Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


mercredi 27 avril 2011

Aubrives : plus ça va, moins ça va !

Mercredi dernier a eu lieu une réunion du Conseil municipal dont la quasi-totalité de l’ordre du jour portait sur l’examen, d’une part du compte administratif 2010, et d’autre part du budget 2011. Une séance consacrée essentiellement à des questions financières donc, qui revient tous les ans, mais qui est ô combien importante puisqu’elle permet de vérifier la qualité de la réalisation du budget prévisionnel de l’année passée et de se prononcer sur la pertinence des dépenses de l’année en cours. Logiquement, elle devait intéresser au plus haut point les élus, tous les élus de la commune, mais hélas, nous n’étions que 8 sur 15 à avoir daigné nous déplacer pour participer aux délibérations ! C’était certes suffisant pour avoir le quorum, mais pas pour voter le compte administratif puisqu’il est strictement interdit au maire, ordonnateur des dépenses de la commune, d’y participer. Il a donc fallu parer en urgence au problème. Comment ? En faisant de la "retape", c'est-à-dire en téléphonant à une conseillère municipale pour lui demander de bien vouloir participer à la réunion, ce qu’elle a accepté. Un petit avatar, diront certains, mais qui en dit extrêmement long sur l’état de déliquescence de la fameuse "équipe" qui avait brigué les suffrages des électeurs en 2008.

Après les formalités d’usage, notre bon maire a procédé à une lecture rapide du compte administratif de la commune, puis il a demandé si quelqu’un avait des questions à poser. Comme j’avais préparé avec soin la séance, j’ai fait savoir que j’avais 3 demandes d’information et 7 demandes d’explication. La parole m’a alors logiquement été donnée, mais devant l’incapacité de l’exécutif municipal à répondre de façon claire à mes questions précises, le 1er magistrat m’a sommé de me taire et a affirmé qu’il ne répondrait plus à mes interrogations, au prétexte qu’une commission des finances s’était déjà tenue en présence du receveur municipal qui n’avait rien trouvé à redire au compte administratif. Triplement ridicule, pour ne pas dire grotesque, d’abord parce qu’une commission donne un simple avis qui aide le conseil municipal dans ses délibérations mais ne saurait en aucun cas se substituer à lui, ensuite parce ce qu’une commission des finances – même ouverte à tous les conseillers municipaux – qui se tient un mardi à 09h30 n’est de toute évidence conçue que pour fournir des explications aux seuls élus n’exerçant pas d’activités professionnelles, et enfin parce que l’expertise du receveur municipal ne dispense pas du contrôle démocratique dévolu aux élus !

Devant ce refus de transparence et du fait d’écarts parfois très importants entre les dépenses prévues et celles effectivement réalisées, j’ai bien sûr voté contre le compte administratif 2010 de la commune. J’ai aussi fait savoir que je souhaitais motiver mon vote, ce qui m’a d’abord été interdit par le 1er adjoint, avant que l’ombre de son mai(t)re ne se ravise en m’entendant évoquer le service du contrôle de la légalité. J’ai alors pu expliquer, entre 2 persiflages de celui qui n’avait guère eu le choix, que ce compte administratif montrait une affectation fantaisiste de certaines dépenses dans le but de minorer artificiellement le poste "fêtes et cérémonies" (faire figurer le repas organisé pour la journée de la femme sur la ligne "frais de colloques et de séminaires", si ce n’est pas se fiche du monde, ça y ressemble fort, tout comme le fait d’inscrire les achats nécessaires à la chasse aux œufs de Pâques sur la ligne "alimentation" !), que la ligne "fêtes et cérémonies" retraitée des dépenses déjà faites mais pas encore payées était en augmentation inacceptable en période de crise de 14 % sur ce qui était budgétisé (avec par exemple des vœux du maire qui ont coûté la bagatelle de 3.772,40 euros hors prise en compte des cartes d’invitation !), que la surévaluation de 28 % des charges de personnel et de 25 % des autres charges de gestion courante n’était pas sans effet sur le montant de l’emprunt souscrit en 2010. Surtout, j’ai fait valoir que le taux de réalisation de 61 % seulement des dépenses d’investissement prévues rendait inutile la souscription d’un emprunt qui a tout de même coûté à la commune 5.329,50 euros d’intérêt l’an dernier... 
   
Ce 1er gros morceau étant passé, on a alors pu aborder le 2ème : le budget primitif pour l’année 2011 ! Après avoir rappelé les 2 principes qui avaient guidé son élaboration, à savoir ne pas augmenter les impôts locaux et ne pas augmenter la dette au-delà du niveau qu’elle atteignait au début du mandat (vous vous souvenez certainement, ce niveau qui avait été présenté pendant la campagne électorale comme étant incroyablement élevé, inacceptable, insupportable pour les contribuables), notre bon maire a annoncé qu’il serait basé pour l’essentiel sur la reconduction des sommes inscrites l’année précédente dans les différents chapitres - celles-là même dont le compte administratif venait de montrer qu’elles avaient été largement surévaluées - et sur la limitation des investissements à 2 aménagements de voirie et à quelques menus travaux. Oubliées donc les promesses claironnées à grand renfort de trompettes de construire un pôle scolaire flambant neuf, un local de découpe pour les chasseurs ou encore une halte-fluviale ! Un court débat s’est alors engagé, au cours duquel je me suis retrouvé bien seul à prendre la parole, puis le projet a été mis aux voix et accepté. A l’unanimité ? Non, puisque j’ai voté contre, avec le même scénario que lors du vote précédent, à savoir que le 1er magistrat m’a refusé tout net le droit de motiver ma position.

Bien sûr, je n’ai pas cédé, ce qui a eu le don de faire perdre ses nerfs à notre bon maire qui a crû qu’en parlant plus fort il aurait moins tort et qui s’est laissé aller à des familiarités de bien mauvais aloi ! J’ai alors été contraint de lui rappeler que nous n’avions jamais gardé les cochons ensemble et que s’il continuait dans cette voie, non seulement les services préfectoraux compétents seraient saisis mais aussi la presse. Le bon sens est heureusement revenu, ce qui m’a permis d’exposer les 3 raisons de mon opposition au budget présenté : l’accentuation de l’externalisation de tâches qui pourraient être réalisées par le personnel communal (nettoyage des vitres de la mairie et des écoles, tonte de certains espaces verts), la reprise à l’identique de la plupart des sommes inscrites au budget précédent (je me demande encore si c’est par facilité ou par fainéantise intellectuelle) et un recours excessif à l’emprunt pour équilibrer la section d’investissement. Il m’a alors été rétorqué que l’externalisation était voulue parce que, je cite, "nous devons gérer avec le personnel que l’on a, tant en quantité que en qualité" (bel exemple, pour une personne qui tenait il y a encore peu des permanences pour la CGT, de respect des salariés !), que la reprise à l’identique des sommes de l’an dernier n’avait soulevé aucune remarque de la part du receveur municipal (il faudra expliquer un jour à notre bon maire que l’optimisation du budget incombe aux élus, et non au receveur qui a seulement pour mission de vérifier qu’il est en équilibre) et que l’on n’emprunterait certainement pas les 380.000 euros (excusez du peu !) inscrits au budget.

Les réjouissances ont continué avec le vote des subventions aux associations qui en avaient fait la demande. Pratiquement toutes ont obtenu satisfaction, sauf Espace Loisirs qui, malgré les services qu’elle rend à la jeunesse du village, devra se contenter dans l’immédiat d’une avance de 500 euros alors que ses frais incompressibles de fonctionnement dépassent les 1.000 euros ... et Le Bel Âge d’Aubrives dont la demande n’a même pas été discutée malgré les activités multiples qu’elle organise en faveurs des Anciens de la commune. Pourquoi ces exceptions ? Si l’on en croit l’exécutif municipal, c’est à cause de problèmes de fonctionnement graves, mais si l’on en croit la rumeur publique, ce serait plutôt dû à la volonté de nuire à certaines personnes qui font de l’ombre ! Enfin, la séance s’est terminée par un épisode assez cocasse. Un homme d’un âge respectable, drapé dans une honnêteté autoproclamée qui ne l’a pas empêché d’être recalé il y a quelques temps par le suffrage universel, est venu s’asseoir à la table du conseil alors que la séance était encore en cours pour exiger, sur un ton inquisitorial que n’aurait pas renié un fonctionnaire de police dans l’exercice de ses fonctions, des explications sur des propos tenus lors du dernier conseil municipal par 3 conseillers dont, vous vous doutez bien, je faisais partie. Après avoir entendu que je confirmais mes dires consignés dans le procès-verbal qui l’avait froissé, il a annoncé son intention de me poursuivre en justice pour propos calomnieux. Dont acte, et que la justice tranche : a-t-on le droit de dénoncer son voisin pour un fait qui s’est révélé faux ? Où s’arrête le devoir d’un citoyen de dénoncer des illégalités supposées dont il aurait connaissance et où commence la dénonciation calomnieuse ? Voilà deux questions de fond qui, je dois l’avouer, m’intéressent beaucoup...     
LB

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Il faut laisser parler vos élus, Monsieur le maire d'Aubrives, sinon vous serez bientôt tout seul au Conseil municipal.
Un grand merci à Laurent Bouvier dans sa lutte pour animer ledit Conseil (ou devrais-je dire la discussion des préagapes ?).

vigie08 a dit…

il es de plus en plus ridicule notre brave maire. Il sait pas défendre son budget, mais en plus il veut interdire aus autres de parler. En plus, il donne pas un sous pour les vieux du village. Faut croire qu'il a pas compris que les vieux ont la mémoire longue. On va lui faire payer, et avec les intérets en prime. Il va se souvenire de sa décullottée de 2014

lucie a dit…

Quoi, plus de 3700 euro pour les voeux du maire, mais c'est de la folie. Avec cet argent, on aurait pu faire des choses plus utile pour le village. Si toutes les dépenses sont du meme style, je comprends pourquoi le maire n'a pas voulu répondre aux questions qui lui étaient posée. Et puis, il pourrait quand meme avoir pklus de considération pour le personnel communal. S'il pense qu'ils sont nuls, il faut bien qu'il se mette en tête qu'il y a de plus en plus d'habitant qui pense que lui aussi est nul comme maire

biloute a dit…

pauvre village d' Aubrives!
comme il est devenu en peu d'années c'est honteux! 8 élus sur 15 présents pour voter le budget,c'est se foutre des aubrivois qui les ont élus,Mr le maire s'interroge-t-il sur le motif de ces absences?
interdir en plus un conseiller de parler ,ou va-t-on?ou est la démocratie? va-t-on apprendre que notre gentil maire va parrainer Marine LE PEN pour 2012,on en prend bien le chemin!

Anonyme a dit…

A vrai dire, j'ai peu de respect pour les idées politiques de Marine Le Pen, mais beaucoup pour son intelligence. Il n'est donc pas sûr que le bébé accepte le maire d'Aubrives comme parrain.
Par ailleurs, on note que la plupart des espèces animales, dont l'Homo Sapiens, sont capables d'apprendre. Mais il est un certain nombre de personnes réputées géniales qui sont inaptes à comprendre qu'un budget, surtout de représentation, doit se réguler en fonction du pouvoir d'achat de la population. Notez qu'on en trouve : par exemple, à Emmerin, près de Lille, le maire paye de sa poche les petits fours et le champagne lors des voeux. Mais que nos concitoyens se rassurent, s'il y a mieux qu'Aubrives, il y a aussi pire : plus près de Paris, la facture des voeux comprend aussi le salaire des vigiles chargés d'encadrer la population et le tournage du film des festivités. Que voilà une bonne idée : d'abord, des gros bras permettraient à la population d'exprimer de façon spontanée et chaleureuse son dévouement vis-à-vis de notre bon maire, de l'autre il pourrait montrer ses qualités d'acteur, dans un rôle tragi-comique qui ferait les délices de ses administrés.
Dans ses conditions, faut-il féliciter notre conseiller muncipal LB pour son action ? Honnêtement, pas tant que ça : certes, il a des idées politiques excellentes, et c'est la meilleure source d'information sur la commune. Seulement, il parle trop au maire, ça risquerait de l'instruire.

mélo a dit…

La réunion du conseil municipal a eu lieu la veille du jeudi de Paques, alors les cloches se sont agitées une dernière fois avant de partir pour Rome. Surtout la grosse cloche apparemment, celle qui commande les autres, qui a tinté tortement avavnt de se faire sonner les cloches chez lui s'il est rentré trop tard. Heureux les simples d'esprit, le royaume des cieux est à eux.

dédé a dit…

Il me semble que quand on n'a rien à cacher, on peut répondre sans problème aux questions qui sont posées. Si on ne le fait pas, c'est qu'on ne veut pas tout dire et si on ne veut pas tout dire, c'est qu'il y a des choses pas très nettes. La transparence n'a jamais f&ait de mal, surtout quand il s'agit d'argent public. D'ailleurs, en parlant d'argent public, ce serait bien de fixer les critères d'attribution des subventions. Comme ça, personne ne pourrait se sentir injustement maltraité.

aubrivois a dit…

Quand il y a des écarts de plus de 25 % entre le budget prévu et le budget réalisé, c'est normal de ne pas voter le compte administratif. Par contre, pour le budget de cette année, c'est^peut ^tre mieux qu'il ne comporte que 2 grosses dépenses parce que franchement, on peut très bien se passer d'un pole scolaire et d'une salle de sport