Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


vendredi 7 novembre 2008

La refondation de la Gauche sur les rails?


Hier, les militants du Parti Socialiste ont procédé à un vote interne afin de départager les différentes motions en concurrence pour le prochain Congrès de Reims. De façon plutôt inattendue, c'est le texte de Ségolène Royal qui est arrivé en tête avec plus de 29% des voix, devant ceux de Bertrand Delanoë et de Martine Aubry avec environ 25% des suffrages chacun et la motion du représentant de l'aile gauche du PS Benoît Hamon qui a recueilli 19% des voix. Des scores plutôt serrés donc qui ne permettent à personne, comme il est de tradition, d'avoir la majorité absolue et qui rendent impératifs le lancement des sempiternelles grandes manoeuvres afin d'obtenir les clés du parti au poing à la rose! Pourtant, ce scrutin en apparence assez banal a provoqué une réaction inhabituelle du sénateur Jean-Luc Mélenchon et du député Marc Dolez qui a pris la forme d'un communiqué commun que voici:

Ca suffit comme ça !
Le résultat du vote au parti socialiste est connu. Les trois motions issues de la majorité sortante du Parti arrivent en tête. Elles obtiennent 80% des suffrages. Et la motion de Ségolène Royal l’emporte avec sa proposition d’alliance au centre. Ainsi, les orientations qui dominent la social-démocratie européenne l’ont emporté alors qu’elles conduisent partout à l’échec. Elles avalisent l’Europe du traité de Lisbonne, les alliances changeantes, l’abstention face à la droite, et refusent de mettre en cause le capitalisme. Ce résultat est sans ambiguïté. Le score respectable de la gauche du parti n’y change rien malheureusement.
Pour nous, ça suffit comme ça ! Nous refusons de nous renier en participant à des complots et des combinaisons tactiques. Car quelles que soient les arrangements qui sortiront du Congrès de Reims, la future direction du PS appliquera l’orientation majoritaire en particulier quand viendront les prochaines élections européennes. Il faudrait alors accepter ce que nous refusons depuis toujours : le traité de Lisbonne et le Manifeste commun avec les partis sociaux démocrates qui gouvernent avec la droite dans leur pays.
Non ! Pour nous, ça suffit comme ça !Nous prenons nos responsabilités. Dans la crise du capitalisme, notre pays a besoin d’une autre voix à gauche. Nous voulons lui être utiles. Nous voulons reprendre l’initiative, formuler une alternative, faire reculer et battre Sarkozy. Par fidélité à nos engagements, nous prenons donc notre indépendance d’action. Nous quittons le Parti socialiste. Nous allons porter publiquement notre conception du combat républicain et socialiste, sans concession face à la droite, au capitalisme et leur irresponsabilité destructrice contre la société humaine et l’écosystème. Nous allons la proposer au suffrage universel. Ainsi que nous l’a montré en Allemagne Oskar Lafontaine avec Die Linke, nous décidons d’engager avec tous ceux qui partagent ces orientations la construction d’un nouveau parti de gauche et nous appelons à la constitution d’un front de forces de gauche pour les élections européennes. Nous savons qu’une énergie immense dans notre peuple est disponible pour le changement. Il faut aller de l’avant.

Les 2 ténors de la gauche du Parti Socialiste, qui avaient défendu avec un bel acharnement le NON lors du référendum sur le traité constitutionnel européen en 2005, ont donc franchi le Rubicon et décidé de renvoyer leurs cartes à la Rue de solférino. Assurément, c'est un évènement d'importance qui ouvre des perspectives réelles de recomposition au sein de la Gauche. Sur quoi débouchera-t-il ? Bien malin qui pourrait le dire aujourd'hui, mais s'il fait des émules parmi les militants, il va bouleverser la donne dans les Ardennes où la motion Hamon a recueilli 25% des suffrages des adhérents et plus encore dans la Marne où elle a bénéficié de 32,5% des voix, sans parler de l'Aisne où elle est arrivée en tête avec un score de 36,6%. En attendant, une chose est sure: cette nouvelle situation crée les bases pour constituer en 2009 des listes de rassemblement du NON de Gauche pour les élections européennes qui auront la capacité de peser fortement sur le scrutin, ce dont le MRC 08 se réjouit vivement.

3 commentaires:

titi a dit…

Un pole anti-libéral à côté d'un pole social libéral, c'est très bien. ça clarifie les choses et au moins maintenant je sais pour qui voter aux européennes. Mais pour les présidentielles, il faudra tout de meme se mettre autour d'une table et choisir un seul candidat pour battre Sarkozy qui nous en fait voir de toutes les couleurs

Unknown a dit…

Les batailles entre modernistes et archaïques, entre gouvernants et utopistes, atlantistes pro européens et jacobins notoires émaillent l’histoire du PS. Ici nous avons un Nouvelle secousse... 3 sur l’échelle de Richter... elle est beaucoup moins grave que les trahisons de 2007 et que le constant travail de sape Sarkosien...
S’il était honnête, Monsieur Mélanchon rendrait son mandat de sénateur, obtenu grâce à la structure, l’organisation et la profonde implantation du PS... On sait ce que fait à la gauche en général la constitution d’un petit parti à la Chevénement

Vigilant pour l'avenir de la Pointe a dit…

Et si on inversait la proposition, on pourrait dire que l'on sait ce qu'un PS à visée hégémonique et ne supportant pas la critique, aussi constructive soit-elle, fait à un petit parti à la Chevènement! Il fait tout pour l'éradiquer de la scène politique et le réduire au silence, comme l'a encore montré l'attitude déloyale et honteuse d'Yves Ackermann lors des dernières élections sénatoriales.

Quant à la bataille entre modernistes et archaiques, elle a effectivement toujours existé, et pas seulement à l'intérieur du PS. Toute la question est de savoir aujourd'hui qui aujourd'hui est moderniste? Est-ce celui qui accepte petit à petit les remises en cause du code du travail et nous ramène ainsi doucement au 19ème siècle? C'est une conception qui a ses défenseurs, mais nous refusons d'en être.

Enfin, pour ce qui est de la démission de Jean-Luc Mélanchon de son mandat de sénateur, il est compréhensible que l'on puisse se la poser. Lui même se la pose sûrement, du moins peut-on l'espérer.