Tous les habitants de la Pointe (avec une majuscule) savent qu'aux heures de pointe (avec une minuscule) la sinuosité du tracé de la route départementale 949 et l'existence d'un pont routier unique franchissant la Meuse à Givet provoquent une saturation de la circulation dans cette ville. Cette situation gênante est remontée jusqu'aux oreilles du Conseil général qui a décidé, dans sa grande sagesse, de doter la cité de Méhul d'un nouvel axe routier permettant d'améliorer la liaison entre les villes belges de Beauraing et de Philippeville en reliant l'est et l'ouest de l'agglomération par un contournement via le nord permettant au passage la desserte de la zone portuaire. La nouvelle infrastructure, méticuleusement pensée, a été décomposée en 3 sections distinctes baptisées "franchissement de la Meuse par pont à haubans", "desserte du port" et "raccordement nord". En bonne logique, les études ont d'abord porté sur la 1ère section et elles ont abouti au projet suivant: le nouveau tracé prendra naissance au carrefour giratoire situé à l'est de la ville à la convergence des routes départementales 949 et 46, il franchira la Houille par un pont en béton précontraint (c'est beau la technique!) puis il suivra le tracé de l'ancienne voie ferrée et s'élèvera progressivement sur un portique de 180 mètres de longueur avant de franchir la Meuse et de se terminer sur la rive gauche par un carrefour giratoire. L'élément majeur de cette 1ère partie sera sans conteste la construction d'un pont à haubans en milieu urbain, ouvrage exceptionnel voulu expressément par le Conseil général pour "symboliser d'une manière forte l'entrée sur le territoire français": d'une longueur de 225 mètres, il franchira la Meuse sans appui intermédiaire grâce à 2 files de 18 haubans reliant le tablier à un pylône implanté en rive droite culminant à 48 mètres au dessus de l'eau et supportera une chaussée à double sens ainsi que 2 pistes cyclables et 2 trottoirs.
Forcément, une si belle infrastructure, partiellement conçue par un des architectes ayant participé à la construction du viaduc de Millau (!), aura un coût: 15.900.000 euros pour la 1ère section, dont 9.110.000 uniquement pour le pont, auxquels il faudra ajouter 8.200.000 euros pour la 2ème section et une somme encore indéfinie pour la 3ème section. Le total devrait approcher la bagatelle de 40.000.000 d'euros! Tout le monde comprendra sans difficulté qu'une telle dépense nécessite de prendre le maximum de précautions pour ne pas faire d'erreurs inutiles mais inévitablement coûteuses dans la réalisation d'un tel chantier. Le Conseil général a donc décidé d'avancer doucement, très doucement même puisque la décision de construire ce 2ème axe routier à Givet a été prise en commission permanente ... en mars 1996 avant d'être avalisée en séance plénière le 03 juin 1997.
12 ans déjà, êtes-vous certainement en train de penser à la fois médusé et attristé! Effectivement, cela fait un bail, ou pour être plus exact 4 baux, mais il ne faudrait surtout pas en déduire que rien n'a été accompli pendant cette période: l'enquête publique portant sur la 1ère section a été réalisée à la fin de l'année 2004, l'arrêté préfectoral de déclaration d'utilité publique a été publié le 27 avril 2005 et la démolition du pont métallique de Tréfimétaux a eu lieu en septembre 2006. De jolies avancées donc, hélas stoppées net par la faillite du concepteur du pont à haubans qui était le propriétaire exclusif des plans de cet ouvrage. Le Conseil général a donc été contraint de rechercher le concours d'un nouveau maître d'oeuvre qui a dû remettre l'ouvrage sur le métier en tenant compte des observations formulées lors de l'enquête publique. Cet avatar a reporté d'autant la phase des travaux dont le début a finalement été fixé à 2009 pour se poursuivre sur environ 2 années. La fin d'un long tunnel, si on peut s'exprimer ainsi à propos d'un pont. Cela aurait été trop beau! Un nouveau rebondissement totalement inattendu a eu lieu au cours de la dernière séance du conseil général puisque son Président, Benoît Huré, a déclaré: "pour le pont de Givet, les premiers demandeurs, ce sont les Belges. Nous, nous sommes demandeurs de la réouverture de la ligne Givet-Dinant et avec nos amis belges ça va être du donnant donnant". Cette prise de position peut paraître de bon sens, mais elle suppose des négociations qui, dans le meilleur des cas, rallongeront la réalisation des travaux, et dans le pire les arrêteront puisque nos amis belges n'ont jamais caché leur ferme opposition à la liaison ferroviaire déficitaire qui tient tant à coeur du nouveau conseiller général de Givet. Le MRC-08 dénonce donc cette exigence inappropriée et inopportune du Conseil général et demande que l'on termine enfin le plus rapidement possible le 2ème axe routier que tous les Givetois(es) soucieux de limiter la pollution et de gérer au mieux leur temps appellent de leurs voeux.
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