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lundi 16 juillet 2007

Thomé-Génot: l'Etat s'offre une bonne conscience

Suite à la fermeture de leur usine, les salariés de Thomé-Génot s'étaient lancés à la fin de l'année dernière dans un long bras de fer pour obtenir le versement d'une prime extra-légale de 30.000 euros par personne. Après de multiples rebondisements, ils avaient obtenu la somme de 25.000 euros: 10.000 versés par le Conseil général, autant par le Conseil régional et 5.000 seulement par l'Etat qui avait toutefois complété son intervention en prenant en charge le financement du CTP dans lequel les ex-salariés avaient été intégrés. L'issue du conflit étant acceptable, elle avait été acceptée et tout le monde pensait que l'affaire était close. C'était compter sans l'Union européenne qui a décidé, le 25 juin, de lancer une procédure pour que le Fonds européen d'ajustement à la mondialisation verse 2,56 millions d'euros en faveur des ex-salariés de l'ex-entreprise nouzonnaise. 9.500 euros par personne, de quoi dépasser les 30.000 initialement réclamés, pensez donc, ça ne se refuse pas! Sauf que la Préfecture a fait savoir qu'une fois cette somme effectivement débloquée, elle sera attribuée à l'Etat pour qu'il se rembourse d'une partie des dépenses engagées dans le CTP.
Cette annonce, vous vous en doutez bien, a fait l'effet d'une douche froide. Les ex-salariés ont fait savoir leur mécontentement et certains élus, imitant en cela l'Etat, en ont profité pour "faire du gras" en envoyant à "l'Ardennais" des communiqués sentant plus l'odeur nauséabonde de la récupération que de la compassion. Surtout, le gouvernement, engagé dans sa stratégie d'ouverture et désireux de cacher sa politique ultra-libérale derrière un paravent social, s'est trouvé gêné aux entournures. Il lui fallait donc réagir, et rapidement. C'est ainsi que 4 ex-salariés de Thomé-Génot choisis par la Préfecture ont été invités par Nicolas Sarkozy à participer à ses côtés aux festivités organisées à l'occasion de la fête nationale. Reçus comme des hôtes de marque, ils ont pu admirer le défilé militaire depuis la tribune présidentielle, se faire photographier sur le perron de l'Elysée et cotoyer lors de la garden-party une partie de l'élite de la nation française. Bref, une journée inoubliable, qui a bien sûr été immortalisée par des médias dont la proximité avec le gouvernement en place n'est plus à démontrer, et une bonne conscience obtenue par l'Etat à bien peu de frais.
Le MRC-08 tient à dénoncer avec la plus frande fermeté ce dernier épisode de la triste affaire Thomé-Génot. Certes, pour des salariés licenciés à la suite d'opérations crapuleuses réalisées par un patron voyou, se retrouver le temps d'une journée en apparence sur un pied d'égalité avec le gratin du pays est très flatteur. Mais cela ne mettra pas un gramme de beurre dans les épinards! Ce n'est qu'un traitement cosmétique qui n'améliorera en rien la situation réelle difficile vécue par les ex-salariés. Quant à l'attitude du dirigeant de la maroquinerie Hermès de Bogny sur Meuse qui a jugé bon de profiter de l'opportunité pour prêter un sac de luxe à l'une des 4 invités pour faire gratuitement sa publicité, elle est absolument inqualifiable et démontre que décidémént, l'indécence, n'a pas de limite.

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