Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


dimanche 6 février 2011

Charlemont : l’Etat fuit lâchement ses responsabilités !


En 2008, la terrible nouvelle était tombée : dans le cadre de la réorganisation de l’armée française, le Centre d’Entrainement Commando de Givet, situé dans la forteresse de Charlemont, allait être fermé. D’un trait de plume, plus d’une centaine d’emplois militaires et trente emplois civils étaient appelés à disparaître dans la Pointe à horizon d’un an. Un vrai choc pour un territoire déjà lourdement touché par les fermetures d’usines à répétition, que l’Etat avait alors décidé d’atténuer en mettant en place pour 3 ans, reconductible une fois par un avenant d’une durée de 2 ans maximum, un Contrat de redynamisation de Site de Défense pour lequel il a mobilisé très exactement 4.994.310 euros.

Dans ce cadre, et grâce à l’appui financier des autres collectivités territoriales, un catalogue assez complet de mesures a été élaboré pour renforcer l’attractivité du canton de Givet afin d’y faciliter l’installation de nouvelles activités. Parallèlement, dès la 1ère visite en septembre 2008 du secrétaire d’Etat Hubert Falco dans la cité de Méhul, le gouvernement s’était engagé à assurer l’entretien et la sécurité de l’immense forteresse 90 hectares avec 31 bâtiments entourés par plus de 5 kilomètres de rempart – jusqu’à sa reprise par un ou plusieurs investisseurs privés ou publics, ce qui représente au bas mot une dépense de 500.000 euros par an. Un bel effort financier donc, que l’on peut considérer comme une juste compensation pour le traumatisme causé !

Malheureusement, la forteresse de Charlemont étant inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques depuis 1927, ses falaises faisant partie de la réserve naturelle de la Pointe étant classées Natura 2000, ses sols présentant des risques importants de pollution pyrotechnique et les constructions y étant interdites dans l'état actuel du PLU, les repreneurs potentiels crédibles ne se sont pour le moment pas encore bousculés au portillon et rien ne dit qu’ils le feront à l’avenir. Face à cette situation, l’Etat a donc décidé de limiter les frais en annonçant qu’il ne signerait pas de convention avec un futur acquéreur. En clair, cela signifie que l’oiseau rare, s’il est trouvé un jour, devra prendre en charge les coûts d’entretien ! Vu les sommes en jeu, tout le monde comprendra que c’est pratiquement mission impossible.

La forteresse de Charlemont court ainsi le risque de tomber petit à petit en ruine et de ressembler, à terme, à celle du Mont d’Haurs. Triste perspective que seule la mairie ou la Communauté de communes pourrait éviter en acquérant le site pour l’euro symbolique et en s’engageant à conclure une convention, portant entre autres sur les frais d’entretien, avec d’éventuels futurs porteurs de projets privés. Une triple peine en somme puisque après avoir perdu l’activité économique générée par le CEC et les animations qu’il assurait comme le feu d’artifice annuel et le festival de musique militaire, les collectivités locales devraient maintenant mettre largement la main à la poche pour compenser le désengagement éhonté d’un Etat sans scrupule qui n'hésite pas à refiler la patate chaude sans crier gare. Pour le MRC 08, c’est non seulement inadmissible, c’est indigne, mais hélas tout à fait révélateur de la politique du gouvernement qui promet beaucoup mais tient très peu...

4 commentaires:

evils a dit…

Ainsi la Communauté de communes aura tout le loisir d'installer qu'il est veut sur le site : notamment un projet farfelue venu d'Agimont et de dépenser allègrement les deniers publics.
Remarque : le site est Monument Historique et pas seulement inscrit, ce qui induit beaucoup plus de contrainte.
remarque 2 : la ville de Givet devait etre propriétaire du site, qu'elle avait acquis au franc symbolique. Dans les années 60, l'armée a repris le site, la ville n'ayant pas payé le montant de l'achat.

Vigilant pour l'avenir de la Pointe a dit…

Merci pour les précisions. Ce retournement de l'Etat laissera en effet à la communauté de communes, si elle se porte acquéreur, beaucoup plus de libertés. Mais en a-t-elle les moyens financiers et la volonté ? Ce n'est pas sûr. Par contre, ce qui est certain, c'est que maintenant elle a un argument en or dans la négociation à venir sur l'intégration de Revin : si Revin entre de force avec l'appui du Préfet,la comcom ne prendra pas à sa charge Charlemont !!!

evils a dit…

Effectivement, elle a un argument en or pour refuser que Revin n'entre dans la Communauté. Pourtant, c'est probablement la meilleure chose à faire.

biloute a dit…

je suis tout à fait d'accord,pour la com.com. mieux vaut prendre CHARLEMONT que REVIN car là au jour d'aujourd'hui ce serait un véritable gouffre.Pour GIVET impossible de prendre CHARLEMONT elle n'en a pas les moyens.