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jeudi 10 septembre 2009

Thomé-Génot : les ex-patrons voyous sévèrement sanctionnés par la justice


Cela faisait longtemps que les 320 ex-salariés de Thomé-Génot, licenciés à la fin 2006 lors de la fermeture de leur entreprise, attendaient que la justice se prononce sur le scandale dont ils ont été victime et que toute la France a fini par connaître. C'est désormais chose faite, puisque avant-hier le tribunal correctionnel de Reims a condamné Greg Willis, l'ancien PDG tout droit débarqué des Etats Unis en septembre 2004, et Catherine Zickfeld, sa fidèle collaboratrice, à la peine maximale prévue par la loi pour abus de biens sociaux, recel et banqueroute par détournement, soit 5 ans de prison ferme. La sentence a été complétée par 5 ans d'interdiction de gérer et par l'obligation de verser 20 millions d'euros de dommage et intérêts à la Région et au Conseil général (en réparation de la prime consentie pour l'entrée des salariés dans le Contrat de Transition Professionnel) ainsi qu'à la Communauté d'Agglomération Coeur d'Ardenne (en réparation de la perte de taxe professionnelle) et au liquidateur.

Pour le MRC 08, cette condamnation exemplaire permet d'établir sans ambiguïté les responsabilités dans la disparition de Thomé-Génot. Si l'entreprise, créée en 1863, a été mise en liquidation judiciaire le 24 octobre 2006, ce n'est pas parce que ses salariés ont mal fait leur travail ou ont manqué de dynamisme, c'est parce qu'elle a été victime d'un pillage méthodique, d'abord de son savoir-faire, puis de sa trésorerie après la vente de son patrimoine immobilier, par les dirigeants du groupe américain Catalina au profit d'usines situées au Mexique. Son sang a été sucé jusqu'à la dernière goutte par des patrons dont l'attitude a ressemblé plus à celle de vampires qu'à celle d'industriels! Le personnel est ainsi lavé de tout soupçon d'incompétence et son honneur est désormais rétabli, en même temps que le comportement coupable des ex-dirigeants est démontré de façon éclatante.

Malheureusement, cette condamnation risque fort de se limiter à une victoire morale des salariés puisque les 2 patrons voyous ont disparu dans la nature depuis maintenant près de 3 ans. Bien sûr, la justice française suppose qu'ils ont regagné les Etats-Unis et elle a lancé un mandat d'arrêt international à leur encontre en septembre 2008 pour tenter d'obtenir leur arrestation. Mais personne ne se fait d'illusion : aucune opération commando ne sera ordonnée par Nicolas Sarkozy, autoproclamé pourfendeur des capitalistes véreux, pour récupérer de force les 2 malandrins et aucun début de commencement de mesure ne sera pris par les autorités américaines pour permettre leur extradition! La peine prononcée restera donc symbolique, mais elle n'en est pas moins essentielle pour le moral des ex Thomé-Génot qui en ont bien besoin puisque 180 d'entre eux n'ont toujours pas retrouvé un emploi fixe en CDI. Surtout elle peut avoir des vertus préventives auprès de ceux qui seraient tentés de confondre la liberté offerte par le système capitaliste avec l'absence de toute protection pour l'outil de travail et les salariés.

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