Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


vendredi 2 novembre 2007

Traité dit simplifié: non au coup d'Etat parlementaire


Le 29 mai 2005, les Français ont rejeté à 55% le traité constitutionnel européen qui visait, sous prétexte d'obtenir un meilleur fonctionnement de l'Union Européenne, à graver dans le marbre ses actuelles orientations libérales et atlantistes. Dans les Ardennes, le score a été encore plus net: 63% des électeurs ont dit NON, avec de nombreuses pointes à plus de 70% dans la vallée de la Meuse! Quelque jours plus tard, les électeurs néerlandais refusaient à leur tour d'entériner le traité constitutionnel. A en croire les tenants du OUI, visiblement plus prompts à manier les peurs irrationnelles que la confrontation d'arguments raisonnés, ce double refus devait entraîner une catastrophe absolue: l'euro devait s'effondrer, l'économie sombrer dans une crise pire que celle des années 1930 et les institutions européennes connaître un blocage total. Deux ans plus tard, les esprits honnêtes doivent reconnaître qu'aucun de ces maux n'a eu lieu: l'euro n'a jamais été aussi fort qu'aujourd'hui (entendons nous bien, ce n'est qu'un constat, pas une approbation: nous savons trop quels problèmes cette situation engendre pour nos exportateurs), l'Allemagne qui reste la locomotive économique de la zone euro enregistre des excédents commerciaux records tout en ayant réduit fortement son déficit budgétaire et l'Union européenne continue son bonhomme de chemin comme en témoigne son élargissement au 1er janvier à la Roumanie et à la Bulgarie ou ses tentatives d'intervention dans le dossier nucléaire iranien. Les faits ont donc tranché. Le peuple a eu raison envers et contre ses élites!

Dans une démocratie normale, l'affaire s'arrêterait là. Seulement, voilà, l'Union européenne n'est pas une démocratie normale: c'est un OPNI, un objet politique non identifié fait d'un mélange d'expertocratie et d'oligarchie recouvert par une mince couche de vernis démocratique. Ses dirigeants ont donc rageusement attendu un contexte favorable, en l'occurence l'élection à la tête de la France de Nicolas Sarkozy qui avait promis pendant sa campagne un mini-traité européen ratifiable par voie parlementaire, pour revenir à la charge. Comment? En faisant adopter le 19 octobre par la Conférence inter-gouvernementale de Lisbonne un traité modificatif européen que la France sera un des premiers pays à ratifier, par voie parlementaire bien sûr, très certainement dès le mois de décembre. Et alors, où est le problème, n'est-ce pas une partie du programme sur lequel le Président de la République a été élu, êtes-vous certainement en train de penser? Eh bien non, c'est une entourloupe! On nous avait promis au gré des discours un mini-traité ou un traité simplifié destiné à fluidifier le fonctionnement des institutions européennes. En fait, c'est un maxi-traité complexifié de 256 pages qui a été adopté et ses objectifs sont ouvertement les mêmes que ceux de l'ancien traité constitutionnel.

Vous n'y croyez pas, n'est-ce pas? Un prétendant à la magistrature suprême n'aurait tout de même pas osé vous mentir? Hélas, si! Une preuve? Dans un entretien accordé le 26 octobre au journal "le Monde", Valéry Giscard d'Estaing qui fut le père du traité constitutionnel a déclaré: "les juristes sont partis du traité constitutionnel dont ils ont fait éclater les éléments en les renvoyant, par voie d'amendements aux traités de Rome et de Maastricht. Le traité de Lisbonne se présente ainsi comme un catalogue d'amendements aux traités antérieurs. Il est illisible pour les citoyens. Voilà pour la forme. Si l'on en vient maintenant au contenu, le résultat est que les propositions du traité constitutionnel se retrouvent intégralement dans le traité de Lisbonne, mais dans un ordre différent, et insérés dans les traités antérieurs". Et pour être certain d'être compris par tout le monde, l'ex-président s'est permis de conclure par une image: "dans le traité de Lisbonne, rédigé exclusivement à partir du traité constitutionnel, les outils sont exactement les mêmes. Seul l'ordre a été changé dans la boîte à outils. La boîte, elle-même, a été redécorée, en utilisant un modèle ancien, qui comporte trois casiers dans lesquels il faut fouiller pour trouver ce que l'on cherche".
La cause est donc entendue. Dans notre démocratie qui se veut un modèle pour le reste de la planète, la voix du peuple souverain ne sera pas respectée! Ce qu'il a rejeté par la grande porte du suffrage universel sera réintroduit par la petite lucarne parlementaire. C'est un déni de démocratie, un viol de la souveraineté populaire auquel 5 Ardennais seront invités à participer: les députés UMP Bérangère Poletti et Jean-Luc Warsmann, le député socialiste Philippe Vuilque et les sénateurs UMP Benoît Huré et Marc Laménie. Le MRC-08 demande à ces représentants de la population ardennaise de respecter le vote sans ambiguïté qu'elle a émis le 29 mai 2005 et de se prononcer contre le traité modificatif européen qui leur sera soumis. Si nous sommes hélas sans illusion sur l'attitude des 4 élus UMP, nous surveillerons tout particulièrement celle qu'adoptera Philippe Vuilque dont nous nous rappelons l'avoir entendu dire à plusieurs reprises en réunion publique qu'il était normal de tenir compte de la position exprimée par les électeurs. Nous tirerons ensuite toutes les conséquences que ce vote, auquel nous assurerons le maximum de publicité, imposera...

1 commentaire:

Tom a dit…

Une liste d'appels et de pétitions à signer.
http://www.respecteznotrenon.org/europe/content/blogcategory/38/72/