Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


lundi 23 août 2010

Entretien de JP Chevènement au journal de Saône et Loire


Vous êtes le premier élu non-socialiste invité d’honneur à la fête de Frangy. C’est un symbole important pour vous ?
Oui, je pense qu’il faut que la gauche dialogue, que l’on essaye de se mettre tous ensemble à la hauteur des enjeux. La tache est difficile, nous sommes dans une crise profonde, celle du néolibéralisme. Et le Parti socialiste n’est pas toujours bien armé pour y faire face, ne serait que parce qu’il a contribué à sa mise en place dans les années 80-90. Cela dit, il faut parler du fond, même si quelquefois le fond nous oppose.

Arnaud Montebourg organise les primaires de la gauche. Votre mouvement a déjà annoncé qu’il n’y prendrait pas part. Pourquoi ?
Dans l’état actuel des choses, où les principaux candidats socialistes ont déjà fait connaître qu’ils ne se présenteraient pas les uns contre les autres, je ne sais plus très bien ce qu’est la signification réelle de ces primaires. D’autre part, pour qu’il puisse y avoir un concours loyal, il faut quand même que nous soyons d’accord sur le fond, sinon c’est un mécanisme de désistement presque défini à l’avance.

Vous craignez que le PS étouffe dans ces primaires les petits partis de gauche et notamment du MRC ?
Le MRC c’est une ligne ; c’est la ligne d’un programme de salut public qui vise à armer la France pour qu’elle sorte vivante de cette crise qui nous écrase à l’échelle mondiale, mais aussi au niveau européen.

Serez-vous le candidat du MRC en 2012 ?
Le MRC s’est prononcé pour le soutien à un candidat républicain, pour ce qui me concerne je n’ai pas encore décidé d’être candidat, mais j’ai dit clairement que je n’excluais rien.

Vous avez été ministre de l’Intérieur, quelle lecture avez-vous des dernières annonces du gouvernement en matière de sécurité ?
Nicolas Sarkozy fait ses choux gras d’une délinquance qu’il aurait dû maîtriser depuis 2002. Il revient sans cesse à la charge par des déclarations répétées, je vois dans cette stratégie la marque d’un électoralisme dévoyé. On sait que les agressions contre les personnes n’ont pas cessé d’augmenter depuis 2002 et les attaques contre les policiers se sont multipliées ces dix dernières années. Et puis je n’oublie surtout pas que Nicolas Sarkozy a supprimé la police de proximité que j’ai créée en 1999. Cette police avait un rôle à la fois préventif et répressif. Je crois que Nicolas Sarkozy en abandonnant le volet préventif, a abandonné les conditions qui permettent de faire une bonne police. Mais, J’invite la gauche à ne pas rentrer dans ces polémiques qui sont faites pour servir l’actuelle majorité.

Considérez-vous Arnaud Montebourg comme un candidat crédible pour les primaires de la gauche ?
J’ai beaucoup de sympathie pour Arnaud Montebourg, ses positions sur la question européenne ont notamment été des choix courageux, il a mis le doigt sur ce qui n’allait pas. Je considère Arnaud Montebourg comme un homme talentueux, je lui avais confié une mission sur les paradis fiscaux quand j’étais ministre de l’Intérieur. Je pense qu’il est aujourd’hui un grand espoir du PS.
(Propos recueillis le 22 août 2010 par Benoit Montaggioni)

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