Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


mardi 28 décembre 2010

Givet : Ardenity à son tour en liquidation judiciaire !


La rumeur qu’une entreprise était sur le point de déposer son bilan courait avec insistance depuis plusieurs semaines dans la Pointe. Elle est maintenant hélas confirmée, au-delà de toutes les inquiétudes, puiqu’on vient d’apprendre que le tribunal de commerce de Sedan a prononcé le 09 décembre non pas la mise en redressement judiciaire mais carrément la liquidation judiciaire d’Ardenity ! Cette société, née en juillet 2007 de la reprise de Sorochimie, le 1er producteur européen d’acide sulfanilique – une poudre chimique intermédiaire destinée à la production d’agents de blanchiment pour l’industrie papetière et à la fabrication d’adjuvants béton, de colorants textiles et alimentaires ainsi que d’éléments médico-pharmaceutiques -, par l’entreprise industrielle américaine Trinity basée en Caroline du Nord est donc morte, dans un silence assourdissant qui laisse pantois lorsqu’on songe qu’elle livre 22 salariés aux affres du chômage !

Certes, depuis sa fondation à la fin de 1990, la vie de ce spécialiste de la chimie de base a été tout sauf un long fleuve tranquille. Après une montée en puissance qui lui avait permis de multiplier par 4 le nombre initial de ses salariés, il avait dû faire face à une forte concurrence chinoise et indienne. Cela l’avait contraint en mai 2001 à un 1er dépôt de bilan, suivi d’un redressement judiciaire puis, en avril 2003, de la mise en place d’un plan de continuation. La situation s’était alors un peu améliorée, mais pas assez aux yeux des actionnaires majoritaires qui ont préféré céder leur participation à Trinity, l’un de leurs principaux clients. A priori, ce choix, qui s’était immédiatement matérialisé par l’adoption du nom Ardenity (un mot-valise destiné à montrer à la fois l’enracinement de l’entreprise et la gratitude envers les nouveaux dirigeants) et d’un nouveau logo (un sanglier [emblème ardennais]de couleur bleu [référence aux Pierres Bleues de Givet] entouré de jaune foncé [évocation de la production d’acide sulfanilique]) était judicieux puisque les nouveaux propriétaires avaient pu, grâce à l’aide du Conseil régional et du CRITT, investir 750.000 euros dans la modernisation de l’outil de travail, permettant ainsi à la production annuelle de passer de 3.600 tonnes à 4.800 tonnes en ne travaillant plus que 5 jours sur 7 au lieu de 7 jours sur 7.

L’entreprise semblait donc repartie sur de bons rails. Malheureusement, c’était sans compter avec la crise économique qui a entraîné en 2008 un effondrement brutal de son chiffre d’affaire de 5,7 millions d’euros à seulement 1,8 millions (- 68 % !) et le remplacement d’un bénéfice net de 336.000 euros par une perte nette de 195.000 euros. Pour faire face à cette situation, Ardenity s’était résolue en janvier 2009 à arrêter sa production d’acide sulfanilique pur à usage de la chimie fine et à licencier 3 salariés. Pour quels résultats ? Une remontée en flèche de son chiffre d’affaire qui s’est approché des 5 millions d’euros en 2009, mais aussi une multiplication par 4 du déficit brut d’exploitation, une flambée du ratio d’endettement (dettes financières /fonds propres) à 1,06 contre 0,50 en 2007 et surtout un creusement de la perte nette à 210.000 euros ! Une situation intenable donc, malgré la louable intervention de la Communauté de communes qui n’a pas hésité à injecter 250.000 euros dans l’entreprise en lui rachetant en décembre 2009 l’un de ses 2 bâtiments, qui rendait inévitable l’issue fatale que nous connaissons aujourd’hui.

Pour le MRC 08, cette fermeture en toute discrétion d’Ardenity, qui contredit les propos doucereux sur la situation économique du département tenus par le Préfet lors de sa dernière conférence de presse, est un mauvais coup supplémentaire porté au tissu industriel givetois qui ne cesse de se réduire tel une peau de chagrin. C’est aussi la confirmation de l’urgence qu’il y a à élaborer une réflexion collective sur la revitalisation économique de la Pointe, qui passera nécessairement par la poursuite du développement du port de Givet et par l’encouragement à l’installation d’activités susceptibles de donner une image attractive à ce territoire meurtri…

1 commentaire:

dédé a dit…

La neige d'abord, puis les fêtes de Noël, voilà pourquoi on n'a pas parlé de cette fermeture. Pourtant, 22 emplois dans la Pointe, par les temps qui courent ce n'est pas rien !!!