Tout le monde sait que nous sommes en pleine crise économique. D’après les propos tenus par Nicolas Sarkozy hier soir à la télévision, il s’agirait même de la crise économique la plus grave depuis un siècle. Pire que celle qui a été déclenchée par le krach boursier d’octobre 1929 et qui a duré 10 ans, c'est-à-dire jusqu’au déclenchement de la 2ème guerre mondiale dont elle est l’une des origines, c’est dire ! A l’heure de la mondialisation (rappelez-vous, cette modification de l’économie que l’on qualifiait volontiers de « heureuse » au début des années 1990 et qui devait à la fois mettre fin à l’histoire et assurer à la planète une prospérité éternelle), toute la Terre est bien sûr concernée par ce dérèglement brutal. L’Union Européenne, malgré la mise en place de l’euro qui devait être un bouclier contre les menaces économiques extérieures, n’a pas réussi à y échapper, pas plus que la France en dépit des mesures dites de « modernisation » prises au cours des dernières années. Les Ardennes sont également touchées, meurtries même puisqu’il ne se passe quasiment pas un jour sans que l’on apprenne que telle ou telle entreprise du département est confrontée à des difficultés qui l’obligent à prendre des mesures drastiques.
Dans ce contexte particulièrement noir, les chefs d’entreprise utilisent tous les moyens à leur disposition pour tenter de limiter les conséquences sociales de la crise : récupération de RTT, prise anticipée des congés payés, modulation du temps de travail dans un premier temps, puis mise en place de mesures de chômage partiel avec la bénédiction de l’Etat. Cette attitude est tout à leur honneur et le MRC 08 les en félicite bien volontiers. Toutefois, cela ne suffit pas toujours et certaines entreprises affirment être contraintes de prendre des mesures plus radicales, ce qui se traduit par le licenciement d’une partie du personnel comme à Enia à Sedan, à Estamfor aux Hautes Rivières ou encore à Impressions SA à Revin. Ces décisions graves sont souvent justifiées, et nous pouvons les comprendre lorsqu’elles sont prises en dernier ressort après avoir épuisé toutes les autres solutions. Cependant, il n’en est pas de même de certaines mesures prises récemment par quelques chefs d’entreprise qui semblent avoir adopté comme ligne de conduite de tirer profit de la crise.
Ainsi, que faut-il penser d’une entreprise de 130 salariés spécialisée dans la fabrication de matériel d’extraction et de démolition pour les travaux publics qui supprime 9 emplois en novembre, puis 9 autres en janvier ? Qu’elle a connu une nouvelle dégradation de son activité et qu’elle s’y est adaptée ou qu’elle a agi pour contourner le code du travail qui impose la mise en place d’un plan de sauvegarde de l’emploi dans les entreprises de plus de 50 salariés prévoyant de licencier au moins 10 d’entre eux dans une période de 30 jours ? Les plus optimistes pencheront pour la 1ère hypothèse, mais pas le MRC 08 qui condamne avec la plus grande fermeté un tel comportement. Dans le même registre, que faut-il penser d’une entreprise spécialisée dans la fabrication de conduites techniques pour les moteurs de voitures qui annonce 28 suppressions d’emploi deux ans après avoir créé une filiale en Slovaquie qui échappera à tout licenciement ? Qu’elle s’adapte à la chute du marché automobile ou qu’elle prépare une délocalisation dans un pays désormais membre de la zone euro ? Ceux qui sont naturellement disposés à voir tout en beau opteront pour la 1ère hypothèse, mais pas le MRC 08 qui trouve le procédé aussi hypocrite que scandaleux. Ou encore, que penser d’une entreprise spécialisée dans la fabrication d’étiquettes qui a été reprise en 2007 par un holding financé en grande partie par des fonds publics et qui envisage 7 licenciements sur ses 23 salariés, éventuellement réduits à 5 si le personnel accepte une baisse de salaire de 5 % voire à 2 si la diminution atteint 10 % ? Qu’elle fait appel à la solidarité des salariés pour limiter la casse sociale ou qu’elle se livre à un chantage au licenciement pour diminuer ses coûts salariaux ? Encore une fois, le MRC 08 penche pour la 2ème hypothèse et tient à faire savoir qu’il n’est pas dupe d’une manœuvre aussi odieuse.
Ces 3 exemples démontrent de manière éclatante que parfois la crise a bon dos et qu’elle n’est qu’un prétexte utilisé par certains patrons pour arriver à des fins que la morale réprouve. Ils prouvent la nécessité de rester vigilant afin d’empêcher tout abus. C’est évidemment la tâche des syndicats, des formations politiques et des services de l’Etat, mais aussi de tous les citoyens qui ne doivent pas hésiter à dénoncer publiquement les anomalies qu’ils pourraient constater.
1 commentaire:
Si ce n'est que le début on se demande ce que nous réserve la suite...
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