Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


samedi 28 mars 2009

Aubrives : les chiffres en disent plus qu'un long discours !


Jeudi soir, le Conseil municipal d'Aubrives s'est réuni afin, essentiellement, d'examiner les comptes administratifs 2008 (c'est à dire le résultat effectif de l'exécution par le maire des dépenses et des recettes votées par l'Assemblée municipale) et le budget primitif 2009 (c'est à dire la prévision des enveloppes de crédits permettant d'engager les dépenses pendant la durée de l'exercice et la détermination des recettes attendues). Il s'agissait donc d'une séance particulièrement importante puisqu'elle avait pour objet de donner quitus de la gestion passée et de définir la ventilation des sommes à décaisser pour l'année en cours. Rien d'étonnant dans ses conditions qu'elle ait duré plus de 4 heures et qu'elle ait donné lieu à des échanges que l'on qualifierait, dans le langage diplomatique, de fermes voire d'énergiques. Que faut-il en retenir ? A mon avis, trois choses.

La première est que le compte administratif 2008, survolé de façon volontaire par l'exécutif municipal, a révélé, après un examen précis que j'avais minutieusement préparé, un certain nombre de dérives. Les principales sont l'augmentation de 9,8 % des frais de télécommunication (ligne 6262 : l'adjoint aux plantes vertes a justifié cette hausse par le fait que "certains travaillent, y compris le samedi et parfois aussi le dimanche" ... mais cette explication me paraît douteuse, pour ne pas dire plus, étant donné que les administrations et la plupart des entreprises sont fermées pendant le week-end ! La raison véritable se trouve donc ailleurs, et puisqu'elle n'a pas été dévoilée, c'est certainement qu'elle est peu avouable), de 22 % des fournitures administratives (ligne 6064 : le maire a affirmé, sourire au coin des lèvres et visiblement fier de son attitude, que cette hausse était due au fait que l'on avait besoin de plus de fournitures administratives, ce qui est tout sauf une explication, surtout dans une commune qui a vu sa population diminuer. Reconnaître un usage intensif de dispositifs bureautiques plus modernes et donc plus coûteux aurait été plus honnête, mais visiblement au dessus des moyens de l'intervenant) et de 35,6 % des fêtes et cérémonies (ligne 6232 retraitée des dépenses effectuées pour le compte de l'association Le Bel Âge : le maire, assisté de l'adjoint aux plantes vertes et de celui aux divertissements, sont alors montés sur leurs grands chevaux et ont affirmé en choeur que c'était un choix de la municipalité de mieux recevoir la population lors des vins d'honneur en servant essentiellement du champagne. Soit, mais pourquoi une telle véhémence dans les propos tenus ? L'exécutif municipal serait-il gêné aux entournures par la révélation de cette dépense qui a bien été réalisée ?). Parallèlement, les sommes prévues pour les catalogues et imprimés (ligne 6236) n'ont été dépensées qu'à hauteur de 5 % (ce qui signifie en clair qu'il n'y a pas eu de magazine municipal en 2008 ... et donc que la population n'a pas été informée des affaires de la commune) tandis que celles affectées aux organismes de formation (ligne 6184) et aux fournitures scolaires (ligne 6067) n'ont été utilisées qu'à hauteur respectivement de 10 % et de 70 %. Au total, le chapitre consacré aux charges à caractère général, qui reflète la qualité de la gestion d'une municipalité, est donc conforme à la prévision, mais cette réalisation apparente du budget proposé cache des écarts qui peuvent se résumer ainsi : des dépenses non indispensables ont littéralement explosé alors que des dépenses essentielles n'ont pas été réalisées. Quant aux dépenses d'investissement, l'analyse du chapitre consacré aux immobilisations en cours, qui est de loin le plus important, révèle que, si l'on exclut la mise en sécurité des carrières et la pose des ralentisseurs décidées et budgétées par la municipalité précédente, il n'a été réalisé que à hauteur du chiffre ridicule de 15,9%! Dans ces conditions, vous vous doutez bien que j'ai refusé d'avaliser ce compte administratif : j'ai donc voté contre, et je tiens à préciser que j'ai été le seul à avoir cette attitude qui me paraît relever de l'honnêteté intellectuelle la plus élémentaire envers celles et ceux qui m'ont élu.

La deuxième chose à retenir de cette séance est que l'examen du budget primitif pour 2009 s'est heurté à un refus catégorique du maire d'apporter des explications sur les principales modifications par rapport au budget primitif 2008 et au compte administratif 2008. Les seules réponses que j'ai pu obtenir à mes questions ont été "vos calculs sont justes" ou "nous en avons décidé ainsi". Curieux procédé, vous en conviendrez, mais qui a l'avantage de permettre de ne pas justifier la nouvelle hausse de 9,8 % des frais de télécommunication (ligne 6262 : si on suit la logique de la réponse faite lors de l'examen du compte administratif, on peut supposer que "certains" travailleront désormais les jours fériés, voire pendant le 8ème jour de la semaine qu'ils n'hésiteront pas à créer pour l'occasion!), pas plus d'ailleurs que la multiplication par 4,5 des frais de colloques et de séminaires (ligne 6185) ou encore la nouvelle augmentation de 37 % des fêtes et cérémonies (ligne 6232, qui se sera donc envolée de 85,7 % en 2 ans pour atteindre 13.000 euro au lieu de 7.000 !). Dans ces conditions, j'ai bien évidemment voté contre ce budget primitif, d'autant qu'il laisse apparaître une capacité d'autofinancement brute estimée de 397.000 euro et une capacité d'autofinancement nette estimée de 290.000 euro ... c'est à dire le chiffre le plus bas depuis 2005, ce qui s'explique par un dérapage inadmissible de 24 % des charges à caractère général.

Enfin, la troisième chose à retenir de cette séance est que, lorsque l'on chasse le naturel il revient au galop. Le dernier Conseil municipal s'était déroulé dans une ambiance sereine que j'avais été le premier à reconnaître. Hélas, ce n'a pas été le cas jeudi! Si je laisse de côté les sempiternels aboiements du pittbull de service qui n'apportent rien à personne ainsi que les paralogismes de celui qui se prend pour l'intellectuel de "l'équipe", je dois constater qu'une nouvelle fois, le maire de notre commune n'a pas su se maîtriser ... au point de m'interdire de "colporter des rumeurs fallacieuses puisque que l'association Pomme d'Api n'a versé aucun don aux écoles d'Aubrives en 2008". Sur le coup, je lui ai notifié que la diffamation était un délit dans le droit français et que sa sortie publique m'autorisait à utiliser toutes les possibilités offertes par la justice pour obtenir réparation. L'avenir dira bientôt si cette solution extrême est nécessaire. En attendant, la nuit aidant, j'ai compris qu'il faisait allusion aux articles parus dans "l'Ardennais" à l'occasion du loto organisé par cette association. Le pauvre homme croit donc que je suis la plume qui rédige ces brèves. C'est me faire un honneur que je ne mérite pas, puisqu'à ma connaissance, je n'ai aucun lien rédactionnel avec ce journal. Mais puisqu'il se plaint de la circulation de rumeurs fallacieuses, je veux bien lui rendre service en rendant publiques 3 informations qui n'ont rien de fallacieuses et que chacun pourra vérifier dans le grand livre des dépenses de la commune :
1) le 22 avril 2008, par le mandat 00232, la mairie a acheté 102 bouteilles de champagne auprès de Champagne Marcoult Roland pour une somme de 1.175,00 euro.
2) le 07 juillet 2008, par le mandat 00380, la mairie a acheté 108 bouteilles de champagne auprès de Demiere Barbier Serge pour une somme de 1296,00 euro.
3) le 04 décembre 2008, par le mandat 00726, la mairie a acheté 72 bouteilles de champagne auprès de Patis Christian pour une somme de 864,00 euro.
LB

11 commentaires:

Ophélie a dit…

Waouh! Aubrives, petit village certes mais grand consommateur de champagne (ça se comprend c'est un produit du pays... ^^)! Ca fait partie des dépenses inutiles! Mais qui dit champagne dit euphorie et folie (tout le monde en a déjà fait l'expérience)! On y prend goût alors on fait en sorte d'organiser des évènements pour en consommer! ^^ Serait-ce une explication possible de l'augmentation des dépenses consacrées aux fêtes et cérémonies?! ^^
Le comportement des maires; on pourrait en faire un roman...
C'est un article sur Aubrives alors j'en profite pour faire de la "pub": le 18 avril l'harmonie des 2 Vireux donne un concert à Aubrives...

Anonyme a dit…

Ceci est un communiqué de l'ASEA ( Académie des sciences éthyliques ardennaises).
Il n'échappera à personne que notre belle Pointe vient de voir surgir une forme inédite et grandement améliorée de l'espèce humaine : l'homo champagnicus aubriviensis, qui présenterait les caractéristiques les plus étonnantes. Alors que l'essentiel du corps humain est composé d'eau plate, l'homo champagnicus est constitué à 80 % le jour, à 95% la nuit, de vin mousseux et pétillant. De nobles sentiments humanitaires l'obligent donc à se ravitailler sur les fonds publics dans une région française particulièrement pauvre et délaissée par la nature : les coteaux de Champagne. Vu l'effet du gaz carbonique contenu dans les bulles, le divin breuvage augmenterait dans de fortes proportions le nombre de connections synaptiques de l'homo champagnicus et le rendrait apte aux plus hautes fonctions, notamment à celle de gestionnaire municipal.
Il va sans dire que le reste de la population, qui a de plus en plus d'argent à dépenser, continuera de contribuer avec enthousiasme aux modestes frais nécessaires à la survie et à la clairvoyance politique de l'homo champagnicus et de ses amis. Cette clairvoyance apparaît du reste clairement dans les mesures budgétaires relevées récemment par Laurent Bouvier...
Un bémol cependant à ce tableau idyllique, car les derniers chiffres de consommation de champagne sont en baisse, avec seulement 72 bouteilles : au-delà des impératifs sanitaires, on ne saurait trop conseiller à cette élite de revenir à son régime habituel, ce qui aurait (peut-être) l'avantage de la rendre aimable... Bonum vinum laetificat cor hominis, le bon vin réjouit le coeur de l'homme, comme disait Dom Pérignon après les vendanges...64

vigie08 a dit…

On le savais bien dans le village que les vin d'honneur durait jusqu'a des heures honteuses. Maintenant, on a meme le prix. C'est honteux de boire notre argent comme ca. Il faudrais rappeller à ces gens qu'il s'agit de nos impots. Moi, je me doutais depuis le début qu'il y avait rien a attendre de bon de cette meute de profiteurs, mais à ce point,c'est à peine croyable

julie a dit…

Comme ça, les choses sont claires. On avait jusqu'ici des rumeurs sur les excès de certains pendants les vins d'honneur. On entendait meme dire qu'ils duraient des heures et des heures. maintenant, c'est prouvé. Merci de l'information. Je n'oublierai pas quand je mettrais mon bulletin de vote dans l'urne la prochaine fois

Mikeline a dit…

Parler est bien, écrire est mieux ; imprimer est excellente chose. Car si votre pensée est bonne, on en profite ; mauvaise, on la corrige et l'on profite encore.
[Paul-Louis Courier]

Mikeline a dit…

Celui qui accepte les inconvénients de la vie politique, ses servitudes, ses responsabilités, ses salissures et parfois ses risques, le fait pour agir, pour imprimer sa marque aux événements, en un mot pour gouverner.
[Georges Pompidou]

Mikeline a dit…

La politique est l'art d'obtenir de l'argent des riches et des suffrages des pauvres, sous prétexte de les protéger les uns des autres.

Mikeline a dit…

Pour terminer j'adore cette citation :

Les critiques sont généralement des gens qui auraient été poètes, historiens, biographes, s'ils avaient pu ; ils ont essayé leurs talents d'une façon ou d'une autre, et n'ont pas réussi ; en conséquence, ils se sont faits critiques.
[Samuel Taylor Coleridge]

Vigilant pour l'avenir de la Pointe a dit…

Des citations bien intéressantes qui montrent tout l'intérêt d'internet pour ceux qui sont dénués à la fois de culture et de capacités d'analyse personnelle.

Pour ma part, si je devais répondre par 2 citations, ce seraient les suivantes :
"La critique peut être désagréable, mais elle est nécessaire. Elle est comme la douleur pour le corps humain: elle attire l'attention sur ce qui ne va pas". (Churchill)

"Si la critique est juste et pleine d'égards, vous lui devez des remercîments et de la déférence; si elle est juste sans égards, de la déférence sans remercîments; si elle est outrageante et injuste, le silence et l'oubli". (D'Alembert)
LB

S.Baumel a dit…

Voilà que surgit in vino véritas. M'enfin, Mr l'empêcheur de faire péter les bouchons en rond, tout prof doit savoir qu'un mauvais élève copie, mais mal, sur ses voisins et qu'il suffit de l'interroger sur sa rédaction pour dévoiler la tromperie. Quant aux bons élèves de la classe sur qui ces mals avisés copient, on leur pardonne tout, ils sont si bons avec nous et compétents, et puis partageurs quand le rinçage frise l'abus de bien social. Alors basta ! N'allez pas nous faire croire qu'en cette fin d'épopée industrielle bien triste, sans alcool, la fête serait plus folle. Depuis quand serait-il honteux de se reverser généreusement nos contributions en bulles lors des nombreuses cérémonies, inaugurations, anniversaires, voeux de ci ou ça, d'ici, de là bas... ? Alors se poserait la question de fond : pourquoi briguer un mandat ? Autant rester chez soi à picoler en solo comme un perdant des suffrages. La politique des élus c'est aussi la convivialité, chantez plutôt avec Rougeot de Lille !
Mais ils y a peut-être des avantages à votre attitude rabat-joie. Vous êtes un peu le Bob, le Sam du conseil municipal, celui qui reconduit les autres faire dodo chez maman lors des fins de soirées, bref celui qui finira par tous nous conduire et que l'on respectera d'autant plus qu'il aura tout vu de nos abus et rien oublié grâce à sa sobriété et son sens de l'histoire.
La politique, fusse-t-elle locale n'est-elle pas un art ? Que serait un artiste sans conduite addictive ? Pensez à "un singe en hiver", "sous le volcan", Rimbaud et ses assassins, la belle époque de l'absinthe, ... (dix pages d'exemples).
Alors vivement la prochaine rinchinchette, car comme chante HFT, 5721ème cuite, ça s'arrose !
P.S. (pardon) : j'ai déjà entendu "l'intellectuel de l'équipe" lors d'un conseil municipal d'un autre ville (devinez). Il y a une opposition qui ferait bien de prendre de la graine sur ce blog. Et puis comme dit Charlemont plus haut, les bulles c'est du CO2. Pourquoi ne pas lancer l'idée d'une étiquette sur chaque candidat ou élus (car y'en a on sait pas s'ils en ont une ou pas, ou une qui se décolle et qui se recolle comme une veste réversible selon les occasions), qui donnerait la consommation en fonction de la quantité de champagne et donc de CO2 ingérée, puis forcément rejeté. Il y aurait un élu basse consommation, le voilà le vrai élu écolo, et à l'autre bout du classement la grosse cylindrée gourmande, le 4x4 urbain (que l'on devrait exclure des villes pour cause de pollution aggravée). L'électeur pourrait faire son choix entre la sobriété économe et la mégalomania qui demande régulièrement au petit peuple de lui payer ses frais de garage !
Et puis avec l'alcool sa commence toujours gaiement pour finir tristement.

Ophélie a dit…

Waouh! Je vois que le mot champagne inspire les plus dépendants!
Je ne savais pas que ce blog pouvait se transformer en blog citations, je trouve ça peu intéressant de se contenter de citer au lieu d'exposer ses idées personnelles!
Eufrasio un prof vous dira qu'il faut aller à l'essentiel et un prof d'histoire vous dira en plus qu'il ne note pas au kilomètre! On aura compris que chez vous l'essentiel c'est la 3ème mitan et que tout s'arrose même la fin de "l'épopée industrielle"!
La politique est peut être un art mais à ma connaissance ce n'est pas l'art de la boisson à bulles! Que voulez-vous il en faut bien un de Bob comme vous dites, quelqu'un de raisonnable et d'honnête dans cette bande de dépravés!