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samedi 19 juin 2010

Bioénergie Val de Meuse : des citoyens vigilants s’organisent en collectif !


En juillet 2007, la société Paperpower a révélé qu’elle envisageait de construire à Givet une unité industrielle de production de combustible solide alternatif qui serait couplée à une centrale de cogénération. Concrètement, il s’agissait de faire venir par le port 250.000 tonnes de produits papetiers ne pouvant plus être recyclés, de les transférer dans une usine où, après avoir été débarrassés d’une partie des matières polluantes qu’ils contiennent, ils seraient transformés en un tout nouveau combustible, l’APIC, qui serait brûlé dans une centrale de cogénération mitoyenne afin de produire de l’électricité et de la chaleur. En langage technique moderne, on appelle cela de la valorisation thermique de biomasse végétale !

Après avoir connu un démarrage laborieux malgré le soutien de l’Ademe, de la Région , du Département et de la Communauté de communes qui ont financé une partie de l’étude de faisabilité, ce projet a franchi en janvier dernier une étape importante en faisant partie des 32 retenus par le 3ème appel d’offre lancé par la Commission de Régulation de l’Energie puisque l’électricité qu’il produira sera achetée à un tarif préférentiel de l’ordre de 145 euros par MWh, soit 75 % de plus que le MWh d’origine éolienne. Le risque financier étant désormais levé, les investisseurs potentiels seront à n’en pas douter plus facile à convaincre ! Dans ces conditions, si les procédures administratives se déroulent sans encombre, les 1ers travaux sur le parc d’activités communautaire pourraient commencer dès le début de l’année prochaine.

Au 1er abord, il faut reconnaître que ce projet, baptisé Bioénergie Val de Meuse, a tout pour plaire. Avec un investissement estimé à plusieurs dizaines de millions d’euros, il aura inévitablement des retombées fortes sur le chiffre d’affaires de certaines entreprises locales. Avec un approvisionnement assuré par la voie fluviale, il confortera l’activité du port dont la renaissance est un atout indéniable pour Givet. Avec la valorisation énergétique de déchets qui étaient jusqu’alors enfouis, il permet d’aller dans le sens des objectifs du Grenelle de l’environnement. Surtout, avec la création à terme de 35 à 40 emplois industriels, il fournira du travail adapté à la main d’œuvre locale qui connaît un des taux de chômage les plus élevés du département.

Pourtant, malgré toutes ces qualités, l’analyse raisonnée de ce projet amène à se poser plusieurs questions. Quelles matières polluantes contiendront les produits papetiers qui arriveront au port ? Ces matières polluantes pourront-elles être toutes retirées ou en restera-t-il une partie dans le combustible APIC ? Ce nouveau combustible, qui n’a aux dires du coordinateur du projet encore jamais été utilisé, a-t-il fait l’objet de toutes les expérimentations nécessaires afin d’être certain qu’il est inoffensif pour la santé ? Quelles garanties ont été prises pour s’assurer que d’autres déchets ne seront pas brûlés en complément de l’APIC ? L’activité maraîchère envisagée permettra-t-elle d’utiliser toute la chaleur produite par la centrale de cogénération ? Une telle installation structurée autour de ce qu’il faut bien appelé un incinérateur a-t-elle sa place dans un futur parc naturel régional ? Pourquoi a-t-on fait croire aux représentants des organismes soutenant le projet que l’unité néerlandaise de Roermond qu’ils ont visitée en 2007 était la même que celle prévue à Givet alors qu’elle n’utilise pas le même combustible ?

Devant toutes ces interrogations, dont la liste est loin d’être exhaustive et qui sont pour le moment restées sans réponse satisfaisante, des citoyens d’horizons divers auxquels le MRC 08 apporte son soutien plein et entier ont décidé, en application du principe de précaution, de se réunir dans un collectif dont le nom, VIGILANCE, reflète le seul et unique objectif. Ouvert à tous ceux qui considèrent que le développement économique doit se faire dans la transparence et ne doit menacer ni la santé ni l’environnement, il peut d’ores et déjà être joint par courriel à l’adresse cvigilance@laposte.net. Nous vous attendons nombreux afin d’avoir les moyens d’agir avant même que l’enquête publique, à laquelle nous renvoie le coordinateur du projet pour ne pas nous répondre précisément, ne soit lancée.

1 commentaire:

arduinna a dit…

Un incinérateur dans un parc naturel, c'est assez surprenant. Mais c'est encore plus surprenant dans une ville qui donne la priorité au tourisme pour son développement économique