Une fois n'est pas coutume! Givet, petite ville située à l'extrémité nord de la Pointe des Ardennes et classée malgré tous ses efforts d'embellissement par l'INSEE dans la catégorie des pôles ruraux, a vu sa quiétude troublée par un mouvement social ... double. Le 1er a débuté à 07h30 lorsque les salariés de l'entreprise MIG qui ont appris récemment le licenciement pour motif économique de 9 des 23 emplois de leur usine, ceux du service fonderie de bronze qui constitue le coeur de l'activité du site, ont pris possession des abords de la porte de France et ont bloqué la totalité du trafic sur l'ancienne RN 51 qui constitue le seul lien routier vers le sud, c'est à dire vers le reste du pays, la Méditerranée et ses plages, mais surtout pour les travailleurs locaux vers la centrale nucléaire de Chooz qui est de loin le plus gros employeur du secteur. Ce blocage total a entraîné des perturbations importantes qui ont cependant été réduites par la réactivité des gendarmes qui se sont rappelés leurs anciens cours de géographie et ont mis en place un itinéraire de contournement par Rancennes et le Petit Chooz, initiative en soi louable mais hélas un peu gâchée par une lecture trop hative de la couleur de l'axe routier figurant sur les cartes IGN: il s'agit d'une route étroite dont une partie irrégulièrement entretenue, donc d'un axe non prévu pour absorber un trafic important à double sens, ce qui a provoqué des croisements périlleux entre automobiles et encore plus entre automobiles et petits camions auxquels personne n'avait jugé bon d'interdire temporairement la circulation; les nerfs des conducteurs en ont souffert, mais moins que bon nombre de rétroviseurs dont le remplacement fera le bonheur des garagistes locaux. ce blocage a été levé vers 09h00, apparemment lorsque les interlocuteurs demandés par les grévistes sont enfin arrivés sur place pour renouer les fils d'un dialogue qui semble plus que jamais nécessaire.
Le 2ème mouvement social de la journée, très différent dans ses motivations et dans son déroulement, a été à peine plus tardif puisqu'il a commencé à 07h50 lorsque plusieurs dizaines de lycéens de la cité scolaire Vauban ont décidé de répondre positivement à l'appel lancé par la FIDL et l'UNL et ont refusé d'aller en cours. Leur objectif était de dénoncer les milliers de suppression de poste d'enseignant à la rentrée 2008, qui entraîneront inévitablement une dégradation des conditions d'enseignement et des classe plus chargées. La déclinaison concrète à Givet de cette mesure nationale est déjà connue: les cours dispensés dans les séries L et ES seront regroupés dans plusieurs disciplines, ce qui laisse entrevoir à court terme la disparition d'une de ces 2 filières, et par conséquent l'appauvrissement de l'offre pédagogique d'un établissement dont tout le monde sait qu'il connaît une baisse constante et de plus en plus préoccupante pour sa survie de ses effectifs. Les lycéens grévistes se sont d'abord regroupés devant les grilles de l'établissement et ils ont confectionné avec les moyens du bord des panneaux et des banderoles pour exprimer leurs revendications. Certaines mauvaises langues (la vérité consisterait à dire les éléments les plus antisociaux de la Pointe!) ont d'ailleurs remarqué quelques fautes d'ortographe et s'en sont moqués au lieu de comprendre que ce n'était que la manifestation des défauts de notre système éducatif. Puis, se rendant compte qu'un attroupement invisible de la population et inaudible n'avait aucune efficacité, ils ont décidé de faire prendre l'air à des instruments de musiques divers et variés, mais toujours bruyants, et de se montrer dans les rues adjacentes. Ils ont ainsi donné de la visibilité à leur action sans tomber dans le piège qui aurait consisté à bloquer la circulation et à créer ainsi du mécontentement à leur égard. Jolie démonstration de leur capacité d'adaptation et de leur refus de la résignation qui frappe trop souvent les adultes chargés de leur servir de modèle.
Le MRC-08 est bien conscient des désagréments que de tels mouvements sociaux peuvent engendrer. Cependant, il tient à apporter son soutien aussi bien aux salariés de l'entreprise MIG dans leur combat pour la défense de leurs emplois et la survie à moyen terme de leur usine qu'aux lycéens de la cité scolaire Vauban dans leur engagement pour le maintien d'un service public d'enseignement de qualité, qui est le seul moyen susceptible d'établir une égalité entre ceux qui sont bien nés et les autres et de préserver à long terme la compétitivité économique de la France
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