Hier soir, à l'occasion du vendredi « dit saint », 40 libre-penseurs de notre département se sont retrouvés à l’auberge de la Renardière à Gernelle, pour le désormais traditionnel banquet laïc et républicain. Le discours d'accueil du président de la fédération 08 de la Libre Pensée, le pétillant Alain Tournafol, rappela l’histoire de la Libre Pensée, qui compta parmi ses membres des personnalités aussi illustres que Victor Hugo, Clémenceau, Emile Zola et Jean Jaurès, sans oublier Jean-Baptiste Clément qui a laissé son empreinte dans le département. Le premier menu du vendredi « dit saint » que partagèrent le 10 avril 1868, entre autres Sainte-Beuve, Flaubert, Taine et Renan, fut rappelé :
Truite saumonée
Ecrevisse à la nage
Faisan truffé
Filet de boeuf sauce Madère
De quoi mettre l’auditoire en appétit ! Une fois à table, les participants se lancèrent dans une discussion des plus sérieuses sur la laïcité et sur la loi de 1905, qui, nul ne l’ignore, est sérieusement menacée. Elle fut illustrée par les interventions de haute qualité d’Alain et de Sylvain Dalla Rosa, respectivement sur Etienne Dolet, imprimeur de la Renaissance et grand défenseur de la liberté de conscience, qui en paya le prix en étant torturé, pendu puis brûlé, et Charles Darwin, l’inventeur il y a tout juste 150 ans, de la théorie de l’évolution, dont l’héritage, toujours contesté par les créationnistes aux Etats-Unis, est aujourd’hui remis en cause par le comportement d’un nombre croissant d’élèves dans des établissements scolaires de la République française.
La troisième figure évoquée hier fut celle de Jean Meslier (1664-1729) qui choisit de devenir curé de la paroisse ardennaise d’Etrépigny et Balaives jusqu’à sa mort. Prêtre sans histoires, il s’est illustré en léguant à ses paroissiens trois exemplaires de Mémoires des pensées et sentiments de Jean Meslier, souvent intitulées Testament. Cet ouvrage, où il expose sans ambiguïté son athéisme et sa vision révolutionnaire de la société, est fourni de réflexions philosophiques comme autant de preuves de la vanité et de la fausseté des religions. Il pose les bases d’une critique de l’Ancien régime et même les préceptes théoriques de l’athéisme, du matérialisme, voire d’un précommunisme. Le brave curé présente, dans cet ouvrage en forme de confession, comme péché d’avoir passé sa vie à prêcher la parole de Dieu et le conclut par cette célèbre phrase : « Je voudrais, et ce sera le dernier et le plus ardent de mes souhaits, que le dernier des rois fût étranglé avec les boyaux du dernier prêtre ».
Un bon moment donc, qui a permis aux convives de nourrir leur appétit intellectuel aussi bien que leur appétit tout court. Et qui plus est une vraie « cochonaille militante », à l’heure où bien des malheureux esclaves des tristes dogmes véhiculés par l’Eglise catholique se serraient la ceinture, à laquelle des membres du MRC-08 ont participé avec délectation en espérant bien qu’elle aura un succès encore plus grand l’an prochain. Ceci n’est pas une prière, ni même un voeu, tout juste un souhait qui a plus de chance de se réaliser qu'un quelconque miracle ...
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