Dans le cadre de la désormais fameuse RGPP (pour les non initiés, il s'agit de la révision générale des politiques publiques), le gouvernement ô combien libéral de François Fillon, sous la haute autorité de son vrai maître, Nicolas Sarkozy, est en train de tailler à la hache, pardon à la tronçonneuse, dans les effectifs de la fonction publique. Le résultat inévitable de cette orientation politique est la réduction drastique de la présence des services de l'Etat à travers le territoire. Tous les ministères sont concernés, des plus importants en terme d'effectifs comme ceux de l'Education Nationale et de la Défense aux plus modestes comme celui de la Justice. Concrètement, dans les Ardennes, cette politique s'est déjà traduite par l'annonce de la disparition du pôle de l'instruction de Charleville-Mézières, des tribunaux d'instance de Rocroi, Vouziers et Rethel, du greffe détaché de Fumay, du tribunal des Prud'hommes de Charleville-Mézières, de 80 postes d'enseignant et de personnel administratif dans l'enseignement secondaire à la rentrée de septembre et de quelques postes dans l'enseignement primaire. Est-ce tout? Non! D'autres activités sont dans la ligne de mire de l'Etat, comme le service de cardiologie de l'hôpital de Charleville-Mézières, le centre météorologique départemental de Belval à moyenne échéance et surtout 2 garnisons: le CEC de Givet qui serait purement et simplement supprimé et le 3ème Régiment de génie de Charleville-Mézières qui serait déplacé hors du département.
Ces 2 derniers projets ont suscité un émoi important parmi les Ardennais. C'est bien compréhensible lorsqu'on songe au lien si particulier qui existe dans notre département tant de fois martyrisé au cours de l'histoire entre l'armée et la population. Cela l'est encore plus lorsqu'on connaît le poids économique et social de ces 2 implantations militaires: 30 millions d'euros injectés chaque année dans l'économie locale par le 3ème Régiment de Génie qui emploie directement plus de 1000 personnes dont les familles occupent plusieurs centaines de logement dans le parc privé et envoient sur les bancs des écoles, des collèges et des lycées près de 730 élèves; 5 millions d'euros dépensés annuellement par le CEC qui emploie directement 160 personnes dont les familles occupent plusieurs dizaines de logements en ville et envoient dans les établissements scolaires de la Pointe plus de 200 élèves. C'est donc sans surprise qu'une union sacrée a été scellée entre la quasi totalité des membres de la classe politique ardennaise, parlementaires UMP compris qui ont vite saisi que leur intérêt électoral était de dénoncer localement les effets des mesures qu'ils votent sans mot dire à Paris. Le comité "Ardennes tiens ferme" est ainsi né et il a multiplié les initiatives pour essayer de faire comprendre au gouvernement que la situation particulière des Ardennes nécessite un traitement particulier, comme le candidat Sarkozy l'avait d'ailleurs affirmé lors de sa visite à Charleville-Mézières en décembre 2006. Parmi elles, 2 manifestations massivement suivies par les élus et la population ont eu lieu à Givet le 23 mai et à Charleville-Mézières le 30 mai.
Hélas, cette mobilisation a toutes les chances (ou plutôt toutes les malchances) de ne pas obtenir les résultats escomptés. Pourquoi ce pessimisme? D'abord parce qu'au soir de la manifestation du 30 mai, la députée Bérangère Poletti a affirmé devant les caméras de France 3 que rien n'était encore définitivement décidé dans la mesure où des discussions concernant 2 régiments, dont celui de Charleville-Mézières, étaient toujours en cours. Plutôt positif, êtes-vous certainement en train de penser. Eh bien non! Si un mince espoir subsiste pour le 3ème Régiment de Génie, cette déclaration fait plus que sous-entendre que le sort du CEC est déjà scellé: il est mort et enterré! Et pour ceux qui n'auraient pas compris le message, le député Jean-Luc Warsmann a enfoncé le clou en faisant parvenir à peine plus tard un communiqué à notre quotidien départemental dans lequel il affirme que "l'avenir de la présence militaire à Givet est loin d'être assuré". En langage commun débarrassé des codes utilisés par les hommes politiques, cela signifie que la présence d'une garnison militaire à Givet fait partie du passé. Les choses sont donc claires: la Pointe, déjà meurtrie par les fermetures à répétition d'usines, bénéficiera en guise de solidarité nationale d'une mesure ... de désaménagement du territoire. Pour le MRC-08, c'est une décision inique qui accélérera la désertification en cours, fragilisera les commerces locaux et accentuera la menace qui plane sur la survie d'un certain nombre d'établissements scolaires. C'est aussi une décision stupide puisqu'elle va à l'encontre de la redéfinition des missions de notre armée à laquelle on demandera de plus en plus d'interventions à l'extérieur au détriment de la stricte défense du territoire. C'est surtout une décision définitive sur laquelle aucun gouvernement futur ne reviendra. Nous conseillons donc vivement à la population de la cité de Méhul de profiter pleinement du 9ème et certainement dernier festival international de musiques militaires qui s'y déroulera les 27 et 28 juin et de participer en masse le 29 juin à la journée portes ouvertes du CEC ... avant que celles-ci ne se referment à tout jamais.
1 commentaire:
Je suis très attachée aux Ardennes et surtout à la Pointe mais je suis en train de me rendre compte (peut-être aurais-je du m'en rendre compte avant cela..) qu'il n'y a pratiquement aucun espoir pour que j'effectue ma "future carrière professionnelle" ici...
Cela est incompréhensible: pourquoi supprimer quelque chose qui apporte du positif à l'économie ardennaise?
Voudrait-on rayer la Pointe de la carte?
L'espoir ferait-il place au désespoir?
Le lycée vauban "survit" mais est-ce encore pour longtemps?
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