En France, le 1er mai est le seul et unique jour férié et obligatoirement chômé de toute l’année. C’est donc une journée très appréciée par les salariés qui est traditionnellement marquée par des défilés syndicaux dans toutes les grandes villes du pays. Mais à quand remonte cette fête qui a fait cette année l’objet de tant de débats ? Si l’on excepte le geste plein de galanterie du jeune roi Charles IX qui, dans l’attente de son prochain sacre, offrit le 1er mai 1561 un brin de muguet aux dames présentes à la Cour , c’est à 1889 ! Cette année, à l’occasion de l’exposition internationale de Paris et du centenaire de la Révolution française, les organisations ouvrières de plusieurs pays d’Europe prirent pour la première fois la décision de principe d’organiser un mouvement commun afin d’obtenir une législation en faveur de la journée de 8 heures.
Le premier 1er mai eut donc lieu en 1890 dans plusieurs pays à la fois, mais sans mot d’ordre commun, chacun faisant ce qu’il pouvait là où il était, car le droit de manifester n’était pas reconnu partout. Ainsi, en France, ce sont les guesdistes, c’est-à-dire la frange la plus radicale de la nébuleuse socialiste de l’époque, qui prirent la tête du mouvement. Ils appelèrent les ouvriers à se mettre en grève, puisque le 1er mai n’était pas encore férié, et à manifester pour "mettre en demeure" les députés sur la loi des 8 heures. De quoi inquiéter les classes dirigeantes, même si les défilés ne rassemblèrent guère plus de quelques centaines de personnes ! C’est donc sans surprise que l’année suivante, lorsque les actions du 1er mai furent reconduites, les patrons de nombreuses villes industrielles demandèrent au pouvoir de mobiliser la troupe pour contenir les "partageux".
Le face-à-face entre l’armée et un mouvement resté très éclaté fut tendu partout. A Clichy, il dégénéra en une échauffourée qui provoqua l’arrestation puis la condamnation de plusieurs anarchistes. Pire, à Fourmies, les soldats équipés du tout nouveau fusil Lebel tirèrent à feu nourri sur les manifestants, au point de faire en à peine 45 secondes 9 morts et au moins 35 blessés ! Ce drame amena dès 1892 la deuxième Internationale à faire du 1er mai une journée pérenne de revendications, avec trois objectifs : obtenir la journée de 8 heures, imaginez collectivement un projet d’avenir et lutter pour la paix et la solidarité internationale. Depuis, la CGT a pris en 1905 la direction du 1er mai, elle a obtenu la satisfaction de sa revendication première en 1919 et, accompagnée par les syndicats qui se sont progressivement créés, elle perpétue la tradition des rassemblements, comme à Givet, et des défilés, comme à Charleville-Mézières.
Rien à voir donc avec la rhétorique antisyndicale et le débat sur le "vrai travail" que l’on a pu trouver dans les déclarations récentes du Président-candidat Nicolas Sarkozy, qui rappellent plus certains propos entendus pendant le régime de Vichy que les slogans traditionnellement scandés lors de la fête des travailleurs...
(affiches de la CGT datant de 1936, 1919 et 1906)
1 commentaire:
A l'écoute du discours de NS hier, je comprends bien que la Droite est embêté par l'action syndicale. C'est parfait !
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