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dimanche 7 mars 2010

Ardam : l'horizon s'assombrit encore !


En moins d'un mois, le personnel de l'usine revinoise Ardam, filiale de la multinationale suédoise spécialisée dans l'électroménager Electrolux, vient d'apprendre 2 informations inquiétantes. La 1ère, rendue publique par la magazine "LSA" dans son édition du 28 janvier, est la disparition définitive de la marque Arthur-Martin, dont la très grande majorité des appareils était produite à Revin depuis ... 1882 ! En soi, cette nouvelle n'a rien de surprenant puisque Electrolux, propriétaire de la marque depuis 1976, avait décidé en 2006 de rationaliser son portefeuille de marques en substituant progressivement sur ses produits son propre nom, dont il espère faire d'ici peu une référence mondiale, à celui d'Arthur-Martin. D'un point de vue stratégique, la démarche est logique, mais la tâche s'annonçait difficile, la marque française bénéficiant alors, certainement grâce à son ancienneté, à sa réputation de fiabilité et à son aspect patronymique facile à retenir, d'un taux de notoriété de 1er rang de 15 % contre seulement 8 % pour la marque suédoise, et d'un taux de notoriété assisté de 90 %.

Pour arriver à ses fins, après avoir symboliquement inversé en mars 2007 l'ordre dans lequel figuraient les 2 marques sur certains produits depuis 1995 (Arthur-Martin Electrolux devenant Electrolux Arthur-Martin), le géant scandinave a donc développé un plan en 3 ans dont le point culminant a été la campagne de communication autour du slogan "Désormais Arthur-Martin préfère qu'on l'appelle Electrolux" qui a été martelé sur tous les médias - presse, affichage, télévision, internet, sponsoring de la fiction du lundi soir sur TF1 - pendant des mois et des mois. Son coût ? 20 millions d'euros rien que pour l'année 2007, ce qui a permis de faire passer le taux de notoriété spontanée de la marque Electrolux à 29 % en 2008 puis à 32 % en 2009 et ainsi de ravir les experts en marketing de la multinationale qui ont décidé de supprimer la marque Arthur-Martin à compter de juin prochain. C'en est donc fini de ce nom que les habitants de la vallée continuent pourtant à utiliser lorsqu'ils parlent de l'usine Ardam et qui restera pour beaucoup associé à la période de prospérité industrielle que les Ardennes ont connue !

La 2ème information, révélée lors du Comité d'entreprise qui s'est tenu le 24 février, est que la direction du groupe accepte d'ouvrir des négociations sur un éventuel plan de départs en pré-retraite. Cette nouvelle a été bien accueillie par les syndicats qui y voient le moyen de limiter les conséquences sociales de la réduction du sureffectif engendré par la baisse des volumes accordés à l'usine. A priori, elle devrait permettre aux salariés âgés d'au moins 56 ans de bénéficier d'une rente s'élevant au minimum à 65 % de leur salaire brut jusqu'à la retraite qu'ils toucheront en totalité puisque l'entreprise continuera de payer les cotisations patronales. C'est évidemment mieux qu'un plan social qui laisserait sur le carreau plusieurs dizaines de travailleurs ! Pourtant, à bien y regarder, il n'est pas sûr que ce soit préférable au plan de chômage partiel demandé par l'usine pour 2010. Pourquoi ? Parce que cette réduction d'effectif entérine une baisse non pas conjoncturelle mais structurelle des volumes de production qui seront affectés au site de Revin. Autrement dit, lorsque la reprise viendra, l'usine ne disposera pas des moyens humains pour y faire face et les appareils supplémentaires réclamés par les clients seront alors produits dans d'autres sites. Une bien sombre perspective, d'autant qu'avec la fermeture du bureau d'études et la disparition de la marque historique du site, l'usine revinoise a été ramenée au statut de simple site de montage. De là à penser que les jours d'Ardam à Revin sont comptés, il n'y a qu'un pas que les plus réalistes, auxquels le MRC 08 s'efforce de se rattacher, commencent hélas à franchir ...

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