Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

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mardi 16 février 2010

Régionale : un 1er débat sans véritable surprise


Toute imprégnée de sa mission de service public et convaincue qu'elle est le média le mieux formaté pour traiter des élections régionales qui auront lieu le mois prochain, France 3 Champagne-Ardenne a décidé d'organiser 2 soirées-débat avec les têtes de liste pour permettre aux forces en présence d'exposer leur programme et de confronter leurs points de vue. Alliance centriste s'étant retiré de la compétition au prétexte qu'elle ne disposait pas d'un espace stratégique suffisant pour s'exprimer, les 8 listes qui ont officiellement fait acte de candidature bénéficieront ainsi d'un accès au petit écran, ce dont tout citoyen doit se réjouir, mais qui sera hélas inégal puisque les listes UMP-NC et PS-PC-PRG auront le privilège de participer aux 2 soirées alors que les 6 autres devront se contenter d'une seule.

La 1ère de ces soirées-débat a eu lieu dimanche dernier, jour de la saint Valentin, avec en guise d'amoureux transits de la Présidence du Conseil régional le sortant Jean-Paul Bachy (divers gauche à la tête de la liste PS-PC-PRG), son principal concurrent Jean-Luc Warsmann (UMP-NC), Bruno Subtil (FN), Anthony Smith (NPA-PG-Alternatifs) et Ghislain Wysocinski (Alliance Ecologique Indépendante). Après le classique tour de table, le manque d'intérêt des Champardennais pour l'élection a été soulevé : Warsmann l'a expliqué par l'éloignement existant entre la région et ses habitants et a proposé d'y remédier par le choix de candidats provenant de chaque bassin d'emploi et par la tenue de permanences par les futurs conseillers régionaux ; Bachy s'est contenté de dire que la région est un échelon administratif plus récent que les départements et les communes ; Subtil a fait remarquer que c'est la preuve de l'inutilité des 2,3 millions d'euros dépensés chaque année par la région pour sa communication ; quant aux 2 autres têtes de liste, elles ont considéré que c'était la marque d'une offre politique qui ne convient pas aux citoyens. Personne hélas n'a jugé opportun de relever, même à mots couverts, que c'est en partie dû aux médias qui, certes, organisent parfois des débats, mais à 23h30, heure plus propice au sommeil qu'à la réflexion politique.

Puis la discussion a été amenée par Anthony Smith sur les difficultés économiques de la région, avec 3.240 salariés licenciés l'an dernier. Jean-Luc Warsmann en a profité pour marteler son credo, à savoir travailler ensemble avec tous les élus de terrain pour compenser le handicap d'être une petite région de seulement 1,3 millions d'habitants se classant au 21ème rang sur 22 pour les pertes d'emplois entre 2000 et 2008. Jean-Paul Bachy s'est efforcé d'expliquer cette situation par la difficulté d'agir dans une région à contre-courant de la politique nationale. Bruno Subtil a renvoyé dos à dos "le champion de l'augmentation de la fiscalité régionale" et le "sarkozyste honteux" sans rien proposer de concret ... contrairement à Ghislain Wysocinski qui a souhaité un rééquilibrage entre les sommes allouées au développement économique (18 millions d'euros) et à l'ensemble lycée-formation professionnelle (248 millions d'euros) afin d'arrêter de former des jeunes qui quittent ensuite la région pour aller travailler en Ile-de-France. Cette incursion dans le domaine de la formation a permis au président sortant de rappeler son attachement à l'apprentissage, dont le nombre de bénéficiaires a augmenté de 20 % depuis 2004, et à son principal concurrent de lancer l'idée "une entreprise un apprenti" grâce à la réduction des formalités pour les patrons et au cofinancement des permis de conduire par la région.

Les énergies renouvelables et les agro-ressources ont ensuite été abordées. De façon surprenante, le plus incisif sur ces questions a été le représentant de la liste NPA-PG-Alternatifs qui s'est lancé dans une diatribe en affirmant que "de Bure à Soulaines, de Chooz à Nogent, aujourd'hui la Champagne-Ardenne risque de devenir une véritable poubelle nucléaire". L'écologiste Ghislain Wysocinski s'est montré plus modéré en plaidant pour la mise en place de circuits courts, tout comme Jean-Paul Bachy et Jean-Luc Warsmann qui ont proposé de renforcer le pôle de compétitivité agro-ressources. Cette convergence de vue ne les a cependant pas empêché d'avoir une passe d'armes très ferme lorsque, en réponse à l'attaque du divers gauche qui a affirmé à la tête de liste de l'UMP "ce que vous promettez, nous le faisons, on a montré le bon chemin", ce dernier a asséné "Monsieur Bachy, vous faites de la politique comme il y a 50 ans en expliquant que tout est bien d'un côté et que tout est mal de l'autre". Quant au reste du débat, il a été constitué par quelques échanges sur la réforme territoriale en cours et par l'énoncé de la 1ère mesure qui serait prise en cas de victoire par chacun des participants. Rien de révolutionnaire donc, mais un bon exercice de démocratie qui sera complété dimanche prochain par la 2ème soirée-débat que le MRC 08 suivra, afin de pouvoir définir une position pour le 14 mars, avec un grand intérêt.

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