A la suite des dérapages verbaux de Nicolas Sarkozy et de 2 de ses ministres, Michèle Alliot-Marie et Christine Boutin, la fédération nationale de la Libre Pensée a organisé une série d'actions à travers tout le pays afin de faire prendre conscience aux Français des menaces croissantes qui pèsent sur la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat du 09 décembre 1905, couramment appelée loi sur la laïcité. Ces actions ont bien entendu été relayées dans les Ardennes par l'antenne départementale de cette association et par son bouillonnant président, Alain Tournafol, qui ont multiplié les initiatives. Parmi elles, un meeting public soutenu par le PCF, le MRC, le Parti des Travailleurs, la CGT et la FSU a eu lieu le 25 avril 2008 dans un des salons de l'hôtel de ville de Charleville-Mézières. Devant une centaine de personnes d'horizons politiques variés et de générations différentes, la réunion a commencé par une brève intervention d'un membre de chacune des organisations co-organisatrices avant que la parole ne soit cédée à l'invité d'honneur, le secrétaire national de la Libre Pensée, qui a fait de façon plaisante un exposé brillant sur l'état de la question. Lors de ces propos liminaires qui permettent, entre autres, aux retardataires d'arriver et de ne pas manquer le coeur ( à ne pas confondre avec le choeur, cet élément architectural que l'on trouve dans certains édifices!) de la réunion, les intervenants ont expliqué par des arguments conceptuels, politiques et sociaux les motifs de leur attachement à la laïcité ... sauf le représentant du MRC-08 qui a préféré donner 2 exemples concrets et récents de remise en cause de cette base de notre République auxquels il a été directement confronté dans sa vie professionnelle et sociale.
Aujourd'hui, si la même réunion avait lieu avec le même déroulement, notre représentant n'utiliserait pas 2 exemples, mais 3. Pourquoi? Tout simplement parce qu'en naviguant sur la toile (ou en surfant sur le net, pour ceux qui préfèrent un vocabulaire plus actuel), il est arrivé sur le site de la mairie de Chooz, petit village connu mondialement pour avoir sur son sol les réacteurs nucléaires les plus puissants au monde, départementalement pour bénéficier d'une taxe professionnelle gigantesque dont la majeure partie des communes des Ardennes profite par l'intermédiaire du Fonds départemental de péréquation et localement pour ses multiples pavés, ses fleurs, la qualité de son feu d'artifice annuel et ses toutes nouvelles statues qui montrent jusqu'où l'imagination peut aller dans l'utilisation des deniers publics lorsque ceux-ci sont pléthore. Et qu'y a-t-il trouvé, à son grand dam? Un compte-rendu succinct de la séance du conseil municipal du 07 mai 2008 dans lequel figurait la liste des associations subventionnées par la commune ainsi que le montant alloué à chacune. Rien que de très banal, êtes-vous certainement en train de penser, d'autant que lorsqu'on a de l'argent il est bien naturel d'en faire bénéficier les associations qui participent à la vie et à l'animation du village. Vous auriez raison, sauf que parmi les associations subventionnées figure ... la chorale paroissiale de Givet qui recevra cette année 200 euros!
Une misère, entendons nous déjà dire de la part de ceux qui savent que le budget de cette commune dépasse les 10 millions d'euros. D'un point de vue strictement comptable, c'est vrai, mais d'un point de vue juridique et politique, c'est (pardonnez-nous l'expression) une hérésie inacceptable. C'est la remise en cause de l'article 2 de la loi du 09 décembre 1905 (pour mémoire: "l'Etat ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte") qui est l'outil permettant la réalisation effective de l'idée exprimée dans l'article 1er ("l'Etat garantit la liberté de conscience"). Une atteinte évidente à la laïcité (qui fera croire qu'une chorale paroissiale n'est pas liée à une religion?) qui n'a pas échappé à 2 conseillers municipaux de la liste apolitique "Chooz tout simplement", en l'occurrence Fabrice Cabut qui a voté contre cette subvention et Rémi Aubertin qui s'est seulement abstenu mais a expliqué fort justement (certainement un reste des valeurs qui ont été inculquées à ce professeur des écoles pendant son cursus au sein de l'école de la République à laquelle il fait honneur) qu'il n'appartenait pas à une commune d'aider une association à caractère cultuel. Le MRC-08 tient à féliciter ces 2 élus pour leurs positions qui montrent que les idées républicaines bénéficient encore d'un soutien vigilant dans toutes les communes. Par contre, il condamne avec la plus grande fermeté le versement de cette subvention à la chorale paroissiale de Givet et espère que le service du contrôle de la légalité de la Préfecture ne laissera pas passer une telle mesure. Si ce n'était pas le cas, nous aurions localement une preuve supplémentaire de la volonté de l'Etat de remettre insidieusement en cause la loi sur la laïcité...
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