Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


dimanche 13 mars 2011

Risque sismo-nucléaire : la France n'est pas le Japon !


Depuis vendredi, le sujet qui fait tout à fait logiquement la une de l'actualité est le terrible tremblement de terre qui a eu lieu au Japon. Avec une magnitude de 8,9 sur l'échelle de Richter qui mesure depuis 1935 non plus l'intensité des secousses et les dégâts causés à la surface de la terre - comme le faisait la bonne vieille échelle de Mercalli - mais l'énergie libérée par les séismes, c'est le 6ème tremblement de terre le plus violent jamais enregistré ! Évidemment, ses conséquences sont déjà dramatiques, que ce soit sur le plan humain, puisque l'on parle actuellement d'au minimum 10.000 morts, ou sur le plan économique, puisque les destructions massives d'infrastructures et de bâtiments ainsi que la désorganisation qui en découle impactera fortement la croissance d'un pays qui est tout de même la 3ème puissance économique mondiale. Mais le plus grave reste peut-être à venir avec la possibilité d'une catastrophe nucléaire dans la centrale de Fukushima, où le risque d'une nouvelle explosion n'est toujours pas écartée, ou dans celle de Onogawa qui vient d'être placée en état d'urgence.

Cette situation a bien sûr ému le monde entier et elle a déclenché une multitude de propositions pour venir en aide au gouvernement nippon et aux malheureuses victimes. Elle a aussi mis en émoi les antinucléaires de tous poils qui se sont mis à redouter les conséquences d'éventuels autres séismes sur les centrales nucléaires de plus en plus nombreuses que compte la planète. Cela a été tout particulièrement le cas en France qui possède le 2ème plus important parc nucléaire du monde ! A priori, ces craintes ne sont pas infondées puisque, d'après une carte du risques sismo-nucléaire publiée en 2005 par le réseau "sortir du nucléaire" que vous trouverez ci-dessous, 42 des 58 réacteurs français se trouvent dans des zones à risque. Cependant, de là à en déduire que la France coure à plus ou moins long terme le même danger que celui que connaît aujourd'hui le Japon, il y a un pas que le MRC 08 estime stupide de franchir ... comme le montre la grille d'interprétation des données de la carte que vous trouverez dans le tableau ci-dessous et qui prouve que le site français le plus dangereux, en l'occurrence la centrale de Fessenheim en Alsace, atteint péniblement le niveau 5+ qui correspond à l'effondrement des murs non renforcés et à la chute occasionnelle des distributeurs automatiques mal installés. Pas de quoi s'alarmer outre mesure donc, d'autant que les systèmes de protection ont été considérablement renforcés dans les centrales nucléaires françaises depuis la catastrophe de Tchernobyl...

(pour une meilleure lecture des documents, vous pouvez les agrandir en faisant un clic gauche dessus)

10 commentaires:

S.Baumel a dit…

Au delà du seul risque sismique, la prolifération nucléaire civile puis militaire, la sureté, l'approvisionnement sont d'effrayants problèmes.
Cf l'excellent reportage quasi exhaustif de cette nuit sur FR3 : nucléaire en alerte.

Vigilant pour l'avenir de la Pointe a dit…

Que le nucléaire pose des problème, c'est certain ! Mais sur ce sujet, il vaut mieux éviter d'avoir une vision trop simpliste des choses. S'il n'y avait pas eu le nucléaire militaire et la disuasion nucléaire qui en a découlée (l'équilibre de la peur), la guerre froide entre les Etats-Unis et l'URSS aurait abouti à une vraie guerre, conventionnelle certes, mais avec combien de victimes à l'arrivée ? Combien de dégâts ? et avec quel vainqueur ?
Quant au nucléaire civil, tant que ceux qui sont contre sont dans l'incapacité de lui proposer une alternative permettant de produire en continu une énergie abondante et à coût raisonnable, bref de quoi faire fonctionner l'économie réelle d'aujourd'hui et non pas celle fantasmée par certain, ils ne sont pas crédibles.
Dernière chose, profiter d'une catastrophe dont on ne connaît pas encore l'ampleur ni les conséquences, donc instrumentaliser volontairement un problème en cours, se jeter sur lui comme des vautours sur une charogne dans le désert, est une méthode assez "particulière" qui montre que les détracteurs du nucléaire ont besoin de surfer sur les peurs du fait de leur incapacité à entrer dans un débat argumenté qui prend en compte toutes les dimensions du problème !

Anonyme a dit…

Il m'arrive de temps en temps de lire la presse dite populaire, et c'était justement le cas aujourd'hui. Si le Parisien cite des chiffres exacts, ce qui n'est quand même pas impossible, il faudrait, pour ravitailler Paris, 1800 MW de puissance installée, soit 2 réacteurs nucléaires de 900 MW, 3,5 centrales au gaz(non polluantes ?) 5 barrages hydrauliques de 130 mètres de haut chacun avec un lac artificiel total de 140 km², 360 grosses éoliennes ou 120 ha de panneaux solaires. Bon, une énergie de remplacement, je veux bien, mais laquelle, M. Baumel ? Et avec quelle augmentation du nombre de chômeurs dans la Pointe ?

Anonyme a dit…

Et encore, M. Baumel, je serais galant, je ne dis même pas que Cécile Duflot est nulle en géographie...

S.Baumel a dit…

Pour la guerre classique évitée par la dissuasion nucléaire c'est là le sens de l'histoire... passée, mais pas à venir, liée au risque de prolifération et de déstabilisation. Quelle arme inventée par l'homme n'a jamais servi ou ne servira plus jamais si l'on veut m'opposer Hiroshima & Nagazaki ?
Le concept d' énergie abondante est un leurre car il aboutirait à une spoliation rapide des matières premières et déplacerait le problème. Le rétrocontrôle et la limite sont des concepts à intégrer et à accepter.
Quant aux réactions à chaud elles sont déplacées. Débattons du sujet du nucléaire civil, de façon dépassionnée, en ayant potassé la question complètement. Il s'agit bien de choix de mode de vie et de peser avantages/inconvénients et de décider ce qui est acceptable de ce qui ne l'est pas. Les probabilités d'accidents sont faibles, mais si elles s'appliquaient dans les mêmes proportions aux gains des jeux de hasard je me mettrai à jouer !
Pour "Charlemont", une énergie de remplacement unique impossible, mais une somme de solutions mises bout à bout c'est probable. Baladez vous dans Paris et partout ailleurs et vous trouverez des MW/h à supprimer sans en être frustré.
Pour le chômage dans la pointe, la centrale avait vocation à le résorber dans les discours des années du débat d'implantation de Chooz B (j'avais 15 ans à l'époque et je me souviens de beaucoup de choses). Quel bilan depuis ? N'oubliez pas qu'il n'y a pas plus efficace en terme de ratio énergie produite/ nbre d'emplois nécessaires pour la filière, que le nucléaire.
Pour le chômage, le penseur de la mauvaise droite qu'est Sarko définit le plein emploi à 5% de chômage. Le chômage est donc une variable technique deshumanisée d' ajustage socio économique.
Quant à ce que vous pensez de Duflot c'est pas mon blème, EELV dont je suis membre n'est pas la secte de Marine, ni celle de JP (ça c'est pour faire rougir de colère MRC 08).
Je ne faisais que conseiller un reportage télé pour une fois complet et très bien fait dans lequel un intervenant résumait sa position qui est aujourd'hui la mienne : je ne suis pas antinucléaire je suis anti pro nucléaire (car il s'agit là d'une forme d'aveuglement sectaire, fermé et parfois violent qui n'a rien à envier au manque de culture de certains opposants qui ne savent que gueuler).

Vigilant pour l'avenir de la Pointe a dit…

A tout prendre, c'est préférable d'être rouge de colère plutôt que vert de peur ... puisque cet état d'esprit permet de dégager une énergie (non nucléaire et non génératrice de gaz à effet de serre !) qui, si elle est bien canalisée, peut augmenter la capacité de réflexion et d'action. C'est tout de même mieux que d'être tétanisé !!
Sur les armes nucléaires, tout le monde est d'accord pour reconnaître qu'elles ont empêché la guerre froide de dégénérer en guerre chaude. Sont-elles moins utiles maintenant que l'URSS n'existe plus ? Ce serait une vision bien étriquée de la géopolitique mondiale que de le croire, puisqu'elles empêchent actuellement une 4ème guerre entre le Pakistan et l'Inde (2 pays nucléaires). Peut-être même qu'elles contribuent à empêcher une nouvelle guerre israélo-arabe. Mais tout cela parait bien loin...
Concernant le concept d'énergie abondante, c'est certainement un leurre à long terme puisque dans une planète par nature limitée, les ressources illimitées n'existent pas. Mais dans l'immédiat, la belle maxime de Jaurès ("aller à l'idéal, mais comprendre le réel") s'applique à merveille. Notre société est basée sur une consommation forte d'énergie et il faut satisfaire ses besoins.
Enfin, poue les réactions à chaud, nous sommes parfaitement d'accord. Elles n'apportent rien de bien constructif et ne permettent pas le débat argumenté avec la prise en compte de toutes les composantes du problème, y compris l'aspect politique.

S.Baumel a dit…

J'avais juste oublié que selon un article de l'Universalis, la mise à jour annuelle, une bombe à neutron aurait été utilisée sur l'aéroport de Bagdad difficile à prendre lors de la seconde guerre d'Irak, une autre, atomique aussi, aurait explosé dans l'incendie d'un dépôt d'arme à la même période. Il s'agirait de bombes nucléaires tactiques de fable puissance.

Vigilant pour l'avenir de la Pointe a dit…

les lapsus révélateurs en disent parfois plus qu'un long discours : il s'agirait donc de "bombes nicléaires de FABLE puissance"

S.Baumel a dit…

Et rebelotte, mais pas de ma part ! "Nicléaire" ou "nique l'air" dans un language "d'odeur de chiottes" si l'on veut suivre un modèle politique du genre.
Oui "nique l'air" en y balançant de sympathiques particules pour les thyroïdes et les myocardes de nos enfants. Si peu dira t-on. C'est vrai 1000 à 10000 fois moins que pour Thernobyl. Comme en 1986 il n'y avait rien. 1000 à 10000 fois moins que rien ne font vraiment pas grand chose. Sauf si l'on considère l'effet stochastique pour les "chanceux" qui gagneront à ce loto morbide. Car les isotopes balancés ne sont jamais présentes naturellement dans l'air de notre environnement qui a pu voir se former la vie... il ne sont pas compatibles avec elle (?). Sauf pour ceux qui seront radio résistants. C'est comme cela que des russes pensent que les humains des siècles prochains seront des mutants capables de cicactriser ou résister aux radiations. La science progressera : elle pourra vérifier la validité à grande échelle du darwinisme. Et si Darwin avait tort, personne ne vérifiera plus rien.
Après ces quelques lignes de déconnage, une citation de Philippe Meyer : "nous vivons une époque moderne, je vous souhaite le bonjour".

Vigilant pour l'avenir de la Pointe a dit…

Quitte à faire dans l'échange de citations, en voilà une assez intéressante que pourraient méditer les tenants de certains courants d'idées (à défaut de pensées): "Les bombardements incessants d'opinions de tous genres et contradictoires font plus de mal à l'humanité que les bombardements nucléaires" (Daniel Desbiens)