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jeudi 26 février 2009

Ardenne Rives de Meuse : critiquer l’Office de tourisme serait-il un péché capital ?


Rien ne nous insupporte plus que les donneurs de leçon, surtout lorsqu’elles sont mauvaises et déplacées. Nous sommes donc ce soir on ne peut plus ulcérés par le procédé adopté par Pascal Rodrigues, directeur de l’Office du tourisme communautaire Val d’Ardenne, à l’encontre d’une lectrice de notre modeste blog qui se contentait de présenter son point de vue sans agressivité sur les résultats annoncés de la politique touristique mise en place par la Communauté de communes Ardenne Rives de Meuse. Le chiffre de 13 000 visiteurs à l’OTC en 2008 avait suscité dans son esprit des doutes. Est-ce condamnable ? Evidemment non, mais ce n’a pas été l’avis de Pascal Rodrigues, qui s’est cru autorisé à envoyer ce jour sur sa messagerie personnelle un courriel en forme d’avertissement péremptoire, en réponse à un commentaire public laissé sur ce blog. Sur la forme, venant d’un professionnel du tourisme dont nous n’oserions pas mettre en cause les compétences, encore qu’elles n’ont laissé qu’une trace pour le moins légère dans la mémoire des habitants de la Communauté de communes des 3 Rivières où il officiait précédemment (petite précision du MRC-08 pour ceux qui ne connaîtraient pas les intercommunalités des départements voisins : il s’agit de l’EPCI constitué autour de la ville auxonnoise d’Hirson), nous la trouvons inacceptable : chacun a le droit, d’une part au respect de son espace privé, et d’autre part, dans un Etat de droit comme la France, à la libre expression dans la sphère publique de ses opinions sur des thèmes qui relèvent de l’intérêt général.

Sur le fond, le courriel du directeur de Val d’Ardenne, que nous jugeons indigne d’une publication in extenso, contient des arguments pour le moins douteux qui nécessitent une mise au point. D’abord, l’O.T.C. procède à un classement de ses visiteurs en 3 catégories : les touristes, c’est-à-dire d’après la norme de l’OMT, non pas "ceux qui passent une nuit en dehors de leur département d’origine" comme il le croit mais "toute personne en déplacement hors de son environnement habituel pour une durée d’au moins une nuitée pour des motifs non liés à une activité rémunérée", ce qui permet de gonfler les chiffres en comptabilisant chacune des visites réalisées par des non-Ardennais dans la Pointe ; les excursionnistes qui passent une journée sur le territoire ; et les usagers qui se contentent de demander des informations. C’est une pratique habituelle, qui a abouti à annoncer pour 2008 le passage de 13000 touristes : ce chiffre est certainement vrai, mais il n’aurait pas créé de polémique si on avait publié en même temps celui des excursionnistes et des usagers. Espérons que cette regrettable lacune de communication sera comblée dans le prochain bilan annuel! Ensuite, la dépense moyenne par visiteur est estimée en moyenne à 81 euro, soit 1 053 000 euro pour l’ensemble du territoire de l’intercommunalité. Ce chiffre paraîtra certainement impressionnant aux néophytes, mais il faut le relativiser au vu des déficits générés par les équipements touristiques mise en place par la Communauté de communes : 1, 4 millions d’euros budgétés en 2008 pour le centre aqualudique Rivéa de Givet et les 2 piscines de proximité de Vireux-Wallerand et de Fumay, 214 556 euro de subvention d’équilibre prévue pour le parc Terr’Altitude de Fumay, sans compter la somme que, par charité, nous tairons et qui permet à l’Office de tourisme communautaire de fonctionner.

Enfin, Pascal Rodrigues prétend qu’on "sait qu’une région qui se développe touristiquement devient également beaucoup plus attractive pour les entreprises", étant donné que son image est améliorée et que des aménagements ont été mis en place. Venant d’un Amiénois qui a fait ses 1ères armes à Hirson et qui se perfectionne à Givet, ce raisonnement pourrait sembler de bon sens. Hélas, les exemples qui le contredisent ne manquent pas : Bora-Bora et les Seychelles auxquelles on pourra toujours rétorquer que ce sont seulement des îles, le Kenya et les Emirats Arabes Unis auxquels certains reprocheront d’être situés sur d’autres continents, Baile Herculanae en Roumanie ou Salzbourg en Autriche dont d’aucuns ne manqueront pas de faire remarquer qu’ils sont situés en dehors de l’hexagone… ou les gorges du Tarn, voire le Mont-Saint-Michel, sites français d'où on ne voit pas l'ombre d'une cheminée d’usine. Quant au meilleur, nous l’avons gardé pour la fin. D’après Pascal Rodrigues, faire remarquer que le climat ardennais est pluvieux relèverait "de l’irrationnel le plus complet" étant donné que la Bretagne, le Pays Basque, l’Irlande et l’Ecosse connaissent une pluviométrie plus élevée tout en étant des sites touristiques majeurs. C’est ignorer ce que tout Ardennais sait parfaitement, à savoir que la mer a déserté nos contrées depuis la fin de l’ère primaire, que les paysages ne sont pas équivalents et que le dépaysement culturel n’est pas de la même ampleur. Mais, venant de quelqu’un qui n’hésite pas à déclarer dans L’Ardennais que "le tourisme est une activité touristique à part entière" (édition du 31 janvier 2009), une telle incongruité ne nous étonne pas, de la même façon que nous ne sommes pas surpris de la comparaison absurde entre la situation de Dinant, qui bénéficie de l’effet bien connu de l’héliotropisme, et de la Pointe des Ardennes, qui en pâtit.

On ne sait donc ce qui est le plus navrant dans ce courriel, de la vacuité des arguments, de la suffisance du ton ou de l’impolitesse du procédé qui se traduisent par des expressions comme "vous faites preuve d’une opposition stérile et caricaturale" ou encore "l’ignorance a conduit les hommes aux excès". Voilà en tout cas une façon bien curieuse de traiter les interrogations légitimes de son public.

1 commentaire:

titi a dit…

Et bien, en voila des manières, monsieur le directeur de l'office de tourisme communautaire qui ne supporte pas les critiques. Si j'avais été à votre place et si j'avais été géné par un commentaire, j'aurais répondu par un autre commentaire sur le même support de communication. Après tout, un blog, ça sert bien à ça, diologuer, échanger. Mais je ne suis pas à votre place et je ne m'en plains pas quand je vois les résultats obtenus par le tourisme sur la pointe