Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


lundi 15 juin 2009

Givet : nouvelle journée d’actions pour la sauvegarde de la Cité scolaire


Il y a un mois, jour pour jour, une manifestation avait rassemblé plus de 200 personnes à travers les rues de Givet pour mettre en garde contre les conséquences que risquait d’entraîner la fermeture à la rentrée 2009 d’une des deux options actuellement enseignées en 1ère STG au lycée Vauban. Ces craintes n’avaient pas tardé à être confirmées, puisque le 29 mai, le personnel du collège et du lycée apprenait que, dans un courrier daté du 07 mai, le recteur informait la proviseure de la Cité de la suppression avec effet dès la rentrée du poste de principale. Parlons clairement : cela signifie que le collège perdra sa "tête" au nom de l’application froidement comptable d’un ratio national d’encadrement, ce qui implique une réorganisation des rôles au sein de la Cité scolaire à l’issue de laquelle la proviseure adjointe prendrait la direction du collège et la proviseure celle du lycée. Quid des réunions journalières qui permettaient au personnel administratif de se rencontrer et de gérer comme une entité soudée les 2 établissements ? Finies, terminées, disparues, vouées au rang de souvenirs !

Cette situation convient au Rectorat, qui peut ainsi faire dans l’immédiat des économies de personnel, mais elle ne satisfait pas du tout le personnel de la Cité scolaire (enseignants et non enseignants), pas plus que les parents d’élèves et les syndicats qui y voient un signe de plus de la volonté de l’Education Nationale d’affaiblir la Cité Vauban : le suivi des élèves ne pourra que s’alléger, l’insécurité et les dégradations risquent de s’accentuer et les devoirs surveillés de type Bac dont bénéficiaient les élèves de 1ère et de Terminales disparaîtront dans la foulée de la fermeture de l’établissement le samedi matin, faute de personnel de direction suffisamment disponible. Au-delà du collège, c’est donc bien également le lycée qui est victime de la décision rectorale. De là à raviver les inquiétudes de démantèlement progressif de cet établissement au profit du lycée flambant neuf que le Conseil Régional s’apprête à construire à Revin pour la coquette somme de 38 millions d’euros (soit7,6 fois la somme déboursée par l’Etat dans le cadre du Contrat de Redynamisation de Site de Défense supposé protéger le canton de toute destruction d’emplois publics), il n’y avait qu’un pas qui a été très vite franchi.

Dans une ambiance d’union sacrée, les enseignants, les parents d’élèves ainsi que des élèves ont donc décidé de passer à l’action ce matin pour sensibiliser la population de Givet et des environs sur les nuages de plus en plus noirs qui s’amoncellent au dessus de la Cité scolaire en général et du lycée en particulier. Ils ont organisé un barrage filtrant sur le pont qui franchit la Meuse (cela fera peut-être réfléchir le Conseil général sur la nécessité d’en construire un deuxième) de 06h30 à 10h00 pour expliquer la situation aux automobilistes, généralement très compréhensifs, et pour leur faire signer une pétition de soutien. Puis une manifestation, à laquelle un seul maire du canton a participé, ce que regrette fortement le MRC 08, a parcouru le Petit Givet avec un arrêt symbolique devant l’école primaire Charles de Gaulle où le directeur a assuré les participants de sa compréhension et de son soutien. Le cortège s’est ensuite dirigé vers l’usine Sopal, pour montrer que les difficultés de la Pointe touchent aussi bien le secteur public que le secteur privé, avant de gagner le Grand Givet et de marquer une pause devant l’école Saint Hilaire. Il a enfin regagné la Cité scolaire où il s’est dispersé à 11h30.

L’après-midi, sous un chapiteau gracieusement fourni par la municipalité, l’action de sensibilisation a continué avec plusieurs mini-concerts donnés par des élèves ou d’anciens élèves de la Cité scolaire, avant une brève intervention de Claude Wallendorff, le sémillant apolitique de Droite maire de Givet et conseiller général du canton, qui a essayé de faire prendre des vessies pour des lanternes en affirmant que la création de 3 emplois aidés, par nature temporaires (2 médiateurs de réussite scolaire et un assistant d’éducation), était de nature à compenser la suppression du poste de la principale du collège. Il a également insisté sur son attachement à la création au collège d’une section sportive basket destinée à favoriser le lien avec le tissu associatif local. De bonnes choses en soi, mais totalement hors sujet, qui montrent que les élus n’ont pas pris la pleine mesure de la menace en cours et laissent craindre des lendemains douloureux pour le service public d’enseignement dans la Pointe….



7 commentaires:

titi a dit…

un seul maire pour soutenir les manifestants, c'est pas beaucoup. En plus, ce n'est pas Monsieur wallendorff, le maire de Givet ou Monsieur Dekens, le président de la communauté de communes, mais celui d'un petit village de 150 habitants. si les élus ne soutienent pas, c'est une contestation foutue d'avance

jcvb a dit…

foutue d'avance pour les maires qui ne suivent pas la volonté populaire ! occupez les mairies , çà les fera réagir !! jcvb

Vigilant pour l'avenir de la Pointe a dit…

Ce désintérêt des maires pour la sauvegarde de la Cité scolaire est incroyable. Pas une écharpe tricolore dans le cortège, alors qu'il y en avait à foison pour la défense du CEC!!

Considèreraient-ils que l'éducation vaut moins que l'armée? Pensent-ils que l'affaire est pliée et que ça ne sert plus à rien de bouger? Croient-ils que la survie de la Cité scolaire est garantie par sa position géographique? estiment-ils inutile de se montrer en dehors des périodes électorales? Mystère! Mais en tout cas, c'est une bien mauvaise analyse et un bien mauvais calcul. Plus que navrant, lamentable!

S.Baumel a dit…

Les militaires votent du bon côté, en un défilé on se fait 300 voix. Ca vaut pas le jus de se faire saucer sous la pluie pour soutenir un quarteron de profs gauchistes en colère, pas une voix à drainer, et le risque de passer aussi pour un de ces quillard dépressif toujours en vacance ou en arrêt de maladie.
Politique, quelle politique ? Idées, débat, citoyenneté, ... obsolète.
De la com et rien que de la com, comme à la com com

Guillaume Sarnelli a dit…

J'ai été abasourdi, et absolument consterné par l'absence d'élus, qu'ils soient de gauche ou de droite n'a à vrai dire aucune importance. La situation actuelle de la Pointe des Ardennes risque, avec la fermeture du Lycée Vauban (puisqu'il n'y a maintenant plus de doute à ce sujet), d'atteindre un point de non-retour dans le dépérissement économique et la désertification. Alors que le contexte n'a jamais été aussi hostile, nos députés et maires ont effectivement décidé de ne soutenir le mouvement que par les mots. C'est bien sûr insuffisant.

Mr Wallendorff a attendu les concerts, dans l'après-midi, pour venir faire un discours peu convaincant, bien trop éloigné des réalités, face des lycéens qui lui en voulaient d'avoir interrompu un concert, et des professeurs qui attendaient certainement autre chose d'un homme habituellement beaucoup plus habile lorsqu'il s'agit de noyer le poisson. Je crois qu'il faut y voir la preuve d'un renoncement des autorités locales, face un processus déjà engagé, et surtout face à la lourde et implacable machine comptable qu'est l'Éducation Nationale française.
A gauche, le bien trop discret Mr Vuilque s'est contenté d'un communiqué de soutien... A-t-on jamais vu un communiqué défiler pancarte à la main ? Un département comme le nôtre a besoin d'être entendu. Sans aller jusqu'à la grève de la faim de Jean Lassalle, n'y a-t-il pas des manières de porter le problème plus loin et plus haut ?
Cette lamentable esquive des politiques est d'autant plus grave qu'elle s'opère face à un désengagement non dissimulé, non pas du privé, mais de l'Etat !

Même si, et Laurent Bouvier le rappelle justement, l'affaire est probablement pliée, leur rôle n'était-il pas de dénoncer "la suppression massive de postes de fonctionnaires" (Selon la formule de Mr Thibault) ? Dans le modèle français, l'État ne doit-il pas jouer le rôle de cadre structurant ? C'est cela que j'aurais voulu entendre... Pas un discours lu maladroitement, parlant d'une section basket et de 5 chercheurs russes.

On ne peut que dénoncer l'hypocrisie du candidat Sarkozy qui venait hier parler à la France d'en bas, et qui, devenu aujourd'hui Président, la sacrifie froidement sur l'autel de la rentabilité.

Guillaume Sarnelli a dit…

Je crie mon désespoir devant l'absence de réaction... J'ai écrit un roman à une heure du mat', ça mérite au moins un "Ouais ouais" ! Ahh il est loin, ce temps où Milankovitch laissait un commentaire sarcastique sur chaque intervention (du sarcasme discount, j'en conviens, mais du sarcasme tout de même).

Vigilant pour l'avenir de la Pointe a dit…

Ouais, ouais et ouais! Bonne analyse, mais iol aurais fallu la pousser un peu plus loin et carrément demander si l'absence du député Vuilque n'est pas due au fait que c'est sa "bonne" ville de Revin qui va être gagnante à ce détricotage de la Cité scolaire Vauban. Après tout, c'est bien à Revin que va être construit le lycée cannibale!
Une 2ème remarque plus générale, depuis le remaniement ministériel, on sait tout le désintérêt que porte Saokozy à l'éducation : Luc Chatel comme ministre, c'est la première fois qu'on aura un second couteau à un poste aussi important!