Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


lundi 7 décembre 2009

Il faut sauver l'histoire-géographie en Terminale Scientifique


Si la réforme du lycée ne sera présentée officiellement que jeudi matin, on en connaît déjà aujoud'hui le contenu. Parmi les différentes mesures qui seront annoncées, dont certaines vont dans le bon sens, une a fait bondir non seulement les plus éminents universitaires de notre pays mais aussi bon nombre d'acteurs politiques majeurs : la rétrogradation au rang d'option de l'enseignement de l'histoire-géographie en classe de Terminale Scientifique ! Le ministre de l'Education Nationale a eu beau clamer que cette décision sera compensée par une augmentation des heures d'enseignement de l'histoire-géographie en Première scientifique pour les ramener au niveau de celles dispensées dans les autres filières d'enseignement général (4h au lieu de 2h30), il n'a convaincu personne : une année d'enseignement à 4 h00 n'équivaudra jamais à 2 années d'enseignement à 4 heures, quel que soit le niveau supposé des élèves. L'effet de cette mesure sera donc de priver la moitié des lycéens de la filière générale de la possibilité de se situer dans le temps et dans l'espace, de questionner le passé pour se former un jugement sur le présent, bref d'entamer un processus d'abaissement culturel et d'amnésie générale. C'est pourquoi, dans l'édition du 05 décembre du JDD, un appel au maintien de l'histoire-géographie en Terminale Scientifique a été lancé par des spécialistes du sujet. Le MRC 08 vous le communique en intégralité ci-dessous, ainsi que le lien qui vous permettra de signer la pétition en ligne afin de mettre fin à ce début de processus de crétinisation :

"La décision envisagée par M. le Ministre de l’Education nationale, dans le cadre de la réforme des lycées, de rendre optionnelle l’histoire-géographie en terminale scientifique ne peut que susciter la stupéfaction par son décalage avec les nécessités évidentes de la formation des jeunes Français au début du XXIe siècle. A l’heure de la mondialisation, les futurs bacheliers scientifiques n’auraient donc nul besoin de se situer dans le monde d’aujourd’hui par l’étude de son processus d’élaboration au cours des dernières décennies, pas plus que par l’analyse de sa diversité et des problèmes qui se posent à la planète et à son devenir. En outre, ils se trouveront dans l’impossibilité d’accéder à certaines formations supérieures de haut niveau pour lesquelles la connaissance de l’histoire et celle de la géographie sont indispensables et vers lesquelles ils se dirigent en nombre croissant.
Au moment où le président de la République et son gouvernement jugent urgent de lancer un grand débat sur l’identité nationale qui doit mobiliser le pays, cette mesure va priver une partie de la jeunesse française des moyens de se faire de la question une opinion raisonnée grâce à une approche scientifique et critique, ouvrant ainsi la voie aux réactions épidermiques et aux jugements sommaires. Il est impératif d’annuler cette décision, inspirée par un utilitarisme à courte vue, qui se trouve en contradiction avec les objectifs proclamés du système éducatif français sur le plan de la formation intellectuelle, de l’adaptation au monde contemporain et de la réflexion civique des futurs citoyens."


Signataires:
Jean-Pierre Azéma (historien), Antony Beevor (historien, université de Londres), Jean-Jacques Becker (historien), Serge Berstein (historien, Sciences-Po), Pierre Cosme (historien, université Paris-I), Alain Finkielkraut (philosophe, Ecole polytechnique), Jean-Noël Jeanneney (historien, Sciences-Po), André Kaspi (historien), Jacques Le Goff (historien), Hervé Le Bras (démographe, Ined et EHESS), Evelyne Lever (historienne, CNRS), Pierre Milza (historien), Michelle Perrot (historienne), Antoine Prost (historien), Jean-Pierre Rioux (historien), Jean-François Sirinelli (historien, Sciences-Po), Benjamin Stora (historien, universités Paris-VIII et Paris-XIII), Jean Tulard (historien), Annette Wieviorka (historienne, CNRS), Michel Winock (historien, Sciences-Po).
Ont apporté samedi leur soutien depuis l’appel publié dans la première édition du JDD:
Abd Al Malik (artiste), Eliette Abécassis (écrivain), Laure Adler (journaliste écrivain), Pierre Arditi (comédien), Martine Aubry (Premier secrétaire du PS), Guillaume Bachelay (Secrétaire national du PS à l’industrie), Claude Bartolone (député PS), Jean-Christophe Cambadélis (député PS), Jérôme Clément (PDG d’Arte), Boris Cyrulnik (psychiatre et neurologue), Philippe Delerm (écrivain), Harlem Désir (député européen), Marc Dugain (écrivain), Cécile Duflot (secrétaire nationale des Verts), Laurent Fabius (député PS, ancien Premier ministre), Bruno Julliard (secrétaire national à l’éducation du PS), Hervé Hamon (écrivain), Robert Hue (sénateur CRC-SPG), Jack Lang (député PS, ancien ministre de l’Education nationale), Maurice Leroy (député NC), Philippe Meirieu (professeur d’université), Pierre Moscovici (député PS), Michel Onfray (philosophe), Mona Ozouf (historienne),Vincent Peillon (député européen PS), Olivier Nora (PDG éditions Grasset et Fayard), Ségolène Royal (présidente du conseil régional de Poitou-Charentes), François Rebsamen (Sénateur PS), Marielle de Sarnez (vice-présidente du Modem et députée européenne), Manuel Valls (député PS)


1 commentaire:

Ophélie a dit…

Voilà comment les personnes à l'origine des réformes de l'éducation vont manipuler de plus en plus les élèves; en les crétinisant! Nous savions déjà que l'école était un bon moyen de faire communiquer (même si c'est bien cammouflé parfois) des idées plus ou moins engagées et favorables au gouvernement selon la personnalité à la tête du pays, mais là c'est le bouquet!!! Rendre optionnel ce qui est à la base même, ce qui incarne la racine de la culture générale, c'est d'une honte absolue... Le but? "Former" des scientifiques incultes, juste bons à calculer et à faire des expériences? C'est à se demander! L'histoire-géo est un pilier de l'éducation; c'est la matière où l'on apprend à réfléchir et à avoir un esprit critique sur les faits passés et par conséquent de ce qui en découle aujourd'hui! Hurlons face à ce projet manipulateur visant à fabriquer des jeunes sans connaissances historiques et par conséquent incapables de comprendre et de réfléchir sur les faits actuels, l'histoire étant (il faut l'admettre) étroitement liée à la politique... Ils veulent agir sans que les personnes susceptibles de pouvoir prendre la relève ne sachent rien! Les profs d'histoire doivent faire de la résistance, surtout ceux qui exercent leur métier avec amour qui tendent à désillusionner leurs élèves sur ce que l'on peut nous dire comme conneries dans les journaux et à la télévision...