Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


mercredi 7 mars 2007

Le tourisme: on en revient enfin!

En 1963, le général De Gaulle, alors président de la République, a effectué une visite dans les Ardennes. En véritable homme de terrain, il ne s'est pas limité au chef-lieu mais il est allé jusqu'au bout du département, à Givet! En visionnaire, alors que les usines tournaient à plein régime, il a anticipé les problèmes industriels et il a incité à faire du tourisme un des futurs piliers de l'économie ardennaise: c'est la fameuse proposition "d'Ardennes vertes".
Depuis, la désindustrialisation s'est abattue sur notre département. Les usines ferment les unes après les autres, et le mouvement n'est pas terminé comme le montrent les exemples récents de Cellatex ou de Thomé-Génot. Les conséquences sociales en sont dramatiques: 12.500 chômeurs officiels (soit 12,5% de la population active), plus de 7.000 Rmistes, 4.812 bénéficiaires des Restos du coeur en 2006...
Pour faire face à cette situation calamiteuse, nos décideurs ont suivi tardivement mais avec zèle le conseil présidentiel. Beaucoup de projets touristiques ont vu le jour, d'autres encore plus nombreux attendent dans des cartons et le Conseil Général a fait réaliser un schéma départemental de développement du tourisme en 2005 dans lequel on peut lire: "le département des Ardennes a pour stratégie de faire du développement touristique une des priorités de sa politique économique". Cette orientation était supposée nous sortir de nos difficultés.
Cependant, depuis quelques temps, des voix dissonantes se font entendre. Ainsi, dans "les Ardennes en marche " de septembre 2006, Pierre Cordier affirmait que le tourisme ne pouvait venir qu'en plus de l'activité industrielle; dans sa déclaration de candidature pour les législatives, Boris Ravignon informait que son slogan de campagne serait "non aux Ardennes vertes"; dans un article récent de "l'Ardennais", Bernard Dahout reconnaissait que le tourisme ne compenserait pas les suppressions d'emplois chez Porcher. Ces prises de position sont les bienvenues. Elles rejoignent parfaitement l'analyse du MRC-08.
Pour nous, si le tourisme ne doit pas être négligé comme activité complémentaire, il ne constituera jamais la base de l'économie des Ardennes. Pour preuve, il n'emploie actuellement que 1.170 salariés directs et il faudrait qu'il crée 4.200 emplois supplémentaires pour ramener le taux de chômage départemental à la moyenne nationale: passer de 1.170 emplois à 5.370, soit une multiplication par 4,6, qui peut sérieusement y croire? Pas nous, et apparemment pas l'Etat non plus puisque le tourisme ne figure pas parmi les actions qu'il a retenues dans le cadre du futur contrat de projets Etat-Région. Par contre, cette priorité peut s'avérer dangereuse quand elle amène à financer des projets surdimensionnés comme Nocturnia: d'un coût de 5 millions d'euros, cet équipement n' est rentable qu'à partir de 40.000 visiteurs par an ... mais il n'a enregistré en 2006 que 12.563 entrées payantes, ce qui a généré un déficit de 341.455,55euros sur un budget total de 420.000 euros.
Pour relancer notre économie, nous préférons donner la priorité à une réindustrialisation volontariste qui seule pourra redonner du travail aux licenciés des usines.

1 commentaire:

onichek a dit…

je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce qui est écrit sur le tourisme et l'industrie. Evidemment, le tourisme ne sera pas LA solution pour "supprimer" le chômage mais c'est une industrie tertiaire qui a besoin de beaucoup de bras et en plus elle est propre. Il faudrait pour cela que la formation, notamment en langues étrangères ce qui n'est pas gagné d'avance soit d'avantage développé dans le département. Un manque évident de culture et d'ouverture au monde est flagrant dans les Ardennes. La faute à nos politiques? sûrement, pour exemple il a été proposé en vain de créer un musée sur le patrimoine local à Givet. Mais développer les activités tertiaires en général serait plus important pour lutter contre le chômage que de vouloir utopiquement développer l'industrie dans un système économique mondial aujourd'hui ouvert. La concurrence des pays à faibles coûts de main d'oeuvre donnera le coup de grâce à nos sites industriels. regardons Porcher ou Thomé-Génot qui sont les derniers exemples en date.