Le 04 juillet, Maurice Blin, sénateur centriste des Ardennes depuis 1971, a annoncé sa démission 15 mois avant la fin de son mandat. Cette décision n'a été accompagnée d'aucune justification, mais il y a fort à parier qu'elle s'explique par la volonté de goûter, enfin, à 84 ans, à un repos bien mérité. Toutefois, contrairement à ce que l'on aurait pu penser au premier abord, son suppléant Bernard Ulrich ne sera pas son remplaçant au Palais du Luxembourg puisque la loi ne permet au suppléant de devenir calife à la place du calife qu'en cas de décès ou de nomination au gouvernement. Une élection anticipée devait donc être organisée. Quand? à la rentrée bien sûr, une fois la classe politique ardennaise au grand complet et suffisamment bien reposée pour pouvoir voter en pleine possession de ses moyens.
La Préfecture en a cependant décidé autrement. Elle a fixé l'élection au 26 août et comme celle-ci se déroule au suffrage indirect, les conseils municipaux ont été convoqués en urgence pour désigner leurs représentants au corps des grands électeurs le 13 juillet! Une telle précipitation a légitimement fait grincer les dents des nombreux élus qui avaient déjà planifié leurs vacances. Elle a aussi suscité beaucoup de sarcasmes de simples citoyens qui ont constaté que les services de l'Etat étaient bien plus rapides pour organiser l'élection d'un parlementaire que pour délivrer un document administratif banal comme par exemple un passeport. Mais pour qui regarde les choses autrement que par le petit bout de la lorgnette, ce que le MRC-08 s'est toujours efforcé de faire, elle n'a en fait rien de surprenant.
Pourquoi donc, direz-vous? Parce que Nicolas Sarkozy a annoncé dernièrement qu'il allait mettre en place une réforme des institutions afin de renforcer le caractère présidentiel de notre régime. En clair, cela signifie qu'il réunira l'Assemblée nationale et le Sénat en Parlement, très probablement au début de 2008, et qu'il devra obtenir de celui-ci qu'il accepte son projet , non pas à la majorité simple mais à la majorité des trois cinquièmes. Un peu d'arithmétique: comme il y a 577 députés et 331 sénateurs, les parlementaires sont 908 et la majorité requise s'élève à 545. La droite, entendue dans son acceptation la plus large, compte 552 parlementaires. Il ne devrait donc pas y avoir de difficulté, sauf que ce total comprend quelques élus du Modem ainsi que de Nicolas Dupont-Aignan et de Philippe de Villiers dont il y a fort à parier qu'ils ne manqueront pas une si belle occasion de faire mordre la poussière à celui qui s'est efforcé de les laminer. La majorité au Parlement sera ainsi très difficile à atteindre. Dans ces conditions, le gouvernement ne peut perdre aucune voix, c'est pourquoi les sièges vacants acquis à la droite sont renouvelés au plus vite. La précipitation de la Préfecture des Ardennes n'est donc pas une marque d'attention envers notre département, elle n'est qu'une manifestation d'un intérêt bien entendu...
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