Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


lundi 3 mai 2010

L'écart se creuse entre les lycées ardennais !


Comme chaque année depuis 1994, le magazine "l'Express" a publié son classement des lycées français. Très attendu par les parents de nos chères têtes blondes (ou brunes, noires, rousses ... voire rasées à la mode skinhead) qui ont la fâcheuse tendance de projeter les données collectives sur le cas particulier de leur progéniture, ce palmarès repose, on ne le répétera jamais assez, sur une méthodologie contestable : la synthèse de 3 indicateurs dûment estampillés "ministère de l'Education nationale", à savoir le taux de réussite au Bac toutes sections confondues (c'est à dire le résultat de la politique globale de l'établissement ... qui ne reflète que partiellement le degré d'intelligence des élèves), la capacité à faire progresser les élèves (c'est à dire la différence entre le taux de réussite obtenu et celui que l'on pouvait attendre compte tenu de l'origine sociale des élèves, de leur âge et de leur résultat au brevet ... qui traduit l'efficacité pédagogique de l'équipe éducative) et la possibilité pour un élève de 1ère d'obtenir son bac dans le même lycée (c'est à dire le degré de sélectivité des établissements ... qui reflète la politique de l'équipe administrative qui est parfois tentée de se séparer des élèves en difficulté pour s'assurer de bons résultats à l'examen) auxquels sont affectés respectivement les coefficients 3, 2 et 1. Malgré cette grosse faiblesse, il a cependant un intérêt incontestable puisqu'il permet de faire apparaître les évolutions connues au fil des ans par les lycées.

Quels enseignements peut-on donc tirer de ce nouveau classement pour les Ardennes ? Le premier, qui devrait faire réfléchir certaines équipes administratives, est que la sélectivité dont font preuve plusieurs établissements est loin d'être un gage de réussite au Bac puisque les 3 lycées les moins accompagnateurs, à savoir Saint Rémi à Charleville-Mézières (70 %), Vauban à Givet (73 %) et Jean Moulin à Revin (66 %) occupent les 3 dernières places du classement départemental ! Le deuxième est qu'avec des taux de réussite au Bac de respectivement 95 %, 90 % et 89 %, les lycées Chanzy, Mabillon et Sévigné de Charleville-Mézières et Sedan n'ont rien à envier, n'en déplaise à ceux qui passent leur temps à dénigrer les Ardennes, aux meilleurs établissements de France et de Navarre. Quant au troisième enseignement, qui est certainement le plus important, c'est que plusieurs établissements ont connu une progression spectaculaire, comme le lycée Mabillon qui est passé de la 1875 ème place nationale (sur 1909 !) à la 892ème ou encore le lycée Chanzy qui s'est hissé au 342ème rang grâce à un bond de 511 places ... alors que d'autres sont restés englués en fin de classement, à l'image des lycées Saint Rémi de Charleville-Mézières (1860ème en 2009 et 1867ème en 2010), Vauban de Givet (1895ème en 2009 et 1896ème en 2010) et Jean Moulin de Revin (1908 ème cette année !) qui occupent les 3 dernières places des établissements ardennais.

L'écart s'est donc nettement creusé entre les premiers de la classe, situés au centre-ville du chef-lieu, et les derniers localisés dans la vallée de la Meuse ! Pour quel motif ? Les plus optimistes diront sans doute que c'est parce que certaines équipes administratives et pédagogiques, traumatisées d'avoir été montrées du doigt en 2009, ont su se faire violence et sortir de leur léthargie en prenant en urgence les mesures d'adaptation qui s'imposaient. Les plus pessimistes affirmeront certainement que les difficultés économiques et sociales qui se sont abattues sur la vallée de la Meuse ont encore fragilisé un public scolaire déjà en souffrance, rendant impossible toute modification de fond de la gestion des établissements mal classés. Mais pour le MRC 08, qui considère cette situation très inquiétante puisqu'elle accroît l'inégalité des chances entre les élèves, ce n'est que le reflet de la politique gouvernementale de réduction des moyens consacrés à l'éducation qui aboutit, de fait, à concentrer les nouvelles options attractives dans les grands établissements de centre-ville. Ceux-ci ont ainsi la possibilité de pratiquer une sélection en amont de la classe de 1ère qui fausse les indicateurs publiés par l'Education nationale ... et par voie de conséquence le fameux classement de "l'Express" !

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