Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


lundi 29 octobre 2007

Environnement: l'Etat parle bien, mais agit mal!

Il est parfois des coïncidences bien génantes. Ainsi, la semaine dernière, le gouvernement a mis en musique un grand show écolo en organisant de façon ultra médiatisée un "Grenelle" de l'environnement. L'objectif? Répondre au drame absolu, terrifiant et urgentissime que représente l'augmentation de l'effet de serre en proposant une batterie de mesures destinées à diminuer les rejets de CO2. Parmi celles-ci, on pouvait entre autres relever le durcissement des normes énergétiques pour les bâtiments qui viendraient à être construits (en omettant de préciser que celà entraînera un surcoût d'environ 10%: simple dégât collatéral, certainement, mais a-t-on pensé à demander l'accord des primo accédants à la propriété les moins fortunés?), la création d'une éco-redevance qui taxerait les poids lourds en fonction du nombre de kilomètres parcourus, la mise en place d'une pastille verte qui récompenserait les véhicules les moins polluants et sanctionnerait les autres, l'arrêt de la construction d'équipements routiers et aéroportuaires au profit d'un vaste plan de frêt sur le rail. Bref, "une révolution de nos critères" comme le dit le Président de la République afin, d'après le ministre de l'environnement, "de laisser la place à une logique de développement intégré, multimodale, dans laquelle la route et l'avion deviennent des solutions de dernier recours imposées par l'état des technologies ou de la géographie". Ces mots destinés à répondre aux maux de la planète (jeu de mots un peu facile, nous vous l'accordons) étant globalement de bon sens et donc consensuels, ils n'ont pas suscité de réactions d'hostilité particulière.
Pourtant, au MRC-08, nous nous posons une question. Ces bonnes résolutions du gouvernement reflètent-elles sa véritable pensée politique ou ne sont-elles qu'un effet d'annonces de plus? Quel scepticisme déplacé, direz-vous certainement! Pourquoi une telle méfiance? Tout simplement parce que nous avons pris connaissance ce week-end de 2 décisions qui auront des effets exactement opposés à ceux recherchés par ce "Grenelle" de l'environnement. Lesquelles? D'abord la suppression par la SNCF à compter de décembre "pour des raisons économiques" de ses activités de frêt en wagons isolés à Revin, Nouzonville et Challerange, ce qui provoquera inévitablement une augmentation du trafic de poids lourds autour de ces 3 endroits. Ensuite, la fermeture des tribunaux d'instance de Rethel, Rocroi et Vouziers et du tribunal de commerce de Charleville-Mézières, ce qui entraînera une centralisation des procédures judiciaires dans le chef-lieu du département et à Sedan et donc un allongement non négligeable des déplacements en voiture pour beaucoup de justiciables. Autant dire que si l'objectif est de diminuer grâce au train et à la baisse de la circulation automobile les rejets de CO2, il ne faudra pas compter sur les Ardennes pour l'atteindre, à moins que le gouvernement n'ait intégré dans ses calculs quelques fermetures possibles d'usines. Mais là, ce serait du cynisme absolu de sa part! En est-il capable? Nous nous garderons bien de trancher cette question...

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