Jean-Pierre Chevènement, invité de LCI

Chevènement : "on a détruit l'école de l'intérieur"


dimanche 29 avril 2007

situation médicale inacceptable dans la Pointe




Depuis de très longs mois déjà, un sujet agite fortement non seulement le microcosme politique de la Pointe des Ardennes mais aussi une grande partie de sa population: le déficit de l'offre de soins, pour reprendre la formulation de nos élus, ou le problème médical, pour reprendre l'expression populaire. Contrairement à ce que ces formules pourraient faire croire, il ne s'agit pas d'une difficulté unique (ce serait trop simple pour un territoire à l'histoire et à la géologie aussi complexes!), mais de la somme de 4 problèmes: le système de garde des pharmacies, celui des médecins généralistes, l'organisation des urgences et l'accès aux médecins spécialistes.


Une telle accumulation de difficultés dans un domaine aussi vital que la santé (le nom de la carte n'est pas le simple fruit du hasard, n'est-ce pas?) peut paraître inouïe. Elle s'explique pourtant simplement: en décembre 2003, la clinique de Givet (établissement par définition privé et donc soumis à des impératifs de rentabilité) a été fermée, ce qui a entraîné la disparition de la quasi-totalité des médecins spécialistes de cette ville, le rattachement de son canton à l'antenne du SMUR de Fumay-Revin et la centralisation des gardes de médecins généralistes à l'hôpital de Fumay. Cette situation s'est immédiatement avérée problématique puisque le SMUR de Fumay ne dispose que d'un seul et unique véhicule pour 22 communes regroupant 34.000 habitants et s'étalant sur 40 km et que le recours à un médecin de garde pour un Landrichampenois (décodons, un habitant de Landrichamps, joli petit village situé le long de la Houille en bordure de la frontière belge) l'oblige à parcourir 30km sur des routes plus propices aux ballades touristiques qu'à un déplacement rapide. La municipalité de Givet s'en est immédiatement inquiétée et elle a apporté une réponse partielle en obtenant des médecins généralistes qu'ils assurent une garde au cabinet Méhul en plus de leurs engagements à Fumay.


Malheureusement, cette solution a-minima n'a pas pu être maintenue puisque l'Ordre des médecins a formellement interdit cette pratique. Pire, au début 2006, la situation s'est encore aggravée avec la mise en place d'un nouveau système de garde de pharmacies prévoyant l'ouverture le dimanche et les jours fériés d'une seule officine entre Revin et Givet sur les 13 existantes (le système précédent prévoyait l'ouverture d'une officine sur les 9 présentes dans les cantons de Givet et Fumay). Notre Landrichampenois à la santé déficiente est donc contraint de parcourir certains jours 40 km pour acheter ses médicaments.


Ces évènements ont fortement dégradé la situation médicale dans La Pointe. Le MRC-08 condamne avec la plus grande vigueur cette atteinte à l'égalité devant les soins. Il s'associe pleinement aux efforts réalisés par la CFDT, la CGT et les acteurs politiques de tous bords pour tenter de trouver des solutions à cet état de fait inacceptable. Il salue l'initiative du député Philippe Vuilque qui a permis l'ouverture en octobre 2006 d'un centre de consultations spécialisées au rez-de-chaussée de l'ex-clinique de Givet. Il soutient la proposition du maire Claude Wallendorff de faire davantage appel au véhicule de secours des pompiers et aux 3 médecins pompiers de la Pointe pour éviter des temps d'attente trop long lorsque le véhicule du SMUR n'est pas disponible et que le patient nécessite des soins avant l'arrivée d'une ambulance privée. Le MRC-08 entend aussi apporter sa contribution à la résolution des problèmes: puisque le 15 février 2007 le président du syndicat des pharmaciens des Ardennes martelait devant la préfète et les élus que"2 officines ouvertes étaient de trop pour se partager 6 ordonnances", ce qui revient à dire qu'à ses yeux l'aspect financier prime sur l'aspect médical, nous proposons que les élus organisent une table ronde avec les 13 pharmaciens, rendent publique la liste de ceux qui accepteront d'y participer avec bonne volonté et permettent ainsi aux patients considérés comme de simples clients de favoriser les pharmaciens les plus disposés à prendre en compte leurs exigences. Ce n'est pas du boycott que nous proposons, simplement une adaptation à la démarche consumériste de ces professionnels de la santé. Bref, nous réinventons le boomerang!

3 commentaires:

toto a dit…

Moi je m'en fous. Je suis en bonne santé et j'habite pas dans la Pointe. N'empêche que si j'y habitait, ça ne me rassurerait pas. Y a que 2 choses à faire: prier pour que les habitants de la Pointe ne tombent pas malade et si ça ne marche pas, prier pour que les services publics s'améliorent, mais là il ne faut pas rêver. Pauvres gens, j'ai pitié de vous.

manitou a dit…

Désolé, cher camarade, mais le plus proche lieu de pélerinage étant Beauraing, nous ne concurrencerons pas Benot XVI et irons, tout bêtement, à Manchester...

vigie08 a dit…

Tout ça est comme même bien triste. C'est la démonstration parfaite de la déliquescence de nos services publics. Une seule ambulance d'urgence pour 34000 habitants, c'est plus qu'une honte, c'est un cauchemar!
Mais le pire est quand même l'attitude des pharmaciens. Si leur seule motivation est le pognon, ça me rappelle les paroles de la chanson de Renaud ("étudiant"): "la médecine est une putain, ses maquereaux les pharmaciens".