Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


jeudi 5 mars 2009

Givet qui rit, Givet qui pleure ...


Depuis plus d'un quart de siècle, la Pointe des Ardennes voit son tissu industriel se réduire comme une peau de chagrin. Après le coup de massue terrible qu'a été la fermeture au début des années 1980 du site sidérurgique de la Chiers à Vireux-Molhain, puis les chocs causés par la disparition des usines Tésa Beiersdorf et Cellatex à Givet, les mini-drames industriels se sont enchainés : SBBC à Vireux-Molhain, Bellevret à Givet, EAR à Chooz, Allardin et Sopal à Givet, Cmia à Aubrives, et bien d'autres encore ont successivement fermé leurs portes! Bien sûr, malgré les emplois créés par la centrale nucléaire de Chooz B dont on s'est vite rendu compte qu'ils ne correspondaient que très peu à la main d'oeuvre localement disponible, le taux de chômage en a été affecté au point de devenir l'un des plus élevés du département et même de toute la région Champagne-Ardenne. Quant à l'avenir, à l'image de ce qui se passe aujourd'hui à travers toute la planète qui découvre les inconvénients de la mondialisation en temps de crise économique, il s'annonce particulièrement sombre : plusieurs grosses entreprises connaissent des difficultés qui les ont amené, pour le moment, à recourir à des mesures de modulation du temps de travail voire à du chômage partiel, les intérimaires ont disparu et les CDD sont de plus en plus rarement renouvelés.

Toutefois, dans ce tableau d'une grande noirceur, un frêle rayon de soleil vient de faire son apparition puisque l'entreprise Gema a décidé de s'implanter dans 15.000 m2 des anciens locaux de stockage de Cellatex. Spécialisée dans l'importation de magnésie (la noire, dont la stabilité lui permet d'être utilisée comme revêtement interne des creusets utilisés en métallurgie, et non la blanche qui sert à améliorer les performances des mains des adeptes de l'escalade et de la gymnastique artistique!), cette firme prévoit dans un 1er temps de stocker 35.000 tonnes par an de cette matière afin d'approvisionner une vingtaine d'aciéries situées dans un rayon de 250 kilomètres autour de Givet. Puis, dans un 2ème temps, elle envisage de procéder à sa transformation sur place pour fabriquer un produit adapté aux besoins spécifiques de chaque client, ce qui nécessitera de faire passer les effectifs de 7 aujourd'hui à 45 dans 2 ans. Une excellente nouvelle donc pour Givet, et ce pour 3 raisons : des emplois industriels vont être créés dans une ville qui a l'habitude de les voir disparaître, le site de Cellatex va revivre à nouveau même s'il ne retrouvera pas sa splendeur d'antan et surtout cette installation va conforter l'atout numéro 1 de Givet et de la Pointe des ardennes, à savoir le port qui bénéficie à juste titre de toute l'attention de nos décideurs.

Malheureusement, comme une hirondelle ne fait pas le printemps, l'arrivée de Gema à Givet ne signifie pas la fin de ses difficultés économiques. Tout au plus une atténuation, puisque les 7 emplois effectivement créés à ce jour sont déjà plus qu'annulés par les 17 qui seront très prochainement détruits suite au dépôt de bilan il y a 2 jours de Métal Industriel de Givet, une entreprise spécialisée dans la production de barres en bronze destinées essentiellement à l'automobile, l'agroalimentaire et la mécanique. La création destructrice d'emplois continue donc à se solder par une perte nette, mais le MRC 08 constate que l'horizon semble moins bouché qu'auparavant grâce au développement du port qui commence à faire sentir ses effets bénéfiques. Nous encourageons donc vivement tous les décideurs politiques et économiques à poursuivre leurs efforts pour améliorer encore l'attractivité de cet équipement structurant d'avenir. L'enjeu est plus qu'important, il est vital pour Givet et ses alentours, ce qui justifie pleinement la mise en place d'une Union Sacrée afin d'ouvrir à ce territoire une perspective économique à la fois ambitieuse et réaliste.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Les Ardennes étant une zone franche pourquoi n'y a t-il que si peu d'entreprises qui s'y installent? Cela fait du bien de voir qu'il y a une exception à la règle qui semblait avoir été posée ,mais cela n'aura pas de grande conséquence sur le chômage dans la pointe qui ne cesse d'augmenter.

Vigilant pour l'avenir de la Pointe a dit…

C'est vrai que ça fait du bien de voir qu'il y a au moins une exception à la règle. Bien sûr, ce n'est pas encore suffisant pour inverser la tendance, mais mieux vaut un petit rien que rien du tout.
Par ailleurs, si les entreprises ne viennent pas dans les Ardennes alors qu'il s'agit bel et bien d'une zone franche, c'est peut-être parce que ce ne sont pas les charges sociales et fiscales qui sont la clé d'une implantation ... mais tout simplement le coût de la main d'oeuvre! N'oublions jamais que la mondialisation, ce n'est pas seulement la mise en concurrence des territoires, mais aussi celle des hommes!