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jeudi 9 juin 2011

Givet : l'inquiétant dossier du "projet d'incinérateur" est enfin public !

Cela faisait bien longtemps qu’on attendait des informations précises sur le projet d’installation sur le Pacog à Givet de la fameuse usine de valorisation énergétique de biomasse, que l’on peut également appeler plus simplement incinérateur. Désormais, nous en avons puisqu’ont été mis en ligne sur le site Internet de la préfecture un résumé non technique de 14 pages, ainsi qu’un plan de la construction projetée et 6 annexes totalisant 357 pages. Un descriptif particulièrement complet donc, qui confirme que les sociétés Paperpower, qui fabriquera un combustible solide à partir de refus de tri de papeteries, et Bioénergie Val de Meuse, qui utilisera ce combustible pour produire de l’énergie thermique et électrique, constitueront un groupement d’intérêt économique qui s’appellera GIE Pointe EnR. De même, comme la presse l’avait déjà annoncé, ces documents montrent toute l’ampleur du projet qui nécessitera un investissement de presque 120 millions d’euros et occupera, autour de ses 2 cheminées de 36 mètres de hauteur, une superficie de 10 hectares dont 70.000 m2 seront clôturés et 47.915 m2 aménagés en constructions et aires imperméabilisées.

Mais ce document va au-delà de la confirmation du peu que l’on connaissait déjà. Il s’évertue à rassurer les riverains de l’installation ! Ainsi, on peut y lire, par exemple, que "tous les procédés qui seront utilisés sont connus et maîtrisés et ne présentent pas de risques technologiques", que "les 11.000 tonnes de déchets ferreux annuels, les 6.000 tonnes de non-ferreux et les 6.000 tonnes de PVC seront récupérés et valorisés" par la société Larno installée à Hierges, ou encore que "tous les rejets dans le réseau des eaux pluviales seront conformes aux normes en vigueur". Mieux, les auteurs de ces documents mettent en avant qu’une station d’épuration des eaux industrielles par micro et par nano filtration sera construite, que des équipements de surveillance des rejets atmosphériques seront installés, que des campagnes d’analyses seront réalisées par un laboratoire agréé et que - même si les effluents aériens seront largement en dessous des seuils réglementaires – leur vitesse d’éjection sera volontairement très élevée afin d’accroître encore la sécurité. Sans compter, cerise sur le gâteau, qu’en plus des 170 extincteurs divers et des 5 chariots de lutte anti-pollution qui équiperont les installations, 19.884 m2 resteront en espaces verts avec des plantations d’essences locales pour améliorer la biodiversité.

De quoi rester zen et n’avoir aucune crainte pour l’avenir ! Pourtant, à bien regarder le dossier, on peut se rendre compte qu’il renferme quelques éléments particulièrement inquiétants. Ainsi, si l’on passe sur le flou artistique qui entoure l’usage qui sera fait de la vapeur (une utilisation totale pour la production d’électricité avec la récupération des quelques thermies restantes pour le chauffage des locaux et la production d’une partie de l’eau chaude sanitaire ... ou avec la mise à disposition de grandes quantités à une société de maraîchage qui construirait à proximité des serres à ciel ouvert), comment ne pas remarquer que l’étude du risque sanitaire lié aux rejets atmosphériques traite de substances pour lesquelles il n’existe pas de valeurs toxicologiques de références ou pour lesquelles les valeurs indiquées ne sont pas considérées comme incontestables ? Comment passer à côté du fait que des rejets sans seuil d’exposition, c’est-à-dire dont l’intensité de l’effet ne dépend pas de la dose mais de la simple présence, auront lieu puisque du cadmium (générateur de cancers pulmonaires) et du 2,3,7,8 TCDD (autrement dit du tétrachlorodibenzo-p-dioxine, plus connue sous le nom de dioxine de Seveso, la plus dangereuse de toutes les dioxines existantes et la seule à être cancérigène) seront émis par l’installation ? Comment ne pas être perplexe par la combustion chaque année de 1,8 millions de Nm3 de gaz naturel, polluant comme chacun sait, pour produire une électricité que l'on présente comme totalement verte ? Et surtout, comment ne pas se rendre compte que dans un rayon de moins de 500 mètres autour des limites du projet se trouvent non seulement le centre aéré Mon Bijou, l’école maternelle Bon Secours, des dizaines d’habitations, sans oublier l’aire de passage des gens du voyage qui sera, elle, en bordure immédiate du site ?

Bien sûr, une analyse plus précise du dossier mis en ligne s’impose, mais ces quelques éléments relevés à la 1ère lecture ne font que conforter le MRC 08 dans son hostilité à ce projet qui semble au total recéler plus d’inconvénients que d’avantages...

1 commentaire:

dédé a dit…

Bien sûr qu'il y a des inconvénients, mais vu la façon dont les élus locaux défendent le projet, c'est que ça doit aussi rapporter. Ce serait bien de savoir combien!!!!