Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


vendredi 1 janvier 2010

Ardam : l'année de tous les dangers ?


Plus connue sous le nom d'Arthur Martin, la marque qui lui a permis d'atteindre son développement maximum, voire d'Electrolux, son actuel propriétaire, l'usine Ardam de Revin n'est pas un site industriel quelconque : c'est le 1er employeur de la 4ème ville des Ardennes, le 1er employeur privé de la vallée de la Meuse et l'un des tous premiers du département! Longtemps florissant, ce fleuron de l'industrie ardennaise, spécialisé dans la production de machines à laver haut de gamme et moyenne gamme, se fait des soucis pour son avenir depuis 2005. Pourquoi ? Tout simplement parce que sa maison-mère, la multinationale suédoise Electrolux qui n'a plus rien à apprendre sur les avantages à tirer de la mondialisation, a alors décidé de construire à Olawa, en Pologne, une usine afin de fabriquer ... des machines à laver. La main sur le coeur, les dirigeants du groupe avaient expliqué que ce n'était en rien une menace pour l'avenir du site de Revin puisque l'usine polonaise serait cantonnée dans la fabrication de lave-linge bas de gamme et moyenne gamme à destination des marchés émergents. D'ailleurs, les volumes de production initiaux n'étaient en rien comparables : 650.000 appareils pour Revin et 360.000 pour Olawa.

Pourtant, depuis 2007, année record pour Ardam qui avait alors profité de l'arrêt pour travaux du site polonais pour faire produire par ses 620 salariés en CDI et 250 intérimaires 770.000 appareils, des nuages noirs de plus en plus épais ne cessent de s'amonceler au-dessus de l'usine de Revin. D'abord, la reprise d'activité de l'usine d'Olawa a conduit en novembre 2007 au non renouvellement des contrats de 150 intérimaires. Puis, la SNCF a arrêté le mois suivant la desserte en wagons isolés du site revinois, ce qui l'a amené à recourir au transport routier beaucoup plus cher pour expédier 150.000 appareils à l'année. Ensuite, en 2008, l'annonce par Electrolux d'un investissement de 3,2 millions d'euros à Olawa pour pouvoir fabriquer sur place des pièces jusqu'alors envoyées par le site de Revin a fait apparaître, à juste titre, des craintes de délocalisation de la totalité de la production. Un moment calmées par la validation en janvier 2009 du projet Adriana, un lave-linge haut de gamme dont Revin aurait le monopole de la fabrication, ces craintes ont été réactivées par les annonces en mars du blocage du projet pour cause de crise économique, du gel des salaires pour toute l'année alors qu'ils étaient augmentés en Pologne, et surtout d'un plan de restructuration prévoyant 3.100 suppressions d'emplois dont 950 en Europe.

Le reste de l'année n'a pas été plus rassurant, avec la décision en juin de fermer le bureau d'étude en licenciant les 11 personnes qui y travaillaient. Certains trouveront cette mesure très modérée, mais pour le MRC 08 elle est gravissime puisque, en supprimant ce service qui constitue la tête pensante de l'usine, elle a rétrogradé le site de Revin au statut de simple usine de montage. En octobre, la situation s'est encore dégradée avec la mise en route d'un plan de chômage partiel d'une durée de 8 jours d'ici la fin de l'année. Enfin, le pompon, si l'on peut dire, est arrivé en décembre avec la divulgation des objectifs fixés à l'usine pour 2010 : 420.000 appareils, soit 15 % de moins que la production de 2009! Pour les syndicats, cela signifie qu'avec 560 salariés en CDI, le site est en sureffectif d'environ 100 personnes. L'année 2010 s'annonce donc très difficile, avec 3 options pour la direction : un plan social, un recours d'au moins 30 jours au chômage partiel ou la mise en place de pré-retraites de 80 salariés. Apparemment, c'est la 2ème option qui tiendrait la corde, ce qui n'est pas du goût des syndicats qui privilégient les départs en pré-retraites. Tout le monde l'aura compris, l'avenir est sombre pour Ardam et l'ambiance dans l'usine électrique, ce qui s'est d'ailleurs traduit par une grève spontanée le 17 décembre lorsque les ouvriers ont découvert que la direction, qui les avait mis au régime sec cette année, offrait comme à l'accoutumée des lave-linge aux cadres pour qu'ils puissent les tester ... ou encore par la publication dans notre quotidien départemental des 2 dessins ci-dessous :

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