Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

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samedi 6 juin 2009

Golf des Poursaudes : on veut la vérité !


Le feuilleton de la vente du golf des Poursaudes n’en finit plus ! Retour sur les épisodes précédents. En 1994, le Conseil général des Ardennes, alors sous la houlette du bon docteur Sourdille, avait racheté le golf des Poursaudes, situé à 15 kilomètres de Charleville-Mézières, pour en faire "une vitrine des Ardennes" susceptible d’attirer les favorisés de la fortune et par ricochet d’augmenter les investissements dans notre département. Les mouches ne s’attrapant pas avec du vinaigre, l’assemblée départementale avait mis en 2000 la main au porte monnaie des contribuables ardennais pour faire passer le golf à 18 trous. Hélas, malgré une progression constante de la fréquentation qui a atteint 2425 entrées en 2007, le site est resté fortement déficitaire, ce qui a amené en décembre 2007 le Conseil général à envisager l’idée de le vendre. Des mots aux actes, il aura fallu 4 mois, puisque la Commission permanente a rendu officielle sa volonté de vendre le domaine des Poursaudes (le golf et ses 68 hectares, la ferme fortifiée et les 38 hectares de pâtures adjacentes) le 11 avril 2008 pour la somme plutôt modeste de 1.370.000 euros.

Un appel d’offre a alors été lancé, au terme duquel 2 acquéreurs potentiels ont été retenus en juin 2008 : Hervé Taïeb, PdG de la Sociétés de loisirs européens, qui projetait la mise en place d’équipements sportifs annexes (VTT et centre équestre) et surtout la construction de plusieurs dizaines de villas ainsi que d’une maison de retraite non médicalisée de plusieurs dizaines de lits qui seraient réservés à de jeunes retraités amateurs de golf … et Franck Tarpin, Ardennais avéré (ce qui en temps normal ouvre toutes les portes dans le pays de Woinic) et par ailleurs importateur de maisons en bois finlandaises, qui envisageait de construire 40 cottages sur le parcours, un hôtel de 20 chambres et un mini parcours de 5 trous pour permettre des initiations au golf pour le plus grand nombre. Deux bons projets donc, avec toutefois une différence notable : le 1er ne voulait pas entendre parler de la construction à proximité d’un dépôt de feux d’artifice par la société EuroBengale avec laquelle le Conseil général avait pourtant signé une promesse de vente en bonne et due forme en janvier 2007, alors que le 2ème n’émettait aucune objection à cette construction susceptible de créer 15 emplois. Le bon sens aurait dû amener le Conseil général à donner la priorité au 2ème projet, mais il n’en fut rien puisque Benoît Huré, son Président, a fait savoir que son choix se portait sur le projet de Hervé Taïeb. Pourquoi ? Allez savoir ! Toujours est-il que cette décision n’a pas été du goût de Bernard Déom, le dirigeant d’EuroBengale qui a décidé de faire valoir ses droits en portant l’affaire devant les tribunaux.

Le 1er round judiciaire a eu lieu en février 2009 au profit du Conseil général puisque Bernard Déom a été débouté. L’affaire aurait pu en rester là, d’autant que Hervé Taïeb a alors retiré sa candidature (eh oui, même les sociétés spécialisées dans les loisirs pour les riches peuvent être touchées par la crise !), mais il n’en fut rien : le Conseil général préféra faire visiter en mars le site à un autre acquéreur potentiel, Lucien Pinel, concessionnaire automobiles et propriétaire d’une discothèque à Reims, bien connu dans les Ardennes pour avoir été le Président de l’Olympique de Charleville et un entrepreneur en bâtiment. Le sang de Franck Tarpin, mis à nouveau sur la touche sans raison officielle, n’a fait alors qu’un tour (nous espérons que vous suivez toujours les étapes de ce feuilleton qui n'aura bientôt plus rien à envier à Dallas) et il fit constater la visite par un huissier, ce qui laisse augurer d’une prochaine procédure judiciaire, laquelle s’ajoutera à celle en cours puisque Bernard Déom a décidé de faire appel du 1er jugement. Un véritable imbroglio donc, qui vient de connaître une nouvelle péripétie avec l’annonce cette semaine par le Conseil général, pour répondre à "l’exigence de l’intérêt général" d’un nouvel appel d’offre auquel Franck Tarpin pourra bien sûr participer. Ainsi, l’affaire du golf des Poursaudes se poursuit, plus compliquée que jamais, sans que l’on entrevoit un quelconque dénouement se profiler à court terme.

Elle concerne tous les Ardennais, y compris les membres du MRC 08 qui déplorent cette situation ubuesque qui aboutit, d’une part à empêcher le développement d’une petite société industrielle florissante qui gagne de l’argent et prévoit d’embaucher, et d’autre part à maintenir dans le giron de la collectivité départementale un équipement déficitaire dont on ferait bien de se débarrasser au plus vite. Nous demandons donc à Benoît Huré de cesser au plus tôt ses manigances et de faire preuve de plus de transparence dans ce dossier. Cela évitera que des rumeurs incontrôlables et peu agréables ne se développent.

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