Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


dimanche 28 octobre 2007

Zone franche: l'avenir reste sombre

Bonne nouvelle! Cette semaine, nous avons appris qu'une association nommée "zone franche Ardennes" venait d'être créée afin, comme son nom l'indique sans ambiguïté, de promouvoir la zone franche Ardennes. Forte pour le moment d'une dizaine de membres et menée par un duo débordant de dynamisme, elle souhaite attirer au plus vite compte tenu de la durée de vie limitée à 5 ans du dispositif le maximum d'entrepreneurs en menant 3 actions: faire connaître les avantages exceptionnels de la zone franche en contactant par courrier les chefs d'entreprises des départements voisins ainsi que ceux des provinces belges limitrophes; mettre en place un site internet pour exposer le dispositif en anglais et en allemand; ouvrir une ligne téléphonique afin que des conseillers puissent répondre aux questions d'éventuels investisseurs. Bref, communiquer le plus largement possible pour montrer que dans la mise en concurrence sauvage des territoires, les Ardennes ont des atouts certains à faire valoir. Cette initiative va dans le bon sens et le MRC-08 la soutient sans la moindre réserve.
Mauvaise nouvelle! Cette semaine, nous avons pris connaissance de la liste des communes et des EPCI qui ont fait usage de la faculté laissée par l'amendement Warsmann de refuser d'accorder sur leur territoire aux nouvelles entreprises et aux extensions d'entreprises déjà existantes les avantages fiscaux initialement prévus dans la zone franche. 3 communes se sont ainsi prononcées contre les exonérations de taxe foncière sur les propriétés bâties (Aiglemont, Poix-Terron et Rocroi) alors qu'une commune (Vaux-lès-Mouzon) et la Communauté d'agglomération Coeur d'Ardennes ont refusé les exonérations de taxes professionnelles. Pire, 17 communes (Arreux, Guincourt, La Sabotterie, Logny-Bogny, Lonny, Montcornet, Neufmanil, Raucourt, Rocquigny, Saulces-Champenoises, Saint-Loup-Terrier, Senuc, Signy-l'Abbaye, Tremblois-lès Rocroi, Termes, Vivier-au-Court et Wadelincourt) ainsi que la Communauté de communes des Crêtes préardennaises ont choisi de n'accorder aucune des 2 exonérations. A priori, ces décisions ne semblent pas guidées par des motivations politiques puisque ces collectivités locales sont dirigées aussi bien par des personnes de gauche que de droite, voire d'extrême droite. Elles paraissent plutôt répondre au principe à courte vue "un tiens vaut mieux que deux tu l'auras". Elles sont cependant inquiétantes à double titre: d'abord parce qu'elles montrent que pour certains le principe d'union sacrée pour la revitalisation économique de notre département se limite à un simple slogan et surtout parce que si elles ne concernent pour le moment qu'une minorité de communes, il y a parmi elles la Communauté d'agglomération du chef-lieu, c'est à dire le coeur démographique des Ardennes.
Ces 2 nouvelles contradictoires s'annulent-elles? Hélas non! Elles brouillent l'image du département auprès des décideurs économiques. Et comme ceux-ci ne détestent rien de plus que l'incertitude, ils ne se bousculent pas pour investir chez nous. La preuve? Les dirigeants de l'association "zone franche Ardennes" n'ont pu donner que 2 exemples d'implantation suscitée par le dispositif : le rachat du restaurant « Les Romarins » à Fromy et la création de « Bellevue signalétique » à Warcq par Olivier Barré. Certes, ce n'est pas rien, mais il faut bien reconnaître que c'est très loin de ce que l'on pouvait légitimement attendre. De là à parler de gachis, il n'y a qu'un petit pas que malheureusement nous risquons rapidement de franchir!

4 commentaires:

Tom a dit…

Dites, vous ne pouvez pas contester le dumping social et fiscal qu'entraine la construction néo-libérale de l'Union Européenne et en même temps en approuver la déclinaison concrète locale que constitue cet amendement Warsmann

Un peu de cohérence.

Vigilant pour l'avenir de la Pointe a dit…

Toute la question est de savoir si on veut rester au stade des idées, ce qui est très louable, ou prendre en compte les besoins concrêts de la population. Idéologiquement, nous sommes évidemment contre le dumping social et fiscal que constitue l'actuelle construction de l'Union européenne. Notre politique consiste donc à le dénoncer et à proposer des solutions alternatives. Mais le fait est que cette construction européenne qui ne nous convient existe.Il faut donc en prendre son parti et s'adapter EN ATTENDANT MIEUX, comme par exemple un rejet par les 2/5 du Parlement du traité soit-disant simplifié... ce qui suppose une attitude courageuse et sans équivoque du PS. Nous verrons!
Pour le moment, l'heure des grands choix n'est pas venue et nous ne pouvons ignorer les dégâts que cette construction européenne entraîne. Alors, nous appliquons le principe de réalité en soutenant ce qui semble susceptible d'aider la population ardennaise. L'amendement Warsmann fait partie de ces quelques initiatives, il est très loin d'être parfait, mais c'est mieux que rien...et surtout que le retrait stérile sur l'Aventin ou dans une tour d'ivoire.
La cohérence idéologique est séduisante, mais le pragmatisme nous paraît être un devoir social.

Tom a dit…

Vous savez que c'est au nom de ce que vous dites "le système tel qu'il est" "les petits pas" qu'on nous fait avaler le TCE bis. Au nom du "principe de réalité" que le gouvernement fait 15 miliards de transferts fiscaux au bénéfice des plus fortunés, qui sont in fine les mêmes personnes qui profitent de l'amendement Warsmann. Ca, c'est la réalité. Si vous en restez à l'incohérence (pour reprendre vos termes) vous n'êtes pas prêts de la toucher du doigt.

C'est bien joli d'être de gauche pour les grandes idées...

La compétition a un prix. Qu'elle quelle soit. En l'occurrence, c'est le manque à gagner fiscal et social.
On peut autrement utiliser cet argent à moderniser le tissu productif ardennais et à former les salariés.
C'est un choix. La compétition sur la qualité, l'innovation, ou la compétition sur les prix et les salaires bruts.

Vous choisissez la seconde optique comme Monsieur Warsmann. Dans ce cas, ne venez pas pleurer que les Tchèques, les Slovaques ou les Polonais sont plus forts que nous à ce petit jeu : à votre niveau, vous aurez contribué à orienter le tissu économique ardennais dans cette voie sans avenir.

Vigilant pour l'avenir de la Pointe a dit…

Visiblement, il y a entre nous un malentendu. Nous ne choisissons pas la compétition sur les prix et les salaires bruts au détriment de celle sur la qualité et l'innovation.La deuxième est bien évidemment meilleure et plus porteuse d'avenir, nous en convenons volontiers.
Seulement, voilà, nous continuons à penser qu'il est impossible de ne pas prendre en compte le "principe de réalité", qui est en fait dans le cas présent double. D'abord, après les élections du printemps, c'est la Droite qui est au pouvoir. Comme vous, nous le regrettons, mais c'est ainsi. C'est donc sa politique qui s'applique et non celle que nous souhaiterions.Alors, que faire? Pour nous, mais peut-être avons-nous tort, refaire la campagne ne servira à rien. Il faut s'efforcer de rendre moins insupportable les effets négatifs de la politique qui est menée. En permettant peut-être d'attirer des activités dans le département et donc des emplois, l'amendement Warsmann va dans ce sens. Alors, sans aucun enthousiasme, nous pensons qu'il faut le soutenir, d'autant qu'il est limité à 5 ans et ne porte que sur des recettes fiscales et sociales futures. Ensuite, le tissu économique ardennais est marqué par un poids très élevé de l'industrie, et tout particulièrement de l'industrie traditionnelle. Une réorientation de ce tissu vers une économie plus moderne est fortement souhaitable, mais dans l'immédiat il faut trouver du travail pour la main d'oeuvre locale dans les activités qu'elle maitrise. Il ne faut pas refaire la même erreur que dans la Pointe: installer une centrale nucléaire pour remplacer l'usine de la Chiers en oubliant que ce ne sont pas les salariés licenciés qui pourront occuper les nouveaux emplois.
Vous voyez, pour nous, être de gauche, ce n'est pas rester au stade des grandes idées même si nous savons qu'il faut avoir un socle idéologique clair, c'est mettre l'homme et ses besoins concrêts et immédiats au centre de nos préoccupations. D'autres conceptions sont possibles, à chacun de choisir...