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samedi 1 janvier 2011

Petit décryptage des nouvelles populations légales ardennaises


Depuis 2006, la France, pour des raisons essentiellement financières, a renoncé à organiser des recensements, cette superbe invention napoléonienne qui avait lieu tous les 7 à 10 ans et qui permettait de connaître avec une précision exceptionnelle la population française sous toutes ses coutures. A la place, elle réalise désormais chaque année une enquête de recensement qui porte sur un cinquième des communes ainsi que sur un certain pourcentage de la population des grandes agglomérations et elle publie dans les derniers jours du mois de décembre les populations légales qui entreront en vigueur au 1er janvier.

Composé de la somme de la population communale (les personnes ayant leur résidence habituelle sur le territoire de la commune) et de la population comptée à part (les personnes dont la résidence habituelle est située dans une autre commune mais qui ont conservé une résidence sur le territoire de la commune, c'est-à-dire essentiellement les jeunes de moins de 25 ans poursuivant des études ailleurs, les personnes âgées placées en établissements spécialisés et les militaires), cet indicateur qui permet de percevoir les dynamiques d’un territoire est attendu avec impatience par les décideurs de tous ordres, et notamment par les élus locaux qui surveillent de près le franchissement des seuils entraînant la modification du nombre des conseillers municipaux et de leurs indemnités.

Que peut-on retenir des derniers chiffres qui ont été publiés hier ? D’abord, malheureusement, que dans une France dont les effectifs augmentent sensiblement, les Ardennes connaissent avec une population totale de 292.722 personnes une baisse de 791 habitants, soit – 0,27 % ou encore 2 habitants en moins chaque jour ! Rien de glorieux donc, surtout que dans le même temps la région Champagne-Ardenne a réussi à limiter sa baisse à seulement – 0,11 %. Plus en détail, on peut remarquer que cette diminution des effectifs touche 2 arrondissements, ceux de Sedan et de Charleville-Mézières qui perdent respectivement 0,61 % et 0,43 %, alors que les arrondissements de Vouziers et de Rethel gagnent, eux, 0,13 % et 0,69 %. Le contraste entre le dynamisme démographique du sud des Ardennes et les difficultés du nord du département reste donc toujours d’actualité.

Cependant, à bien y regarder, les choses ne sont pas si simples que ça : dans l’arrondissement de Charleville-Mézières, si la vallée de la Meuse continue sa descente aux enfers avec une nouvelle chute de – 1,25 % et si les 5 cantons du chef-lieu perdent encore 0,34 % de leurs effectifs, le reste du territoire gagne 0,42 % ; dans l’arrondissement de Sedan, si les 3 cantons de la 2ème ville du département perdent globalement 1 % de leur population, les 4 autres en gagnent 0, 25 % ; dans l’arrondissement de Vouziers, si les effectifs progressent de plus de 1 % dans les 4 cantons situés à l’ouest, ils régressent de 0,36 % dans les 3 qui sont localisés à l’est et même de 0,63 % dans celui du chef-lieu ; dans l’arrondissement de Rethel, si la population est en hausse de 1,40 % dans les 5 cantons qui entourent le chef-lieu, elle est en baisse de 0,38 % dans celui qui le contient.

Pour le MRC 08, ces évolutions contrastées s’expliquent par plusieurs facteurs. Parmi eux, il y a bien sûr la crise industrielle qui fait sentir ses effets néfastes dans la vallée de la Meuse, tout particulièrement dans le canton de Revin qui perd 2,75 % de sa population, mais aussi la fin de la périurbanisation au profit de la rurbanisation, qui se traduit par exemple par une baisse de 1,60 % des habitants du canton de Villers-Semeuse et par une hausse de 1,65 % de ceux du canton de Renwez. Sans oublier le desserrement de l’aire urbaine de Reims, qui a permis une envolée de 2,02 % et de 3,3 % de la population des cantons d’Asfeld et de Juniville, et l’effet d’aspirateur à population de l’A 34 dont a bénéficié le canton de Novion-Porcien qui a vu ses effectifs progresser de 1,34 % !

Enfin, si on observe les chiffres publiés commune par commune, le principal enseignement, et de très loin, est que Sedan, en perdant 496 habitants, est passée sous la barre des 20.000 âmes avec très exactement 19.738 habitants. Une bien mauvaise nouvelle pour les élus, qui verront dès cette année leurs indemnités diminuées et dont le nombre pourrait être revu à la baisse en 2014 si la tendance ne s’inverse pas. Ce risque de diminution du nombre de conseillers municipaux plane également sur les communes de Sury et de Ménil-Annelles qui viennent de franchir à la baisse le seuil des 100 habitants. A l’inverse, en franchissant ce seuil à la hausse, Ménil-Lépinois et Mesmont pourraient voir leur conseil municipal passer de 9 élus à 11. De façon plus symbolique, on peut aussi remarquer que la ville de Revin n’a pas réussi à repasser la barre des 8.000 habitants, que celle de Givet s’est éloignée de celle des 7.000 habitants et que Fumay est maintenant passée sous la barre des 4.000 habitants. Quant à Vireux-Wallerand qui avait perdu l’an dernier au grand dam de son maire son statut de ville, elle confirme qu’elle est bien devenue un simple village en perdant 16 habitants supplémentaires.

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