Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


samedi 13 mars 2010

Givet : une tentative d’implantation politique à suivre


Avant-hier soir, peut-être pour préparer l’arrivée prochaine du printemps, une nouvelle couleur a fait son apparition dans le microcosme politique givetois. Laquelle ? Le vert, bien sûr, qui bénéficie d’un courant de sympathie certain depuis les élections européennes de juin dernier et que Sylvain Baumel, écolo notoire que l’on peut voir parfois sur son vélocipède à assistance électrique filer tel le vent sur la piste cyclable dite Voie Verte entre Givet et Chooz, aimerait développer dans la cité de Méhul. Pour ce faire, il a rassemblé un petit groupe de convaincus comprenant entre autres Nadine Gouget, conseillère municipale d’opposition et candidate aux élections régionales … sur la liste du MoDem (ne vous frottez pas les yeux, vous avez bien lu !), et il a organisé une réunion publique à laquelle ont participé 4 des candidats ardennais d’Europe Ecologie pour les régionales, dont la tête de liste départementale, ainsi qu’une délégation du parti ECOLO belge menée par un député fédéral. Du beau monde donc qui méritait d’être écouté, ce que j’ai fait après avoir reçu un tract sur du papier non recyclé assurant qu’il s’agirait d’un "débat démocratique".

Armé de ma seule curiosité et oubliant temporairement mes convictions humanistes (l’Homme est au centre de toute réflexion) et scientiste (le progrès passe par les découvertes scientifiques à condition qu’elles soient éclairées à la lumière de la Raison), je me suis donc rendu dans la belle salle où Jean-Luc Warsmann s’était exprimé 8 jours auparavant. Après avoir salué comme il se doit le maître de cérémonie, j’ai discrètement posé mon séant sur une chaise de l’avant-dernier rang et j’ai attendu le début des débats, longtemps, très longtemps, ce qui m’a permis de passer en revue la bonne vingtaine de participants et de constater que la plupart étaient des socialistes, certainement désireux comme moi de comprendre les raisons de la percée électorale d’Europe Ecologie. Puis, au bout d’une demi-heure, Sylvain Baumel a demandé à ses invités de se présenter et, tout imprégné de la nouvelle façon de faire de la politique de son mouvement, il a aussitôt laissé la parole à l’auditoire qui en a été un peu décontenancé. Il est alors revenu à une méthode plus traditionnelle, en faisant développer par les candidats français et les élus belges quelques grands dossiers locaux qui ont fait réagir l’assistance.

Parmi les sujets abordés, le 1er a été l’arlésienne, c'est-à-dire la réouverture de la ligne ferroviaire Givet-Dinant qui a été présentée comme indispensable et réalisable, mais seulement à moyen terme. Puis, le nucléaire en a pris pour son grade, accusé tour à tour d’avoir été imposé à la population locale qui n’en voulait pas (ce qui ne l’empêche pas d’en vivre !), de générer des déchets difficilement gérables et de bénéficier d’un lobbying empêchant le développement des énergies renouvelables. Ensuite est venu le gros morceau de la soirée, à savoir l’implantation d’une unité de valorisation thermique qui a été présentée à juste titre comme un incinérateur amélioré susceptible de brûler des résidus de plastiques et devant recevoir des quantités telles de déchets qu’il ferait de Givet la poubelle de l’Europe. Les débats devenant plus actifs, je suis alors sorti de ma passivité et j’en ai profité pour poser 3 questions : quelle est la position d’Europe Ecologie sur la décroissance ? Comment ce mouvement articule-t-il les questions environnementale, sociale et nationale ? Que pensent les candidats de la construction d’un lycée visiblement surdimensionné à Revin ?

En réponse, il m’a d’abord été dit fièrement que nous étions déjà en décroissance (c’est certainement l’appellation à la mode pour désigner la crise !) et que cela devait nous amener à développer des activités économiques génératrices d’emplois, notamment dans le secteur des énergies renouvelables et des économies d’énergie. Puis, j’ai eu droit à un long laïus sur les opportunités que créerait l’introduction de normes environnementales dans le secteur du bâtiment, mais à rien, absolument rien, sur l’articulation entre les questions environnementale et nationale. Enfin, concernant le lycée de Revin, j’ai dû aborder un sujet que les 4 candidats ignoraient totalement puisque la seule réponse à laquelle j’ai eu droit a été un long silence. Je suis donc reparti de la réunion sans prendre ma carte à Europe Ecologie, mais je souhaite cependant que l’initiative de Sylvain Baumel débouche sur une réussite, d’abord parce qu’à défaut d’être un puritain c’est un pur et dur qui est totalement convaincu par les idées qu’il prône, et ensuite parce qu’elle peut permettre aux socialistes locaux de prendre davantage conscience de la diversité de la gauche qui est un atout incontestable pour peu qu’un dialogue constructif se noue entre ses différentes composantes…
LB

1 commentaire:

Guillaume Sarnelli a dit…

Je salue également l'initiative de Sylvain Baumel, car je crois qu'il est nécessaire d'apporter un souffle nouveau dans le microcosme politique ardennais, si l'on veut relancer une dynamique d'opposition forte, structurée et convaincante. Il est clair qu'en ce qui me concerne, l'écologie n'est pas une priorité. Je pense que les Givetois ont d'autres préoccupations, plus immédiates, d'autant plus que le cheval de bataille anti-nucléaire des écolos me semble peu en phase avec les réalités économiques et sociales de la Pointe (comme tu l'as dit Laurent). Cécile Duflot déclarait hier qu'elle était fière de voir que son parti Europe Écologie offrait désormais une alternative plausible en matière économique et sociale. J'espère que ce groupuscule vert se mettra rapidement en action pour se positionner sur les vrais sujets, ceux qui sont au centre des préoccupations des Ardennais. Très franchement, je crois qu'on peut parler sérieusement d'écologie à Givet, je crois qu'il faut le faire, mais je sais aussi qu'il faut adapter les dynamiques nationales (et l'écologie est à la mode) aux particularismes locaux.
L'écologie à Givet oui, mais on en attend plus de gens comme Sylvain Baumel, capables de vous dégainer en quelques phrases un redoutable arsenal argumentatif anti-nucléaire.