Depuis le 10 juin, date de l'arrivée triomphale du TGV dans les Ardennes, le mécontentement est de plus en plus perceptible chez les usagers du rail. Pêle-mêle, ils reprochent les retards récurrents de cette formule 1 du rail qui rallongent la durée des trajets au lieu de la diminuer, les correspondances inadaptées, l'augmentation des tarifs, la baisse des liaisons inter-régionales ou encore la diminution de l'offre des TER. Ce dernier grief est particulièrement mis en avant chez les habitués de la ligne Charleville-Givet qui ont pu constater que le nombre de dessertes a été réduit, que certaines gares ne sont plus aussi bien desservies qu'auparavant et surtout que les 2 AGC (précision du MRC-08 pour les non-initiés: il s'agit des autorails à grande capacité qui peuvent transporter 160 personnes à 160 km/h) récemment affectés à la ligne ont été supprimés la semaine au profit de michelines à l'âge respectable afin de faciliter les correspondances du TGV avec les gares de Sedan et de Reims.
Face à cette grogne de plus en plus forte relayée par les médias locaux et les décideurs régionaux, la SNCF, guidée un peu par le souci de satisfaire l'usager et beaucoup par la crainte d'avoir des difficultés à obtenir une contribution financière de la part des collectivités territoriales pour financer le 2ème tronçon de la LGV vers Strasbourg, a décidé de réagir. Ainsi, par l'intermédiaire de Nicolas Gindt, directeur du réseau TER Champagne-Ardenne, elle a déclaré que si "les vieux trains sont comme les 2 CV, les nouveaux trains qui vont fonctionner sur la ligne Givet-Charleville à partir du 09 décembre sont comme les Mercédès". Une façon imagée de dire que l'essentiel des 20 AGC qui seront livrés à la région avant la fin de cette année seront affectés à cette ligne et assureront 13 des 16 aller-retour quotidiens! Sachant qu'il s'agit de trains de la dernière génération au confort irréprochable et capables de gagner 10 minutes sur les trajets omnibus, la nouvelle devrait calmer les nombreux esprits passablement échauffés depuis un mois.
Pourtant, elle est loin de satisfaire le MRC-08. Pourquoi? Parce qu'au nom du culte de la concurrence et de la dénationalisation rampante, la SNCF a choisi d'acheter ses nouvelles rames au canadien Bombardier plutôt qu'au français Alstom. L'opportunité de soutenir notre industrie nationale en accordant le marché à un groupe qui ferait davantage travailler la France que Bombardier qui prévoit de sous-traiter une bonne part de sa production à l'étranger n'a pas été saisie. C'est dommage, d'autant que l'attribution du marché à Alstom aurait contribué à créer une vitrine propice à l'exportation et à l'émergence d'un nouvel acteur de poids sur le marché des trains régionaux largement dominé par le groupe canadien. Et n'allez pas dire que la SNCF est soumise au Code des marchés publics et ne doit prendre sa décision qu'au regard des performances techniques, du confort des usagers et du niveau de la proposition financière. Chacun sait qu'il existe des moyens juridiques pour faire en sorte qu'une commande soit attribuée à une entreprise française. Il serait tout de même temps que les collectivités locales prennent en compte l'intérêt national et que l'Etat, au nom de la solidarité, les y encourage financièrement. Sinon, le "patriotisme économique" dont beaucoup se gargarisent est condamé à rester une expression, certes jolie, mais totalement vide de substance!
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