Nul doute que l'on se souviendra longtemps de la date du 09 juin 2007 dans les Ardennes. Ce jour-là, le TGV est, attendu depuis tant d'années, est entré en fonction et il a mis Charleville-Mézières à une heure et demie de Paris. Cette prouesse technique qui a considérablement réduit la distance-temps avec la capitale et au delà avec le reste du pays est porteuse d'espoir: le département n'est plus un espace reculé et enclavé, mais un territoire désormais bien relié à la puissante région Ile de France et à la dorsale européenne. Son attractivité s'en trouve renforcée et le MRC-08 se réjouit naturellement de cette évolution positive. Nous ne sommes pas les seuls comme l'ont montré les cérémonies colossales organisées pendant le week-end inaugural et qui ont rassemblé 120 000 personnes au total. Reims a été la plus festive avec 35 000 participants au concert d'Axelle Red, mais les Ardennes ne sont pas restées inertes. Plusieurs défilés, fanfares et autres bals musette ont été organisés à Rethel, Charleville et même à Sedan où les foyers touchés par les crues de boue attendaient certainement autre chose. Les médias nationaux et régionaux étaient là, tout comme Benoît Huré et Jean-Paul Bachy, le département et la région ayant contribué pour des sommes conséquentes à la réalisation de ce projet. Le Conseil Général a d'ailleurs profité de l'occasion avec un opportunisme dont il faut le féliciter pour lancer une campagne de promotion des Ardennes à Paris et à Strasbourg.
Tout cela est très bien, mais la perfection n'est pas de ce monde. Ainsi, notre quotidien départemental se fait fréquemment l'écho des problèmes créés par le TGV est: retards récurrents, horaires des liaisons peu adaptés, surcoût financier pour les étudiants rémois allant à Paris, diminution des liaisons inter-régionales. Il nous a même appris que les personnes expropriées pour sa construction n'ont toujours pas été indemnisées. Le MRC-08 approuve la mise sur la place publique de ces difficultés qui nous fait sortir de l'angélisme béat entretenu par nos dirigeants. L'effet de l'arrivée du TGV doit être analysé globalement et avec lucidité.
Dans cette optique, il nous semble nécessaire d'aller plus loin et de prendre en compte 3 autres éléments. Celui qui suscite le plus de discussion est le prix: le tarif d'un aller simple entre Charleville-Mézières et Paris est passé par exemple d'environ 30 euros le lundi matin à 38 euros, soit une hausse de plus d'un quart. C'est la contre-partie inévitable pour le gain de temps, direz-vous certainement, mais pour les Ardennais les plus modestes dont chacun sait que les revenus sont inférieurs à la moyenne nationale et qui ont déjà financé partiellement le projet, ce n'est pas sans incidence. D'autre part, le TGV aura le quasi monopole du parcours, et il n'y aura donc plus de train Corail sur la ligne: il faudra se contenter des TER au confort parfois dépassé pour faire les trajets Reims-Epernay ou Reims-Charleville. Surtout, certaines lignes sont clairement laissées pour compte: c'est le cas de la liaison entre Charleville-Mézières et Givet qui a vu le nombre de TER l'empruntant réduit de façon sensible, celui des gares desservies limité parfois à 2 sur les 13 possibles (Nouzonville et Revin) et la disparition des tous nouveaux AGC - les fleurons de la flotte ferroviaire régionale - au profit de michelines à la robustesse certes incomparable mais à l'âge si respectable qu'elles étaient présentées il y a peu encore comme étant vouées à un remplacement indispensable!
Ainsi, si l'arrivée du TGV est constitue pour notre département une très bonne chose, elle n'a pas éliminé les multiples problèmes ferroviaires que nous connaissions. Bien au contraire, elle les a accrus! La vigilance s'impose donc et vous pouvez être certains que nous ne la relâcherons pas...
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