Le golf des Poursaudes, situé à 15 kilomètres au sud de Charleville-Mézières à proximité du petit village de Villers le Tilleul, a vu le jour modestement en 1976 avec un parcours de 6 trous. Dix ans plus tard, il a connu une première extension en passant à 9 trous, mais son déficit récurrent a amené le Conseil général sous la présidence de Jacques Sourdille à procéder à son rachat en 1994 afin d'en faire "une vitrine pour les Ardennes". Après 6 années de réflexion, de travaux et un investissement de 5 millions de francs (la monnaie de l'époque!), le golf est passé à 18 trous en 2000 et a permis à ses habitués qui ne sont pas à plaindre (le tarif de l'abonnement annuel est tout de même de 750 euros, sans compter tous les à-côtés) de pratiquer leur loisir (certains diront leur sport) pendant 7 mois de l'année grâce au travail de 8 salariés et à une subvention départementale de fonctionnement de l'ordre de 137.000 euros par an. L'équipement est donc resté déficitaire, mais sa clientèle a fortement progressé en passant de 807 entrées en 2000 à 2.425 en 2007 et l'origine de ses difficultés a été clairement identifiée: l'absence d'hébergement sur place.
Les observateurs de la vie politique et économique du département s'attendaient donc à ce que cette carence soit éliminée au plus vite par le Conseil général. Il n'en sera rien puisque ce dernier, après avoir évoqué en décembre 2007 lors d'une réunion sur le budget primitif de l'année à venir l'idée de vendre ses équipements touristiques lourdement déficitaires (3 campings, les installations de Givonne et le golf des Poursaudes) , a officialisé le 11 avril 2008 sa décision de vendre l'ensemble du domaine des Poursaudes (c'est à dire le golf proprement dit de 18 trous avec ses bâtiments et les 68 hectares qu'il occupe, la ferme fortifiée et les 38 hectares de pâtures adjacentes) pour la somme de 1.370.000 euro. Ce prix relativement bas pour un ensemble de cette importance et de cette qualité a suscité les convoitises de 6 candidats parmi lesquels le Conseil général, justifiant sa volonté de vendre par une injonction de l'Etat de cesser ses activités ne figurant pas dans son champ de compétences ainsi que la concurrence déloyale faite au golf privé de Fagnon, en a retenu deux: le premier, qui tient la corde, est celui d'Hervé Taïeb, un homme d'affaires propriétaire de la Société de loisirs européens (gérant entre autres le golf de Chaumont en Vexin) qui s'appuie sur son expérience et propose de créer des équipements sportifs annexes (VTT et centre équestre) ainsi que plusieurs dizaines de villas et une maison de retraite non médicalisée de plusieurs dizaines de lits destinée à héberger des valides de 65 à 70 ans amateurs de golf ; le deuxième est celui de l'ardennais Franck Tarpin, importateur de maisons en bois finlandaises, qui envisage de construire 40 cottages sur le parcours et un hôtel de 20 chambres avec une prise en compte maximale de l'écologie (constructions avec des panneaux solaires et utilisation de la géothermie, recours à de l'herbe de gazon moins gourmande en eau, récupération des eaux de pluie) et la création d'un mini-parcours de 5 trous destiné aux débutants et aux scolaires , le tout en s'engageant à ne demander aucune aide publique.
Ces 2 projets reposent sur le même principe: développer l'attractivité et la rentabilité du golf des Poursaudes en créant sur place des possibilités d'hébergement. Pourtant, un aspect les différencie nettement: le deuxième est compatible avec la volonté d'extension de la société de pyrotechnie Euro Bengale qui a obtenu, après 3 ans de recherche, une promesse de vente du Conseil général en janvier 2007 concernant les pâtures jouxtant le golf pour y installer un dépôt d'artifices de 200 tonnes susceptible de créer dans l'immédiat 6 emplois et à moyen terme 15 ... alors que le premier y met un veto absolu. A priori, on peut comprendre la position d'Hervé Taïeb qui n'a pas envie de voir un site classé Seveso à proximité immédiate de ses installations. Mais, à bien y réfléchir, on peut aussi comprendre la position de Franck Tarpin qui a intégré que le dépôt d'artifices serait situé à plus de 400 mètres du golf et que la topographie du lieu est telle qu'il n'entraînera aucune nuisance visuelle. Le Conseil général devrait donc logiquement opter pour le 2ème projet, mais au jour d'aujourd'hui, ce n'est pas le cas puisqu'il a informé la société Euro Bengale de son refus d'honorer sa promesse de vente, ce qui lui vaut d'être traduit en justice par le PDG de cette firme qui n'accepte pas d'avoir dépensé en vain 60.000 euro d'études diverses.
Cette affaire du golf des Poursaudes, comme on commence à la nommer, risque maintenant d'avancer au rythme très lent des procédures judiciaires marqué par des expertises, des contre-expertises, des jugements et des appels. Pour le MRC 08, elle révèle surtout que le Conseil général a choisi enfin de se désengager de ses activités touristiques déficitaires et accapareuses d'une énergie qui pourrait être mieux employée, ce dont nous nous réjouissons vivement, mais aussi qu'il préfère donner la priorité à un projet visant à créer un ghetto pour les favorisés de la fortune plutôt qu'à un projet permettant le développement de concert d'activités touristiques raisonnables et d'emplois industriels, ce que nous regrettons tout aussi vivement. Le cap adopté par nos dirigeants départementaux est donc meilleur, mais il reste encore beaucoup d'efforts à faire...
1 commentaire:
1- les systèmes d'enregistrement sur le blog sont inhumains; se plier à cà conduit à la disparition de l'individu. C'est dommage que personne ne s'en indigne;Voltaire disait déjà "l'orthographe c'est l'affaire de l'imprimeur, pas la
mienne"
2- Merci pour la relation objective est bien renseignée de nos démélés avec le CG. Une précision qui a son importance: Guillaumin, le DGS, a tenté de nous faire languir en attendant le terme de validité du compromis signé pour pouvoir mieux nous jeter. Devant ce pauvre stratagème nous avons mis l'affaire en justice. Ce qui les embête bien car il ne sont plus vierge.
Bernard DEOM
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