"To be or not to be?", voilà les termes exacts de la question que Jean-Pierre Chevènement avait posé à l'automne dernier devant un bureau national du MRC, en précisant que la réponse serait apportée à l'issue de la séquence électorale de mars 2008. Ce passage devant les électeurs était donc crucial pour l'avenir de notre formation politique, et de son antenne ardennaise, le MRC-08. Il est maintenant derrière nous et le choix fatidique a donc pu s'effectuer. Il l'a été dimanche dernier par le Conseil national du MRC qui était pour la circonstance réuni à la mairie du Kremlin-Bicêtre. Les débats ont commencé par un un tableau sans complaisance des résultats obtenus lors des scrutins municipaux et cantonaux: 2 mairies perdues au profit du PS (Les Ulis et le XIème arrondissement de Paris), 4 postes de conseillers généraux perdus au profit du PS (2), de l'UMP (1) et d'un sans étiquette et une représentation municipale minorée dans plusieurs mairies, dont celle très symbolique de Paris. Voilà pour l'aspect négatif des choses! La rubrique "positif" n'est cependant pas apparue vide: toutes les autres mairies ont été conservées, notamment celle très symbolique de Belfort après un duel au 1er tour avec le PS remporté haut la main avec 33% des voix contre 13%, quelques mairies ont été gagnées comme celle de Séné en Bretagne (il faut bien penser à son éventuelle future université d'été!) et 3 postes de conseillers généraux ont été conquis au détriment de l'UMP (2) et d'un sans étiquette sortant; des conseillers municipaux ont fait leur entrée dans des dizaines de conseil, permettant ainsi au MRC d'avoir dorénavant des élus dans près d'une soixantaine de département.
Ce tableau nuancé, en dessous des objectifs fixés (le maintien de nos positions et la conquête de nouvelles), n'a toutefois loin de déshonnorant eu égard à la bipolarisation croissante du système politique français. La question posée à l'automne pouvait donc être tranchée en toute connaissance de cause. 2 possibilités ont été ouvertes par Jean-Pierre Chevènement: l'autodissolution, qui à ses yeux aurait de la grandeur, ou un nouveau départ sur des bases totalement différentes. Après un débat politique moins houleux que celui auquel on pouvait s'attendre, la 1ère hypothèse a été rejetée sans ambiguïté. Un intervenant s'est même permis de détourner un slogan de mai 68 en "autodissolution, piège à cons"! Restait donc la 2ème possibilité: un nouveau départ. Mais sur quelles bases et pour faire quoi? La réponse a été apportée par Jean-Pierre chevènement lui-même, qui a proposé une réforme de nos statuts lui permettant de passer de la fonction honorifique de Président d'honneur à celle beaucoup plus active de Président et qui a demandé la tenue d'un Congrès extraordinaire du MRC en juin pour se prononcer sur un texte appelant à la création d'un grand parti de Gauche, réunissant à la fois son aile protestataire et son aile gestionnaire. Ce projet, écartant tout retour sous quelle que forme que ce soit au sein du PS, a été présenté comme extrèmement difficile, mais nécessaire du fait de la fin en cours du cycle d'Epinay. Il doit servir d'électro-choc pour réveiller une Gauche accumulant les défaites nationales, en fondant sa reconstruction sur une réflexion ambiteuse et crédible, susceptible de la faire renouer avec les classes populaires, et mettant au second plan les questions de personnes et les ambitions présidentielles de certains.
Ce projet a été mis sur la table, au propre comme au figuré. Evidemment, il n'était pas question de se prononcer sur le fond du texte avant une lecture attentive et une discussion avec tous les adhérents. Mais, sur le principe de la réunion d'un Congrès extraordinaire destiné à l'entériner après les inévitables modifications qu'il subira, il n'y avait aucune difficulté. Le vote des membres du Conseil national le confirma puisqu'ils ont accepté à l'unanimité (chose très rare dans notre mouvement) la proposition de celui qui devrait être bientôt notre Président. Il reste maintenant à permettre cette refondation de la Gauche, ce qui passera par une campagne de popularisation en septembre et par l'établissement de contacts directs et loyaux avec toutes les formations politiques qui constituent cette grande famille. La balle est lancée, que ceux qui veulent la saisir ne s'en privent pas...
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