Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


samedi 28 mars 2009

Aubrives : les chiffres en disent plus qu'un long discours !


Jeudi soir, le Conseil municipal d'Aubrives s'est réuni afin, essentiellement, d'examiner les comptes administratifs 2008 (c'est à dire le résultat effectif de l'exécution par le maire des dépenses et des recettes votées par l'Assemblée municipale) et le budget primitif 2009 (c'est à dire la prévision des enveloppes de crédits permettant d'engager les dépenses pendant la durée de l'exercice et la détermination des recettes attendues). Il s'agissait donc d'une séance particulièrement importante puisqu'elle avait pour objet de donner quitus de la gestion passée et de définir la ventilation des sommes à décaisser pour l'année en cours. Rien d'étonnant dans ses conditions qu'elle ait duré plus de 4 heures et qu'elle ait donné lieu à des échanges que l'on qualifierait, dans le langage diplomatique, de fermes voire d'énergiques. Que faut-il en retenir ? A mon avis, trois choses.

La première est que le compte administratif 2008, survolé de façon volontaire par l'exécutif municipal, a révélé, après un examen précis que j'avais minutieusement préparé, un certain nombre de dérives. Les principales sont l'augmentation de 9,8 % des frais de télécommunication (ligne 6262 : l'adjoint aux plantes vertes a justifié cette hausse par le fait que "certains travaillent, y compris le samedi et parfois aussi le dimanche" ... mais cette explication me paraît douteuse, pour ne pas dire plus, étant donné que les administrations et la plupart des entreprises sont fermées pendant le week-end ! La raison véritable se trouve donc ailleurs, et puisqu'elle n'a pas été dévoilée, c'est certainement qu'elle est peu avouable), de 22 % des fournitures administratives (ligne 6064 : le maire a affirmé, sourire au coin des lèvres et visiblement fier de son attitude, que cette hausse était due au fait que l'on avait besoin de plus de fournitures administratives, ce qui est tout sauf une explication, surtout dans une commune qui a vu sa population diminuer. Reconnaître un usage intensif de dispositifs bureautiques plus modernes et donc plus coûteux aurait été plus honnête, mais visiblement au dessus des moyens de l'intervenant) et de 35,6 % des fêtes et cérémonies (ligne 6232 retraitée des dépenses effectuées pour le compte de l'association Le Bel Âge : le maire, assisté de l'adjoint aux plantes vertes et de celui aux divertissements, sont alors montés sur leurs grands chevaux et ont affirmé en choeur que c'était un choix de la municipalité de mieux recevoir la population lors des vins d'honneur en servant essentiellement du champagne. Soit, mais pourquoi une telle véhémence dans les propos tenus ? L'exécutif municipal serait-il gêné aux entournures par la révélation de cette dépense qui a bien été réalisée ?). Parallèlement, les sommes prévues pour les catalogues et imprimés (ligne 6236) n'ont été dépensées qu'à hauteur de 5 % (ce qui signifie en clair qu'il n'y a pas eu de magazine municipal en 2008 ... et donc que la population n'a pas été informée des affaires de la commune) tandis que celles affectées aux organismes de formation (ligne 6184) et aux fournitures scolaires (ligne 6067) n'ont été utilisées qu'à hauteur respectivement de 10 % et de 70 %. Au total, le chapitre consacré aux charges à caractère général, qui reflète la qualité de la gestion d'une municipalité, est donc conforme à la prévision, mais cette réalisation apparente du budget proposé cache des écarts qui peuvent se résumer ainsi : des dépenses non indispensables ont littéralement explosé alors que des dépenses essentielles n'ont pas été réalisées. Quant aux dépenses d'investissement, l'analyse du chapitre consacré aux immobilisations en cours, qui est de loin le plus important, révèle que, si l'on exclut la mise en sécurité des carrières et la pose des ralentisseurs décidées et budgétées par la municipalité précédente, il n'a été réalisé que à hauteur du chiffre ridicule de 15,9%! Dans ces conditions, vous vous doutez bien que j'ai refusé d'avaliser ce compte administratif : j'ai donc voté contre, et je tiens à préciser que j'ai été le seul à avoir cette attitude qui me paraît relever de l'honnêteté intellectuelle la plus élémentaire envers celles et ceux qui m'ont élu.

La deuxième chose à retenir de cette séance est que l'examen du budget primitif pour 2009 s'est heurté à un refus catégorique du maire d'apporter des explications sur les principales modifications par rapport au budget primitif 2008 et au compte administratif 2008. Les seules réponses que j'ai pu obtenir à mes questions ont été "vos calculs sont justes" ou "nous en avons décidé ainsi". Curieux procédé, vous en conviendrez, mais qui a l'avantage de permettre de ne pas justifier la nouvelle hausse de 9,8 % des frais de télécommunication (ligne 6262 : si on suit la logique de la réponse faite lors de l'examen du compte administratif, on peut supposer que "certains" travailleront désormais les jours fériés, voire pendant le 8ème jour de la semaine qu'ils n'hésiteront pas à créer pour l'occasion!), pas plus d'ailleurs que la multiplication par 4,5 des frais de colloques et de séminaires (ligne 6185) ou encore la nouvelle augmentation de 37 % des fêtes et cérémonies (ligne 6232, qui se sera donc envolée de 85,7 % en 2 ans pour atteindre 13.000 euro au lieu de 7.000 !). Dans ces conditions, j'ai bien évidemment voté contre ce budget primitif, d'autant qu'il laisse apparaître une capacité d'autofinancement brute estimée de 397.000 euro et une capacité d'autofinancement nette estimée de 290.000 euro ... c'est à dire le chiffre le plus bas depuis 2005, ce qui s'explique par un dérapage inadmissible de 24 % des charges à caractère général.

Enfin, la troisième chose à retenir de cette séance est que, lorsque l'on chasse le naturel il revient au galop. Le dernier Conseil municipal s'était déroulé dans une ambiance sereine que j'avais été le premier à reconnaître. Hélas, ce n'a pas été le cas jeudi! Si je laisse de côté les sempiternels aboiements du pittbull de service qui n'apportent rien à personne ainsi que les paralogismes de celui qui se prend pour l'intellectuel de "l'équipe", je dois constater qu'une nouvelle fois, le maire de notre commune n'a pas su se maîtriser ... au point de m'interdire de "colporter des rumeurs fallacieuses puisque que l'association Pomme d'Api n'a versé aucun don aux écoles d'Aubrives en 2008". Sur le coup, je lui ai notifié que la diffamation était un délit dans le droit français et que sa sortie publique m'autorisait à utiliser toutes les possibilités offertes par la justice pour obtenir réparation. L'avenir dira bientôt si cette solution extrême est nécessaire. En attendant, la nuit aidant, j'ai compris qu'il faisait allusion aux articles parus dans "l'Ardennais" à l'occasion du loto organisé par cette association. Le pauvre homme croit donc que je suis la plume qui rédige ces brèves. C'est me faire un honneur que je ne mérite pas, puisqu'à ma connaissance, je n'ai aucun lien rédactionnel avec ce journal. Mais puisqu'il se plaint de la circulation de rumeurs fallacieuses, je veux bien lui rendre service en rendant publiques 3 informations qui n'ont rien de fallacieuses et que chacun pourra vérifier dans le grand livre des dépenses de la commune :
1) le 22 avril 2008, par le mandat 00232, la mairie a acheté 102 bouteilles de champagne auprès de Champagne Marcoult Roland pour une somme de 1.175,00 euro.
2) le 07 juillet 2008, par le mandat 00380, la mairie a acheté 108 bouteilles de champagne auprès de Demiere Barbier Serge pour une somme de 1296,00 euro.
3) le 04 décembre 2008, par le mandat 00726, la mairie a acheté 72 bouteilles de champagne auprès de Patis Christian pour une somme de 864,00 euro.
LB

mercredi 25 mars 2009

Européennes : une mise au point qui s'impose


Dimanche dernier, le Conseil national du Mouvement Républicain et Citoyen a refusé à une très large majorité de rejoindre pour les élections européennes le Front de Gauche. Cette décision a suscité beaucoup d'incompréhension chez une partie de nos militants et de nos sympathisants, ainsi qu'une ire, à l'écho médiatique à vrai dire assez faible, de la part de ceux qui affirmaient souhaiter nous voir les rejoindre. Une explication s'imposait donc et la tâche en revenait naturellement au Président du MRC, Jean-Pierre Chevènement, qui l'a remplie hier en rendant public le communiqué suivant qui a le mérite de mettre les point sur les i :

"Je maintiens, en dehors de toute volonté polémique, et contrairement à ce qu’affirme L’Humanité, que les organisations regroupées au sein du « Front de gauche » n’ont pas voulu d’un accord acceptable par le Mouvement Républicain et Citoyen.

Après quatre semaines de discussions épuisantes sur trois textes successifs qui ont été soumis par Francis Parny et que Sami Naïr et moi-même avons cherché à amender, la discussion a achoppé sur quatre points dont l’un est évidemment essentiel : la souveraineté nationale parce qu’elle donne un point d’appui pour redresser la construction européenne. Les autres points (1. refus d’employer le mot « croissance » même assorti des épithètes « social et écologique » ; 2. refus d’accepter l’expression « l’exigence républicaine » ; et enfin 3. exigence d’une régularisation de tous les sans papiers, en dehors de tout critère d’intégration et même « dans le cadre d’une stratégie de codéveloppement »), ont révélé que nos interlocuteurs n’avaient pas la volonté d’aboutir.

Nous étions prêts à renoncer à l’expression « souveraineté nationale » à condition que fût pris en compte l’amendement suivant : « On ne construira pas l’Europe sans et à plus forte raison contre les nations qui sont le cadre privilégié [ou premier] de l’expression démocratique et de la solidarité ». Cette demande a été rejetée. Nos interlocuteurs ont allégué une « souveraineté européenne » qui n’existe pas, ou évoqué une « assemblée constituante européenne » dont la réunion n’est pas à l’ordre du jour.

La composition des listes n’a été abordée qu’à la fin. Nous demandions quinze candidats titulaires sur soixante-neuf. Nos partenaires de négociation nous ont offert neuf candidats titulaires et suppléants sur un total de cent trente huit (69+69). Il n’est pas besoin d’en rajouter. Un ralliement piteux n’eût été conforme ni à notre identité ni à notre dignité. Le but poursuivi par nos interlocuteurs était de « plumer la volaille républicaine » et non de se donner les moyens de redresser la construction européenne en s’appuyant sur la volonté des peuples, à commencer par le nôtre. Je le regrette profondément. D’autres échéances se présenteront."

mardi 24 mars 2009

Conseil général : la fiscalité augmente encore malgré la crise !


Après avoir voté en décembre un budget 2009 de 411,7 millions d'euro basé sur un produit fiscal global prévisionnel de 110 millions d'euro, le Conseil général a été informé par les services de l'Etat du montant attendu des bases d'imposition ainsi que de la somme versée au titre des allocations de compensation. Il a donc pu se réunir hier en séance plénière afin de procéder à la 2ème étape de la mise en place du budget : la fixation des taux de la fiscalité départementale. Le président Benoît Huré, par ailleurs sénateur UMP des Ardennes, a proposé une augmentation de 4 % des 4 taux (habitation, foncier bâti, foncier non bâti et taxe professionnelle), qui s'ajoute bien sûr à l'augmentation des bases fixée par l'Etat à 2,5 % pour les propriété bâties et 1,5 % pour les propriété non bâties. En soi, cette demande de hausse ne constitue pas une surprise puisqu'elle s'inscrit dans la logique de la gestion de l'assemblée départementale depuis 2004 qui consiste à demander toujours plus aux contribuables ardennais (+ 5 % en 2005, + 4,5 % en 2006, + 2,9 % en 2007 et + 5 % en 2008). Mais cette fois, elle revêt un caractère particulier dans la mesure où elle intervient en pleine crise économique.

Il a donc fallu la justifier, ce qu'a fait le président du Conseil général en expliquant que sur ces 4 %, la moitié serait nécessaire pour équilibrer le budget, un quart servirait pour répondre à d'éventuels dérapages en matière de dépenses sociales et le solde permettrait de poursuivre le plan de relance économique en limitant le recours à l'emprunt. Le tout a évidemment été enrobé d'un vernis social avec des expressions à faire couler une larme de bonheur sur la joue de tout militant d'extrême gauche, comme "nous avons une exigence particulière de solidarité ... à laquelle notre collectivité a toujours fait le choix de répondre" ou encore "je connais la fonction redistributive de la fiscalité". Quant aux éventuels mal-pensants qui oseraient se montrer récalcitrants à son discours, ils n'ont pas été oubliés par Benoît Huré qui les a pointés du doigt comme étant d'affreux opposants au développement des Ardennes en affirmant que "soit l'on partage cette stratégie ... soit on instaure une pause fiscale, au prix de renoncer à investir et à demander la solidarité du département".

Cette argumentation a convaincu les conseillers généraux, du moins ceux de la majorité départementale qui ont voté comme un seul homme la hausse de 4 % qui leur était proposée. Par contre, elle n'a pas suffi à emporter l'adhésion des élus de Gauche qui se sont rappelés qu'ils étaient dans l'opposition et se sont prononcés contre. De même, elle laisse de marbre le MRC 08 qui tient à rappeler que si l'impôt a une fonction redistributive, c'est le cas essentiellement de l'impôt sur les revenus et certainement pas des impôts locaux (tout particulièrement de la taxe d'habitation) qui sont les plus injustes puisqu'ils pèsent de façon indifférenciée sur tous. Par ailleurs, nous considérons qu'en ces temps de crise économique, il aurait été plus judicieux, pour financer des équipements qui profiteront également aux générations futures, d'augmenter le recours à l'emprunt plutôt que de soutirer encore 1,520 millions d'euro à la population et aux entreprises ardennaises. Enfin, dans l'hypothèse où aucune économie de fonctionnement n'était suffisante pour empêcher une hausse de la fiscalité, nous estimons, comme la loi le permet, qu'il aurait été plus adapté de moduler l'augmentation des taux afin de mettre davantage à contribution les entreprises que les particuliers, dont les revenus sont sensiblement inférieurs à la moyenne nationale.

dimanche 22 mars 2009

Elections européennes : la position du Conseil national du MRC

"La gauche, toute la gauche, a aujourd’hui la responsabilité historique d’apporter une réponse à la crise sans précédent qui frappe et frappera demain encore plus fort, crise historique du capitalisme, résultant elle-même d’une déréglementation généralisée engagée sous l’impulsion des Etats-Unis et dont l’Europe libérale a été depuis vingt-cinq ans le relais. Le Mouvement Républicain et Citoyen a recherché loyalement un accord avec l’ensemble des forces de gauche pour redresser la construction européenne sur une base de projets, répondant aux besoins et aux aspirations des peuples à partir des nations, cadres premiers de la démocratie, d’une puissance publique réhabilitée, adossée à une citoyenneté relevée, dans la perspective d’un monde multipolaire régi par le Droit. Le Parti socialiste s’est montré d’abord préoccupé de surmonter ses propres divisions intérieures. Quant aux organisations politiques regroupées au sein du « Front de gauche », elles n’ont pas voulu d’un accord acceptable par le Mouvement Républicain et Citoyen.
Le Conseil National réuni le 22 mars au Kremlin Bicêtre a constaté que les négociations engagées avec ces organisations achoppent sur une divergence de fond quant à la manière de redresser la construction européenne. Leur rejet de la souveraineté nationale et particulièrement d’un amendement MRC indiquant qu’« on ne fera pas l’Europe sans et à plus forte raison contre les nations qui sont le lieu privilégié de l’expression démocratique et de la solidarité » est révélateur. Les organisations du « Front de Gauche » partagent en fait, à travers des expressions comme « souveraineté européenne », « assemblée constituante européenne », les mêmes postulats illusoires que ceux qui ont conduit les sociaux-libéraux à accepter, au nom de la supranationalité, la prise en otage de la construction européenne par le capitalisme financier mondialisé. Faire croire à notre peuple qu’on peut redresser la ligne sociale-libérale sur la base de postulats illusoires procéderait d’une démagogie trompeuse à laquelle nous nous refusons. La République ne peut se dissoudre dans le mouvementisme. Une alliance électorale sans principe ni débouché stratégique ne correspondrait pas à notre conception de l’action politique.
Le MRC constate que la gauche aujourd’hui n’offre malheureusement pas de débouché politique à la crise et à la protestation sociale : le PS n’a pas rompu avec sa ligne sociale-libérale, comme l’a montré la ratification du traité de Lisbonne par la majorité de ses parlementaires. Le « Front de gauche » n’offre pas de perspective sérieuse de redressement. Le NPA ne veut pas venir au pouvoir. Dans ces conditions le MRC développera sa propre ligne républicaine. Il publiera son propre texte d’orientation dans les prochains jours. Il préparera les échéances qui viennent et plus particulièrement celles de 2012 qui seules permettront de relever la France et la République et de réorienter vraiment la construction européenne."

vendredi 20 mars 2009

Bouclier fiscal : quelques comparaisons pour mieux en mesurer l'impact.


Dans leur édition de mardi, le journal de Droite "Le Figaro" et le quotidien économique "Les Echos" ont révélé, en se basant sur des chiffres figurant dans le très sérieux bilan de la loi "Travail, emploi, pouvoir d'achat" envoyé par la ministre de l'économie Christine Lagarde à l'Assemblée Nationale, que le bouclier fiscal a coûté 458 millions d'euro en 2008 contre 229 millions en 2007. Un quasi doublement donc, qui a permis à 13.998 contribuables favorisés par la fortune (au sens premier comme au sens second du terme!) de recevoir un chèque du Trésor Public leur restituant en moyenne 33.000 euro contre 16.700 euro pour les 13.700 bénéficiaires de ce dispositif en 2007. Mesure symbolique de la campagne présidentielle et du début du mandat de Nicolas Sarkozy qui plafonne les impôts de tout ménage à 50 % de ses revenus pour qu'aucune personne ne travaille plus d'un jour sur deux pour financer l'Etat, ce bouclier fiscal est présenté par ceux qui ont oublié le 3ème élément de la devise républicaine (vous savez, la fraternité ... et non la popriété comme c'était le cas pendant la 1ère République!) comme une mesure de "justice sociale". Eric Woerth, ministre du budget, a même précisé cette semaine qu'il le considérait comme "normal, juste et efficace".

En période de crise économique aigüe, son existence suscite néanmoins des réticences, dans l'opposition bien sûr, mais aussi dans certains rangs de la majorité. Le chef de l'Etat a cependant réaffirmé avec force qu'il ne serait pas remis en cause. Le MRC 08 prend acte de cette décision reflètant, sans surprise, un dogmatisme libéral qui nous semble totalement décalé par rapport à la situation dramatique que nous connaissons. Et pour répondre par anticipation à ceux qui ne manqueront pas de faire remarquer que ces 458 millions d'euro ne représentent pas grand chose comparés aux 360 milliards d'euro consentis aux banques, voire aux 28 milliards d'euros offerts aux entreprises par la suppression de la taxe professionnelle, voici une comparaison chiffrée parlante pour la population des Ardennes montrant à quoi correspond véritablement ce cadeau fait aux riches : c'est l'équivalent de ce que coûterait la construction de la branche ouest du Y ardennais (287 millions) à laquelle il faudrait ajouter la réalisation du barreau de raccordement entre l'A 34 et la RN 43 (30 millions) ainsi que la mise en 2 fois 2 voies du tronçon Bazeilles-Carignan-Blagny (45 millions), la rénovation de la ligne TER de Charleville-Mézières à Givet (30 millions), la réouverture de la ligne ferroviaire Givet-Dinant (28 millions), la construction du 2ème pont de Givet (15 millions), la réfection complète du barrage des 4 Cheminées (13 millions) et la réalisation de la voie verte entre Charleville-Mézières et Mouzon (10 millions). Rien moins que celà, c'est à dire de quoi financer en une seule année tous les travaux d'infrastructure dont les Ardennes ont un besoin urgent!

Quant à ceux qui seraient plus sensibles aux comparaisons avec des aménagements urbains, qu'ils sachent que ces 458 millions d'euro correspondent au coût de la rénovation urbaine actuellement menées dans les quartiers de Torcy cités et Le lac à Sedan (120 millions), de La Houillière, de la Ronde Couture et de Manchester à Charleville-Mézières (206 millions) et du Charnois à Fumay (40 millions) auquel il faudrait ajouter celui de la construction du lycée de Revin (38 millions) ainsi que du CFA de Poix-Terron (13,7 million), du collège de Revin (11 millions), de la médiathèque de Charleville-Mézières (6 millions), du centre aquatique de Mouzon (6,2 millions), du pôle culturel de Sedan (3 millions), de la nouvelle scénographie du musée Guerre et Paix de Novion Porcien (2,8 millions), de la salle polyvalente de Carignan (2,5 millions), de la MARPA de Juniville (1,7 millions) et de la modernisation du port de Givet (6,2 millions). Bref, de tous les aménagements en cours ou en projet dans l'ensemble du département! Evidemment, d'autres comparaisons seraient possibles, mais la démonstration nous semble suffisante. Si, vu de Paris, les sommes rétrocédées au titre du bouclier fiscal, qui s'élèvent tout de même à 368.261 euro en moyenne pour les 834 contribuables les plus aisés (soit près de 30 années de SMIC!) semblent peu de choses, vu des Ardennes, département sinistré par la crise économique, elles représentent une montagne d'argent dont on aurait sans difficulté l'usage. Tout est relatif, dit-on, en voici un bel exemple que nos décideurs pourraient méditer avec profit ...

jeudi 19 mars 2009

Des manifestants encore plus nombreux à Charleville-Mézières !

Mobilisation réussie! La manifestation qui s'est tenue ce matin au chef-lieu des Ardennes, entre la place ducale nouvellement piétonnisée et la Préfecture en passant devant la permanence de la députée UMP Bérengère Poletti (que voulez-vous, il faut bien se défouler un peu en ces temps de grisaille économique et sociale!) a rassemblé encore plus de monde que celle du 29 janvier. Combien exactement ? Nous sommes incapables de le dire avec précision, mais une chose est certaine : les manifestants, particulièrement remontés contre la politique gouvernementale à lire leurs banderoles et à écouter leurs discussions, n'étaient pas constitués uniquement de membres de la Fonction Publique et de retraités, mais aussi de salariés du privé, de lycéens et de personnes contraintes de vivre des minima sociaux. Un cortège hétéroclite donc, comme vous pouvez le voir ci-dessous, avec cependant des revendications communes qui devraient amener Nicolas sarkozy et ses ministres à modifier au plus vite leurs positions, et qui a été l'occasion, comme le MRC 08 s'y attendait, de discussions très prometteuses dans la perspectives des élections européennes du 07 juin prochain













dimanche 15 mars 2009

Quelques alexandrins pour un patron pas anodin

Vous savez tous qu'une fois n'est pas coutume.
Aujourd'hui, je prends donc ma plus belle plume
non pas pour dénoncer un dysfonctionnement
mais pour vanter l'action d'un patron éminent.

Dirigeant d'une usine sise à Bazeilles
qui depuis vingt ans fabriquait des merveilles,
France Ardenne Aluminium pour la nommer,
il a su, face à l'adversité, s'illustrer.

Comment ? Alors que son carnet de commandes
était totalement vide, il a payé
dix-sept mois durant à taux plein ses salariés
qui n'auraient pas imaginé telle offrande.

Cette situation ne pouvant plus durer,
Laurent Truffy, puisque c'est de lui qu'il s'agit,
s'est trouvé obligé de la faire cesser.
Puisse son nom rester longtemps chez nous en vie !

vendredi 13 mars 2009

Grève : pour être entendus, répétons le message !


Le 29 janvier dernier, à l'appel de 8 organisations syndicales, deux millions et demi de personnes étaient descendues dans la rue afin de manifester leur opposition à la politique économique et sociale menée par le gouvernement. Ce mouvement, d'une ampleur inédite en France depuis la fronde contre le CPE, avait été encore plus suivi dans les Ardennes puisque 4.500 personnes s'étaient rassemblées à Charleville-Mézières, soit la plus grosse manifestation connue par le chef-lieu depuis 1995! Cette mobilisation exceptionnelle, prouvant l'incongruité, pour ne pas dire plus, des propos tenus pendant l'été par le Président de la République sur l'inaudibilité nouvelle des grèves en France, avait amené ce dernier, d'un part à s'adresser à la Nation le 05 février, et d'autre part à organiser une grande consultation avec les syndicats le 18 février.

Ces initiatives ont permis d'apporter une légère inflexion sociale au plan de relance du gouvernement puisque quelques mesures allant dans le bon sens ont été annoncées, qu'un fonds d'investissement social a été programmé et qu'un processus de concertation sur le partage de la valeur ajoutée et des profits a été proposé. Malheureusement, le gouvernement a refusé catégoriquement d'augmenter le SMIC, de modifier sa politique d'emploi dans la fonction publique et de revenir sur la défiscalisation des heures supplémentaires. Avec 2,6 milliards d'euro concédés aux salariés contre plus de 25 aux entreprises par l'intermédiaire de la suppression de la taxe professionnelle, il n'y a donc pas eu de modification réelle du cap économique alors que la crise, qui ne cesse de s'accroître avec près de 6.000 salariés au chômage partiel dans les Ardennes, nécessite une réponse d'une toute autre portée.

Dans ce contexte, les mêmes organisations syndicales ont décidé d'appeler les salariés du privé et du public, les chômeurs et les retraités à une journée nationale de mobilisation interprofessionnelle jeudi 19 mars afin d'augmenter la pression sur le gouvernement et de rappeler leurs revendications en matière d'emploi, de lutte contre la précarité et la déréglementation, de maintien du pouvoir d'achat et de défense des services publics. Une manifestation aura donc lieu à Charleville-Mézières, avec un départ de la place ducale vers 10h00 jusqu'à la Préfecture, à laquelle le MRC 08 s'associe pleinement. Nous demandons donc à nos adhérents, à nos sympathisants, et au delà à tous les Républicains de progrès, de participer à ce rassemblement dont nous ne doutons pas qu'il connaîtra un succès au moins égal à celui du 29 janvier. Cette journée, qui bénéficie du soutien de 62 % des Français et de 42 % de ceux qui ont voté pour Nicolas Sarkozy au 2ème tour de l'élection présidentielle en 2007, doit être le point de départ d'une prise de conscience par ce dernier de l'ampleur du mécontentement, y compris dans son propre électorat. Elle peut aussi constituer le lancement effectif sur le terrain de la campagne des forces de progrès social pour les élections du 07 juin qui doivent impérativement aboutir à une réorientation de la construction européenne.

mardi 10 mars 2009

Un nouveau coup dur pour la ligne Givet-Dinant


Grâce à la résistance héroïque en 1815, après Waterloo et jusqu'au traité de Paris, du Général Comte Bourck contre les Prussiens qui tentaient de s'emparer des fortifications de Charlemont, Givet est restée française ainsi que son arrière pays, ce qui a donné naissance à ce décrochement si particulier de la frontière nord de la France, que l'on appelle chez nous la Pointe des Ardennes et en Belgique la Botte. Évidemment, cette configuration territoriale n'a pas été sans conséquences : bien avant la libre circulation des hommes permise par la création de l'espace Schengen en 1993, les populations ont fait fi des frontières et ont créé des familles franco-belges dont l'existence transparaît au travers de nombreux patronymes locaux. Parallèlement, les capitaux belges ont afflué à Givet et ont donné naissance à un grand nombre d'usines, afin de contourner les taxes douanières prohibitives existant à l'époque et de profiter ainsi du marché de la France métropolitaine et de celui de la France coloniale. Quant aux infrastructures de communication, elles ont bien sûr relié Givet au reste du pays, aussi bien par la voie routière que ferroviaire et fluviale, mais également à la Belgique, notamment par le port qui à l'époque de sa splendeur a été le 2ème port fluvial en France et par la voie ferrée.

Hélas, après la grandeur qui avait valu à Givet de recevoir la visite du Président De Gaulle en 1963, est venue la décadence. Lente, insidieuse, mais profonde, elle s'est traduite par la réduction continue du tissu industriel. Elle a aussi abouti à une diminution des liaisons ferroviaires avec la Belgique : après la disparition des trains semi-directs entre Givet et Bruxelles, la ligne Givet-Dinant a été mise à voie unique en 1965 avec 9 allers-retour en semaine et 6 le week-end; en 1984 le trafic voyageur, désormais assuré par la seule SNCF, a été réduit à 4 allers-retour quotidiens avec des correspondances à Dinant atteignant parfois 40 minutes ... avant d'être supprimé en 1988, tout comme le trafic fret en 1989 et le trafic touristique par trains à vapeur en 2000. Depuis les années 1990, Givet est ainsi devenue ce qu'il faut bien appeler un cul-de-sac, d'autant que son port a également été fermé à la même époque.

Cet arrêt des liaisons non routières avec la Belgique n'a bien sûr pas été apprécié par les décideurs locaux , et notamment par Claude Wallendorff, le sémillant apolitique de Droite maire de Givet depuis 2001 et conseiller général du canton depuis 2008, qui a fait de la réouverture de la ligne ferroviaire Givet-Dinant ce qu'il appelle parfois son "dada". Pour l'obtenir, parmi les nombreuses initiatives qu'il a prises et qui montrent qu'il a de la suite dans les idées (certains diront de l'entêtement), on peut citer les études réalisées dans le cadre du programme Interreg 3 entre 2003 et 2005 sur la faisabilité et le coût de cette réouverture, l'inscription de ce projet dans le dernier Contrat de Projets Etat Région de la région Champagne-Ardenne ou encore les demandes répétées auprès du Président de la République qui ont conduit ce dernier à accepter que la France prenne à sa charge la moitié du coût de la réouverture de cette ligne, estimé à 28 millions d'euro, alors que seuls 3 de ses 22 kilomètres se trouvent dans notre pays. Malheureusement, ces démarches se heurtent depuis le début à l'opposition des autorités belges qui ont fait le choix dès 1991 de désenclaver Dinant en investissant 150 millions d'euro dans l'électrification de la ligne de fret Athus-Meuse qui permettra, d'une part de relier le port d'Anvers à la Suisse et à l'Italie, et d'autre part de délester la ligne Bruxelles-Luxembourg.

La situation semble donc bloquée! Pourtant, la Communauté de communes Ardenne Rives de Meuse, appuyée par le Conseil général des Ardennes, le Conseil régional de Champagne-Ardenne et l'Etat, n'a pas désarmé pour autant. Ainsi, elle a proposé il y a quelques semaines d'organiser à ses frais un colloque au Parlement wallon sur le dossier. Cette initiative, en soi louable, n'a pas eu l'effet escompté puisqu'après avoir reporté le colloque du printemps à l'automne, les parlementaires wallons ont adopté le 04 mars une motion réaffirmant leur opposition à la réouverture de la ligne Givet-Dinant, au motif principal que le potentiel de voyageurs essentiellement local sera insuffisant pour éviter un déficit d'exploitation, mais aussi parce qu'ils y voient une concurrence potentielle pour la ligne Athus-Meuse et qu'ils considèrent que la desserte actuelle par bus donne toute satisfaction pour un coût moindre. Ils sont même allés plus loin en demandant qu'une option définitive soit prise pour transformer en piste cyclable le tronçon entre Hastière et Dinant. Ce nouvel épisode amène le MRC 08 à penser , à l'image du titre du journal belge "le soir" en date du 05 mars, que "la Dinant-Givet est refermée" et qu'il serait plus constructif de passer à l'étude d'autres projets d'avenir pour la Pointe ... au lieu de miser sur un très hypothétique changement de majorité au Parlement wallon après les élections qui auront lieu dans 3 mois pour rouvrir le dossier. L'erreur est humaine, dit le proverbe, mais il ajoute aussi que la persévérance est diabolique ...

dimanche 8 mars 2009

Magotteaux touchée à son tour par le chômage partiel


Cette semaine, "l’Ardennais" a révélé une excellente nouvelle pour la Pointe des Ardennes ainsi que pour son atout majeur que constitue le port : l'installation, dans des anciens locaux de stockage ayant appartenu à Cellatex, de l'entreprise Gema spécialisée dans l’importation de magnésie à destination des aciéries du nord de la France et du Benelux. Déjà créatrice de 7 emplois, cette firme envisage de porter d'ici 2 ans ses effectifs à 45 salariés grâce à la transformation sur place de la matière importée afin de fabriquer des produits spécifiques pour chacun de ses clients. En ces temps de crise, cette implantation mérite incontestablement d'être saluée. Cependant, l’arbre, aussi prometteur soit-il, ne doit pas cacher la forêt! Le tissu industriel local continue à se réduire comme le montre le dépôt de bilan de la MIG, qui risque hélas d’aboutir, non pas à une procédure de redressement judiciaire, mais à une liquidation pure et simple. Ce serait donc 17 emplois qui disparaitraient à très court terme alors que ceux envisagés par Géma ne se concrétiseront qu’à moyen terme … dans la mesure encore où sa maison mère, Est Réfractaires, qui ne compte actuellement que 6 salariés, aura les moyens de les créer réellement.

Par ailleurs, les fleurons industriels de la Pointe voient l'étau de la terrible crise économique, dont nous commençons seulement à subir les effets, se resserrer encore un peu plus. Après Schulman Plastics qui a mis en place des mesures de chômage partiel depuis quelques semaines, Magotteaux, située à Aubrives et qui emploie une grosse centaine de salariés, est contrainte à son tour de s’adapter à la baisse brutale de son carnet de commandes : après avoir instauré en début d’année une modulation du temps de travail consistant à faire travailler le personnel 4 jours par semaine pendant les 6 premiers mois de l’année et 5 jours par semaine pendant les 6 mois suivants, la dégradation de la conjoncture l’oblige maintenant à mettre au chômage partiel son personnel 3 jours par semaine jusqu’à la fin du mois d’avril, en attendant peut-être des mesures plus radicales. Cette décision que la direction se refusait fermement à envisager en début d’année ne sera bien sûr pas sans conséquence sur les sous-traitants habituels de l’entreprise, à commencer par CFT située à Chooz.

Face à cette crise majeure, le MRC 08 sait très bien que les solutions ne se trouvent pas à l’échelle locale, ni même nationale, mais à l’échelle internationale avec en priorité la mise en place de zones de libre-échange régionales limitées aux seuls pays ayant atteint le même niveau de protection sociale et environnemental. Cependant, il nous semble que les collectivités locales ne doivent pas se contenter d’attendre des solutions venues d’ailleurs, mais qu’elles ont le devoir moral de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour permettre aux salariés en difficulté de faire face à la mauvaise passe qu’ils traversent. Pour cela, nous leur suggérons par exemple, en cette période d’élaboration des budgets, de diminuer les sommes consacrées aux festivités, aux réceptions et aux autres dépenses ne revêtant pas un caractère indispensable de façon à pouvoir augmenter celles allouées aux CCAS, afin entre autres d’aider les salariés en chômage partiel à payer les traites des emprunts qu’ils ont souscrits et que les banques n’oublieront pas de leur réclamer.

jeudi 5 mars 2009

Givet qui rit, Givet qui pleure ...


Depuis plus d'un quart de siècle, la Pointe des Ardennes voit son tissu industriel se réduire comme une peau de chagrin. Après le coup de massue terrible qu'a été la fermeture au début des années 1980 du site sidérurgique de la Chiers à Vireux-Molhain, puis les chocs causés par la disparition des usines Tésa Beiersdorf et Cellatex à Givet, les mini-drames industriels se sont enchainés : SBBC à Vireux-Molhain, Bellevret à Givet, EAR à Chooz, Allardin et Sopal à Givet, Cmia à Aubrives, et bien d'autres encore ont successivement fermé leurs portes! Bien sûr, malgré les emplois créés par la centrale nucléaire de Chooz B dont on s'est vite rendu compte qu'ils ne correspondaient que très peu à la main d'oeuvre localement disponible, le taux de chômage en a été affecté au point de devenir l'un des plus élevés du département et même de toute la région Champagne-Ardenne. Quant à l'avenir, à l'image de ce qui se passe aujourd'hui à travers toute la planète qui découvre les inconvénients de la mondialisation en temps de crise économique, il s'annonce particulièrement sombre : plusieurs grosses entreprises connaissent des difficultés qui les ont amené, pour le moment, à recourir à des mesures de modulation du temps de travail voire à du chômage partiel, les intérimaires ont disparu et les CDD sont de plus en plus rarement renouvelés.

Toutefois, dans ce tableau d'une grande noirceur, un frêle rayon de soleil vient de faire son apparition puisque l'entreprise Gema a décidé de s'implanter dans 15.000 m2 des anciens locaux de stockage de Cellatex. Spécialisée dans l'importation de magnésie (la noire, dont la stabilité lui permet d'être utilisée comme revêtement interne des creusets utilisés en métallurgie, et non la blanche qui sert à améliorer les performances des mains des adeptes de l'escalade et de la gymnastique artistique!), cette firme prévoit dans un 1er temps de stocker 35.000 tonnes par an de cette matière afin d'approvisionner une vingtaine d'aciéries situées dans un rayon de 250 kilomètres autour de Givet. Puis, dans un 2ème temps, elle envisage de procéder à sa transformation sur place pour fabriquer un produit adapté aux besoins spécifiques de chaque client, ce qui nécessitera de faire passer les effectifs de 7 aujourd'hui à 45 dans 2 ans. Une excellente nouvelle donc pour Givet, et ce pour 3 raisons : des emplois industriels vont être créés dans une ville qui a l'habitude de les voir disparaître, le site de Cellatex va revivre à nouveau même s'il ne retrouvera pas sa splendeur d'antan et surtout cette installation va conforter l'atout numéro 1 de Givet et de la Pointe des ardennes, à savoir le port qui bénéficie à juste titre de toute l'attention de nos décideurs.

Malheureusement, comme une hirondelle ne fait pas le printemps, l'arrivée de Gema à Givet ne signifie pas la fin de ses difficultés économiques. Tout au plus une atténuation, puisque les 7 emplois effectivement créés à ce jour sont déjà plus qu'annulés par les 17 qui seront très prochainement détruits suite au dépôt de bilan il y a 2 jours de Métal Industriel de Givet, une entreprise spécialisée dans la production de barres en bronze destinées essentiellement à l'automobile, l'agroalimentaire et la mécanique. La création destructrice d'emplois continue donc à se solder par une perte nette, mais le MRC 08 constate que l'horizon semble moins bouché qu'auparavant grâce au développement du port qui commence à faire sentir ses effets bénéfiques. Nous encourageons donc vivement tous les décideurs politiques et économiques à poursuivre leurs efforts pour améliorer encore l'attractivité de cet équipement structurant d'avenir. L'enjeu est plus qu'important, il est vital pour Givet et ses alentours, ce qui justifie pleinement la mise en place d'une Union Sacrée afin d'ouvrir à ce territoire une perspective économique à la fois ambitieuse et réaliste.

mardi 3 mars 2009

Européennes : le PS abat ses cartes !

Le week-end dernier, par 189 voix contre 14 et 18 abstentions, le Conseil National du PS a entériné la liste de ses candidats pour les élections européennes et adopté le texte programmatique "Donner une nouvelle direction à l'Europe". Considéré comme la consultation électorale la plus importante au monde par son nombre d'électeurs potentiels (plus de 360 millions!) après celles qui se déroulent en Inde, ces élections, qui ont lieu au suffrage universel direct tous les 5 ans depuis 1979 et qui en sont donc à leur 7ème édition, permettent aux 27 Etats membres de l'Union Européenne de désigner leurs représentants parmi les 736 députés constituant le Parlement Européen dont chacun sait qu'il siège à Strasbourg. Cette année, pour cause d'élargissement à la Roumanie et à la Bulgarie, la France élira 72 députés au lieu de 78 en 2004 et même 87 en 1999. Conformément aux textes en vigueur, si le décompte des voix et la communication des résultats auront lieu exactement au même moment dans les 27 Etats, chacun choisira au nom du respect de ses règles et coutumes le jour de son élection sur une période qui s'étalera du jeudi 12 juin au dimanche 14 juin à 22 heures. Dans le même état d'esprit consistant à ménager la chèvre et le chou, c'est à dire la volonté des autorités européennes d'uniformiser le scrutin sans brusquer les Etats qui tiennent encore à leur souveraineté, si les députés seront tous élus au scrutin de liste avec représentation proportionnelle à la plus forte moyenne, sans panachage et à un seul tour, chaque Etat choisira le cadre dans lequel ce scrutin aura lieu : circonscriptions régionales ou interrégionales, circonscription unique correspondant à l'ensemble du pays ou système mixte.

En France, depuis 2004, on est passé d'une élection nationale à une élection dans le cadre de 8 grandes régions. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Officiellement, c'est pour contribuer à l'ancrage territorial des élus et à leur rapprochement avec les citoyens, ainsi que pour garantir la représentation des différents territoires constituant notre pays. Des objectifs fort louables donc, mais qui n'ont pas convaincu les Français puisqu'ils n'ont été que 43,1 % à aller voter en 2004 contre 54,5 % au niveau européen et qu'ils ne connaissent toujours pas aujourd'hui le nom des eurodéputés de la circonscription dans laquelle ils vivent. Cette dénationalisation du scrutin cache par conséquent des buts officieux qui sont, d'une part d'accoutumer progressivement les Français à l'effacement du cadre national, et d'autre part de donner une prime aux grands partis : dans les régions n'ayant que peu de sièges (comme l'ensemble constitué du Limousin, du Centre et de l'Auvergne qui n'a droit qu'à 5 députés), même s'il ne faut théoriquement que 5 % des voix pour obtenir des élus, il est évident qu'une liste réalisant 10 % peut très bien n'obtenir aucun député! Une manipulation électorale donc, concoctée sur mesure par les dirigeants de l'UMP pendant l'ère Chirac avec la bénédiction du PS pour diminuer les élus des petits partis comme l'ensemble LO-LCR ou encore CPNT qui avaient eu l'outrecuidance d'obtenir chacun 5 eurodéputés en 1999. Les électeurs et les électrices ardennais voteront donc le 14 juin dans le cadre de la "région est" qui rassemble les 18 départements de l'Alsace, de la Bourgogne, de la Champagne-Ardenne, de la Franche Comté et de la Lorraine.

Cette "région est" ayant droit à 9 élus, le PS a désigné pour défendre ses couleurs la liste suivante : Catherine Trautmann (député européenne sortante, ancienne maire de Strasbourg et ex ministre de la culture), Liem Huang Gnoc (délégué national à l'économie parachuté sur un siège gagné d'avance), Aurélie Philippetti (députée de la Moselle et porte-parole du PS à l'Assemblée nationale, sensée incarner grâce à ses 36 ans un rajeunissement), Mustapha Sadni (économiste à l'ONU destiné à montrer l'ouverture vers les "minorités visibles"), Catherine Boursier (députée européenne sortante depuis la démission de la nouvelle maire de Reims, Adeline Hazan), Pierre Pribetich (adjoint à l'environnement et à la politique de la ville à Dijon), Françoise Tenenbaum (députée européenne sortante et sure d'être sortie), Eric Loiselet (1er secrétaire fédéral de la Haute Marne) et Sofia Otokoré (vice-présidente du conseil régional de Bourgogne et membre du Bureau national du PS). La région Champagne-Ardenne n'aura donc droit qu'à un seul prétendant, en position non éligible, et le département des Ardennes, qui avait pourtant proposé 4 candidats, à aucun! Est-ce à dire que la rue de Solférino considère sans intérêt les socialistes ardennais ? Pas exactement, puisque Claudine Ledoux, maire de Charleville-Mézières, et Christophe Léonard, nouveau conseiller général de Charleville-centre, bénéficieront de strapontins de consolation en figurant respectivement à la 4ème et à la 5ème place de la liste des suppléants. Quant à Joël Dujeux, président du bien connu Football Club de Flohimont et secrétaire de la section de la section socialiste de Givet, à la surprise générale et au grand dam des habitants de la Pointe des Ardennes, il n'a pas été retenu ... mais cette "erreur" de casting a encore une petite chance d'être réparée puisque les adhérents se prononceront le 12 mars sur la liste établie par leurs instances nationales.

lundi 2 mars 2009

Ardennes: tout (ou presque) sur la situation sociale


Après avoir atteint un point bas en février 2008 avec 1.896.810 personnes touchées, soit 7,2 % de la population active, le chômage en France est reparti à la hausse, d'abord modérément, puis beaucoup plus brutalement à partir de l'automne au point de frapper en janvier 2.204.500 demandeurs d'emploi de catégorie 1 (vous savez, cette segmentation créée volontairement pour minorer les chiffres globaux ... que l'on pourrait appeler la partie émergée de l'iceberg!), ce qui correspond désormais à 8,3 % de la population active nationale. Bien sûr, les Ardennes ne sont pas restées à l'écart de ce retournement de conjoncture qui, hélas, s'annonce plus structurel que conjoncturel : le nombre de chômeurs y est ainsi passé sur la même période de 11.250 (10,1 % de la population active, soit 2,9 points de plus que la moyenne hexagonale) à 13.107 (11,8 % de la population active, soit maintenant 3,5 points au dessus de la moyenne nationale). La dégradation a donc été plus forte dans notre département, ce qui s'explique certainement par le poids du secteur secondaire (et en particulier par celui de la sous-traitance automobile) qui occupe encore près de 36 % des salariés contre seulement 20% en France. Il en résulte des différences locales importantes : si les bassins d'emploi de Charleville-Mézières et de Sedan sont proches de la moyenne départementale, celui de Rethel-Vouziers reste inférieur aux chiffres hexagonaux alors que celui de Revin, sinistré, a le triste privilège de connaître les chiffres les plus élevés de toute la région Champagne-Ardenne. Mais le plus grave se trouve ailleurs : les moins de 25 ans représentent 26,2 % des privés d'emploi ardennais contre 21 % pour la moyenne nationale, et surtout les chômeurs inscrits depuis plus d'un an, qui reflètent l'inadaptation d'une partie de la population active ardennaise au marché actuel du travail, s'élèvent à 30,5 % de la moyenne départementale contre 23 % en France!

Ce tableau bien sombre n'a rien de réjouissant, d'autant que dans ses grandes lignes, il reste sensiblement équivalent à celui des années précédentes. Inévitablement, il a des répercussions fiscales : sur les 158.189 déclarations établies en 2008 pour l'impôt sur le revenu, seulement 47,5 % ont donné lieu à l'établissement d'un avis d'imposition (la moyenne nationale s'établit à 53,7 %) avec un prélèvement de 1478 euro contre 2425 euro pour l'ensemble de la France; la part des bénéficiaires de la prime pour l'emploi par rapport au nombre d'avis d'imposition s'élève à 27,4 % alors que la moyenne hexagonale s'établit à 25,1 %. Ses conséquences sociales sont tout aussi importantes comme le montrent les 8202 personnes qui perçoivent le RMI ou encore les 108 dossiers de surendettement déposés en janvier, ce qui représente une envolée de 83 % par rapport au point bas atteint en août 2008. Quant à ses effets dans la vie quotidienne, ils sont nombreux, à commencer par le report des dépenses jugées non indispensables comme l'achat des voitures neuves qui a chuté de 22 % sur un an glissant, malgré la mise en place de la prime à la casse, et celui des véhicules d'occasion qui a baissé sur la même période de 12,5%.

Toutefois, une analyse plus complète de la situation amène aussi à constater que le nombre de personnes assujetties à l'impôt sur la fortune (vous n'aurez pas manqué de remarquer que nous n'avons pas utilisé l'expression très en vogue de "victime de l'ISF", ce qui prouvera aux plus récalcitrants que le MRC 08 est bien situé à Gauche!) a franchi pour la première fois la barre des 1000, avec très exactement 1012 privilégiés de la fortune, ce qui représente une hausse de 3,37 % par rapport à 2007 et une envolée de 46 % par rapport à 2004! De la même façon, en s'établissant à 18.041 euro, le revenu moyen par foyer fiscal a quasiment rattrapé les 18.055 euro de la Champagne-Ardenne, qui est loin d'être la région la plus mal lotie de France, ce qui explique certainement pour partie la droitisation que connaissent les Ardennes depuis quelques années. L'échelle des revenus est donc en train de s'élargir dans le département, ce qui générera très probablement des frustrations, et par voie de conséquences des crispations sociales voire des tensions, à l'image du blocage il y a quelques semaines par des jeunes de la Ronde Couture du chantier de démolition de la tour des bouvreuils pour que la clause sociale prévue dans les programmes de l'Agence nationale de la rénovation urbaine soit totalement respectée. Plus que jamais, les Ardennes s'apparentent donc à une terre de paradoxes qui mériterait une attention particulière de la part des pouvoirs publics pour éviter qu'elles ne fassent, dans un avenir proche, la une de l'actualité sociale après avoir fait celle de l'actualité économique.