dès maintenant de faire attention); la 2ème est que l'appel au civisme démontre une méconnaissance affligeante de la réalité de la commune puisque la vitesse qui s'y applique n'est pas de 50 km/h ... mais de 45 Km/h; enfin la dernière est que s'il est toujours bon de procéder à une relecture de ses écrits, mieux vaut le faire avant la publication qu'après, ce qui permet d'utiliser le personnel administratif à des tâches plus utiles qu'à maquiller sur près de 400 dépliants avec du correcteur qui n'aura échappé à personne 3 des 5 fautes y figurant.

Au total, la parution de ce 1er numéro de Brèves d'Aubrives traduit une régression de l'information, tant en quantité qu'en diversité et en qualité. Certes c'est mieux qu'en 2008, puisque cette année avait été marquée par une absence totale de publication. Mais il faut reconnaître que mieux que rien, ça ne fait toujours pas grand chose. Piteux, avez-vous dit ? Non, pitoyable!
LB


mardi 28 avril 2009

Premiers mai : une histoire qui est loin d’être finie …


Ils s'appelaient Engel, Fisher, Lingg, Parson et Spies. Aujourd’hui, le nom de ces "martyrs de Chicago" est tombé dans l’oubli, ce qui est injuste puisque ce sont eux qui sont à l’origine des Premiers mai fêtés aujourd'hui presque partout dans le monde. Petit retour sur le passé : en 1884, aux Etats-Unis, les syndicats décident, lors de leur IVe congrès, de mener le combat pour obtenir la journée de travail limitée à 8 heures avant le 1er mai 1886 (jour du début de l'année comptable pour les entreprises dans ce pays). Leurs revendications n’étant pas partout satisfaites, ils organisent au moment de la date butoir des grèves et des manifestations qui se déroulent sans incident, mais qui se poursuivent les jours suivants dans les entreprises refusant cette avancée sociale. Le 3 mai, un dérapage a lieu, avec la prise à partie par des manifestants des 300 briseurs de grève recrutés par la société McCormick, usine de machines et outils agricoles, auquel la police répond par une brutale répression faisant plusieurs morts. En réaction, 80 000 ouvriers défilent le lendemain à Chicago et une bombe explose au cœur de la manifestation, sans que l’on sache s’il s’agit d’une provocation policière ou d’un acte isolé, tuant des policiers. Aussitôt, les leaders syndicaux ainsi que les orateurs sont arrêtés, jugés sans preuve et cinq d’entre eux sont condamnés à mort, parmi lesquels 4 sont pendus le 11 novembre 1886, le cinquième s'étant "suicidé" en prison.

En 1889, la IIe Internationale socialiste, réunie à Paris pour le centenaire de la révolution française, propose en souvenir des « martyrs de Chicago » de faire de chaque 1er mai une journée internationale de mobilisation pour la journée de 8 heures, selon les "trois huit" (8 heures de travail, 8 heures de loisirs, 8 heures de repos) symbolisés par un triangle rouge. Le 1er mai 1890, de nombreuses manifestations sont organisées dans différents pays. L’année suivante, à Fourmies, ville textile du nord de la France, la troupe tire sur les manifestants qui veulent libérer des grévistes arrêtés le matin. 9 morts et une soixantaine de blessés sont relevés, essentiellement des jeunes, mais l’Etat n’a pas mauvaise conscience puisqu’il condamne ensuite 9 manifestants pour entrave à la liberté du travail, outrages et violences à agents. Quinze ans plus tard seulement, en 1906, profitant de la syndicalisation croissante des ouvriers français, de la multiplication des conflits sociaux et de l’émoi suscité par la catastrophe de Courrières (1.200 mineurs morts dans une explosion de grisou), la CGT ose à nouveau organiser partout en France des cortèges qui se heurtent à une répression violente, mais qui permettent d’obtenir le 13 juillet la loi sur le repos hebdomadaire. Ce succès ancre définitivement le 1er mai dans le calendrier des revendications syndicales qui peuvent désormais mobiliser sans crainte leurs troupes, arborant fièrement comme fleur fétiche l’aubépine rouge, couleur du sang versé par les ouvriers dans leurs luttes.

En 1941, sur les conseils de l’ancien socialiste André Belin, le Maréchal Pétain décide de faire du 1er mai un jour chômé pour saluer la « Fête du travail et de la concorde sociale », tout en substituant à la fleur habituelle des manifestants, trop marquée à gauche, le traditionnel muguet printanier. Puis, en 1947, la République fait de ce jour chômé un jour payé et le proclame l’année suivante "Fête du travail". Interrompue en 1954 par le gouvernement Lainiel en raison des incidents de plus en plus graves qu’elle suscite, la tradition des défilés reprend de plus belle en 1968 et ne s’est plus arrêtée depuis. Cette année encore, les manifestants battront donc à nouveau le pavé, avec néanmoins une nouveauté : pour la 1ère fois de leur histoire, tous les syndicats français, y compris la CFTC et FO qui avaient l’habitude d’organiser leurs propres cortèges pour marquer leur différence, défileront ensemble pour bien marquer le caractère exceptionnel de la situation économique et sociale que nous vivons aujourd’hui. Bien sûr, dans notre département comme dans les autres, la concurrence sera rude avec notamment 6 brocantes organisées le même jour, le lancement des escapades ferroviaires en Ardennes et la 1ère journée du rallye régional des Ardennes. Mais le MRC 08 est près à parier que la mobilisation sera importante parmi les Ardennais pour dénoncer la judiciarisation des conflits sociaux et la remise en cause du repos dominical qui répondent en écho à la répression connue par les premiers 1er mai et à l’exploitation dont la classe ouvrière était victime à la fin du 19ème siècle.

dimanche 26 avril 2009

1er mai : tous unis pour que ça change !


A défis exceptionnels, initiative exceptionnelle ! Alors que la crise étend ses ravages et que le chômage explose, Nicolas Sarkozy reste sourd aux attentes sociales exprimées avec force le 29 janvier et le 19 mars par toutes celles et tous ceux qui ne sont en rien responsables des problèmes économiques actuels, mais à qui les riches et les puissants voudraient faire payer la facture. Tout au plus accepte-t-il de mieux indemniser le chômage partiel et d’augmenter le nombre d’emplois aidés. Mais point de relance économique par la demande à l’horizon ni de protection supplémentaire pour les salariés. Par contre, il défend fermement son bouclier fiscal qui a permis en 2008 de redistribuer aux 756 contribuables les plus favorisés 288 millions d'euros, soit 381 000 euros en moyenne par personne, l'équivalent de trente années de SMIC.

Au niveau international, les chefs d’Etats et de gouvernement, réunis au G20, n'ont rien résolu sur le fonds. En guise de « moralisation » du capitalisme, ils se sont contentés de mesurettes cosmétiques contre les paradis fiscaux. Pour faire repartir la machine économique, ils ont donné des moyens supplémentaires au FMI qui continuera à conditionner ses aides à la poursuite de politiques libérales. En revanche, aucune décision n’a été prise pour lutter contre la logique d'accumulation toujours plus rapide des profits qui a nourri l'explosion de la spéculation, un des facteurs déclencheur de la crise. Les « Grands » de ce monde ont donc refusé les choix de réorientation qui s’imposent (à tous les sens du terme) et continuent de faire comme si la politique qu’ils ont mis en œuvre et qui a conduit la planète dans le mur était la seule possible.

Face à ce refus d’un réel changement, les peuples doivent se faire entendre partout dans le monde pour faire comprendre que d'autres choix sont nécessaires, fondés sur la satisfaction des besoins sociaux par un autre partage des richesses, sur une croissance respectueuse des ressources de la planète et sur un développement des échanges n’oubliant pas le progrès social. Une riposte coordonnée est indispensable pour exiger la satisfaction des revendications et pour refuser les atteintes croissantes aux libertés. C’est ce qu’ont compris les syndicats français qui appellent, pour la 1ère fois de leur histoire, à des défilés unitaires à travers tout le pays. Dans les Ardennes, la manifestation, à laquelle le MRC 08 appelle ses adhérents et ses sympathisants à participer, partira à 10h00 de la place ducale à Charleville-Mézières et se dispersera vers 12h00 devant le square de la gare. Elle sera suivie par un repas champêtre qui sera sans aucun doute l’occasion d’aborder la façon d’offrir le prolongement politique indispensable à l’unité constatée dans les luttes et les mobilisations.

samedi 25 avril 2009

Relais Services Publics : une nouveauté pour le meilleur ou pour le pire ?


Dans un monde où la rentabilité est devenue la boussole de toute action, les services publics à la française ont du plomb dans l'aile. Attaqués par la Commission européenne qui souhaite que ses activités les plus rentables soient ouvertes à la concurrence, affaiblis par les gouvernements successifs qui s'efforcent par tous les moyens d'en réduire les coûts, décriés auprès de la population à laquelle on fait croire que ses agents sont des nantis payés à ne rien faire, ils reculent partout. Dans les zones rurales, c'est encore pire : ils disparaissent purement et simplement! L'inégalité de fait dont souffrent traditionnellement les habitants des campagnes par rapport aux citadins s'est ainsi encore agrandie, au point d'amener le gouvernement à mettre en place le 17 février 2005 une Conférence nationale sur les services publics ruraux. Constatant le foisonnement d'initiatives locales pour faire face à ce repli des services publics (maison des services publics, espace rural emploi-formation, point information jeunesse, ...), elle a proposé d'unifier les services d'accueil par l'institution d'un label unique. Cette idée a été reprise par la Charte sur l'organisation des services publics en milieu rural signée le 23 juin 2006 par le 1er ministre, l'Association des Maires de France, 15 grands opérateurs de services (EDF, la Poste, GDF, SNCF, ...) et des organismes de protection sociale (ANPE, UNEDIC, CNAF, CNAM, CNAV, ...) et elle a abouti à la circulaire du 02 août 2006 invitant les préfets à labelliser, sous le nom de Relais Services Publics, des structures d'accueil polyvalent du public.

Sans forme juridique imposée, les Relais Services Publics peuvent être portés entre autres par une mairie, une intercommunalité, voire une association. Ce sont des structures légères offrant la possibilité d'être accueilli par un ou deux agents bien au fait de l'organisation administrative générale, d'obtenir des informations et d'effectuer des démarches administratives relevant de plusieurs administrations ou organismes publics grâce à l'utilisation d'Internet et des facilités offertes par les nouvelles technologies de la communication. Opérant essentiellement dans le domaine de l'emploi et des prestations sociales, ils répondent à une charte nationale de qualité qui garantit le niveau du service rendu et ils sont présentés comme LE moyen permettant de rendre un service de proximité et de qualité à tous les usagers en renforçant le maillage du territoire, notamment en milieu rural. Une véritable panacée donc, dont l'Etat attend qu'elle donne naissance à 1500 petits en 3 ans, et qui a déjà abouti à 109 créations au début de cette année ... dont 12 dans les Ardennes qui est ainsi le département qui compte aujourd'hui le plus de Relais Services Publics : parmi eux, 7 sont portés par 4 Communautés de communes de l'ouest du département, dont le très original Bus de Pays qui parcourt les Crêtes pré-ardennaises pour aller à la rencontre de tous ses habitants, et 5 par le Pays des Vallées de Meuse et Semoy qui a mis à profit le réseau des centres sociaux de ce territoire fortement urbanisé.

Que faut-il penser de cette nouveauté ? Pour le MRC 08, deux choses! La première est qu'il s'agit d'une excellente innovation qui permet aux populations éloignées des grandes villes d'accéder aux services publics sans avoir à trop se déplacer, ce qui représente à la fois un gain de temps, d'argent et de pollution. En plus, elle apporte une aide incontestable aux personnes âgées en les accompagnant dans des démarches administratives qui semblaient à certaines un parcours du combattant insurmontable. Quant à la deuxième, c'est que cette invention a priori bonne porte en germe plusieurs dangers auxquels il convient d'être dès à présent attentif : le 1er est que si l'investissement d'environ 50.000 euro nécessité par la mise en place d'un Relais Services Publics est pris en charge par l'Etat et les organismes publics, il n'en est pas de même du fonctionnement estimé également à 50.000 euro par an qui n'est assuré par l'Etat qu'à hauteur de 20 à 40 % et pour une partie du solde par les organismes sociaux ; le 2ème est que le succès souhaitable et souhaité des Relais Services Publics conduira inévitablement à une diminution de l'activité des antennes des services publics et des organismes sociaux dans les départements, et par ricochet à une baisse de leurs effectifs bénéficiant de contrats de travail sécurisés au profit "d'agents d'accueil" certes plus proches de la population mais recrutés sur des contrats plus précaires ; surtout le 3ème danger est que la diminution de l'activité des antennes traditionnelles des services publics et des organismes sociaux conduise à la fermeture d'un certain nombre d'entre elles au profit des centres plus importants situés dans les chefs-lieux de département, voire de région. Le risque d'un transfert de charges accompagné d'une précarisation et d'une réduction de la voilure des services publics est bel et bien présent. Attention donc à ce que cette innovation intéressante ne se transforme en machine à malheur ...

mercredi 22 avril 2009

Givet : dans le port, tout est bon !


Sans tomber dans la nostalgie, il faut bien reconnaître qu'au début des années 1960, Givet c'était quelque chose. Choisie en 1962 pour accueillir le 1er Centre d'Entraînement Commando de toute la France, la cité de Méhul a eu l'honneur de recevoir l'année suivante le général De Gaulle, alors Président de la République, qui a prononcé un discours qui sert encore de référence à un grand nombre de nos décideurs locaux et départementaux (ah, les fameuses "Ardennes vertes"). Puis, en 1964, avec 1.800.000 tonnes de trafic et 120 salariés, son port se hissait à la 1ère marche des ports fluviaux français. Une époque "bénie" dont beaucoup se rappellent, qui a toutefois été suivie par un lent mais continu déclin dont le port est un excellent révélateur. Après avoir connu son dernier déchargement de charbon en 1979, il a vu disparaître son importante activité d'importation de voitures en 1992. Ensuite, son principal utilisateur, la Sanara, a déposé son bilan et Dame Nature, par l'intermédiaire des 2 terribles inondations de 1993 et 1995, lui a porté le coup de grâce.
L'implacable logique économique a alors conduit à la mise en liquidation judiciaire du port, dont tout laissait à penser qu'il terminerait en friche industrielle. Heureusement, la CCI, animée par un souci d'aménagement du territoire, est intervenue et a récupéré en 1995 de l'Etat la concession du site en contrepartie de l'engagement d'assurer son exploitation. Soyons honnêtes, le redémarrage de l'activité a commencé timidement avec un trafic d'à peine 150.000 tonnes. Mais les besoins croissants de ses 3 principaux utilisateurs (la carrière des Pierres Bleues, Tréfimétaux et Champagne Céréales) ont amené la CCI à réaliser, dans le cadre du Contrat de projets Etat-Région 2000-2006, avec l'appui de l'Union Européenne et des Voies navigables de France, un investissement de 4,5 millions d'euro, afin notamment d'approfondir l'écluse des 4 cheminées pour ouvrir le port, jusqu'alors accessible en venant de la Belgique aux seules péniches à gabarit de 1.100 tonnes, à celles de 1.350 tonnes. Parallèlement, la Communauté de communes Ardenne Rives de Meuse a acheté une grue et l'a mise à disposition de l'exploitant, puis elle a profité de l'opportunité offerte par l'ouverture de l'ascenseur à bateaux belge de Strépy-Thieux pour acquérir 2 bâteaux d'occasion (les bien nommés Ardenne et Rives de Meuse) afin de relancer le transport par convoi à gabarit moyen jusqu'en région parisienne. Le résultat ne s'est pas fait attendre : les activités se sont diversifiées (le bois, la fonte et le sel de déneigement ont fait leur apparition, ainsi que l'hivernage des bateaux de plaisance) et son trafic a explosé à partir de 2000 au point de dépasser largement les 400.000 tonnes annuelles.
Une belle renaissance donc pour cette infrastructure de 3 darses et de 1.400 mètres de quai, qui ne devrait pas s'arrêter là puisque dans le cadre du contrat de projets Etat-Région 2007-2013, du contrat de développement économique des Ardennes et du contrat de redynamisation de site de défense, un investissement global de 9,2 millions d'euro HT est prévu d'ici 2012 pour élargir la porte de garde (ce qui permettrait aux péniches de 1.350 tonnes et aux gros bateaux de touristes d'accéder à la ville de Givet et à la carrière des Pierres Bleues), aménager un avant-port aux 3 Fontaines (ce qui permettrait d'exporter les granulats sans faire passer une noria de camions à travers la ville de Givet et d'augmenter les réserves foncières de la zone portuaire qui se limitent à 35 hectares) et mettre en place une plate-forme tri modale eau-rail-route pour les conteneurs en réactivant les 650 mètres de rail jusqu'au passage à niveau de Mon Bijou et en reliant le port au Parc d'activités communautaire afin de permettre l'implantation d'entreprises s'approvisionnant par péniche mais dont le process n'implique pas une installation en bordure de quai. Pour sa part, La Communauté de communes accompagnera cette modernisation comme le montre l'achat d'une 2ème grue pour la bagatelle de 420.000 euro.
Ces aménagements, ainsi que les facilités offertes par la création de la zone franche Ardennes, n'ont pas échappé à certains industriels : ainsi, après le constructeur liégeois de trimarans Aerofleet, l'entreprise BST (recyclage de métaux ferreux et non ferreux) et Gema (importation de magnésie pour les aciéries) viennent de s'installer sur la zone portuaire. De petits employeurs, avec à peine 25 salariés à eux 3, diront les grincheux! Mais pour le MRC 08, les petits ruisseaux font les grandes rivières et l'attention dont fait l'objet le port de Givet doit être soutenue, d'abord parce qu'elle fournit des emplois adaptés à la main d'oeuvre locale, ensuite parce qu'elle réduit la pollution routière et le risque d'accident et surtout parce qu'elle ouvre une perspective d'avenir très prometteuse. Attention toutefois à un danger : la concurrence du 2ème port champardennais de Nogent sur Seine, qui a bénéficié ces dernières années d'une mise à gabarit à 1.000 tonnes et de l'installation d'un terminal conteneurs, et auquel la Région prévoit de consacrer 9 millions d'euro afin d'élargir la Seine pour permettre le passage de convois tractés qui pourront atteindre les 3.000 tonnes.

samedi 18 avril 2009

Européennes : le Front de Gauche peut compter sur notre soutien !


Voilà maintenant 30 ans que la CEE, devenue entre-temps l’UE, a décidé de se parer d’un vernis démocratique en procédant tous les 5 ans à l’élection des députés appelés à siéger au Parlement européen de Strasbourg. Organisé dans le cadre national, ce vote avait initialement une double portée : désigner le « législatif » européen, dont les actions réelles sont bien en deçà des compétences théoriques, et mesurer le rapport de force politique à l’intérieur des pays. Ce dernier aspect ayant en grande partie été annulé volontairement avec la division en 2004 de la France en 8 circonscriptions dépourvues de toute légitimité, les élections européennes sont devenues un moyen de répartir les eurodéputés entre les grands partis, au 1er rang desquels l’UMP et le PS, seuls capables de présenter des têtes de liste à forte notoriété dans chacune des circonscriptions.

Dans ce contexte, le MRC, dont l’identité fondatrice est liée à ses désaccords avec le PS sur le mode de construction européen entériné à Maastricht et poursuivi à Lisbonne, a procédé à l’automne dernier à la rédaction d’un texte programmatique détaillant son analyse des difficultés rencontrées aujourd’hui par l’Union Européenne et ses propositions pour en sortir. Ce document a été soumis à l’ensemble des partis de gauche afin d’établir une alliance large qui ne soit pas uniquement électorale. Sans surprise, il n’a permis aucun accord avec le PS qui reste englué dans ses querelles de personnes et qui refuse au fond toute réorientation de la construction européenne. Par contre, il a recueilli un écho plutôt favorable de la part du Front de Gauche constitué du PCF et du Parti de Gauche.

Hélas, l’intransigeance de ces derniers sur quelques notions fondamentales et le nombre ridicule de places réservées à des candidats du MRC ont abouti à un constat de désaccord lors de notre Conseil national du 23 mars. Le MRC s’est donc retiré sur l’Aventin et a décidé de rester aux abonnés absents pour ce scrutin. Sur le fond, le Conseil départemental du MRC 08, réuni le 17 avril, approuve sans la moindre réserve le texte programmatique de ses instances nationales et déplore qu’un accord honorable n’ait pu être conclu malgré tous les efforts déployés par Jean-Pierre Chevènement. Mais étant donné les circonstances exceptionnelles que connaissent les Ardennes, touchées à la fois par la crise structurelle qui frappe depuis plusieurs décennies les vieilles régions industrielles et par la crise économique actuelle qui conforte chaque jour nos analyses, il nous a semblé qu’il était impossible de ne pas œuvrer sur le terrain, tout de suite, pour ouvrir une perspective politique au mécontentement croissant des Ardennais(es) de gauche.

C’est pourquoi, à l’unanimité, sans renier en rien les convictions qui sont les nôtres et en restant bien conscients des différences d’approche que nous avons sur quelques thèmes importants avec le Parti communiste et le Parti de Gauche – mais qui sont sans commune mesure avec l’abysse qui nous sépare des positions du Parti socialiste – , nous avons décidé en qualité de simples citoyens de soutenir et de participer à la campagne que le Front de Gauche mènera dans le département. Cette décision ne remet pas en cause le fonctionnement habituel de la fédération ardennaise du MRC qui garde toute sa confiance à Jean-Pierre Chevènement et qui continuera, de son côté, à relayer les positions de ses instances nationales et à analyser, à un rythme temporairement plus modéré, les problèmes départementaux afin de proposer des pistes pour les résoudre.

vendredi 17 avril 2009

Le palmarès des lycées ardennais revu et corrigé


Triste département des Ardennes! Après avoir été choisi en 2006 par Nicolas Sarkozy comme symbole de "la France qui souffre", après avoir vu l'essentiel de son territoire transformé en 2007 en zone franche pour tenter d'apporter une bouffée d'oxygène à son économie moribonde, après avoir fait la Une des médias nationaux en 2008 à l'occasion du procès de l'immonde Fourniret et avoir obtenu cette même année le bonnet d'âne des départements français où il fait bon vivre par le magazine l'Express, voilà que cet hebdomadaire octroie à nos 12 lycées généraux et technologiques un classement qui n'a rien de flatteur : sur les 1.909 que compte la France, le 1er établissement ardennais (le lycée Masaryk de Vouziers) pointe à la 583ème place seulement, suivi par le lycée Chanzy de Charleville-Mézières à la 853ème et le lycée Bayle de Sedan à la 1219ème! A l'inverse, les établissements ardennais sont beaucoup plus présents en queue de tableau avec les lycées Bazin et Saint Rémi de Charleville-Mézières aux 1840ème et 1860ème places, suivis par le lycée Mabillon de Sedan à la 1875ème place et le lycée Vauban de Givet au pitoyable 1895ème rang.

Une véritable honte, qui n'augure rien de bon pour l'avenir économique des Ardennes à une époque où la qualité de la formation de la main d'oeuvre est déterminante. Cependant, si on y regarde de plus près, les choses ne sont pas aussi noires qu'il y paraît. Pourquoi ? Tout simplement parce que la méthodologie utilisée pour réaliser ce classement est très contestable. En effet, en bons professionnels de la presse que sont les journalistes de l'Express qui ont établi ce classement, ils ont tenu compte des indications du ministère de l'Education Nationale qui recommandait de croiser les 3 indicateurs de performance publiés (à savoir le traditionnel taux de réussite au Bac ainsi que le taux d'accès de 1ère au Bac et le taux de bacheliers parmi les sortants du lycée qui permettent de déterminer le degré de sélection pratiqué dans l'établissement) et de tenir compte de la "valeur ajoutée" des établissements qui mesure la capacité à faire progresser les élèves au-delà de ce que l'on pourrait attendre compte tenu de leur origine sociale, de leur âge et de leurs résultats au Brevet. Ils ont donc établi un indice synthétique composé du taux de réussite au Bac, toutes sections confondues, de la capacité à faire progresser les élèves et du caractère sélectif ou accompagnateur du lycée puis ils ont affecté un coefficient 3 au premier critère, 2 au deuxième et 1 au troisième. Une vraie oeuvre d'art à faire pâlir d'envie les meilleurs statisticiens de l'INSEE.

Hélas, ce montage mathématique, destiné à plaire aux lecteurs parents d'élève qui ne jurent presque exclusivement que par le taux de réussite au Bac, ne satisfait absolument pas les exigences de la pédagogie qui considère que la "valeur ajoutée" des établissements et leur sélectivité reflètent davantage les performances réelles des lycées. Le MRC 08 a donc estimé que s'il était possible de conserver les critères retenus par les journalistes de l'Express, il était en revanche indispensable, dans un souci de vérité, de modifier les coefficients qui leur avaient été affectés. En optant pour un coefficient 2 pour le premier critère, 4 pour le deuxième et 3 pour le troisième, on obtient ainsi le classement suivant : le lycée Bayle de Sedan à la 1ère place départementale (le rang national serait trop long à calculer, mais il y a fort à parier qu'il serait bien meilleur que celui qui a été publié!) devant le lycée Masaryk de Vouziers et le lycée Chanzy de Charleville-Mézières, soit le même trio mais dans un ordre différent ; en milieu de tableau le lycée Sévigné du chef-lieu ainsi que les lycées de Bazeilles et de Givet ; en queue de classement le lycée Saint Rémi de Charleville-Mézières précédé de très peu par celui de Mabillon à Sedan et par celui de Jean Moulin à Revin.

Sans entrer dans des considérations locales, ceux qui connaissent les Ardennes reconnaitront que ce palmarès est plus proche de la réalité ressentie par la population et donc a priori plus fiable. Pour notre part, nous retirerons 3 enseignements de ce classement revu et corrigé : le principal est que les 2 dernières places sont occupées par des établissements privés, ce qui devrait faire réfléchir ceux qui veulent détruire le système public de l'éducation (sans pour autant inquiéter les dirigeants de ces lycées confessionnels qui prétendent que "les derniers seront un jour les premiers") ; le deuxième est qu'il n'y a aucune corrélation entre la taille des lycées et leurs résultats, ce qui devrait amener les partisans de la concentration de l'enseignement dans les grands établissements de centre-ville à mettre un peu d'eau dans leur vin ; enfin le dernier est que les déterminismes sociaux jouent encore un rôle très important que les dispositifs d'enseignement différenciés chers à nos pédagogistes bien en cours n'ont toujours pas réussi à éliminer, ce qui devrait conduire les adeptes de la suppression de la carte scolaire à davantage de modération.

samedi 11 avril 2009

Encore une réussite pour la Libre Pensée !


Hier soir, à l'occasion du vendredi « dit saint », 40 libre-penseurs de notre département se sont retrouvés à l’auberge de la Renardière à Gernelle, pour le désormais traditionnel banquet laïc et républicain. Le discours d'accueil du président de la fédération 08 de la Libre Pensée, le pétillant Alain Tournafol, rappela l’histoire de la Libre Pensée, qui compta parmi ses membres des personnalités aussi illustres que Victor Hugo, Clémenceau, Emile Zola et Jean Jaurès, sans oublier Jean-Baptiste Clément qui a laissé son empreinte dans le département. Le premier menu du vendredi « dit saint » que partagèrent le 10 avril 1868, entre autres Sainte-Beuve, Flaubert, Taine et Renan, fut rappelé :

Truite saumonée
Ecrevisse à la nage
Faisan truffé
Filet de boeuf sauce Madère
De quoi mettre l’auditoire en appétit ! Une fois à table, les participants se lancèrent dans une discussion des plus sérieuses sur la laïcité et sur la loi de 1905, qui, nul ne l’ignore, est sérieusement menacée. Elle fut illustrée par les interventions de haute qualité d’Alain et de Sylvain Dalla Rosa, respectivement sur Etienne Dolet, imprimeur de la Renaissance et grand défenseur de la liberté de conscience, qui en paya le prix en étant torturé, pendu puis brûlé, et Charles Darwin, l’inventeur il y a tout juste 150 ans, de la théorie de l’évolution, dont l’héritage, toujours contesté par les créationnistes aux Etats-Unis, est aujourd’hui remis en cause par le comportement d’un nombre croissant d’élèves dans des établissements scolaires de la République française.

La troisième figure évoquée hier fut celle de Jean Meslier (1664-1729) qui choisit de devenir curé de la paroisse ardennaise d’Etrépigny et Balaives jusqu’à sa mort. Prêtre sans histoires, il s’est illustré en léguant à ses paroissiens trois exemplaires de Mémoires des pensées et sentiments de Jean Meslier, souvent intitulées Testament. Cet ouvrage, où il expose sans ambiguïté son athéisme et sa vision révolutionnaire de la société, est fourni de réflexions philosophiques comme autant de preuves de la vanité et de la fausseté des religions. Il pose les bases d’une critique de l’Ancien régime et même les préceptes théoriques de l’athéisme, du matérialisme, voire d’un précommunisme. Le brave curé présente, dans cet ouvrage en forme de confession, comme péché d’avoir passé sa vie à prêcher la parole de Dieu et le conclut par cette célèbre phrase : « Je voudrais, et ce sera le dernier et le plus ardent de mes souhaits, que le dernier des rois fût étranglé avec les boyaux du dernier prêtre ».

Un bon moment donc, qui a permis aux convives de nourrir leur appétit intellectuel aussi bien que leur appétit tout court. Et qui plus est une vraie « cochonaille militante », à l’heure où bien des malheureux esclaves des tristes dogmes véhiculés par l’Eglise catholique se serraient la ceinture, à laquelle des membres du MRC-08 ont participé avec délectation en espérant bien qu’elle aura un succès encore plus grand l’an prochain. Ceci n’est pas une prière, ni même un voeu, tout juste un souhait qui a plus de chance de se réaliser qu'un quelconque miracle ...

mardi 7 avril 2009

Aubrives : un printemps culturel associatif que beaucoup peuvent nous envier !


Depuis longtemps déjà, le retour du printemps est fêté à Aubrives par une succession de spectacles préparés avec abnégation et rigueur par les associations culturelles du village. 2009 n'aura pas dérogé à la tradition puisque, dès le 21 mars, la bande de joyeux lurons de Pomme d'Api, association qui s'efforce - lorsque personne ne lui met volontairement des bâtons dans les roues comme ce fut le cas en 2008 - de collecter un peu d'argent pour faire des dons utiles (souvent aux écoles du village, mais pas exclusivement), s'est produite devant une salle Bernard Maillard pleine à craquer. 200 spectateurs donc, auxquels 80 autres auraient pu s'ajouter si la capacité de la salle l'avait permis, qui ont ri, souvent aux éclats, pendant les sketches inspirés des Deschiens, des Vamps ou encore de Tournez Manège. L'interprétation talentueuse et dynamique de ces amateurs, qui n'ont de toute évidence pas lésiner sur le nombre de répétitions, a permis aux spectateurs de passer une très agréable soirée de détente. Pour ma part, je n'ai pas vu le temps passé et j'avoue volontiers que j'ai adoré l'extraordinaire prestation de Geneviève dans le sergent Moralès, le naturel et la complémentarité de Marie-Thérèse et de Catherine dans le Roscope, et la décontraction courageuse de Ludovic dans le défilé de mode. Vraiment un très bon cru, qui a été ponctué par une intervention du sponsor, Frédéric Coquet, qui a fait remarquer "que par les temps qui courent, ça fait du bien de pouvoir se détendre et d'oublier la grisaille que nous connaissons tous".

Le deuxième acte de ce printemps culturel associatif a eu lieu les 28 et 29 mars avec la 6ème édition, à la salle du Foyer Pour Tous, de l'Esquisse, l'exposition de peinture préparée de main de maître par l'association Espace Loisirs. Naturellement dédiée à Georges-Armand Favaudon, le plus connu des artistes aubrivois qui nous a quitté à la fin de l'année dernière, elle a permis à près de 300 personnes de pouvoir contempler gratuitement des oeuvres aimablement exposées par plus de 30 artistes locaux. Une nouvelle réussite donc pour l'équipe de Régis Lenoble, encore une fois efficacement épaulé par Claude Stroppa dont la modestie n'a d'égale que la gentillesse et la beauté de ses représentations des sites aubrivois. Le vernissage a été l'occasion d'apprendre que, pour la 1ère fois, l'exposition avait été ouverte le vendredi aux élèves du village qui avaient montré d'autant plus d'intérêt qu'ils ont pu bénéficier en direct d'une démonstration de travail de l'argile. Quant à l'avenir, même si toutes les difficultés ne sont pas encore aplanies - je pense notamment à l'impossibilité d'accueillir plus d'exposants dans la salle - il s'annonce sous de bons auspices puisque le projet de créer un atelier de peinture ouverts à tous et chapeauté par quelques artistes locaux chevronnés, évoqué l'année dernière, semble avoir avancé. Sa concrétisation n'est pas encore définitive, mais une chose est sûre : Aubrives connaîtra en 2010 une nouvelle édition de l'Esquisse qui n'aura rien à envier aux précédentes!

Le dernier acte de ce foisonnement culturel printanier a eu lieu le 04 avril avec le spectacle proposé par Arlechino, la troupe de théâtre de l'association Florilège, devant une salle Bernard Maillard à nouveau archicomble. Après un rappel par son président, Roland Grasser, de l'historique de l'association qui fête cette année ses 20 ans et des multiples facettes de son activité (organisation de spectacles de théâtre bien sûr, mais aussi invitation de troupes extérieures de grande qualité, association au Festival Mondial des Marionnettes, club de peinture sur soie et sorties culturelles), la représentation a commencé, en hommage à George-Armand Favaudon, par la lecture émouvante de l'un de ses poèmes. Puis les artistes, jeunes et moins jeunes, sont entrés en scène et ils ont régalé le public par 22 sketchs et saynètes de grande qualité. En toute honnêteté, tous ont été des réussites qui prouvent que le travail, en l'occurrence une répétition sérieuse par semaine, paye toujours. Mais je dois reconnaître que j'ai tout particulièrement apprécié la profondeur du texte sur la paresse, l'extraordinaire exercice de style intitulé "sens dessus dessous" et l'aisance de Méline dans "je n'aime ni les garçons ni les filles". Le spectacle a été encore meilleur que celui de l'an dernier, ce qui n'est pas peu dire! La preuve est ainsi faite que l'ancien maire Alain Vandevelde avait eu raison de faire le pari de mettre la culture à la portée de tous, objectif certes ambitieux mais atteint grâce à une équipe qui a choisi comme devise "plaisir, satisfaction, cohésion".

Après ces 3 manifestations de qualité, si j'avais un voeu à formuler, ce serait que le centenaire de la très belle salle Bernard Maillard, construite en 1910 par les patrons à la fibre paternaliste de la Société Aubrives Villerupt, soit fêté de façon éclatante par l'organisation d'une manifestation culturelle qui marquerait les esprits. L'idée est lancée, j'espère qu'elle sera reprise au bond et qu'elle donnera lieu à un évènement à la hauteur du symbole.
LB

dimanche 5 avril 2009

ZOAST : un sigle barbare qui cache une belle avancée


Depuis que les systèmes de sécurité sociale existent, les soins sont régis par le principe de territorialité : seules les prestations dispensées à l'intérieur de l'espace national bénéficient d'un remboursement. Toutefois, dans l'objectif d'assurer la libre circulation des travailleurs, la législation communautaire a prévu de coordonner les systèmes nationaux de protection sociale afin de permettre aux habitants d'un pays de conserver leurs droits de sécurité sociale lorsqu'ils franchissent la frontière. Avec 2.899 kilomètres de frontière terrestre, la France est concernée au premier chef par cette volonté, et tout particulièrement la zone frontalière franco-belge où certains bassins de peuplement présentent une proximité telle que les populations, les établissements de soins et les professionnels de la santé ont exprimé de longue date leur souhait de mettre en oeuvre des dispositifs permettant de recourir aux infrastructures médicales situées de l'autre côté de la frontière. Cette volonté a abouti dès 2000 au projet expérimental Transcards entre les 7 hôpitaux de la Thiérache et du pays de Chimay couvrant pas moins de 140.000 personnes : basée sur l'installation de lecteurs de cartes de sécurité sociale du pays frontalier (SIS pour la Belgique et Vitale pour la France) dans les établissements français et belges, cette expérimentation a permis une simplification réelle des procédures pour les patients puisque, tout en bénéficiant du Tiers payant, ils n'ont plus eu besoin de recourir aux autorisations préalables, ni aux procédures de demande d'ouverture de droits via les formulaires E111, E106 et E112. Cependant, elle a aussi montré que des efforts de communication globale et professionnelle restaient indispensables, que des différences de réglementation posaient problème (prise en charge des bénéficiaires de la CMU) et qu'une extension aux régimes complémentaires s'imposait.

Il fallait donc aller plus loin, ce qui a été fait par la Commission européenne le 23 février 2003 avec la proposition de lancer dès le 1er juin 2004 une carte européenne de santé permettant, à court terme, d'accélérer les remboursements des assurés, et à long terme, de couvrir tous les soins de santé pratiqués dans un autre Etat membre et non plus seulement les soins d'urgence. Cependant, la souveraineté des Etats n'ayant pas encore disparu, ce voeu est resté pieux jusqu'à la signature, le 30 septembre 2005, d'un accord-cadre franco-belge qui a posé un cadre légal à la coopération sanitaire entre les 2 pays afin, d'une part d'améliorer l'accès aux soins et de garantir leur continuité pour les populations frontalières, et d'autre part de clarifier les procédures à suivre pour les acteurs de la santé désireux d'établir des projets transfrontaliers. Un grand pas donc, mais pas la panacée pour autant puisque la demande d'une autorisation préalable pour aller se faire soigner dans un établissement étranger restait indispensable et qu'une tarification spécifique des actes et des soins était possible. Ces quelques défauts n'ont pas empêché une deuxième avancée de grande ampleur avec la signature, le 20 mars 2007, d'une convention franco-belge en matière d'aide médicale urgente qui a permis aux centres 15 français et 100 belges frontaliers d'envoyer un véhicule SMUR de l'autre côté de la frontière si cela permettait d'améliorer la rapidité des interventions, avec une prise en charge financière par l'hôpital qui aurait dû intervenir en 1ére intention. Cette déclaration d'intention, qui constitue un plus incontestable pour les populations, est entrée en vigueur d'abord en Lorraine, après la signature des annexes d'application le 19 mars 2008, puis dans 83 communes de Champagne-Ardenne le 29 mai 2008.

Entre temps, grâce aux fonds européens du programme Interreg et au volontarisme de quelques hommes politiques, les ZOAST sont apparues. Un acronyme de plus dans la jungle des sigles inconnus, diront certains, mais ils auraient tort car derrière ces initiales se cachent les Zones Organisées d'Accès aux Soins Transfrontaliers qui ont pour objectif principal d'améliorer l'accès aux soins des populations transfrontalières en supprimant la demande d'autorisation préalable et en simplifiant les modalités administratives et financières : il suffit dans ce cadre pour un assuré français de présenter sa carte vitale, une pièce d'identité ainsi qu'un justificatif de domicile et pour un assuré belge de présenter sa vignette de mutuelle, une pièce d'identité ainsi également qu'un justificatif de domicile ; les remboursements se font directement par les organismes assurant la protection sociale sur la base des tarifs et des taux appliqués aux ressortissants du lieu où les soins sont réalisés. Aujourd'hui, 4 ZOAST existent: la ZOAST Ardennes créée le 20 janvier 2008 qui comprend le sud de la province de Namur, la commune de Bouillon et une partie des arrondissements de Charleville-Mézières et de Sedan, la ZOAST MRTW créée le 1er avril 2008 entre les hôpitaux de Mouscron, de Roubaix, de Tourcoing et de Wattrelos, la ZOAST Arlwy créée le 30 juin 2008 entre les arrondissements d'Arlon, de Virton et de Briey et enfin la ZOAST URSA créée le 17 octobre 2008 entre les centres hospitaliers d'Armentières, de Bailleul et d'Hazebrouk côté français et la clinique d'Ypres côté belge qui a la particularité de travailler en complémentarité avec la ZOAST MRTW. Pour le MRC 08, cette coopération franco-belge dans le domaine médical est une réussite qu'il convient de saluer, surtout pour la Pointe des Ardennes qui est ainsi sortie de sa situation géographique de cul de sac en valorisant intelligemment sa position de frontière puisque le centre hospitalier de Dinant, les polycliniques de Gédinne et Ciney, les cliniques universitaires de Mont Godinne et les polycliniques des mutualités socialistes de Beauraing, Couvin et Philippeville peuvent désormais travailler en complémentarité avec les centre hospitaliers de Charleville-Mézières et de Sedan, les hôpitaux locaux de Fumay et de Nouzonville, la polyclinique du Parc de Charleville et la clinique de Villers-Semeuse. Mais une question nous trotte dans l'esprit : pourquoi ne pas avoir choisi le terme de territoire plutôt que de zone, ce qui aurait donné naissance au sigle beaucoup plus facile à retenir de TOAST ?

vendredi 3 avril 2009

Fleurissement des commmunes : la réalité n'est pas à la hauteur des discours


Que vous soyez des extrémistes haineux ou des centristes consensuels, des partisans de Droite ou des militants de Gauche, de nouveaux venus dans les partis politiques ou des activistes chevronnés, vous avez certainement tous constaté que le gazouillis des oiseaux a fait son retour au petit matin, que le soleil commence à être plus chaud et que les bruits de tondeuses se font de plus en plus nombreux. Ces signes ne trompent pas : c'est le printemps qui est revenu! En attendant de savoir s'il nous apportera une improbable embellie sur les fronts économiques et sociaux, nombreux sont ceux qui en profitent pour commencer leur jardin et pour égayer l'extérieur de leur domicile en repiquant des fleurs de toutes les couleurs. Dans beaucoup de municipalités, les employés communaux ne sont pas en reste et travaillent avec ardeur la moindre parcelle de terre. Ce rituel surprend souvent les visiteurs étrangers, mais il s'explique par la participation au concours des villes et villages fleuris, créé en 1959, d'un nombre croissant de communes (plus de 12.000 actuellement, soit environ 1/3, contre environ 5.000 en 1970 et 600 la 1ère année).

Conçue pour promouvoir le développement des espaces verts dans les endroits habités, cette compétition, nationale et gratuite, est ouverte à toutes les communes. En 49 ans, elle a permis à plus de 2.800 d'entre elles d'obtenir le panneau "ville fleurie" ou "village fleuri" qu'elles ont fièrement installé à chacune de leurs entrées. Bien sûr, la Champagne-Ardenne n'est pas restée à l'écart de ce phénomène, au point d'être devenue, si l'on en croit le palmarès 2008, la 1ère région fleurie de France avec 385 communes labellisées de 1 à 4 fleurs, parmi lesquelles 42 ont été récompensées pour la première fois cette année. D'après Régine Pillière, présidente du Comité Régional du Tourisme, c'est "la preuve que notre région demeure une terre d'excellence florale et paysagère". Son enthousiasme la pousse même à affirmer qu'en "oeuvrant pour la préservation du patrimoine paysager et végétal, l'amélioration du cadre de vie, l'aménagement et le développement durable du territoire, le label villes et villages fleuris participe pleinement à l'attractivité des communes et de la région". Nombreux sont ceux qui croiront certainement ces belles paroles, mais, sans vouloir casser la gaieté inhérente au redémarrage de la végétation, nous devons avouer que le MRC 08 n'en fera pas partie.

Pourquoi une telle attitude rabat-joie, vous demandez-vous sûrement en vous grattant désespérément la tête ? D'abord parce que le dernier recensement, officialisé en début d'année, a montré que la région Champagne-Ardenne est la seule de France à perdre des habitants. Le lien entre le fleurissement et l'attractivité du territoire est donc pour le moins hasardeux! Ensuite, parce que, si sur les 9 communes ardennaises ayant obtenu en 2008 leur 1ère fleur 8 ont vu leur population progresser en moyenne du chiffre très enviable de 8 %, sur les 21 communes ardennaises possédant déjà 3 fleurs, 11 ont vu le nombre de leurs habitants diminuer. Pire, sur les 5 nouvelles communes du département ayant intégré cette catégorie, 4 ont connu une baisse de leur population dépassant en moyenne 5 %! Enfin, notre scepticisme sur les bienfaits du fleurissement s'explique par la contraction continue depuis 1982 de la population de Semide ... qui est la seule commune ardennaise ayant le droit d'arborer 4 fleurs. Contrairement aux beaux discours des ayatollah de l'amélioration du cadre de vie par la valorisation du cadre végétal des communes, la preuve est donc largement faite que, si cette méthode est très agréable à l'oeil, son impact sur l'activité économique et au-delà sur la population des communes est plus qu'aléatoire. Sans condamner les efforts d'embellissement qui sont toujours utiles, nous considérons donc que les communes ne doivent pas en faire une de leurs priorités et que l'argent consacré à ce que certaines personnes appellent avec ironie "la course au trèfle" pourrait être employé de manière bien plus efficace.