Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


lundi 30 janvier 2012

Charlemont : on en parlait déjà il y a tout juste 97 ans !

Depuis la fermeture du CEC en 2009, l’avenir des 90 hectares de la forteresse de Charlemont qui surplombe le quartier du grand Givet et la rive gauche de la Meuse fait l’objet de débats passionnés. Parmi les pistes envisagées, les plus farfelues ont été vite abandonnées comme, par exemple, le développement d'une "école entrepreneuriale" destinée à former pendant trois mois un public d’anciens salariés et de cadres de tous niveaux aux impitoyables conditions actuelles de l’exercice managérial. D’autres, au premier rang desquelles figurait l’implantation d’une ferme photovoltaïque sur le plateau d’Asfeld, ont fait l’objet d’investigations plus poussées mais elles se sont heurtées à des obstacles tels qu’elles n’ont pas pu se concrétiser. Si bien qu’aujourd’hui, le seul projet connu restant en lice est celui du belge Jan Cuylits, propriétaire du parc d'aventures de Heer-Agimont où il se trouve actuellement à l’étroit, qui souhaiterait ouvrir un complexe permettant la pratique de diverses activités ludiques comme le paint-ball, le laser game, le tir à l’arc ou encore les randonnées en 4x4 et en quads. Une idée qui en vaut bien une autre, d’autant qu’elle permettrait, dans l’hypothèse la plus optimiste, la création de 100 emplois en l’espace de cinq ans !

Toutefois, qu’il soit permis au MRC 08, au cas où ce projet devrait se concrétiser, d’émettre un souhait : la reprise des visites des monumentales fortifications de la pointe est, qui attiraient chaque année plus de 2.000 touristes en deux mois seulement, et qui permettaient de rappeler le rôle militaire joué par cette forteresse. Sans vouloir faire parler les morts, c’est certainement le vœu qu’aurait fait l’institutrice givetoise Laure Lallemand qui a publié, dans l’édition du 24 au 30 janvier 1915 de "l’Ardennais de Paris" – le journal hebdomadaire de la fraternelle ardennaise – le superbe poème tout en alexandrins que voici :  
  
Le Vingt-trois Août 1914

Givet déjà s’éveille, et tout hérissé
Attend que vienne enfin sa poignante odyssée…
Soudain, par un fracas de canon et de fer,
La paisible cité fait envie à l’enfer.

Les coteaux endormis qui rêvaient dans la brume
Résonnent, étonnés ; le ciel rouge s’allume
Et des reflets sanglants montent vers Agimont.
Et s’enfle et retentit la voix de Charlemont.

Les morts, si bien couchés, qui dormaient sous la terre,
Se demandent, hagards, quel étrange tonnerre
Vient à ce point troubler leur infini repos
Et fait frémir d’horreur le calme de leurs os.

C’est l’âme de Vauban qui se révolte et tonne,
Et veut anéantir la traîtrise teutonne
Délivrer l’opprimé se courbant sous le faix
Et rendre à l’univers une éternelle paix !...

vendredi 27 janvier 2012

Aubrives : la musique se met généreusement au service de la solidarité !

Créés comme chacun devrait le savoir en 1986 par le regretté Coluche, les Restos du Cœur n’ont pas cessé depuis, hélas, de voir leur fréquentation progresser. L’an dernier, les quelques 60.000 bénévoles qui constituent l’âme de cette association ont ainsi accueilli à travers tout le pays le chiffre record d’environ 860.000 personnes auxquelles plus de 109 millions de repas ont été servis. Cette année, la campagne qui a commencé le 28 novembre 2011 et qui s’achèvera le 23 mars 2012 verra très certainement, crise économique oblige, le nombre de démunis aidés s’accroître encore. Les Ardennes, où les différentes antennes des Restos du cœur ont déjà vu le total des personnes accueillies passer de 5.287 en 2006/2007 à 7.118 la saison dernière, n’échapperont malheureusement pas à cette tendance ! 

Les besoins y seront donc plus élevés que jamais, ce qui nécessite de mobiliser toutes les bonnes volontés pour les satisfaire. C’est pourquoi un concert spécial auteur/compositeur/interprète auquel participeront notamment Sandrine, Tinet et le groupe Léningrad, aura lieu le vendredi 02 mars à 20h00 dans la salle Bernard Maillard à Aubrives. Les entrées, composées exclusivement des denrées alimentaires non périssables que les spectateurs voudront bien apporter, seront naturellement reversées intégralement à l’association. Une initiative pleine de générosité donc, qui mêlera bonne musique et solidarité, et à laquelle, espérons-le, vous serez très nombreux à participer...

mercredi 25 janvier 2012

Tout sur l’activité parlementaire de nos députés en quelques clics !

Parmi les maladies qui gangrènent les démocraties jusqu’à provoquer parfois leur mort, l’une des plus anciennes et des plus tenaces est l’antiparlementarisme primaire qui consiste à pointer du doigt les députés en les présentant comme des être inutiles qui se contentent de profiter du système en percevant de juteuses indemnités pour ne rien faire ! En France, ce détestable courant de pensée, qui a connu ses première heures de gloire avec le boulangisme avant de revenir sur le devant de la scène avec les ligues de l’entre-deux-guerres puis avec le poujadisme, est très loin d’avoir disparu comme le montrent, par exemple, de nombreuses contributions laissées par des internautes sur le site de réactions en ligne de "l’Ardennais". Il semblerait même, avec l’accentuation de la crise économique et l’approche des élections législatives, que cette pathologie mentale connaisse un regain de vigueur.

Pour le MRC 08, qui considère que la démocratie représentative a fait depuis longtemps la preuve de son efficacité contrairement à la démocratie participative et à la démocratie directe, une telle situation est inacceptable. C’est pourquoi nous conseillons vivement à tous ceux qui sont sur le point de succomber au démon de l’antiparlementarisme de consulter le site nosdeputés.fr. Lancé le 14 septembre 2009 par Regards Citoyens, une association indépendante de tout parti politique dont le but est de proposer un accès simplifié aux données publiques relatives à l’action de nos élus, c’est une véritable mine d’or qui permet en deux clics maximum de tout savoir ou presque sur le travail parlementaire de nos députés : leur présence et leur action au sein des commissions de travail, le nombre de leurs interventions longues dans l’hémicycle, les questions qu’ils ont posées, les rapports et les propositions de lois qu’ils ont écrits ou encore les rapports et les amendements qu’ils ont signés...

On trouve aussi sur ce site particulièrement complet la liste de tous les travaux législatifs, classés par mois, et une étude extrêmement précise des sanctions financières prises pendant la session 2010-2011 contre les élus ayant manqué à leur devoir d’assiduité. On y apprend ainsi que si les 17 députés sanctionnables pour participation insuffisante aux scrutins solennels en hémicycle ne l’ont pas été - ce qui leur a permis de conserver indûment 72.421,53 € - ce n’a pas été le cas des 97 députés qui se sont faits remarquer par leurs absences répétées le mercredi matin en commission, auxquels on a retenu au total une somme de 86.266,82 € allant de 355 € pour le moins fautif à 3.905 € pour Arnaud Montebourg, 4.260 € pour Michel Delebarre et même 4.615 € pour le cancre parmi les cancres, à savoir Patrick Balkany. Par contre, aucun des 3 députés ardennais ne figure parmi cette liste noire !

Bien au contraire, Jean-Luc Warsmann se classe parmi les plus assidus et fait preuve d’une activité soutenue, que ce soit en commission (260 interventions), dans l’hémicycle (147 interventions longues) ou par l’intermédiaire des questions écrites (273) ... devant Bérengère Poletti qui s’est faite remarquer par le grand nombre d’amendements (206) et de propositions de loi écrites (100) qu’elle a signé ... et Philippe Vuilque dont la présence en commission et dans l’hémicycle a été très convenable mais l’activité plutôt faible. Un bilan plutôt flatteur donc, qui devrait amener tous ceux qui accusent l’apathie de nos députés d’être à l’origine des problèmes que connaît notre département à revoir leur jugement et à rechercher ailleurs les causes de nos difficultés. Ce n’est pas seulement la raison qui le commande, mais aussi le bon sens qui doit s’appuyer sur des faits avérés et non pas sur le venin distillé chez les plus faibles par les populistes de tous poils... 

lundi 23 janvier 2012

Chevènement a trouvé Hollande "authentique et sincère" mais s'interroge

Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du MRC et candidat à la présidentielle, a trouvé dimanche que François Hollande avait prononcé "un discours de gauche, authentique et sincère", mais s'est demandé s'il avait "vraiment anticipé l'ampleur des résistances qu'il va rencontrer". "François Hollande a prononcé au Bourget un discours de gauche, authentique et sincère. Il a revendiqué sa cohérence et livré son secret: il aime les gens. Cela peut contribuer à redonner au pays la confiance qui lui manque aujourd'hui", a relevé M. Chevènement dans un communiqué.

Mais pour lui, si le candidat socialiste est "apparu comme un homme conscient de la difficulté de sa tâche et de l'étroitesse de ses marges", il a noté que sur l'Europe, il n'avait "pas évoqué la crise de la monnaie unique". "Je crains qu'il ne surestime la possibilité d'obtenir d'Angela Merkel, sur la simple base de son élection, la révision autre que cosmétique du futur traité européen. J'ai gardé le souvenir du Pacte de stabilité négocié par Jacques Chirac et avalisé en juin 1997 par Lionel Jospin", a poursuivi M. Chevènement.

"François Hollande n'a pas contesté le contrôle que le futur traité instaurerait sur les budgets nationaux, dessaisissant ainsi les parlements de leurs prérogatives. Il a en revanche évoqué le rôle de la Banque centrale européenne pour casser la spéculation, la création d'eurobonds, l'instauration d'une contribution écologique aux frontières et enfin la création d'une véritable taxe sur les transactions financières", poursuit M. Chevènement. "Mais tout cela dépendra de la chancelière. L'idée d'un nouveau traité de l'Elysée entre Paris et Berlin, cinquante ans après, aurait un sens, si elle permettait de remettre à plat les relations franco-allemandes", a-t-il ajouté.

Il a noté en outre que le député de Corrèze n'avait "pas présenté de scénario alternatif s'il s'avérait que le monde de la finance (...) ne lui facilitait pas les choses". "On peut s'interroger s'il a vraiment anticipé l'ampleur des résistances qu'il va rencontrer", a conclu M. Chevènement.
(dépêche AFP, dimanche 22 janvier, 19h13)

dimanche 22 janvier 2012

Quand George Sand vantait les Ardennes...

Dans le Malgré tout, un roman par lettres publié en 1870 par Amantine Aurore Lucile Dupin plus connue sous son pseudonyme de George Sand, celle qui fit scandale par sa vie amoureuse très agitée et par sa tenue vestimentaire masculine raconte les amours de la belle Sarah Owen et du violoniste Abel. L’action, en soi plutôt classique, se déroule cependant dans un endroit peu commun pour ce genre d'idylle puisque situé entre Monthermé, Revin et le village de Laifour, près duquel l'auteur situa la demeure de l'héroïne ! Un choix assez étonnant mais qui s'explique à n'en pas douter par les deux brefs voyages que la sulfureuse femme de lettres avait fait peu de temps auparavant dans notre département - à l’instigation de son ami Edmond Plauchut qui avait jadis chassé dans les Ardennes - et dont elle garda un bon souvenir. C'est ce qui ressort d'une lettre adressée à son fils, qui jette un aperçu intéressant sur son premier séjour effectué du 17 au 22 septembre 1869 avec quelques amis, que le MRC 08 se fait un plaisir de reproduire ci-dessous. On y apprend que la compagne de Musset et de Chopin ne s’est pas contentée de visiter au pas de charge Revin et les Dames de Meuse (treize kilomètres en trois heures, et à 64 ans s’il vous plaît…) ou de manger de la friture et du gibier à l'Auberge de la Mère Rousseau à Laifour, mais qu'elle a poussé jusqu’aux grottes de Han-sur-Lesse. Elle fit ainsi à plusieurs reprises halte à Givet, logeant à l’Hôtel du Mont d’Or, au 14 de la rue Thiers - comme l’avait fait Victor Hugo trente ans plus tôt - où elle y reçut la visite "du Colonel commandant de la place, bel homme grave, calme, et parfaitement fou" et put en toute quiétude penser la trame de ce qui est, avec un balcon en forêt de Julien Gracq, un des plus beaux textes écrit sur la région...

A Maurice-Dudevant Sand. Paris, mercredi soir, 22 septembre 1869.
"J’arrive à Paris 9 h. du soir en belle santé et nullement fatiguée et j’y trouve de vos nouvelles. Tout va bien chez nous, je suis heureuse et contente. Je viens de voir un pays admirable, les vraies Ardennes, sans beaux arbres, mais avec des hauteurs et des rochers comme dans le Berry. La Meuse au milieu, moins large et moins agitée que la Creuse, mais charmante, unie et navigable. Nous l’avons suivie de Mézières à Givet en chemin de fer, en bateau, à pied, et de nouveau en chemin de fer. On fait ce délicieux trajet sans se presser dans la journée, et même on a le temps de déjeuner très copieusement et proprement dans une maison en micaschiste, au pied des beaux rochers appelés les Dames de Meuse. [...] De Givet où nous avons passé deux nuits et où Toto a été souffrante, j’ai été avec Adam et Plauchut à 8 lieues en Belgique voir les grottes de Han ; c’est une rude course de trois heures dans le cœur de la montagne, le long des précipices de la Lesse souterraine, un petit torrent qui dort ou bouillonne au milieu des ténèbres pendant près d’une lieue, dans des galeries et des salles immenses décorées des plus étranges stalactites. Cela finit par un lac souterrain où l’on s’embarque pour revoir la lumière d’une manière féerique. C’est une course très pénible et assez dangereuse que la promenade avec escalade ou descente perpétuelle dans ces grottes. Voyant les autres tomber comme des capucins de cartes, j’ai pris le bras du maitre-guide en lui glissant à l’oreille l’amoureuse promesse d’une pièce de 5 f. J’ai pris la tête de la caravane et je n’ai pas fait un faux pas. Il y avait là une vingtaine de Belges qui n’étaient pas contents de la préférence, n’est-ce pas, savez-vous ? fallait qu’ils s’en avisent, ainsi que de la pièce de 2 f. à un des porteurs de lampe. Mais quand on veut des préférences, faut pas rechigner à la détente. – C’est un bonheur que Toto ait été malade. Ni elle ni sa mère ne seraient sorties de cette promenade, où bien elles seraient encore à Givet bien malades, ce sont deux chiffes. Enfin nous les avons ramenées à Paris guéries et bien gaies. Nous avons dépensé chacun 163 f. en 5 jours, en ne nous refusant rien, voitures, auberges, bateaux et même l’Opéra à Charleville…"

mercredi 18 janvier 2012

Givet : la menace de fermeture du lycée se renforce !

Hier, le Conseil d’Administration du lycée Vauban de Givet s’est réuni pour la première fois de l’année avec un ordre du jour on ne peut plus habituel. Pourtant, alors que tous les participants s’attendaient à une séance aussi tranquille qu’à l’accoutumée, il n’en a rien été puisque le proviseur de l’établissement a profité de l’occasion pour délivrer une information particulièrement importante : la décision prise il y a quelque temps déjà par le Comité Technique Paritaire de fermer dès la rentrée 2012 l'ensemble de la filière STG au lycée ! Concrètement, cela signifie que les élèves qui sont actuellement en classe de Première STG continueront leur cursus l'an prochain au lycée de Revin et que l’établissement redeviendra le simple lycée d’enseignement général qu’il était jusqu’au milieu des années 1990. Un retour en arrière donc, qui était dans l’air du temps depuis quelques années et qui avait été préparé par la suppression en 2009 d'une option dans cette filière STG afin d’en limiter les effectifs.

Pourtant, même si cette mesure était à terme prévisible, elle est très loin d’être anodine puisqu’elle fera inévitablement passer dès la prochaine rentrée les effectifs du lycée de Givet sous le seuil symbolique de 200 élèves, considéré officieusement par beaucoup comme étant celui permettant – hors situation géographique exceptionnelle - le maintien d'un établissement de ce type. C'est donc clairement la survie du lycée de la Pointe des Ardennes qui est en jeu, même si l'annonce ne sera officialisée que vendredi ! En soi, cette perspective n'a rien d'étonnant eu égard à la construction en cours à Revin, pour la coquette somme de 38 millions d’euros, d'un lycée ultramoderne dont tout le monde sait qu’il nécessitera une extension de sa zone de recrutement pour utiliser les 650 places qu’il offrira alors que le lycée actuel ne compte que 500 élèves environ. Lorsqu'on prévoit une certaine jauge, c'est bien pour l'utiliser totalement.

Ce nouveau coup dur qui s’annonce pour la Pointe, après la fermeture de la clinique, du CEC et d’un grand nombre d’usines, est d’autant plus insupportable qu’il n’a rien d'inéluctable. Des pistes existent toujours pour sauver le lycée ! Parmi elles, il y a bien sûr l'ouverture d'une section football, évoquée récemment pour attirer les élèves du collège de Vireux-Wallerand qui pratiquent cette option, ou encore celle d'une filière liée à la sécurité dans le domaine nucléaire. Mais pas seulement ! Pour le MRC 08, il y a aussi la possibilité de créer un BTS lié au tourisme, avec une spécificité qui serait l'enseignement du néerlandais.  Cette filière rare qui aurait toutes les chances de rencontrer un grand succès nécessiterait une seule condition : les élèves intéressés étant susceptibles de venir de plus loin que du seul canton, voire du seul département, il faudrait prévoir de les héberger dans un internat. Pour le moment, cette construction, porteuse d'espoir pour l'avenir n'a pas été envisagée par le Conseil régional, pas plus que cette filière n'a été défendue devant le Recteur. Mais peut-être n'est-il pas encore trop tard pour bien faire...

mardi 17 janvier 2012

C’était le temps où certains socialistes osaient…

En cette année 2012 qui marque le cinquantième anniversaire des Accords d’Evian, mais qui pourrait aussi être celle de la victoire des forces de gauche aux élections présidentielles, le MRC 08 se permet de rappeler, à toutes fins utiles, une des pages les plus intéressantes de l'histoire politique ardennaise. Elle remonte aux années 1950, lorsque la SFIO départementale était animée par Andrée Viénot, veuve d’un député du Front populaire, résistante comme lui, conseillère générale, maire de Rocroi et même ministre en 1947. Une figure historique de la Gauche départementale donc, dont l’évolution fut alors étroitement liée à celle de la Guerre d’Algérie ! En effet, après avoir remporté en janvier 1956 les élections législatives sur un programme de paix, les socialistes dirigés par Guy Mollet tournèrent rapidement casaque devant le mécontentement d’Alger et optèrent pour une politique de plus en plus répressive. Refusant ce revirement, Andrée Viénot décida de continuer à promouvoir la négociation, et prédit la fin du parti s’il continuait à s’embourber dans le conflit : elle compara même Mollet au général Cavaignac, tristement connu pour avoir réprimé dans le sang l’insurrection ouvrière de juin 1848…

Fidèle à ses convictions, elle vota en juin 1956 au congrès national une motion exigeant des négociations, qui l’emporta à une large majorité mais ne fut, hélas, jamais appliquée. La coupe étant pleine, elle démissionna en novembre de la même année, après l’expédition de Suez contre Nasser : "Je ne peux plus, en conscience, rester dans un parti dont la politique est contraire à tout ce que le socialisme a toujours signifié pour nous". Les autres députés socialistes ardennais, Guy Desson et Camille Titeux, préférèrent pour leur part agir de l’intérieur, en ménageant la chèvre et le chou : ils votèrent ainsi pour l’extension des pouvoirs spéciaux en Algérie, mais s’opposèrent néanmoins à l’investiture du général de Gaulle en juin 1958 ; ils critiquèrent la participation de Guy Mollet au nouveau gouvernement, tout en condamnant les adversaires du nouveau régime qui menaçaient l’unité de la SFIO. Une attitude déconcertante à laquelle Desson mit fin en septembre en rejoignant le maire de Rocroi dans le nouveau Parti Socialiste Autonome. Quant à Titeux, il approuva publiquement ce départ … mais se garda bien d’en faire autant.

"Je pensais qu’une fraction de la SFIO et du PC finiraient par être dégoûtées par les palinodies de leurs directions respectives et par se détacher, permettant un regroupement très large", dira Madame Viénot. Vains espoirs ! Elle poursuivit pourtant son action avec les militants qui l'avaient suivie, multiplia les motions pacifistes au Conseil général et, pour lutter contre l’OAS, participa à la création de la section ardennaise de la Ligue des Droits de l’Homme. Dans son journal L’Espoir, elle attaqua les indécis, et notamment le maire de Givet qui avait refusé, en avril 1961, de prendre des mesures de protection contre le coup d’Etat d’Alger. Ce positionnement intransigeant lui valut, dès 1960, une arrestation injustifiée à laquelle elle répondit en recevant d’une façon particulièrement fraiche le général de Gaulle, lors de son passage à Rocroi trois ans plus tard. Puis, elle apporta son soutien à François Mitterrand en 1965 avant de rejoindre le Parti Socialiste après le congrès d'Epinay. Après sa mort en 1976, elle laissa dans le département le souvenir d’une femme de conviction qui, dans une période difficile, tenta de nettoyer les écuries d’Augias. Puisse son exemple servir aujourd’hui à celles et à ceux qui président aux destinées du socialisme dans les Ardennes...

samedi 14 janvier 2012

Avec Sarkozy, tout est possible, hélas...

jeudi 12 janvier 2012

Aubrives : des vœux entre autosatisfaction et amertume !

Samedi dernier, 18ème jour du mois de nivôse dans le calendrier républicain, a eu lieu la traditionnelle cérémonie des vœux de la municipalité. Comme d’habitude, elle s’est déroulée dans la salle du Foyer pour Tous à l’intérieur de laquelle, une fois encore, des tables richement décorées avaient été installées pour servir de reposoir aux nombreuses flûtes à champagne sur lesquelles lorgnaient d’un œil intéressé dès leur arrivée un certain nombre de personnes. Mais la ressemblance avec les autres vœux organisés par l’actuelle municipalité s’est arrêtée là puisque, contrairement aux années précédentes, cet exercice incontournable du mois de janvier n’a pas eu lieu en début de soirée, à 18h00, en présence de la population locale ainsi que des représentants des corps constitués et de certains élus de la Pointe ... mais en fin de matinée, à 11h00, devant un public constitué exclusivement d’habitants de la commune. Point d’uniforme donc, pas plus celui d’un gendarme que celui d’un pompier, point d’élu extérieur non plus, même pas les représentants des villages avec lesquels nous sommes liés dans le domaine scolaire et dans celui de la distribution de l’eau potable !

La deuxième nouveauté de cette cérémonie a été son déroulement qui s’est effectué en 2 étapes. Dans la première, par mimétisme avec une pratique qui existe dans un certain nombre de communes, c’est le 1er adjoint, Fabien Prignon, qui a été autorisé à sortir de l’ombre de son mai(t)re pour lui souhaiter les meilleurs vœux qui soient pour l’année à venir. Puis, il a expliqué l’absence d’élus extérieurs, d’une part par la volonté de recentrer la cérémonie sur ses véritables destinataires, et d’autre part par le fait qu’il y avait bien d’autres occasions de les rencontrer. Après quoi, il a procédé avec une satisfaction non dissimulée à un rappel des réalisations qui ont eu lieu en 2011, en insistant sur les quelques travaux de voirie, bien sûr, mais aussi et surtout sur le soutien - financier, logistique ou humain - accordé aux associations dont le nombre, d’après lui, est la preuve que "l’attractivité de la commune n’est plus à démontrer". Une telle affirmation moins de 10 jours après que l’INSEE ait rendu publique la nouvelle baisse de la population municipale, qui s’élève désormais à 879 personnes contre 895 l’an dernier et 928 il y a seulement 3 ans, il fallait oser ! Heureusement, le ridicule ne tue pas...

Le bras droit de notre bon maire s’est ensuite longuement étendu sur les missions du CCAS, à savoir l’aide sociale obligatoire, l’aide sociale facultative et l’organisation d’animations ouvertes à toutes les catégories de la population pour tenter très laborieusement de justifier la reprise tant controversée par cet organisme d’un certain nombre d’actions en faveur des Anciens de la commune. Enfin, il a conclu son propos en martelant qu’il est "nécessaire d’avoir un équilibre entre les travaux, le social et les animations" même si certains – votre serviteur, pour prendre un exemple au hasard - considèrent ces dernières comme étant "des dépenses futiles et somptuaires". Une affirmation pas sotte en soi, à condition d’avoir une idée claire de ce qu’est une action sociale et un niveau acceptable de dépenses d’animation ! Hélas, ce n’est toujours pas le cas de la majorité municipale, loin de là, comme le montre l’évolution de la subvention du Comité des fêtes, qui a plus que doublée depuis 2008, ou encore la proposition de sorties à un tarif unique qui ne prend pas en compte les différences de revenus des participants.

La deuxième étape a alors pu commencer. Elle a été l’occasion pour Gilbert Leclercq, après avoir présenté ses meilleurs vœux à l’assistance, de se lancer dans une dénonciation de la crise économique et de ses conséquences, sur la population en général et sur ses éléments les plus fragiles en particulier. Tout y est passé, le capitalisme, le système bancaire, la spéculation. Pour un peu, j’aurais cru que ce chantre du rejet de toute évocation du moindre sujet à connotation politique dans la vie municipale tenait un discours de gauche. Quelques-uns se sont certainement laissés abuser, mais pas moi tellement l’écart était grand entre les mots prononcés et certains faits récents commis contre des personnes en situation de vulnérabilité ! Puis, notre bon maire a évoqué les projets pour 2012 qui se résument pour l’essentiel à la construction d’une salle polyvalente à vocation sportive et culturelle d’un coût supérieur à 2 millions d’euros qui pourrait commencer à voir le jour au mois de juin ... à condition toutefois que des subventions suffisantes soient obtenues. Une vraie gageure lorsqu’on connaît l’état actuel des finances publiques, surtout maintenant que la communauté de communes, ou plutôt - d’après Gilbert Leclercq - son président Bernard Dekens, a fait savoir qu’elle ne participera pas au montage financier.

A part ça, on a appris qu’il n’y aurait pas cette année de travaux de réfection de voirie, contrairement à ce qui avait été promis la main sur le cœur aux riverains des rues des Orsières et du Père Georges ainsi qu’à ceux des impasses Ravel et Debussy. Par contre, des rencontres auront lieu pour essayer de finaliser la construction d’un lotissement de 20 pavillons pour des agents EDF et une aire de loisirs pourrait voir le jour sur le site de l’ancienne décharge. L’heure de la conclusion étant venue, notre bon maire ferma le ban en affirmant qu’on "ne peut réussir que si on a à la tête de la commune des personnes qui ne recherchent aucun intérêt personnel". Une attaque à peine voilée contre d’éventuels concurrents qui, contrairement à lui, ne feraient pas partie de la bien triste catégorie des "has been avant d’avoir été" ! Les agapes purent alors commencées, beaucoup plus modestes que les années précédentes. Du moins dans la salle du Foyer pour Tous, puisqu’elles se sont ensuite poursuivies en comité restreint dans la salle Paul Hustin où les repas spécialement livrés par un traiteur et les bouteilles de champagne ont été consommés en quantité indécente jusqu’à plus de minuit...
LB

mercredi 11 janvier 2012

Quotient familial : Chevènement salue le "bon sens" de Hollande

Jean-Pierre Chevènement, candidat du MRC à la présidentielle, a salué mardi "le bon sens" de François Hollande qui a proposé de moduler le quotient familial, jugeant normal de "plafonner ses effets pour les couches les plus aisées". Interrogé sur i-Télé, le sénateur de Belfort a commencé par déplorer une "campagne molle et violente faite de coups de communication" entre la taxe sur les transactions financières, la TVA sociale, le quotient familial ou les chiffres de l'immigration ("un coup électoraliste, ça se joue ente le FN et l'UMP!"). "On oublie donc le problème au coeur du défi devant nous : la crise de la monnaie unique", a-t-il dénoncé. 

Sur le quotient familial, M. Chevènement a souligné que "le système marche", prévenant : "il faut faire très attention, si on veut le toucher, aux effets pervers". Dire comme le fait François Hollande qu'il ne faut pas supprimer le quotient familial mais l'amender, "c'est le bon sens", a dit l'ancien ministre, trouvant "pas normal qu'il ne soit pas plafonné pour les revenus supérieurs, les 20% de gens qui gagnent le plus". Pour le candidat MRC, il faut "conserver le quotient familial en plafonnant ses effets pour les couches les plus aisées et en donnant une allocation familiale supplémentaire aux couches les moins favorisées pour introduire plus de justice dans le système".     
(dépêche AFP, 10 janvier, 20h00)

lundi 9 janvier 2012

Jeanne d’Arc en Ardenne...

Cette année, la récupération de Jeanne d’Arc est à la mode puisque deux hommes politiques de premier plan ont tenu à commémorer par des discours vibrants le six centième anniversaire de sa naissance, fixée par la tradition au 6 janvier 1412 : Nicolas Sarkozy dans son village natal de Domrémy, puis Jean-Marie Le Pen devant sa statue de la Place des Pyramides à Paris. Pourtant, après sa mort sur le bûcher en 1431, la Pucelle était tombée dans un oubli relatif d’où les passions politiques et religieuses avaient fini par la sortir à partir de la Restauration. Des royalistes aux communistes en passant par Péguy et Jaurès, tout le monde en faisait désormais l’éloge, et pas seulement les ultranationalistes comme le croit à tort Eva Joly. Tous célébraient sa mémoire le 8 mai, jour où elle libéra Orléans des Anglais. Seul le Front national choisit plus tard de le faire le premier mai. Evidemment, le calendrier électoral étant ce qu’il est, on a jugé bon cette année de lui rendre hommage plus tôt.

Pour être dans l’air du temps, le MRC 08 a décidé à son tour d’évoquer Jeanne d’Arc, non pas pour la récupérer mais pour évoquer les Ardennes, françaises et belges, que son histoire puis sa légende croisent à deux reprises au moins. La première a eu lieu en 1429 lorsqu’elle parvint à faire sacrer le roi Charles VII à Reims. Cette entreprise risquée, puisque les Anglais et les Bourguignons se tenaient en embuscade à Rethel, à une journée de marche à peine, nécessitait d’utiliser la sainte Ampoule indispensable à l’onction royale. Heureusement, quelques jours avant la cérémonie, les habitants du village du Chesne-Populeux, près de Vouziers, l’avaient récupérée des mains des Anglais qui s’en étaient emparés et l’auraient cachée dans l’oreille d’un âne ! Pour leur récompense, lors de tous les sacres suivants, les Chesnois obtinrent le privilège d’envoyer une délégation pour escorter la fiole de la basilique Saint-Rémi jusqu’à la cathédrale de Reims ; et les armoiries de la commune, conservées jusqu’en 1940, portaient la colombe tenant l’Ampoule au-dessus d’un chêne.

Quant à la deuxième fois que Jeanne aurait fait parler d’elle dans les Ardennes, ça aurait été cinq ans à peine après le bûcher de Rouen lorsqu’une aventurière surgie de nulle part déclara être la véritable Jeanne d’Arc, et donc, pour ceux qui croient en la légende, la fille bâtarde de la reine de France Isabeau de Bavière. Elle trouva alors asile à Arlon, aux confins des Ardennes belges, où la duchesse de Luxembourg lui fit le meilleur accueil, et où elle rencontra son époux, le chevalier lorrain Robert des Armoises. Elle fut ensuite reconnue officiellement par les frères de Jeanne et la cité d’Orléans, avant d’être finalement démasquée. Entre temps, il est plaisant de remarquer que cette Jeanne des Armoises habita en face de l’église de Sainte-Ségolène de Metz, ce qui pour une dame de sang royal était quand même le comble ! Peut-être nos amis socialistes devraient creuser cet aspect de la question avant de classer l'humble paysanne de Lorraine parmi les non-sujets...

dimanche 8 janvier 2012

Givet : l’heure de vérité a sonné pour les protections anti-inondation !

En 2011, la météo s’est montrée particulièrement capricieuse dans les Ardennes ! Après un hiver exceptionnellement neigeux, qui a fait le bonheur des plus jeunes mais qui a été un véritable cauchemar pour les automobilistes et pour les autorités chargées de l’entretien des routes, le printemps a connu une sécheresse extrêmement prononcée avec seulement 48 millimètres de pluie pour les 3 mois de mars, avril et mai contre une moyenne de 181 millimètres au cours des 40 dernières années. Puis l’été, supposé être la saison la plus agréable de l’année, a été littéralement pourri avec des trombes d’eau qui ont pris un malin plaisir à se déverser les week-end, gâchant ainsi la quasi-totalité des animations prévues en plein-air. Enfin, l’automne, plus ensoleillé qu’à l’accoutumée, a renoué avec la sécheresse printanière qu’il a même accentuée puisque seulement 11,4 millimètres de pluie sont tombés au mois de novembre, ce qui en a fait le moins le plus sec des 4 dernières décennies, très loin des 27,6 millimètres du précédent record datant de 1995.

Un bilan climatique hors du commun donc, avec un déficit hydrique plus ou moins marqué pour 10 des 11 premiers mois de l’année ! Dans ces conditions, il n’y a rien d’étonnant à ce que tous les indicateurs concernant aussi bien les nappes phréatiques que les cours d’eau se soient alors retrouvés au rouge. Cette situation inhabituelle n’a bien sûr pas été sans conséquences. Parmi elles, outre l’impossibilité de rouvrir la navigation sur la Meuse le 20 novembre, à l’issue de la traditionnelle période de chômage destinée à réaliser les indispensables travaux d’entretien de ce cours d’eau canalisé, on trouve notamment le report de quelques jours de la remise en activité du réacteur de la centrale nucléaire de Chooz B qui avait été arrêté pour procéder au changement de son combustible. Plus grave encore, 4 villages – Authe, Elan, Hargnies et Williers – se sont retrouvés dans l’obligation de faire appel à un transporteur agréé afin d’approvisionner leur population en eau potable par camion-citerne et une demi-douzaine d’autres, comme par exemple Hannogne-Saint-Rémi et Dom-le-Mesnil, tendaient le dos en espérant la venue rapide de précipitations.

Le moins que l’on puisse dire est que leur attente n’a pas été vaine puisque le mois de décembre s’est révélé exceptionnellement pluvieux avec 217 millimètres de précipitation contre 126 en moyenne depuis 1971. Certes, c’est moins que le record de 289 millimètres atteint en 1993, mais avec 23 jours plus ou moins arrosés il n’a jamais aussi souvent plu en décembre que cette année. La préfecture, malgré les prédictions alarmistes de certains Cassandres que le MRC 08 connaît bien, n’a donc pas eu à classer les Ardennes en état de sécheresse avancée ! Bien au contraire, après un premier débordement limité des cours d’eau à la mi-décembre, c’est à une inondation plus conséquente que l’on a actuellement à faire. Une de plus, dira-t-on dans de nombreux endroits, mais pas à Givet où elle est l’occasion de tester en vrai l’efficacité des protections anti-inondations qui ont été construites à grand frais ces dernières années , et tout particulièrement celle des murs amovibles en aluminium qui ont déjà été installés au point le plus bas de la ville, à savoir le quai de Rancennes, comme vous pouvez le voir sur les photo ci-après : 

mercredi 4 janvier 2012

La parodie qui fait un tabac sur la toile !

Une parodie en noir et blanc du film culte Der 90 Geburtstag oder Dinner for one, qui met en scène Nicolas Sarkozy en majordome d'Angela Merkel vient d'être réalisé par le comique de l'émission matinale Morgenmagazin de la chaîne publique ARD, Udo Eling. La chancelière allemande et le président français y portent des toasts à la santé des chefs de gouvernements européens disparus de la scène politique au cours l'année écoulée: l'italien Sylvio Berlusconi, le grec Georges Papandréou et l'espagnol José Luis Zapatero. Puis on peut entendre, au gré des échanges le narrateur affirmer "Il ne reste plus de chefs d'État significatifs en Europe, sauf Madame Merkel", puis Nicolas Sarkozy demander "Madame Merkel, la même procédure que le mois dernier ?" et celle-ci lui répondre en Miss Sophie "La même chose que d'habitude, sinon votre AAA ne vaudra plus que pour vos bouteilles de champagne".

Dans le film original datant de 1963, Miss Sophie veut fêter ses 90 ans avec ses quatre meilleurs amis. Mais ils sont décédés et son majordome est censé les incarner, portant des toasts à chaque plat, ce qui le conduit à une certaine ébriété. "Ah maintenant il ne reste que moi", soupire Nicolas Sarkozy dans la parodie. "Tant mieux, rétorque la chancelière. Pas de contestation, c'est meilleur pour l'approbation". Il est fait ainsi allusion aux critiques adressées au couple franco-allemand, auquel leurs voisins reprochent d'agir sans concertation avec leurs partenaires dans la gestion de la crise de l'euro. Miss Sophie et son majordome français trinquent aussi à la santé de David Cameron. "N'oubliez pas: en Allemagne, on parle Allemand", précise la chancelière à l'adresse du premier ministre britannique, reprenant ainsi les propos d'un député conservateur allemand, qui avait déclenché les foudres des tabloïds britanniques. Et enfin, "Miss Sophie/Merkel" conclut le dîner avec allégresse en affirmant qu'elle "prend plaisir à gouverner…et toujours sans eurobonds". 

lundi 2 janvier 2012

Givet : circulez, y'a plus rien à dire sur l'incinérateur !

Pour ceux qui observent le monde dans lequel on vit afin de mieux le comprendre, une évidence s'impose : on est en train de passer d'une société de consommation à une société de communication ! Les dirigeants politiques l'ont bien saisi et nombreux sont ceux qui se sont adaptés à cette nouvelle donne en ouvrant, qui un site personnel sur internet, qui un compte Twitter, qui un blog. Beaucoup ont également doté les collectivités qu'ils dirigent d'un site d'informations en ligne pour valoriser leur action auprès de leurs administrés et parfois pour permettre à ces derniers de s'exprimer. C'est ainsi que la ville de Givet possède sur son site internet un forum sur lequel on peut y lire de tout, du plus intéressant, parfois, au plus banal, souvent. Sa consultation quotidienne ne s'impose donc pas, mais une petite visite de temps en temps ne nuit pas. C'est ce qu'a fait hier le spécialiste es nouvelles technologies du MRC 08 qui a eu la surprise d’y lire le message suivant : 

Message publié le 27/12/2011 à 08:15:58 par Claude Wallendorff, maire de Givet.
Objet : Projet POINT ENR
L'enquête publique est terminée depuis le dimanche 18 décembre 2011. Il y a eu beaucoup d'échanges sur ce forum à ce sujet. Les futures interventions ne seront plus prises en compte par l'enquête publique. Dans ces conditions, il n'y a plus d'utilité de les passer sur ce Forum, jusqu'à nouvel avis, à compter de la publication de ce message.
Bien à vous.
Le Maire, Claude WALLENDORFF

C'est naturellement le droit du Maire de Givet d'administrer comme il le souhaite le forum de la ville, et de censurer le cas échéant. D'ailleurs, d'après ce que l'on peut entendre ici ou là, ce ne serait pas la première fois que cet habitué du recours au huis clos pour mener en toute discrétion certaines séances du conseil municipal, agit ainsi ! Les Ardennais, français et belges, sauront à n'en pas douter apprécier à sa juste valeur ce comportement qui, 223 ans plus tôt, aurait pu se traduire par le message suivant si les technologies actuelles avaient existé :

Message publié le 14/07/1789 à son petit lever par Louis XVI, Roi de France et de Navarre.
Objet : REFORME DE L’ETAT
Les débats des Etats Généraux sur la misère du peuple et les impôts auraient dû cesser sur mon ordre le 23 juin 1789. Il y a eu beaucoup trop d’échanges à ce sujet sur le forum du Château de Versailles. Vos futures interventions ne seront plus prises en compte par la Cour et les Ministres. Dans ces conditions, il n’y a plus d’utilité de les passer sur ce forum à compter de ce jour, et ce jusqu'à nouvel ordre de notre part. Quant à ceux à qui notre décision ne plairait pas, il leur est toujours loisible de se rendre aux Amériques où nous ne doutons pas qu'ils seront bien accueillis.
Que Dieu vous tienne en Sa sainte garde.
Votre Bon Roi, Louis

dimanche 1 janvier 2012

Tout (ou presque) sur les nouvelles populations légales ardennaises....

Depuis le 1er janvier 2010, les populations légales, autrement dit celles qui servent de référence pour établir entre autres le montant de très nombreuses dotations de l’Etat, sont déterminées non plus par un recensement exhaustif de la population, comme c’était le cas depuis 1801, mais par des enquêtes annuelles de recensement portant sur un cinquième des communes et par des extrapolations établies à partir des données ainsi recueillies. Une méthode contestable, puisque par définition pas fiable à 100 %, mais avec laquelle il faut bien faire étant donné que c’est celle imposée dans un souci d’économie par l’Etat ! Les populations légales applicables à compter du 1er janvier 2012 sont donc les 3èmes à avoir été calculées de cette façon et depuis jeudi, l’INSEE les a rendues publiques.

Que nous apprennent-elles sur les Ardennes ? Pour le MRC 08, essentiellement 4 choses ! La première est la modestie puisqu’avec 283.296 personnes, notre département compte moins d’habitants que l’augmentation connue cette année par la population française qui a été de 342.641 personnes. Nous sommes donc bien peu de chose par rapport aux 64.304.500 habitants qui peuplent la France, même pas 0,5 %, ce qui devrait amener ceux qui considèrent que notre département a naturellement droit à une attention particulière de la part de l’Etat à revoir leur schéma de pensée. Le deuxième enseignement est que les Ardennes sont encore une fois, hélas, à contre-courant de la tendance nationale puisque notre population a connu une baisse alors que les effectifs de la population française ont augmenté de 0,53 %. Certes, nous ne sommes pas les seuls dans ce cas là, mais sur les 11 départements en décrue démographique, nous pointons tout de même au 5ème rang, que ce soit en chiffre relatif avec – 0,31 %, ou en chiffre brut avec – 901 habitants.

La troisième chose que nous apprennent les chiffres livrés par l’INSEE est que les Ardennes sont divisées en deux parties opposées : une qui connaît une baisse de sa population alors que l’autre voit ses effectifs augmenter ! En apparence, cette césure est une coupure nord/sud puisque les deux arrondissements septentrionaux de Charleville-Mézières et de Sedan perdent environ 0,6 % de leurs effectifs alors que les arrondissements méridionaux de Vouziers et de Rethel gagnent respectivement 0,14 % et 0,92 %. Mais si on affine l’analyse en se plaçant à l’échelle cantonale, on peut constater que la coupure de l’espace ardennais est en fait une coupure est/ouest avec un gros tiers à l’est - comprenant la vallée de la Meuse, le Sedanais et à une échelle moindre l’Argonne - qui perd des habitants alors que les deux tiers à l’ouest - constitués du Rethélois, des Crêtes pré-ardennaises et à un degré moindre de la Thiérache – en gagnent. Les raisons de ces évolutions différenciées ? Essentiellement la désindustrialisation qui frappe l’axe Sedan-Givet et le manque d’attractivité économique de l’Argonne alors que le reste du département bénéficie du dynamisme du bassin d’emplois relativement proche de Reims.

Enfin, le dernier enseignement de ces chiffres est que les temps sont durs pour les villes ardennaises qui n’échappent pas à ce phénomène récent qu’est l’exurbanisation, c'est-à-dire le départ des habitants du centre des villes pour aller s’installer dans les zones périurbaines et surtout rurbaines où la qualité de vie est réputée meilleure. Ainsi, sur les 21 communes de notre département qui dépassent les 2.000 habitants, 17 voient leur population baisser ! Parmi elles, les plus affectées sont bien sûr les plus importantes, à savoir Charleville-Mézières qui perd 1,7 % de ses effectifs et voit pour la 1ère fois sa population municipale tomber sous le seuil symbolique des 50.000 habitants et Sedan qui avec une diminution de 1,6 % de sa population voit s’éloigner encore un peu plus le seuil tout aussi symbolique des 20.000 habitants au-dessus duquel elle était il y a encore 2 ans seulement. Mais il y a aussi Revin, qui connaît une nouvelle saignée de 3 %, ainsi que Mouzon et Fumay, dont les pertes dépassent largement les 2 %, qui subissent en plus les effets de la désindustrialisation. A l’inverse, pour la dernière année, Givet profite de l’installation de nombreux travailleurs transfrontaliers pour limiter son recul à 0,56 %. Quant à Villers-Semeuse, elle se distingue en gagnant 3,45 % grâce à l’ouverture cette année du gros lotissement du Gros Caillou.

Au total, cette dernière livraison de l’INSEE a donc confirmé que si la population ardennaise suit globalement les évolutions comportementales du reste de la population française, le déclin démographique du département n’est toujours pas enrayé, loin de là, et que le pluriel est plus que jamais de mise lorsqu’on parle de la démographie des Ardennes. Le diagnostic étant maintenant établi, il reste à espérer que nos décideurs sauront en tenir compte pour mettre au point les politiques qui permettront à l’ensemble du département de repartir de l’avant...