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lundi 23 février 2009

Chooz : l'EPR s'éloigne encore un peu plus !


Demain, lors du traditionnel sommet franco-italien qui a lieu tous les ans et qui se tiendra cette fois à Rome, Nicolas Sarkozy et son alter égo, le tout aussi libéral Silvio Berlusconi, signeront un protocole d’accord intergouvernemental qui portera sur tous les secteurs de la filière nucléaire (recherche, production et stockage des déchets). La coopération mise en place fera explicitement référence à une collaboration entre EDF et les industriels italiens Enel, Edison, Finmeccanica et Sogin et elle actera la prise de participation à hauteur de 12,5 % de l’électricien Enel dans le 2ème EPR français qui sera construit à Penly. Elle sera assortie d’un accord-cadre de partenariat entre EDF et Enel pour développer en commun en Italie des centrales nucléaires de type EPR calquées sur le modèle français dans lesquelles le groupe français sera l’opérateur industriel et le groupe italien l’exploitant.

Cette coopération franco-italienne est une excellente nouvelle. Elle démontre que la technologie EPR développée par EDF est maintenant considérée comme étant suffisamment fiable pour être adoptée par d’autres opérateurs nucléaires. Elle ouvre la voie, en cette période de relance généralisée des programmes nucléaires, à l’adoption de cette technologie d’avant-garde par d’autres pays qui étaient jusqu’alors réticents à cette innovation à laquelle ils reprochaient son aspect presque exclusivement franco-français. Cette percée à l’exportation permet aussi de renforcer la filière nucléaire française dont l’impact en termes d’emplois, de retombées financières et d’image est particulièrement important.

Cependant, si cette coopération est une bonne nouvelle pour les industriels du nucléaire et pour la France, ce dont se réjouit le MRC 08, il faut bien reconnaître qu’elle n’augure rien de bon pour Chooz. Candidat pour accueillir le 3ème EPR français évoqué par le Président de la République, ce site souffrait déjà de 2 handicaps : le débit trop faible de la Meuse pour assurer le refroidissement d’un tel réacteur qui viendrait s’ajouter aux 2 aujourd’hui en activité et la reconnaissance par l’Etat de la légitimité de GDF-Suez , qui dispose de réserves foncières en bordure du puissant Rhône à Tricastin et à La Marcoule, à vouloir assumer la maîtrise d’ouvrage et l’exploitation du futur EPR français. Dorénavant, il faudra en ajouter un troisième : puisque la construction d’un 2ème EPR à Penly, à laquelle participe GDF-Suez, a été jugée suffisante par l’Italie pour valider la fiabilité de la technologie EPR, pourquoi la construction d’un 3ème EPR dont la vocation essentielle pour ce groupe était d’être une vitrine afin de pouvoir développer à Abou Dhabi 2 centrales de ce type en partenariat avec Total et Areva serait-elle indispensable ? Les nuages continuent donc de s’accumuler sur le projet d’EPR ardennais présenté par nos décideurs comme étant le seul capable de sortir la Pointe du marasme qu’elle connaît, au point qu’on peut dès maintenant se demander si Chooz ne sera pas le cocu magnifique de cette belle aventure énergétique.

1 commentaire:

Ophélie a dit…

Et après ça, Bernard Dekens viendra encore nous parler d'un 3ème EPR à Chooz... FOUTAISES! Espérons que dans les discours à venir de nos dirigeants le point EPR à Chooz n'apparaisse plus comme "sauveur" de la Pointe, sinon bonjour la crédibilité!