Dans son édition d'aujourd'hui, le journal économique "Les Echos" consacre un long article au développement de la filière nucléaire en France intitulé "réacteurs EPR : et de trois ?". Le département des Ardennes, qui a déposé sa candidature pour accueillir à Chooz le 2ème site de cette nouvelle génération de centrale nucléaire, est directement concerné par les informations qu'il comporte. Qu'y apprend-on? D'abord que vendredi 16 janvier, Nicolas Sarkozy a convoqué un conseil de politique nucléaire où il a fait part de son indécision entre EDF et GDF-Suez pour la construction du 2ème EPR français et que rien ne serait décidé avant trois semaines sur ce dossier extrêmement sensible. Ensuite que l'annonce par "Le Journal du Dimanche" le week-end dernier que EDF était le mieux placé pour construire et exploiter le 2ème EPR, très certainement à Chooz, doit être interprété comme un test destiné à prendre la température auprès des associations écologistes et des syndicats. Enfin que la Commission européenne surveille de très près ce dossier et verrait d'un mauvais oeil l'octroi de la construction de cet EPR à EDF, d'autant que GDF-Suez entend jouer la carte européenne en associant à son projet le géant allemand de l'électricité E.ON et que le taux de disponibilité de ses centrales nucléaires en Belgique est nettement supérieur à celui d'EDF.
Ces informations amènent à nuancer les propos optimistes affirmant que le site de Chooz tiendrait la corde dans la course à l'attribution du 2ème EPR. Certes, EDF bénéficie d'un atout majeur avec son expertise qui est mondialement reconnue, mais il est affaibli financièrement après sa décision d'acquérir pour 20 milliards d'euro le britannique British Energy et l'américain Constellation et le montage financier de son projet avec éventuellemnt une participation du russe Gazprom, à l'origine de la récente crise du gaz entre la Russie et l'Ukraine, paraît moins solide. De plus, s'il possède globalement de meilleurs sites que ceux de GDF-Suez, c'est parce que Penly et Flamanville sont situés en façade maritime, alors que Chooz nécessiterait un refroidissement par la Meuse qui reste à ce jour techniquement très difficle à réaliser.
Les jeux sont donc loin d'être faits dans l'attribution du 2ème EPR à l'un des deux grands opérateurs énergétiques français et dans le choix définitif du site où il serait construit. Dans ce contexte, le MRC-08, qui rappelle son attachement au développement de la filière nucléaire seule à même de fournir massivement une électricité bon marché dans des conditions satisfaisantes d'indépendance, estime que la prudence doit encore être de mise sur ce dossier et souhaite que la classe politique ardennaise ne multiplie pas les effets d'annonce qui relèvent plus du pari sur l'avenir que de l'information due aux citoyens. Vouloir éviter la sinistrose, c'est louable, mais si cela devait déboucher sur une cruellle désillusion, ce serait totalement contre-productif.
2 commentaires:
Comment prendre ses rêves pour des réalités ou comment vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué ? Les dirigeants politiques des Ardennes viennent de nous en donner un bon exemple. A les lire dans la presse depuis lundi, tout était décidé et Chooz aurait l'EPR. Apparemment, ce n'est pas si simple que ça ! est-ce que par hasard ils ne seraient pas en train de prendre les ardennais pour des gogos?
J'espère que la prudence s'impose: ce réacteur est INUTILE, surtout en regard des baisses de consommation liée a la crise qui COMMENCE,il est destructeur d'emploi dans l'énergie renouvelable, la seule qui tienne la route socialement, ET DURABLEMENT.
D.Lebrun
Ciney (Belgique)
Enregistrer un commentaire