Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


dimanche 8 avril 2007

Chasse aux services publics


Dans notre univers européen privatisé au nom d’une supposée concurrence, il faudrait plutôt parler de services de base : fourniture d’énergie, communication, poste, transports. Qu’a-t-elle trouvé dans sa traque ? Des centres d’appel (numéros gratuits ou payants à partir d’un téléphone fixe, toujours payants à partir d’un portable) : EDF à Lyon, GDF à Nantes, France Telecom à Villeneuve d’Ascq. Neuf minutes d’attente et d’intermède publicitaire pour parler à un conseiller charmant, jamais le même et toujours anonyme, qui enchaîne les appels et lui confirme l’impossibilité pour un professionnel dans ce département de dialoguer face à face avec une personne au fait des caractéristiques de la zone où il s’implante, voire de la simple géographie de sa ville ou de son canton.

On lui explique aussi que tout se complique. Au nom de la libre concurrence imposée (!) par les directives européennes, la fourniture d’énergie est maintenant dissociée de sa production, mais aussi de la distribution et de la mise en service confiées à un sous-traitant privé. Il en va de même de la ligne téléphonique dont un entrepreneur ne saurait se passer. La Huronne a ainsi passé une semaine entière à téléphoner (à ses frais de cliente) à des centres d’appel et écouter une publicité en boucle, reprendre au point de départ des rendez-vous effacés par un supposé bug informatique, attendre faute d’horaire précis le passage de chaque équipe technique et accueillir à deux reprises la même sympathique paire pour le compte de fournisseurs différents.

La Huronne alors s’interroge : est-ce ainsi qu’on attire les activités dans un département en quête d’un nouveau souffle ? Ses amis d’Amérique le lui ont affirmé : dans le choix d’implantation d’une entreprise, et plus encore que le niveau des salaires ou des charges, la qualité des infrastructures constitue (avec celle de la main-d’œuvre) un facteur essentiel. Peut-on à la fois se battre pour le développement économique des Ardennes et accepter la délocalisation et la vente à la découpe des services de base – ceux que l’on aimerait nommer encore « publics » ?

Pour la Huronne, la cause est entendue. Comme le prévoit l’accord passé entre le MRC et le PS, pleinement endossé par Ségolène Royal et défendu sur le terrain par le MRC-08, elle « agira pour préserver les services publics de la frénésie de libéralisation qui les détruit ou les menace, pour la maîtrise publique des énergéticiens nationaux, pour que de nouveaux services publics apportent des réponses aux besoins de nos concitoyens ».

2 commentaires:

vigie08 a dit…

Eh bien, la Huronne semble manquer de mémoire! Elle se plaint de l'état déplorable de nos services publics, mais elle a dû oublier à qui on le doit.
Pour rappel, c'est le socialiste Jospin qui a donné en 1998 son accord à une directive européenne sur le gaz prévoyant la suppression des monopoles nationaux et la libéralisation du marché du gaz. C'est le même socialiste Jospin qui a accepté en mars 2000 à Lisbonne l'accélération de la libéralisation du gaz, de l'électricité, de la poste et des transports. C'est encore le même socialiste Jospin qui en mars 2002 à Barcelone a accepté la phase finale de l'ouverture des marchés de l'électricité et du gaz.
Alors comment prendre au sérieux un PS qui dépose 30950 amendements contre la privatisation de GDF et affirme dans son progamme vouloir réintroduire un contrôle à 100% d'EDF et mettre en place un pôle public entre EDF et GDF?
Les Ardennes ne sont peut-être pas au centre de la France, mais ici on a de la mémoire. On peut nous faire rêver, mais ça ne sert à rien de nous mentir. Ici, on connait le mot "vérité" et on le respecte. Alors, si la Huronne ne veut pas finir scalpée, elle serait bien avisée d'arrêter sa langue de bois!

manitou a dit…

Tous ces faits sont effectivement réels, mais sans être particulièrement calotin, nous croyons dans la rédemption. Les socialistes ont beaucoup à se faire pardonner, mais nous pensons qu'ils en ont pris conscience et qu'ils ne refairons plus les mêmes erreurs. C'est un pari, nous en convenons, mais qui ne tente rien n'a rien.